ALODGA s’engage- pour une pratique émancipatrice du net !

Après la lecture commune du roman Les Enfants sont rois de Delphine de Vigan, et parce que c’est un sujet qui nous intéresse depuis plusieurs mois, nous avons décidé de vous proposer aujourd’hui une sélection de titres qui mettent l’accent sur notre utilisation des réseaux sociaux, leurs dangers mais aussi leurs bénéfices. Parce que nous avons profité de l’espace virtuel que nous propose cette vaste toile pour faire pousser notre grand arbre, nous souhaitons nous engager pour une utilisation émancipatrice du net, une utilisation discutée, débattue, démocratique qui respecte l’intégrité de chacun.e. A notre manière à nous. Avec des livres !

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Pour aborder le sujet avec des (tout-)petits

Regarde papa ! d’Eva Montanari publié chez Thierry Magnier raconte – presque sans texte – comment un papa ours les yeux rivés à l’écran de son ordinateur puis de son téléphone loupe les aventures extraordinaires de son petit ourson embarqué par la magie d’un cirque. Il manque même de perdre son petit emporté par une énorme bulle de savon. C’est un petit album poétique qui a quelque chose d’intemporel dans le trait pour aborder cependant une réalité très moderne.

Regarde, papa d’Eva Montanari, Editions Thierry Magnier, 2020.

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C’est un livre ! de Lane Smith met en scène une discussion improbable entre un petit âne et son ami gorille. Face à face, chacun dans leur fauteuil, l’un accroc à son ordinateur, l’autre plongé dans son livre, ils se confrontent. Le petit âne ne comprend pas ce que fait son ami, il le harcèle de questions, toutes passées au filtre du seul mode de connexion au savoir et au monde qu’il connaisse : le numérique. Il lui demande par exemple : « On peut s’en servir pour chatter ? » , « On peut faire des combats entre les personnages ?  » ou encore « Ça envoie des textos ? ». Et son ami lui répond inlassablement : « Non, c’est un livre ! ». Jusqu’à ce que l’âne tente l’expérience et se plonge dans cette autre réalité virtuelle qu’il ne connaît pas. Et qu’il va savourer. Un régal d’humour et de subtilité pour discuter des supers pouvoirs de la lecture !

C’est un livre, Lane Smith, Gallimard Jeunesse, 2011.

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Par un jour où tout l’ennui du monde s’est donné rendez-vous, un petit garçon panse son vague à l’âme en jouant à la console. Lorsque le jeu se retrouve malencontreusement au fond de la mare, c’est un monde insoupçonné qui se révèle dans toute son intensité glaçante, troublante, fascinante, éblouissante. Le décor que l’enfant croyait connaître par cœur apparaît soudain sous un jour nouveau qui recèle mille et une expériences… qu’il devient urgent de partager avec un être aimé. Les fabuleuses illustrations de Béatrice Alemagna nous font ressentir le désarroi de ce petit chaperon orange fluo, puis la manière dont il s’affirme au contact de la nature. De quoi nous donner envie de lever les yeux de nos écrans et de prendre un grand bol d’air. D’empoigner de la terre humide à pleines mains. D’explorer les environs, au gré des rencontres et de son imagination, à la recherche de petits trésors. Un album aussi beau que profond !

Un grand jour de rien, de Béatrice Alemagna, Albin Michel Jeunesse, 2016.

L’avis complet d’Isabelle

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Pour aborder le sujet avec des plus grand.e.s

Documentaire sur le numérique accessible aux enfants dès 8 ans, Mission déconnection est arrivé à point nommé après la période d’école à la maison ! On y trouve un petit historique de la création d’Internet, des informations sur le coût énergétique de nos écrans, sur les données personnelles, sur les fake news et sur les effets des écrans sur notre santé. Il y a aussi quelques pages ludiques avec une BD, des tests et un jeu invitant les enfants à trouver des astuces pour se passer des écrans pour des tâches quotidiennes. Plus pratique, des règles de base sont suggérées pour permettre d’établir un contrat de confiance numérique en famille.

Mission déconnexion, Laurence Bril et Léo Louis-Honoré, Rue de l’échiquier Jeunesse, 2020.

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Pour aborder le sujet avec des adolescent.e.s

Comme des images commence comme un roman ado classique : « Il était une fois des enfants sages comme des images, dans un prestigieux lycée. » Sauf que suite à une rupture amoureuse, Tim envoie des images de Léopoldine à leurs camarades de classe pour se venger, et la machine s’emballe.
Un roman montrant la violence du harcèlement sur les réseaux sociaux, et ses conséquences.

Comme des images, Clémentine Beauvais, Sarbacane, 2014.

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Sous haute dépendance est un best-seller primé dans l’espace germanophone (un million d’exemplaires vendus). On comprend pourquoi, à la lecture de ces pages intensément addictives ! On entre avec Nick dans un jeu vidéo fantastique. Disponible seulement sur invitation, il se joue dans le plus grand secret et en respectant à la lettre les instructions du Messager dont il s’agit de relever les quêtes pour progresser rapidement. De quoi devenir complètement accro et s’agacer, avec Nick, des interruptions liées aux contraintes du quotidien et aux intrusions parentales ! Mais le jour où le Messager s’adresse directement à Nick, et non à son avatar, pour lui confier une mission dans le monde réel en échange duquel il a la surprise de recevoir le T-shirt de son groupe préféré, il devient clair qu’Erebos n’est pas seulement un jeu particulièrement réussi. Comment peut-il le connaître aussi bien ? Jusqu’où mènera-t-il ses joueurs ? Qui tire les ficelles du jeu ? Le roman se dévore et donne à réfléchir aux mécanismes qui créent l’addition, aux conséquences pour l’équilibre psychologique et à l’intrusion effrayante dans la sphère privée que permettent les usages inconsidérés des jeux vidéo et des réseaux.

Sous haute dépendance, d’Ursula Poznanski, Bayard Jeunesse, 2013.

L’avis complet d’Isabelle

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Pour les parents (et les professionnels de l’enfance)

Psychiatre, chercheur en psychologie et co-rédacteur du rapport de l’Académie des sciences intitulé L’enfant et les écrans, Serge Tisseron propose avec ce petit livre des repères simples pour initier les plus jeunes aux écrans. Pas question de culpabiliser les usagers, il s’agit plutôt de réfléchir à nos modes de vie et aux maux qui conduisent à laisser trop souvent les enfants seul devant la TV ou la tablette. Et d’encourager les pratiques créatrices et socialisantes mobilisant les technologies numériques ! Sur la base d’un état des savoirs relatifs aux conséquences des écrans sur les enfants à différents âges, ce petit livre dresse une feuille de route simple et lisible, permettant d’éduquer les plus jeunes à l’auto-régulation et à la distance critique.

3-6-9-12. Apprivoiser les écrans et grandir, de Serge Tisseron. Éditions Érès, 2013 (réédité en 2017)

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Bonus !

A mettre dans vos oreilles !

Sur France Inter, si le sujet de l’influence du numérique sur la jeune génération vous intéresse, n’hésitez pas à aller faire un tour du côté du Podcast Le Code a changé de Xavier de La Porte. Une des émissions au titre provocateur – Sommes-nous vraiment en train de fabriquer des crétins digitaux ? – offre des pistes de réflexion intéressantes en nous faisant découvrir le travail d’Anne Cordier. C’est par !

Grandir connectés, les adolescents et la recherche d’informations, Anne Cordier,C&FEds, 2015.

On vous conseille également le podcast Arte Radio Vivons heureux avant la fin du monde de Delphine Satel notamment l’épisode intitulé GAFA tes gosses.

Illustration : Mathilde Rives.

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