Caprices , C’est fini !
de Pierre DELYE chez Didier jeunesse
Un premier roman pour ce conteur…
Un beau mélange de conte aux codes bien bousculés et de thèmes actuels bien épinglés, et quelle rigolade et régalade !
On est plusieurs à l’avoir lu quasiment en même temps.
En voici la lecture commune !
**************
Pépita : Il s’agit là du premier roman de Pierre Delye. Le connaissiez-vous ?
Kik : Le nom de cet auteur m’était complètement inconnu avant de lire ce roman.
Nathan : Tout comme Kik, je l’ai connu et ai appris ce qu’il avait fait avant seulement au moment où la communication autour du roman a commencé !
Bouma : Je venais juste de lire un de ses derniers albums Ferme ton bec, qui ne m’avait pas du tout convaincu. Pourtant, il est aussi l’auteur du presque classique Le Petit Bonhomme des Bois, alors je voulais tenter sa prose en roman.
Céline : Je connaissais La grosse faim du petit bonhomme, Les aventures de P’tit Bonhomme et La Petite Poule rousse, dont mes papooses et moi sommes assez fan !
Pépita : Je vois qu’il y a des connaisseurs ! Bien sûr, je pense que le clin d’œil du titre ne vous a pas échappé non plus ! A quoi vous vous attendiez comme histoire par rapport à ce titre et à cette couverture au logo flashy et tonique ?
Céline : Personnellement, je n’ai pas trop aimé le titre (j’ai vraiment un problème avec les jeux de mots faciles). Du coup, je m’attendais à une comédie un peu facile justement, et c’est un peu comme ça que ça commence, sauf que le récit se développe vraiment de façon intéressante et inattendue, et que si le côté caricatural est bien là, il y a je trouve, une certaine finesse dans l’écriture que je n’attendais pas forcément.
Nathan : Je ne connaissais pas la chanson, c’est ma mère qui a saisi le jeu de mots … ! Mais avec cette couverture et la communication qui en avait été faite, je m’attendais à une histoire déjantée qui revisiterait le monde des contes avec un regard neuf et plein de fraîcheur ! C’est vrai qu’au début, comme Céline, j’ai été dérouté parce que justement ça partait un peu trop dans tous les sens … mais finalement, il s’est révélé plus profond que prévu.
Bouma : Le clin d’œil du titre parle finalement plus aux parents des enfants auxquels est destiné le roman à ce que je vois !
Pour la couverture, j’en ai aimé le ton flashy et le graphisme. Retrouver la patte d’Albertine était aussi une bonne surprise.
Pépita : Alors, comme je vois que vous n’y tenez plus, un petit résumé de l’histoire ?
Bouma : C’est l’histoire d’un père, un roi, qui ne supporte plus les caprices de sa fille de princesse et qui décide de la marier pour refiler le bébé (excusez l’expression) à un autre…
Céline : Et la princesse capricieuse imposant une condition éliminatoire, la sélection est rude… et le vainqueur n’étant pas à son goût, ni à celui du roi, des épreuves insurmontables lui sont imposées… mais le prétendant a plus d’un tour dans son sac !
Pépita : Comme vous le soulignez, Pierre Delye a une façon bien originale de traiter cette histoire à première vue classique. Beaucoup de modernité dans son approche. Comment l’avez-vous perçue ?
Bouma : En ce qui me concerne, le début de ce roman m’a irrémédiablement fait penser à La Princesse élastique de Bernard Friot, un petit roman que j’adore et que je prends beaucoup de plaisir à raconter. Il y est aussi question de princesse refusant de se marier et de père autoritaire. J’ai donc eu du mal à rentrer dans ce texte mais une fois cette première impression dépassée, j’ai été très intriguée par le décalage entre les codes du conte classique (roi et princesse, épreuve de courage, mariage princier…) et les questions de société qui y étaient associées (richesse/pauvreté, politique…).
Kik : Lors de ma lecture, j’ai perçu ce décalage, c’est ce qui m’a plu d’ailleurs. Une histoire classique avec un je-ne-sais-quoi de dépoussiéré et dans l’air du temps. C’est subtil, c’est discret, mais c’est comme ça que je l’ai apprécié. Des références aux enfants-rois, cette nouvelle génération d’enfants qui font ce qu’ils veulent quand ils veulent, à cette princesse aux allures féministes, au décalage richesse/pauvreté…
Nathan : Personnellement j’ai eu du mal au début, j’ai trouvé que cette modernité était traitée de façon un peu brouillon : un ton léger et impertinent mais trop enlevé et des personnages un peu volatiles, mal ancrés dans l’histoire. Puis, ils sont réellement approfondis et l’auteur va au-delà des codes classiques du conte pour s’attarder sur leur psychologie, leur évolution et c’est sans doute là, il me semble, qu’il est le plus moderne.
Pépita : Tout comme vous, j’ai été très séduite par ce mélange de conte classique et de modernité dans les thématiques actuelles. Pensez-vous que ce mélange puisse séduire les enfants ? Dites pourquoi.
Céline : Oui, tout à fait, tout simplement parce qu’on se laisse emporter dans ce récit drôle et virevoltant, sans vraiment se poser plus de questions. La thématique des disparités sociales n’est quand même pas une nouveauté. Pour reprendre l’expression de Kik, il y a en effet « un je-ne-sais-quoi de dépoussiéré », ce qui en fait un récit atemporel et incroyablement vivant, avec des personnages hauts en couleurs. Oui, un plaisir de lecture à tous les âges (même si effectivement, la longueur pourrait intimider les plus jeunes des lecteurs).
Bouma : C’est une thématique très porteuse je trouve ce mélange de conte et de modernité. Les jeunes lecteurs que je côtoie aiment vraiment ce genre avec Cendorine contre les dragons ou Les Sœurs Grimm par exemple.
Nathan : Je suis d’accord avec vous toutes. Je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour savoir ce qui séduira les enfants ou non, mais je pense qu’ils aiment bien être capables de retrouver des références à leur hauteur dans un texte et de les voir détournées et moquées !
Pépita : Qu’avez-vous pensé des illustrations ?
Céline : Elles sont parfaites ! Justement, elles apportent cette touche de grâce burlesque dont Albertine a le secret (J’adoOOOre !). Elles habillent parfaitement le texte, tout à fait dans le même registre, et avec ce regard tout à fait décalé. Je sais que les auteurs n’ont pas forcément leur mot à dire quant aux illustrations de leurs textes. Je ne sais pas comment ça s’est passé chez Didier jeunesse, mais en l’occurrence ça me parait être un excellent choix éditorial.
Bouma : Exactement du même avis que Céline.
Pépita : Les illustrations apportent en effet juste ce qu’il faut de légèreté et d’impertinence. Un côté désuet et moderne, tout comme le texte. Et elles sont très bien placées en regard de ce texte, ce qui relève d’un vrai travail éditorial. Une réussite !
Pépita : J’aimerais, pour finir, revenir vers le public cible de ce roman : bien que très aéré, j’ai peur que la grosseur du livre ne le desserve un peu. L’avez-vous aussi perçu comme tel ?
Nathan : Il y a des lecteurs gourmands, et Didier jeunesse a tendance, il me semble, à se mettre à leur hauteur avec de beaux objets et des textes à dévorer, regardez JONAH !
Bouma : Honnêtement je ne pense pas que le nombre de pages rebutent les lecteurs qui auraient envie de le lire. Comme tu le dis, le texte est aéré et les illustrations apportent une légèreté à l’ensemble. Je pense que ce texte pourrait au contraire permettre à des « petits lecteurs » (dans le sens pas habitués aux gros pavés) de passer à des choses plus consistantes.
Pépita : Les enfants sont très sensibles à la grosseur du livre et ils s’arrêtent souvent à ça avec tort d’ailleurs (comme la couverture aussi). Je suis d’accord avec toi Bouma sur le fond mais quand même : les plus grands lecteurs iront vers ce type de romans sans problème mais les moins dévoreurs, sans intermédiaire, je ne pense pas. C’est ce que je constate tous les jours.
Un petit mot de la fin pour chacun sur cette lecture qui nous a unanimement plu ?
Kik : Une princesse qui fait des caprices, c’est commun, mais une princesse qui se fait avoir, c’est plus original. Un conte contourné, modernisé, avec une princesse à marier, un vieux roi, et un jeune homme sans peur prêt à affronter toutes les épreuves, mais en nettement plus drôle.
Bouma : Un roman dans l’air du temps…
Nathan : Un conte déformé pour trouver le chemin de l’humain au fond de ses personnages.
Pépita : Une histoire pleine de pep’s et de vérités bien assénées qui a beaucoup plu aussi à mes filles ados !
******************
Pour aller plus loin…
-La chronique de Nathan
-La chronique de Céline-Le tiroir à histoires
-La chronique de Bouma
-La chronique de Pépita
**BONUS**
Lundi Pierre Delye était l’invité du journal télévisé de France 3 pour son roman « Caprices? C’est fini! », coup de coeur de la rédaction. Si vous l’avez raté, (et Pierre, et le roman) il est encore temps de le découvrir…
Posted by DIDIER JEUNESSE on mercredi 13 mai 2015 :
En tous cas, c’est bien la preuve qu’il ne faut pas s’arrêter aux apparences car la couverture ne m’avait pas du tout donné envie de le lire, alors que votre présentation commune, si ! Je le note…
Un très bon moment de lecture , vraiment !