De notre grand arbre, vous connaissez le blog et la page Facebook, ramures et feuilles qui nous permettent de vous transmettre toutes nos découvertes en matière de littérature jeunesse. Mais, sous cette partie visible, en sous-terrain, dans ses racines profondes, grouillent des tas d’idées : sélections thématiques, lectures communes, projets de billets variés… Certaines bien mûres arrivent jusqu’à vous ; d’autres, pour des raisons diverses que nous ne pouvons pas toujours nous expliquer, sont précautionneusement rangées dans l’attente de leur moment. Ainsi, pour le visiteur qui aurait la chance de parcourir les dédales de cette fourmilière, il découvrirait de-ci de-là, cachés comme des trésors, de petites perles…
C’est le cas de cette lecture commune initiée par Nathan – Le cahier de lecture de Nathan – sur Le livre de Perle de Timothée de Fombelle. Notre jeune pousse partie vers le large, nous avons laissé ce billet pourtant quasi achevé en friche. Peur sans doute de rompre le lien magique unissant Nathan à son auteur fétiche…
La réédition-anniversaire d’une autre oeuvre de Timothée de Fombelle, Tobie Lolness, joue cependant les électrochocs. Nous ne pouvons décemment attendre dix ans avant de sortir cette lecture de sa boite. La voici donc, spécialement dédiée à Nathan, notre jeune jardinier parti à la recherche des petits bouts de féerie disséminés dans le monde… Petit clin-d’œil également à Kik – Les lectures de Kik – partie elle aussi vers d’autres horizons…
Nathan – Alors que Timothée de Fombelle nous raconte, dans Le livre de Perle, sa rencontre avec Perle et la naissance de son imaginaire, racontez-nous comment vous avez rencontré l’imaginaire de cet auteur, comment il vous a marqué, comme vous en êtes venues à lire Le livre de Perle et à venir en parler ici …
Kik – Timothée de Fombelle, je l’ai rencontré il y a longtemps avec Tobie Lolness, je l’avais beaucoup aimé. Puis les choses passent, on lit d’autres choses, beaucoup d’autres choses, et on croise Nathan … Alors forcément on se remet à lire du Timothée.
Colette – Le blog de la collectionneuse de papillons – J’ai été happée par Timothée de Fombelle, je ne sais plus trop comment avec les aventures de Tobie et puis j’ai carrément adoooooré Victoria rêve, livre écouté dans ma voiture un mercredi où je récupérais mon grand-pilote-de-balançoire en vacances chez ses grands-parents, c’était ma première expérience de livre sonore, et la voix de l’auteur m’a vraiment envoûtée – non seulement il écrit admirablement mais qu’est-ce qu’il raconte bien ! – Bon, bien sûr devinez qui m’avait donné le conseil de cette lecture ? Ma Pépita-de-bibliothécaire-préférée !!! Et puis pour Le Livre de Perle, comme toutes les lectures de romans ados que je fais en ce moment c’est VOUS, les jardiniers d’ALOGDA qui m’en avez donné terriblement envie. Et devinez quoi ? C’est la fille de Pépita qui me l’a prêté….
Céline – Le tiroir à histoires – C’est avec Vango que j’ai pénétré dans l’univers de Timothée de Fombelle. J’avais adoré cette écriture virtuose, ce souffle romanesque… J’ai adoré Victoria rêve aussi, et puis il y a eu ALODGA, Nathan, la lecture d’un passage de Victoria rêve au SLPJ par M. de Fombelle himself Bref, j’étais moi aussi déjà bien mordue et c’est avec impatience et délice que je me suis plongée dans Le Livre de Perle !
Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse… – J’ai découvert Timothée de Fombelle via le recueil Nouvelles contemporaines Regards sur le monde où l’on pouvait également retrouver des textes de Caroline Vermalle et Delphine de Vigan. A l’époque, je dois avouer avoir été davantage touchée par les textes de Caroline Vermalle… Et puis, il y a eu le choc Victoria rêve, le livre papier et le livre audio, où j’ai découvert à la fois l’écriture poétique de Timothée et sa voix envoûtante. Le lien était créé ! Pour preuve, je me garde précieusement – pour un moment où j’aurai tout le temps de le savourer – son premier livre, Tobie Lolness, offert par Nathan !
Nathan – Perle est tombé dans notre monde un soir d’orage … Le lecteur, lui, souvent perdu parmi toutes ces intrigues, tombe dans le livre confus … Ça a été votre cas ? Racontez moi votre propre passage.
Kik – Dans les premières pages, je n’ai pas compris, j’ai cherché à savoir qui était qui, quand, où. J’avais du mal à me repérer. À mon avis, ce flou est volontairement créé par l’auteur. Le lecteur est perdu, comme le personnage, lors de son passage.
Colette – Qui était qui ? Mais à quelle époque se situait donc cette histoire ? Réel ou imaginaire, quel était ce monde dans lequel je venais de pénétrer ? Comme Kik, pendant un long moment, j’ai eu l’impression de tâtonner pour trouver mon chemin à travers un brouillard épais mais qui dès le départ avait un goût particulier, étrange, le goût du merveilleux.
Céline – QLF... – Pour ma part, j’y suis tombée avec jubilation. J’adore ce genre de récit où l’auteur arrive à nous surprendre dès les premières lignes, les premiers mots. Quoi de plus motivant qu’une histoire où tout semble confus et où, en se laissant guider, on finit par reconstituer le puzzle… Comme pour le mur de bagages de Perle, les trois lieux, les trois époques, les trois fils de l’écheveau finissent par s’emboîter à merveille. Là est tout l’art de cet écrivain de talent.
Nathan – Et pourtant, nombre de lecteurs disent avoir eu du mal ou avoir arrêté le livre à cause de ce début très complexe. Pourquoi est-il complexe ? Et vous, ça vous a bloqués ?
Kik – Ca m’a un peu perturbée je dois dire, mais j’ai continué car j’avais entière confiance en l’auteur, alors j’ai continué et je ne fus pas du tout déçue.
Céline – Le tiroir… – Pas bloquée au contraire, plutôt très intriguée par cette narration démantelée, ces brins de récit qu’on attend de voir se réunir pour tresser l’histoire.
Colette – Comme Céline, cette complexité m’a vraiment séduite dès le départ !!!
Nathan – Colette évoque le goût du merveilleux, comment dire mieux ? Car le merveilleux est là, bien présent, à travers les contes notamment. Vous nous racontez un peu l’histoire d’Iliån, quel est ce monde qu’il a quitté ? Vous nous racontez un peu ce que vous avez pensé de son passé merveilleux …?
Céline – QLF… – Un monde merveilleux qui ne l’est que de nom car, au pays des contes, tout est loin d’être rose – c’est le moins qu’on puisse dire. Notre héros se retrouve d’ailleurs banni de son royaume pour délit de naissance – son frère aîné lui reprochant la mort en couches de sa mère. Pendant ma lecture, j’ai sans cesse repensé à la série « Once upon a time » où les personnages des contes sont également exilés dans notre monde et ont parfois bien du mal à s’accommoder à un train-train terre à terre. Au-delà du passé « merveilleux » du héros, ce qui m’a davantage plu, c’est la façon dont il gère sa vie « terrestre » en gardant toujours en tête son objectif (son obsession) bien vivace : celui de retrouver sa bien-aimée… Qu’on soit d’un côté comme de l’autre, Iliån et un homme profondément amoureux !
Kik – Merveilleux, car il y a toutes ces choses inexplicables, ces références aux mondes des contes. C’est étrange de se dire ça après une lecture, mais je ne suis pas capable de présenter le monde qu’Ilian a quitté, car je n’ai pas tout compris. Il y a ce que Céline a dit. Il y a cette histoire de famille terrifiante, mais pour le reste … Où est le passé et le présent ? Les allers-retours entre l’un et l’autre sont tellement fréquents, que je n’ai pas eu envie de démêler l’un de l’autre. Je me suis laissée porter dans ces mondes imaginaires, dans ce que l’auteur m’offrait comme univers parallèles et j’ai apprécié. Tout simplement.
Céline – Le tiroir… – Ce merveilleux, il nous happe, dès le début du roman, comme une légende millénaire terrible et envoûtante. Et puis il est toujours là, qui guette, qui fait des incursions dans notre monde réel, comme en témoignent toutes ces « preuves », que s’attache à collectionner Ilian devenu Joshua, ici un morceau de botte de sept lieues, là une chaussure égarée comme celle de Cendrillon… Il insuffle au récit de la magie et cette saveur d’il y a très longtemps dans un royaume très lointain…
« Mais les histoires nous font changer. Et certaines rencontres nous retournent sur le dos comme des tortues. Elles nous obligent à nous laisser faire. »
C’est un peu de cette magie que nous, lecteurs, recherchons au travers de nos pérégrinations livresques… C’est sans doute pour cette raison fondamentale que ce livre nous a tant remués. Et vous, l’avez-vous lu ? Qu’en avez-vous gardé comme souvenir ? Dites-nous tout…
J’en garde un souvenir impérissable, comme une sorte d’apogée du talent de cet auteur. Un roman gigogne aux multiples références , empli de merveilleux comme vous le dites et en même temps une bien belle réponse aux mystères de la genèse d’une oeuvre écrite. Du très grand art !
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