« Bonjour,
Nous sommes un collectif de blogueurs (Blog : A l’ombre du grand arbre ») et nous organisons régulièrement des lectures communes. Nous avons été plusieurs à lire votre dernier roman qui nous a beaucoup plu et une lecture commune est en cours. Nous aurions aimé vous poser quelques questions sur la genèse de cette histoire. Accepteriez-vous de répondre à nos questions ?… »
Et voilà. Pour nous aussi, cela a commencé par une correspondance…
Coline Pierré et Martin Page ont eu la gentillesse de répondre à nos questions sur leur dernier roman, dont vous avez pu lire notre échange hier.
Un grand merci pour ces réponses très éclairantes !
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-Comment est née l’idée de ce projet ? Son élément déclencheur ?
En fait, cette idée est née de l’envie de faire un livre ensemble.
On a cherché un dispositif, puis petit à petit, en discutant, les personnages se sont dessinés dans nos têtes, leur histoire, leurs situations se sont greffés à partir des sujets qu’on avait envie d’aborder. La forme épistolaire était présente à l’origine. C’était évident. Ainsi nous gardions chacun notre voix.
-Comment s’est organisée cette écriture à quatre mains ? -Avez-vous vraiment joué le jeu de la correspondance sans avoir au préalable décidé ensemble de la direction, voire de la fin ?
Oui, pendant quelques mois, on s’est envoyés des emails de la même manière que Flora et Max s’écrivent des lettres. L’écriture s’est fait un peu en parallèle de nos autres travaux. L’un de nous écrivait une lettre (sans en parler à l’autre) puis lui envoyait. On répondait parfois tout de suite, parfois quelques heures après. C’était très enrichissant car la découverte de la lettre de l’autre permet de rebondir. C’est l’incursion de l’imaginaire de l’autre dans notre propre cheminement qui faisait naître de nouvelles idées.
Et en effet, on ne savait vraiment pas où on allait en commençant le livre. On connaissait le point de départ de chacun de nos personnages, on avait quelques sujets qui nous tenaient à coeur. On savait aussi qu’on avait envie qu’ils avancent, qu’ils ne soient pas au même point de leur vie à la fin et au début du livre. Mais c’est à peu près tout.
Par exemple, Coline a découvert la mort de la grand-mère de Max par sa lettre. De même, l’idée de l’école alternative, Coline l’a découverte par la lettre de Max, on n’en avait pas discuté avant. Et finalement, elle est devenue le point central de la fin du livre. Mais ce n’était pas planifié.
Ensuite, après cette phase d’écriture, on a relu ensemble plusieurs fois l’intégralité des lettres, intervenant chacun aussi sur le texte de l’autre, discutant, trouvant de nouvelles idées.
-Pourquoi avoir choisi le milieu carcéral ?
On cherchait à parler de deux formes d’enfermement différentes. On avait envie de parler de violence aussi. C’est un milieu mal connu (plus encore quand il s’agit d’adolescents, et surtout de filles), qui souffre de beaucoup de préjugés donc on avait envie d’en dire quelque chose, de montrer une trajectoire possible et positive (et atypique) dans cet univers dur.
-Comment se fait-il qu’il y ait si peu de présence d’adultes ?
Ce sont deux adolescents qui, d’une certaine façon, du fait de leurs situations, sont livrés à eux-mêmes. Et de manière plus générale, les adolescents se construisent aussi souvent dans une certaine indépendance vis-à-vis des adultes. Les adultes qui entourent Flora sont plutôt des figures répressives, et ceux qui entourent Max sont de grands enfants. Ceci dit, il y a des adultes : les parents de Max, ceux de Flora (en pointillés), la grand-mère, Isabella, le psy de Max…
-Flora, c’est Coline et Max, c’est Martin ? Des éléments autobiographiques ou du moins de vos personnalités sont-ils instillés dans ce roman ?
Oui, Coline a incarné le personnage de Flora, et Martin, celui de Max. Bien sûr, on y a mis beaucoup de nous, de ce qu’on aime, de ce qui nous habite, de ce qu’on a vécu à cet âge-là. Et puis on parle aussi aux adolescents que l’on était. Max est très proche de Martin, dans son caractère ou même dans son rapport aux autres. Coline ressemble pas mal à Flora, même si elle n’a jamais frappé personne. Ce sont en quelques sortes des versions exacerbées de nous : ils ont fait ce que nous n’avons pas osé faire.
-Quel(s) message(s) souhaitiez-vous faire passer à travers cet échange épistolaire ?
On avait envie de dire aux ados qui ne sont pas très en phase avec le monde de rester qui ils sont. Le monde ne s’adaptera pas à eux. Mais ce n’est pas non plus à eux de s’adapter au monde. En revanche, ils peuvent agir pour mieux vivre leur inadaptation : en la revendiquant, en trouvant des alliés par exemple. En inventant des ruses et des parades aussi.
-Est-ce une expérience d’écriture que vous souhaiteriez réitérer ? Et si oui, pourquoi ?
Nous avons déjà réalisé un « livre fait-maison » ensemble (dessiné) pour notre petite maison d’autoédition www.monstrograph.com et avons envie de travailler sur d’autres textes communs, car c’était une expérience riche et enthousiasmante. Des choses nouvelles naissent de l’échange, de la discussion, de la contradiction. C’est fertile. Nous avons d’ailleurs quelques projets déjà commencés : un album jeunesse, un roman adulte, de la musique…
-D’autres projets en cours ?
Martin sortira son nouveau roman au Seuil en avril prochain : L’art de revenir à la vie. Il y sera aussi question d’adolescence.
Coline sort un nouveau roman ado au Rouergue en mars prochain : « Ma fugue chez moi », et il y sera encore question d’enfermement.
Les sites des deux auteurs :
bonjour,
j’ai beaucoup aimé « la folle rencontre de Flora et Max » et je vais le soutenir pour le prix littéraire collège de Trélazé(49)