Qui donc ? Le merveilleux-dodu-velu- petit de Béatrice Alemagna

 Parce que rien n’arrête les enfants,

Parce que tout est possible quand on à 5 ans et un peu d’imagination,

Béatrice Alemagna nous offre un album coloré et poétique, dont nous sommes tombées sous le charme.

Un album magique que nous avons voulu partager avec vous .

Alice, Pépita, Chlop, Colette et Sophie.

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« C’est mieux que les petits enfants vivent une vie ordonnée. Notamment s’ils peuvent l’ordonner eux-mêmes « .

Fifi Brindacierdodu

  Bande annonce du Merveilleux dodu-velu-petit :  ici

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Alice : Vous avez cet album dans vos mains, vous le tournez, le retournez, le regardez, l’observez…. Quelle est votre première impression ? Que vous inspire -t-il sans l’avoir ouvert?

Sophie : Quel joli bazar ! Parce que c’est un peu ça cette vitrine. Mais moi,  étant très curieuse, j’avais bien envie de passer la porte. Et puis ce titre, ça donne envie d’en savoir plus.

Chlop : Avant même de l’avoir en main, quand je sais que je vais lire un album de Béatrice Alemagna, je suis déjà de bonne humeur. Pour l’instant elle ne m’a jamais déçue ! Là, le format, le grain du papier, le petit côté désuet du bric-à-brac dans la vitrine qui contraste avec ce rose fluo a piqué ma curiosité. Même contraste dans la typo du titre d’ailleurs, serons-nous dans un album suranné ou très moderne ? Il fallait que je l’ouvre pour en savoir plus.

Colette : Quant à moi, dès que Pépita nous en a parlé, c’est le titre de cet album qui m’a intriguée : le merveilleux dodu-velu-petit… Mais qu’est-ce que c’est « un merveilleux dodu-velu-petit » ? Moi qui adore les mots composés farfelus, j’avoue que celui-là me laissait perplexe. Et puis quand j’ai eu le livre entre les mains mercredi, je me suis d’abord dit que j’avais de la chance car j’étais la première lectrice de la médiathèque a pouvoir l’emporter à la maison  et puis j’ai adoré le bric-à-brac de la boutique de couverture parce que c’est totalement mon univers (cf. Le magasin zinzin de F. Clément ou les valises-collections de Mr Perle). Et puis j’ai craqué pour la bouille échevelée de l’enfant assis sur les marches de cette étrange boutique. Il me fallait donc franchir le seuil de ce lieu insolite…

Pépita : Tout comme vous ! Mais c’est le titre d’abord qui m’a beaucoup plu…Mon côté nounours à serrer dans ses bras. J’en savais un peu plus sur le contenu puisque j’ai rencontré Béatrice Alemagna à Montreuil pour Petit grand Boubo et le dodu-velu-petit venait juste de sortir, elle avait la peluche avec elle et elle est craquante ! Et cette couverture en effet : pas de décalage avec le contenu en plus, elle traduit bien l’univers désuet et charmant de l’histoire. Avez-vous essayé de mettre l’album à plat, côté couverture ? C’est chouette !

Alice : C’est vrai, tout interpelle sur cette couverture : le titre, les couleurs, le fourmillement de détails… Tout un panel de contrastes !
Allons un peu plus loin et découvrons de plus prés l’histoire de cette petite fille au manteau rose fluo. Qui se lance dans un petit résumé de l’histoire ?

dodu1Pépita : Il semblerait que la petite héroïne de l’histoire, Edith (Eddie pour les intimes), cinq ans et demi, développe un petit complexe d’infériorité…Dans son entourage proche, ils savent en faire des choses, pense-t-elle ! Mais un matin, il semblerait que le destin lui lance un appel à travers ces mots : « anniversaire-maman-dodu-velu-petit ». Ni une, ni deux, habillée de son petit manteau rose fluo, elle part à la recherche dans son quartier de ce machin chose bien farfelu. Un petit point rose à suivre alors dans cette quête déterminée et ô combien symbolique.

Alice : Tout est dit ! Je rebondirai bien sur les deux mots employés par  Pépita : une quête « déterminée » et « symbolique » ? Pourquoi ces deux qualificatifs ? Chlop, Sophie, Colette auriez-vous employé les mêmes ?

Sophie : Pas sûre que ce soit ces mots qui me seraient venus pour qualifier cette histoire mais c’est bien adapté en effet. Eddie ne se laisse pas désarçoner par les échecs et persévère pour trouver ce dodu-velu-petit dont elle-même ignore tout.

Chlop : Déterminée, sans aucun doute. Cette détermination tranquille dont fait preuve dodu2la petite Eddie est d’ailleurs touchante, je retrouve bien là un trait de l’enfance, cette capacité à essayer encore quand on n’y arrive pas du premier coup.
Symbolique, ça vient plus tard, quand on a refermé l’album peut être. On se dit alors en effet qu’il s’agit pour Edith à la fois de satisfaire sa mère et de (se) prouver qu’elle aussi à un talent, comme les autres membres de la famille.

Colette : Déterminée, non je n’aurais pas choisi cet adjectif. Le hasard a vraiment un rôle fondamental dans la quête d’Eddie qui avance selon moi « au petit bonheur la chance » (une expression presque aussi jolie que le titre de cet album, non ?). Par contre, symbolique en effet, une fois le livre refermé, on peut le relire comme un conte dont il possède la trame, et tous les objets que grapillent Eddie au fur et à mesure de sa quête sont autant d’objets magiques tels ceux qu’utilisera la petite fille dans le conte de Baba Yaga pour surmonter les obstacles que la vieille sorcière mettra sur sa route.

Alice Symbolique aussi cette quête du cadeau idéal. Ce petit rien dont on sait à coup sûr qu’il fera plaisir au destinataire, même s’il n’a pas de haute valeur aux yeux des autres. Et pourtant ! Entre celui qui offre et celui qui reçoit, ce cadeau représente tellement d’amour et d’intérêt mutuel !!!
Vous ne trouvez pas ?

Colette : Une bille, un gland, un caillou, une fleur, combien de fois les enfants savent nous gâter avec un rien. Un rien qui symbolise en effet les sentiments qui nous relient si fort. Mais ce qui est original ici c’est que ce n’est rien de tout « ce petit bazar enfantin » qu’Eddie offre à sa mère mais carrément un merveilleux-dodu velu-petit et ça c’est vraiment extraordinaire et c’est ce qui fait d’Eddie une véritable petite héroïne !

Alice : Oui, c’est vrai que nous sommes en plein cœur de l’univers enfantin comme le soulignent Chlop et Colette. Ce qui m’amène logiquement à parler des illustrations de Béatrice Alemagna. Je trouve qu’elles renforcent complètement cet univers : le gras du crayon, le trait parfois de guinguois, la colorisation, … on plonge directement dans un monde merveilleux proche de l’imaginaire. Parlez-moi un peu de votre approche, de votre ressenti face à ces tableaux uniques qui nous étonnent à chaque page tournée…

dodu4Colette : Par rapport aux autres albums de Béatrice Allemagna que j’ai pu lire, je trouve que celui-là présente des illustrations très riches, qui fourmillent de détails : les vitrines de la boulangerie, de la modiste, de la fleuriste abondent. On sent une réelle gourmandise de l’artiste à représenter cet univers un peu désuet des magasins de quartier. En mélangeant différentes techniques, Béatrice Allemagna se livre non seulement à une subtile narration par l’image mais à un jubilatoire exercice artistique. J’adore tout particulièrement les collages que l’on retrouve de ci-delà et qui évoquent pour moi les exercices dadaïstes auxquels j’aimais tout particulièrement me livrer adolescente ! Et puis le choix des couleurs, quand même, là aussi on est dans la gourmandise et presque dans la provocation avec ce rose fluo qui jalonne tout l’album et qui contraste avec les autres teintes plus classiques. Quant à l’alternance des plans généraux dont j’ai déjà souligné la profusion de détails et les plans moyens qui permettent de magnifiques portraits d’Eddie, elle donne à l’album un rythme équilibré qui ne peut qu’entraîner le lecteur.

Alice : Une analyse très pointue et assez exacte. J’aime beaucoup l’emploi du mot « gourmandise ».
Et nos autres copinautes, que rajouteraient-elles ? Sophie, Chlop, Pépita ?

Pépita : Les visages représentés par l’illustratrice sur certains de ses albums peuvent surprendre…mais là, pas du tout : on est dans un quartier au charme désuet, avec ses commerçants bien identifiés dans leur métier, comme dans un autre temps. Et puis, l’image qui met le lecteur en position de hauteur pour suivre les pérégrinations de la petite héroïne m’a beaucoup plu : on suit ce petit point rose, on pourrait presque la suivre du doigt et même avoir envie d’en faire une maquette…Et puis cette boule rose de dodu-velu-petit,  je craque ! Rose lui aussi…comme s’il faisait partie de la petite fille ou sorti d’elle-même ? Il y a de la vie, de la générosité à la pelle dans cet album que rendent très bien ces couleurs soutenues et chaudes. Une merveille pour les yeux !

Sophie : En général, les illustrations de Béatrice Alemagna, ce n’est pas le genredodu5 qui attire mon œil au premier regard mais je finis toujours pas les lire. Je crois que j’ai une certaine curiosité pour son univers même si ça ne colle pas toujours à l’esthétique que j’aime habituellement. Dans cet album en particulier, j’ai aimé ce côté bric à brac bien rempli des vitrines. Ça m’a rappelé ces magasins où j’ai envie de tout acheter ou tout offrir sauf que quand j’ai justement besoin d’un cadeau, je ne sais plus quoi prendre !

Chlop  : Il y a quelque chose de  désuet dans les images comme dans l’histoire. Les rues pavées, les enseignes écrites en cursive, les maisons à colombage. On a envie de toucher et même de sentir, chaque boutique semble dégager une ambiance, une odeur qui lui est propre. Alors, effectivement, ce rose fluo, qu’on retrouve à chaque page, il tranche. Il tranche sans être  brutal, il trouve sa place, c’est étonnant.

Alice : Dans vos réponses, ressort l’opposition entre le charme désuet et le rose flashy. Alors finalement, ce Merveilleux-dodu-velu-petit, un album suranné ou bien relativement moderne ?

Colette : Je dirai qu’il a les deux qualités nécessaires à toutes les œuvres artistiques de qualité : c’est un récit intemporel et universel ! Parce qu’il suit cette structure si particulière de la quête initiatique et du conte et parce que les valeurs transmises par son personnage principal sont des valeurs profondément humaines que je souhaiterais résolument modernes même si là en effet j’ai un doute face à cette montée de l’individualisme qui caractérise tant notre époque.

Pépita : Cet album touche par ce qu’il a d’universel en effet et d’intime à la fois car quel plus merveilleux message d’amour que ce qu’il nous livre ? Ce dodu-velu-petit symbolise la recherche du cadeau idéal, faire plaisir à celui ou celle qu’on aime par-dessous tout. Peu importe l’objet (d’ailleurs la maman en fait un multiple usage), c’est l’intention qui compte. Alors oui suranné et moderne à la fois car j’ose espérer que cela, nous ne le perdrons pas.

Chlop : Ni l’un ni l’autre, ou alors les deux à la fois, un album qui ne rentre pas dans les cases en somme, ce qui est toujours une qualité.

Sophie : Une chose que j’ai aussi trouvé très réussie, c’est ce mélange d’ancien avec la vitrine de l’antiquaire et plus généralement avec des couleurs un peu sombres et le manteau d’Eddie rose flashy. Ça ne me semble pas rendre l’album suranné mais plutôt assez original quand la tendance actuelle est aux couleurs vives pas toujours bien mariées.

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Alice : Alors ce dodu-velu-petit, une merveille, non ?

Chlop : J’ajouterais juste que Béatrice Alemagna créé une double attente. on se demande pendant tout l’album si Eddie va trouver le merveilleux doudou-velu-petit mais on se demande aussi à quoi il ressemblera si elle y parvient. Et la surprise est au rendez-vous, alors même que pendant tout le livre l’élément clef est montré en permanence. Je reviens alors sur l’adjectif symbolique :le cadeau idéal pour la mère d’Edith est un cadeau qui lui ressemble.

Pépita : Oui, une merveille de poésie…et je suis certaine que cette expression de dodu-velu-petit va entrer dans le vocabulaire courant !

Sophie : J’ai adoré ce dodu-velu-petit ! Pour moi aussi ça aurait été un superbe cadeau.

Colette : Je collectionne les merveilleux-dodus-velus-petits depuis que mon Grand-Pilote-de-Balançoire sait découper, coller, assembler ! Ce bel album est donc en soi un merveilleux-dodu-velu-petit à s’offrir et à partager sans modération !

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Retrouvez une vidéo de Béatrice Alemagna qui parle de son Merveilleux-dodu-velu-petit : ici.

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Retrouvez nos chroniques sur nos blogs :

Pépita : Meli-Melo de livre

Alice : A lire aux pays des merveilles

 

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