Débat : Peut-on dire du mal des livres lorsqu’on est blogueur ? (troisième partie)

Y-a-t-il quelque chose qui vous retient de faire une mauvaise critique ? Quoi ?

Dorot’ (Les livres de Dorot’) : Comme je l’ai déjà dit, je m’abstiens de faire la mauvaise critique quand rien ne m’émeut dans l’album ou livre pour les tout petits. Les romans ados, il y en a tellement que forcement une partie n’est pas intéressante du tout .(la quantité contre la qualité!). Si un album me plait par son texte, j’essaie de ne rien dire sur les illustrations, et pareil pour les cas contraires…
En même temps, je ne reçois pas de services de presse pour les albums, donc je choisis les titres que j’ai envie de chroniquer.

Za (Le cabas de Za) : La peur du ridicule ? J’aimerais souvent avoir tout le « bagage » critique nécessaire pour pouvoir faire ce genre de billet, argumenté à mort, avec critique de l’image, références et tout et tout.
Le temps ? Je prends beaucoup de temps à peaufiner mes chroniques, j’en écris assez peu, autant que ce soit des chroniques positives, pour partager, pour donner envie.
Une mauvaise critique serait, de ma part, un mouvement d’humeur et je ne vois pas l’intérêt de faire partager mes mouvements d’humeurs à des gens qui ne m’ont rien fait…

Sophie (La littérature de Judith et Sophie) : Ça m’est arrivé une fois de ne pas vouloir critiquer un livre parce qu’il y avait une erreur éditoriale dans le texte (un livre pour tout petit avec très peu de texte). Je ne pouvais pas ne pas signaler l’erreur dans mon article et je ne voulais pas pénaliser totalement l’éditeur, que j’appréciais, pour une erreur. Je lui en ai parlé et j’ai décidé de ne rien publier.
Dans ce cas là, il s’agissait d’une erreur humaine, qui ne remettait pas vraiment en cause la qualité du livre, ça justifiait, selon moi que je ne chronique pas le livre.

Gabriel (La mare aux mots) : Tout simplement faire du mal ! J’essaye de tourner mes phrases, et de les retourner encore. C’est difficile car on ne peux quand même pas dire d’un livre qu’on le trouve bien alors que ce n’est pas le cas… Alors j’essaye de faire en sorte que les gens puissent lire entre les lignes sans dire vraiment les choses, parfois. Dans tous les cas j’essaye de ne jamais être blessant. Et dans les choses qui empêchent de dire ce qu’on pense il y a le copinage évidemment… J’ai en tête un livre écrit à plusieurs mains dont je connaissais plusieurs des auteurs et que j’ai trouvé assez mauvais, ça a été très très dur pour moi… Je l’ai critiqué tout en essayant de rester neutre au maximum… Parfois aussi je décide de ne pas faire de critique du tout si je connais l’auteur plutôt qu’en dire du mal.

Sandra (Maman Baobab) : Encore jeune blogueuse, j’ai des contacts directs avec peu d’auteurs. Cependant, j’admets préférer m’abstenir de faire une critique sur un ouvrage que je reçois plutôt que de le descendre. Il y a quelques livres que j’ai chroniqués et pour lesquels je n’ai pas été totalement séduite, mais, j’y ai trouvé un intérêt (au moins) et parfois il s’agit tout simplement du sujet traité. Sur certains sujets, il n’est pas si facile de trouver ce que l’on cherche : alors quand on souhaite par exemple utiliser un livre pour enfant comme support à la discussion (je pense à des sujets graves notamment : mort, maladie) qui doivent être en outre adaptés à l’âge de l’enfant, on est assez content de trouver un livre qui traite dudit sujet ! J’ai refusé de chroniquer certains ouvrages, pas forcément en littérature jeunesse d’ailleurs, parce que je ne m’y retrouvais pas, parce que je n’étais pas d’accord avec ce qu’ils véhiculaient… Je reçois aussi quelques ouvrages qui sont dans l’air de grosses promotions type blockbuster et qui sentent la promo à plein nez, sans avoir grand intérêt ni en terme de texte ni en terme d’illustration ou d’histoire… je ne peux pas les faire entrer dans mon univers… Particulièrement, certains livres tirés de films d’animation me posent problème (ce qui n’est pas vrai dans l’autre sens). J’ai du mal à leur trouver un intérêt. C’est sûr, je ne les achète pas, mais qu’en fais-je quand je les reçois dans ma boîte aux lettres ? Et ma question, Plaisent-ils, plairont-ils ou plairaient-ils au jeune lecteur ? Autant de questions qui viennent des échanges ici et qui me feront positionner peut-être plus clairement ma ligne éditoriale.

Lucie (Un petit bout de Bib(bliothèque)) : En règle générale, je mets du temps à faire mes billets, mes réflexions ont besoin de murir… et je ne fais jamais de critique totalement négative, j’essaie de voir le positif (entre-apercevoir parfois…).
si je ne fais pas de mauvaise critique pour un livre que je n’ai pas aimé c’est que je l’ai oublié tout simplement. la faute à ma tête de passoire.

Pépita (Méli-Mélo de livres) : Ce qui me retient réellement, c’est de dire du mal (gratuitement en plus). Cela peut m’arriver de dire que j’ai moins apprécié un livre, tant dans son texte, son style, ses illustrations mais j’essaie de faire mûrir ma réflexion. Je contrebalance aussi en montrant le positif. Ou tout simplement, je ne chronique pas un livre que je n’ai pas du tout aimé car je n’ai tout simplement rien à en dire. Je ne suis pas critique littéraire. Je donne juste un avis de lecture sur des livres que je lis, qui de plus est, est le mien parmi tant d’autres. Je ressens juste beaucoup de plaisir en faisant un blog à dire avec mes propres mots pourquoi j’ai aimé ou pas, à prendre du recul par rapport à mes nombreuses lectures et aussi les partager et confronter des points de vue. C’est tout ce que je recherche et cela me convient. Après, on rentre dans une sorte de provocation.

Nathan (Le carnet de lecture de Nathan) : D’une part je n’écris que très très peu de mauvaises critiques. Mais si je ne me retiens pas j’allège le côté négatif de la critique car:
– je n’aime pas dire du mal des livres s’ils ont quand même réussi à me faire voyager
– si j’ai parlé avec l’auteur/éditeur je ne détruis pas trop (on en revient à la question précédente)
– j’essaye de présenter les points positifs et négatifs du livre, d’adopter un point de vue assez objectif !

Hérisson (Délivrer des livres) : Il y a des articles qui sont toujours dans mes brouillons… que je reprends de temps en temps, que je retourne, mais que je ne publie finalement pas… encore pas cette fois ! Ce n’est pas le fait de dire du mal d’un livre qui me bloque que justement de faire une « mauvaise critique » dans le deuxième sens que l’on peut prendre à cette expression. J’ai parfois l’impression de ne pas être objective, de ne pas avoir à donner mon avis sur un livre que je ne comprends pas… Ce qui me retient n’est cependant pas tant le regard de l’auteur ou de l’éditeur que mon propre regard sur mon article!

Dorot’ (Les livres de Dorot’) : Mon blog n’est pas très ancien, (bientôt un an). Les mauvaises critiques je n’en ai pas tant que ça. Mais…il suffit de se promener un peu sur les blogs et sur le Facebook pour voir les réactions de certains auteurs face à un avis même mitigé et argumenté. Ceci ne m’a pas empêché de dire que je n’aimais pas un livre, mais je réfléchis quand même un peu avant d’émettre un avis complètement mauvais. Et, il y a aussi les livres des auteurs qu’on connait personnellement ,(j’avoue que pour moi, je peux les compter sur les doigts d’une seule main…) . Soit on aime tout, et là il n’y a aucun problème, soit on aime le texte ou les illustrations. Là, je fais un peu l’autruche et j’expose plutôt ce que j’ai aimé, en faisant l’impasse sur la partie qui ne m’a pas fait vibrer…
On ne pense pas à toutes ces variables en créant un blog, et mine de rien, ça joue…

Sandra (Maman Baobab) : Il m’est arrivé, concernant un sujet particulier de faire une demande de service presse spécifique impliquant un premier contact avec une petite maison d’édition. Je pensais sans l’avoir lu que le livre ciblé était « bon » ou disons plutôt le « bon ». A la lecture, pas du tout ce que j’attendais. Rude d’avoir fait une demande argumentée autour de son blog, de recevoir, de lire, d’en être déçue, et de ne pas en parler… Comment écrire dessus sans blesser (auteur, illustrateur), sans briser la confiance qui s’établit entre vous et l’éditeur, et surtout sans tromper son lecteur ? La position de blogueur n’est pas si facile à appréhender, finalement. L’expérience forge la capacité du blogueur à le faire et en assoit sa légitimité, je pense, la ligne éditoriale du blog aussi…

Gabriel (La mare aux mots) : Ah oui ça c’est souvent un cas de conscience… Un éditeur nous envoie pour la première fois un service de presse et on se retrouve avec quelque chose qu’on déteste ! C’est assez difficile dans ce cas car on se dit que si on en dit du mal l’éditeur ne nous enverra plus rien… Et si on en parle pas ça aura le même effet… Dans ce cas on marche sur des œufs… Cela dit généralement on ne reçoit pas un seul livre mais plusieurs et dans le tas si y’en a aucun de bons c’est mauvais signe… ça m’est arrivé et je me suis dit que ce n’était pas grave de ne plus rien recevoir de cet éditeur là !

Sandra (Maman Baobab) : Effectivement, dans le lot, il y en avait deux. Un très bon et un bof bof. Je n’ai pas eu l’occasion d’un 3e… dois-je tenter la surprise pour me faire une meilleure idée de l’éditeur ? Je le ferai sûrement à l’occasion !

à suivre…

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