De l’intérêt de lire à Voix haute

Que ce soit dans l’intimité de notre foyer ou dans le cadre de notre travail, la lecture à voix haute est une activité que nous pratiquons toutes. Nous avions envie d’échanger sur ce sujet afin de savoir comment nos copinautes mettent en place cette activité dans leur quotidien, pourquoi, pour qui et ce que cela leur apporte.

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Quand est-ce que vous lisez à haute-voix ? A qui ?

Frede : J’ai lu et je lis à voix haute très régulièrement surtout dans le cadre de ma profession.
J’ai lu énormément pour les enfants et adultes en situation d’handicap, pour les personnes âgées.
Maintenant ma lecture à voix haute se fait plus pour les enfants de 0 à 14 ans et toujours dans mon boulot. Cette lecture peut être en lien avec une thématique choisie : la dernière en date était sur le développement durable. Je me suis régalée à interpréter un extrait d’une pièce et lire Forêt des frères que nous avions beaucoup aimé ici. Ayant fait du théâtre lors de ma jeunesse, j’adore interpréter et moduler ma voix sans exagérer. J’ai eu la chance d’être formée à la lecture à voix haute par une comédienne lorsque j’étais bénévole pour l’association « Lis avec moi » à Lille. Puis avec une autre comédienne qui m’a appris à me déplacer lors de mes lectures, à « s’approprier l’espace scénique ».
Parfois je lis à voix haute pour moi, pour entrer dans le texte et pouvoir le lire sans difficulté lors d’un accueil de classe. De temps en temps je kidnappe mes grands ados pour leur lire un album coup de cœur.
Pour moi, la lecture à voix haute est essentielle et comme je le dis à mes collègues que je forme aux accueils de classe : il faut vivre le texte, faire passer les mots !

Linda : La lecture à voix haute a toujours été une activité partagée entre chacun de mes enfants et moi-même, dès qu’ils ont été capable de capter leur attention quelques minutes. C’est un moment que j’associe au calme et à l’échange. Je me souviens que chacun d’eux aimaient vraiment être collé à moi durant ce moment qui leur permettait de se poser tout en se faisant câliner. Avec l’âge et l’entrée progressive dans la lecture, chacun s’est détaché au moment de son choix, parfois un peu trop tôt à mon goût, parfois pas du tout mais finalement au moins qui leur a semblé être le bon. Mes filles aiment toujours la lecture à voix haute, malheureusement les emplois du temps de chacune ne facilitent plus une disponibilité commune et nous ont contraintes à presqu’abandonner cette activité. J’essaie encore de préserver cet intérêt car, à cette étape qu’est l’entrée dans l’adolescence, la lecture à voix haute revêt un intérêt différent : partager un temps de qualité ensemble, échanger autour d’un livre, des sujets qu’il aborde, débattre et ouvrir au monde. C’est par ailleurs une activité qui rassemble, qui développe et enrichie le vocabulaire et l’imagination et c’est aussi un formidable outil pour la concentration.

Lucie : Chez nous la lecture à voix haute est une tradition familiale. Mes parents nous lisaient des histoires (je me souviens que mon père faisait des voix différentes pour chaque personnage, j’adorais ça) et je ne me suis même pas posé la question de lire à mon tour des histoires à mon fils, ou d’écouter mon mari lui en lire (lui aussi fait des voix géniales). Mais la tradition ne se limite pas aux enfants. Il est arrivé que mon mari me lise des histoires, et j’ai appris que mon grand père faisait la même chose pour ma grand mère.
Effectivement, la question de continuer ou pas se pose quand les enfants grandissent et qu’ils deviennent bons lecteurs. Il est souvent arrivé que je commence un roman à haute voix avec mon fils et que le lendemain matin il en soit trois chapitres plus loin. C’est un peu frustrant quand c’est un livre que l’on découvre ensemble ! Mais il faut saluer les auteurs qui parviennent à créer des histoires tellement prenantes que l’on ne peut pas attendre pour en lire la suite.
Ce moment de partage autour du livre est précieux et ni lui ni nous ne sommes prêts à y renoncer. Même si parfois il s’agit seulement de lire des livres différents pelotonnés tous ensemble.

Dans ma pratique de maîtresse aussi la lecture est très importante. Il y a les lectures « suivies » que je propose en épisodes, et les lectures offertes (expression que j’aime beaucoup) en lien avec un thème travaillé en classe ou juste pour le plaisir.
Je suis pour ma part totalement convaincue par le quart d’heure lecture à condition que les élèves soient libres de choisir leurs lectures. Les études montrent bien que ce moment est source d’apaisement pour les élèves comme pour les enseignants.

Isabelle : Un peu comme Linda, j’ai lu à mes garçons, nés en 2009 et 2011, dès leurs tous premiers mois. Je me souvenais de moments fantastiques de lecture avec ma mère et de lectures offertes par mon instituteur de CM1, j’avais envie de proposer de tels partages à mes enfants. Nous avons donc instauré une sorte de rituel de lecture du soir. Mes moussaillons ont longtemps aimé lire et relire les mêmes livres, puis nous avons commencé à en découvrir de nouveaux, plus longs et immersifs. Nous n’avons pas eu envie de mettre fin à ce moment quotidien quand ils ont su lire seuls. Cela s’est fait naturellement avec l’aîné, vers 10 ans, lorsqu’il était trop absorbé par son roman du moment pour interrompre sa propre lecture. Cela ne l’empêche pas de nous rejoindre de temps en temps lorsque notre lecture du moment l’intrigue et nous avons développé de nouvelles formes de partage autour de lectures communes. Je continue de lire à voix haute presque tous les jours avec son frère qui aura bientôt douze ans. Je lis aussi de temps en temps avec les autres enfants de la famille, notamment mes neveux et nièces qui aiment tous ça !

Que pensez-vous que cette pratique de la lecture partagée ait apporté à votre famille ?

Linda : Je crois que cela a développé l’esprit critique de chacun, l’amour des mots, le plaisir d’être ensemble, d’échanger, d’argumenter autour de tout un tas de sujets. La lecture à voix haute nous a aussi permis de partager des intérêts communs pour les livres que, désormais, nous choisissons ensemble ou se recommandons mutuellement.

Colette : Avant toute chose, le rituel de la lecture partagée nous a apporté un moment de disponibilité réciproque. Pendant le moment de l’histoire du soir, nous nous retrouvons VRAIMENT tous les 4, pas de compromis possible, pas de diversion négociable : comme une promesse d’être entièrement présents les uns pour les autres. C’est un RDV que nous nous offrons et que nous ne manquerions pour rien au monde !

Frede : La lecture partagée est un moment de plénitude totale. Malheureusement dans la famille, nous lisons très peu ensemble, je l’ai énormément fait avec mes fils lorsqu’ils étaient petits. Je pense que le fait de lire pour une classe, un groupe m’apporte autant de satisfaction.
De plus, je lis beaucoup à voix haute pour moi-même, pour ressentir encore plus les mots. Mine de rien cet exercice n’est pas plus mal lorsque je dois lire devant un public surtout pour les 0-3 ans.
C’est un moment où toutes les oreilles sont attentives et captent la même histoire et où l’imagination n’appartient qu’à soi.

Lucie : Je te rejoins tout à fait : ce moment est très précieux chez nous aussi, et incontournable ! Une pause pour être ensemble et partager une histoire dans un quotidien où l’on court tous tout le temps. Nous y tenons beaucoup.

Isabelle : Je me retrouve dans vos réponses : ces moments d’attention exclusive dont tu parles, Colette, sont hyper précieux ! Je pense que c’est LA manière privilégiée de cultiver son goût de lire et de le transmettre à ses enfants. On s’extrait aussi, pour quelques minutes, du train-train de nos journées trop chargées. L’évasion dans un livre permet souvent de désamorcer les tensions et de prendre un peu de distance vis-à-vis des petits soucis du quotidien. C’est véritablement stupéfiant de voir à quel point quelques minutes de lecture permettent aux enfants les plus vifs et turbulents (et je sais de quoi je parle !) de se poser et de retrouver le calme avant d’aller dormir : cela vaut vraiment le coup d’essayer ! Comme le dit Linda, ces lectures donnent aussi souvent lieu à des confidences, des questions et des moments privilégiés d’échange que nous n’aurions pas forcément eus sinon. Il est parfois plus facile d’aborder certaines questions de façon indirecte, voire implicite, à travers une histoire que de manière frontale. Jour après jour, on apprend à mieux se connaître. Quand le goût de la lecture se transmet de génération en génération, cela peut enfin contribuer à créer une belle complicité autour de certains livres qui finissent par composer un univers de références partagées par toute la famille… Chez nous, nombreux sont les repas de famille où nous parlons de Karlsson sur le toit ou encore de Willy Wonka. Ces personnages ont presque partie de la famille, tout le monde les connaît ! 

Quelles sensations et quelles émotions apporte la lecture à haute voix ? Quel est le « supplément d’âme » de cette pratique d’après votre expérience ?

Lucie : En réalité, si j’aime ce moment je n’aime pas beaucoup lire à voix haute. Je le fais pour le partage du moment, mais je préfère nettement écouter !
Mais je suis curieuse de lire les réponses de celles qui sont à l’aise dans cet exercice.

Colette : Personnellement, j’aime beaucoup devoir moduler ma voix, jouer avec les différents personnages pour captiver mon petit public. Mais comme toi Lucie je préfère écouter les autres lire. J’ai découvert depuis peu la lecture audio. Nous avons écouté lors de longs trajets L’Ickabog lu par Aïssa Maïga ou encore Jefferson lu par JC Mourlevat et vraiment ce fut un régal. J’avoue que Jean-Claude Mourlevat lit vraiment bien ses textes : sa voix est riche des émotions de ses personnages, je ne sais pas si c’est lié à sa formation de comédien ou encore au fait qu’il connaisse parfaitement bien ses personnages, mais l’écouter lire est très enthousiasmant.

Et je rajouterai que « le supplément d’âme » que je trouve à cette pratique c’est la sensation de vivre une expérience collective à travers une activité qui est sinon très individuelle. Les échanges que l’on peut faire en classe après une lecture à haute voix sont très intéressants pour comprendre tous les mécanismes qu’implique la lecture qui est un acte tellement complexe. Et puis le silence qui règne dans un groupe à l’écoute d’une lecture à haute voix, c’est un silence magique !

Linda : Comme Colette, j’aime beaucoup devoir moduler ma voix, c’est une façon de s’approprier les personnages et de les rendre vivants et accessibles au petit public attentif. Je trouve aussi que cela donne vie aux mots, les fait danser, et puis cela dynamise la lecture et la rend tellement plus intéressante pour l’auditeur.
J’aime aussi, en tant que lectrice, observer les réactions que provoque la lecture, cela donne à réfléchir sur ce qu’elle apporte à chacun et facilite ensuite les échanges, à exprimer son ressenti et ses émotions. 

Frede : Je dirais que cette sensation est unique et apporte beaucoup de quiétude, de bien-être. J’aime ce moment où toutes les oreilles et les yeux sont rivés sur le livre que je suis entrain de lire. Peu importe la technique employée à ce moment là c’est véritablement un instant de véritable communion.

Isabelle : L’histoire du soir permet de redécouvrir la lecture, car on lit différemment quand on le fait à haute voix pour quelqu’un d’autre. Moi qui lis beaucoup et de manière un peu compulsive, j’ai redécouvert certains livres en les parcourant plus lentement, en prenant le temps de me représenter pleinement le texte afin de mieux le transmettre, de respecter les silences (voire les faire durer pour entretenir le suspense !), d’adapter mon intonation, de théâtraliser un peu la lecture où jouant sur des mimiques et des expressions, un ton ironique, des voix plus aiguës ou plus graves, voire même des accents ! Cela demande une concentration exclusive et a l’effet de me calmer. Rétrospectivement, j’ai le sentiment d’une qualité de lecture différente pour les livres lus comme cela. 

Pour vous, y a-t-il des supports qui se prêtent mieux à la lecture à haute voix que d’autres ? Vous est-il arrivé de tomber sur un livre particulièrement difficile à lire à haute voix ? Et, au contraire, avez-vous des « chouchous » que vous aimez lire à haute voix ?

Colette : Oui, clairement il faut des textes qui alternent récit et dialogues régulièrement. Les textes de théâtre se prêtent bien évidemment à la lecture à haute voix mais à peine ouverts, ils appellent à être joués et ils seront bien plus savoureux à plusieurs lecteurs, lectrices. J’aime beaucoup lire des albums, car on peut ménager de longues pauses de silence pour montrer les images qui les illustrent. Je n’ai pas beaucoup d’expérience de lectures à haute voix de textes longs. Quant aux BD c’est vraiment compliqué en groupe mais en tête à tête avec mon fils de 9 ans, c’est un genre qu’on adore lire ensemble. Les documentaires sont d’après moi les livres les plus difficiles à lire à haute voix mais certains s’y prêtent vraiment. Il faut une mise en page simple avec un objet par page ou double-page, au delà on s’éparpille. Pour la pratique de lecture à haute voix, ce que j’aime le plus, c’est ressortir le butaï que mon père a fabriqué à mon grand garçon pour ses 5 ans et lire des kamishibaï à ma petite famille. Le kamishibaï est une sorte de théâtre d’images où la voix accompagne les images que le public voit défiler devant ses yeux. Pour le baptême de mon filleul, j’ai lu « Il faudra » d’Olivier Tallec et Thierry Lenain en version kamishibaï et ce fut vraiment un très beau moment. Des phrases courtes. Poétiques. Percutantes. Qui touchent en plein coeur. Pour moi la poésie est le genre par excellence de la lecture à haute voix et certains albums sont de pures merveilles de poésie.

Lucie : Tous les supports type kamishibaï, tapis à histoire etc. sont extra pour la lecture à voix haute. Mais quand on n’a pas la chance d’avoir ce matériel, je trouve que l’album est le livre idéal. Nous n’avons jamais lu de poésie en famille, tu me donnes envie d’essayer.
En réalité, en posant cette question je pensais à un roman en particulier que nous avons arrêté car trop compliqué à lire à haute voix : « Réseaux » de Vincent Villeminot. En revanche, les auteurs qui jouent avec les mots et les sonorités (J.K. Rowling, Timothée de Fombelle, Flore Vesco, Roald Dahl ou Jean-Claude Mourlevat pour ne citer qu’eux) sont géniaux à lire à haute voix, même sur de longs textes.

Linda : Pour ma part j’aime lire tous les supports à voix haute, à l’exception de la bande dessinée. Je n’aime pas partager ce format de texte « fractionné » que j’aime pourtant lire en solo. Je lis des romans à voix haute et je les trouve tout aussi savoureux, voir plus parfois, que les albums. Peut-être justement car pour ces derniers, il faut régulièrement marquer une pause pour regarder les images et laisser la place à chacun de le faire dans le temps qui lui convient.
Dans les romans, c’est plus l’écriture qui va avoir un rôle dans le plaisir de lire. J’aime particulièrement la poésie et la musique des mots que certains auteurs savent poser sur le papier. Spontanément je pense à Flore Vesco, Bertrand Santini, Jean-Claude Mourlevat ou encore Roald Dahl… Mais parfois c’est plus le rythme de l’action et l’écriture qui est un véritable plaisir pour l’oreille ; ici je pense à des titres plus classiques comme Les aventures d’Arsène Lupin, la saga de Anne de Green Gables ou encore La ferme des Animaux. Sans oublier les textes qui font voyager au sens propre, comme au sens figuré. Pourtant parfois, alors que le sujet est intéressant et le livre vraiment bien écrit, ça fait flop. Je me souviens avoir vraiment peiné sur Le baron perché d’Italo Calvino, la faute aux phrases interminables qui faisaient trembler ma voix de fatigue. C’est pourtant un livre que nous avons aimé, les filles et moi, mais j’en suis ressortie épuisée.
Donc pour moi, tout livre vaut le coup d’être lu à voix haute, chacun trouvera ceux qui lui conviennent.

Frede : Je ne lis jamais de documentaires ou de BD en lecture à voix haute. Par contre j’adore lire du théâtre à plusieurs voix. Je me souviens encore du bonheur de lire Roméo et Juliette avec mon cadet en se répartissant les rôles à chaque début d’acte. Comme je lis l’histoire avant mon accueil je n’ai jamais de mauvaise surprise car il faut « maîtriser » son texte pour y mettre la tonalité et captiver son public. Mes chouchous sont essentiellement des albums comme De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête, La souris et le voleur, tous les albums de Christian Voltz (je les connais presque par cœur), La moufle, le bateau de Mr Zouglouglou… mais j’ai un souvenir ému de ma lecture du petit roman La bergère qui mangeait ses moutons, lu sur scène pour les 20 ans de la médiathèque où je travaillais. Quel régal ! une comédienne nous avait aidé à « nous mettre en scène ».

Isabelle : Pas de support privilégié, même si comme Linda, je n’aime pas trop lire de BD à haute voix. Pour moi, cette mode de lecture est un test clé. Il y a les textes dans lesquels on entre tout de suite. C’est notamment le cas de ceux de Roald Dahl ou de Jean-Claude Mourlevat dont vous avez parlé. Ils ont un rythme et coulent de manière évidente, déployant dans nos imaginaires un univers dans lequel on se repère aisément, des personnages palpables dont on perçoit la consistance et qu’on a l’impression de connaître, des intrigues qui nous enveloppent et nous accrochent à tel point qu’il est difficile d’interrompre la lecture. Il nous est arrivé de lire plus d’une heure à la suite ! Les choses sont différentes avec les albums mais là aussi (encore plus, je trouve), on voit tout de suite comment fonctionnent les mots. D’autres textes sont plus durs à lire et à suivre, souvent c’est sans appel et tout le monde est d’accord ! À mon sens, la lecture à voix haute est aussi un moyen privilégié de faire découvrir des textes plus difficiles d’accès à ses enfants. Au fil des années, nous avons lu de nombreux classiques qui comportent des mots plus rares et exigent de connaître certains éléments de contexte : les romans de Stevenson par exemple (L’île au trésor, L’étrange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde), Moby Dick, Dracula ou le splendide Watership Down. Les enfants étaient super heureux mais ne se seraient sans doute pas lancés seuls.

Sur la base de vos expériences respectives, avez-vous des conseils particuliers à adresser à celles et ceux qui aimeraient se lancer dans la lecture à voix haute en famille ou dans un autre cadre ? Des trucs qui auraient bien marché chez vous ?

Isabelle :  Pour ma part, je conseillerais d’essayer de ménager ce moment qui n’a pas besoin d’être très long en veillant si possible à ne pas être dérangé. Et aussi de ne pas se formaliser si un enfant ne parvient pas à rester immobile en écoutant. Mes moussaillons ont souvent eu besoin de rester libres de leurs mouvements, de manipuler un objet… J’ai pris le parti de les laisser s’installer ou bouger comme ils le souhaitaient, tant que cela ne perturbait pas la lecture. Il leur est par exemple arrivé de faire des coloriages ou des perles à repasser pendant la lecture du soir, mais ils savent qu’ils ne peuvent pas faire de bruit ou s’agiter.

Linda : Je rejoins assez ce que dis Isabelle sur la disponibilité de l’enfant, l’importance de le laisser libre de ses mouvements. J’ajouterai qu’il ne faut pas se forcer à le faire ou s’imposer un moment précis, le plus important est que chacun soit disposé à partager ce moment ensemble.

Lucie : L’idéal est bien sûr de commencer avec un enfant tout petit. Mais ne pas l’avoir fait ne veut pas dire qu’il ne faut pas se lancer !
Nous avons vécu des moments de « pause » de ce rituel, qui m’ont chaque fois fait un pincement au cœur. Mais nous l’avons chaque fois relancé grâce à une lecture qui nous donnait envie, suite à un passage en librairie par exemple. Ne pas être trop rigide sur la forme (liberté de mouvement, durée…) pour garder le plaisir, partir de l’envie de l’enfant aussi, pour ne pas perdre son attention en route. Et s’autoriser à abandonner une lecture trop compliquée, contraignante en lecture à haute voix, ou finalement décevante.
Je crois en revanche qu’il est important de ritualiser, d’avoir un moment de la journée dédié pour lequel nous sommes totalement disponibles les uns et les autres.

Colette : Comme Lucie, je pense que la mise en place d’une lecture ritualisée est vraiment primordiale quand on veut instaurer un moment de lecture à haute voix dans le cercle familial. Pour ce qui est de la lecture devant un public, je conseillerai de se préparer à l’avance en s’enregistrant par exemple pour essayer de théâtraliser au mieux sa lecture. Ce sont deux types de lecture à voix haute assez différentes me semble-t-il : si la lecture à haute voix dans la sphère privée me semble pouvoir exister en toute liberté, dans la sphère professionnelle, elle n’en sera que plus savoureuse si la lectrice, le lecteur s’est bien entraînée avant.

Frede : L’important c’est de commencer avec un livre que l’on aime car c’est à ce moment là que tout va se faire : le plaisir de l’écoute et le plaisir de lire. Comme vous l’avez très bien dit, même si l’enfant bouge où n’est pas à 100% à votre écoute, il est tout de même attentif. Le plus beau est de transmettre par cette lecture peu importe le moment. Il faut juste être disponible en tant que lecteur et spectateur.

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Et vous, lisez-vous à voix haute ? Quels bénéfices y trouvez-vous pour vous et pour ceux à qui vous faites la lecture ?

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