Nos coups de coeur d’avril

En ce mois d’avril qui voit passer les oiseaux migrateurs au ras des champs ou très haut dans le ciel, nos regards ont suivi les horizons de livres enchanteurs, colorés, tourbillonnants. En voici un échantillon bigarré comme le plumage du geai, écarlate comme la gorge de l’hirondelle rustique et lumineux comme le cygne chanteur.

******

Pour Colette, collectionneuse de papillons, son escapade à L’Escale du livre de Bordeaux a été l’occasion de découvrir le travail si délicat et tellement visuel d’Anne-Margot Ramstein. Déjà conquise le mois dernier par Dedans/dehors, la voilà envoûtée par l’histoire de l’album sans texte de La Perle écrit à quatre mains avec l’auteur Mathis Arégui. On y suit de page en page, l’odyssée d’une perle à la fois à travers l’espace et le temps. La poésie s’y mêle à la géographie et la beauté des couleurs et des formes s’y déploie à chaque page.

La Perle, Anne-Margot Ramstein, Mathis Arégui, La Partie, 2021.

******

Observer la migration des oiseaux est l’activité principale de l’un des personnages du Château des Papayes, roman coup de cœur de Lucie ce mois-ci. C’est toujours avec appréhension que l’on s’attaque à un nouveau livre d’un auteur dont on a aimé le précédent. Ce nouveau roman allait-il être à la hauteur de Pax et le Petit soldat ? La réponse est OUI !
Lucie s’est immédiatement attachée à Ware, héros sensible et attentif aux autres, qui fait passer le bien être de son entourage avant le sien. Jusqu’à ce qu’un concours de circonstances le mène devant les ruines d’une église. Sara Pennypacker sait croquer des personnages tendres, tenaces et créatifs. Venez découvrir Le Château des Papayes !

Le Château des Papayes, Sara Pennypacker, Gallimard Jeunesse, 2021.

Son avis complet est LA. Retrouvez aussi ceux d’Isabelle et de Linda ou Liraloin au sujet de Pax et le Petit soldat.

******

Le petit garçon d’Un week-end de repos absolu pourrait aussi prendre le temps d’observer les oiseaux. Il est à la campagne et profite tranquillement de son week-end… pendant que ses parents s’agitent.
Car s’ils sont partis au vert pour se ressourcer, ils ne cessent de trouver quelque chose à faire. La barrière à repeindre, les mûres à cueillir puis à cuisiner… ils ne s’arrêtent pas une minute. Avec humour et bienveillance, Davide Cali épingle notre fâcheuse tendance à remplir nos journées d’activités frénétiques. Mais s’adonner à des activités manuelles n’est-ce pas tout de même une manière de déconnecter du travail et des écrans ?
Les illustrations très inspirées des années 60 d’Alexandra Huard apportent un côté intemporel et pétillant à cet album. Et nous invite à penser que cette peur du vide n’est peut-être pas si récente !

Un Week-end de Repos Absolu, Davide Cali, illustrations d’Alexandra Huard, Sarbacane, 2013.

L’avis de Lucie.

******

Linda s’est envolée vers l’Île-du-Prince-Edouard pour retrouver cette âme sœur, cette amie de papier qui ont bercé son enfance et accompagne désormais les pas de sa fille alors qu’elle entre dans l’adolescence. Quel plaisir de retrouver Anne Shirley dans cette adaptation en bande dessinée ! Si le style graphique a été une surprise, la lecture n’en a pas été moins délicieuse.

Anne… La maison aux pignons verts – La bande dessinée, Mariah Marsden et Brenna Thummler, Scholastic, 2019.

Retrouvez son avis complet et des visuels ICI.

******

Linda a ensuite traversé l’Atlantique en compagnie de Nellie Bly, cette pionnière du journalisme d’investigation qui a débuté un Tour du Monde en faisant une première escale en Angleterre. Accompagnée du jeune gentleman londonien Phileas Fogg, elle part sur les traces du célèbre Jack l’éventreur dans une enquête qui ne manque pas de rythme et de suspens. Deux héros, l’un fictif, l’autre réelle, dans une nouvelle série d’enquêtes à lire dès 9/10 ans.

Nellie & Phileas – Détectives globe-trotters, tome 1. Le Crime de White Chapel, Roseline Pendule, Gulf Stream, 2022.

Son avis complet est ICI.

******

Pour Liraloin, le besoin d’un retour aux sources se fait sentir. Le plus bel été du monde de Delphine Perret est un vrai coup de cœur oxygénant !

 Tu es prêt ?
Oui. »

C’est l’heure de quitter la ville pour passer l’été dans cette maison de campagne, loin de toute une agitation et de la routine habituelle. Dans cette maison que l’on aime retrouver, il y a les bonbons de l’année passée. Sont-ils encore bons ? Des bottes devenues trop petites mais ce n’est pas grave, il y en a d’autres paires à la bonne pointure. Il y a des questions sur l’enfance de maman et des réponses pleines de nostalgie. Cette maison n’en finit pas de livrer ses secrets et ses alentours sont propices à l’observation de multitudes de bestioles et de paysages ensoleillés.  

Les allées et venues d’amis et de la famille vont rythmer l’enfant et sa maman :

« –Allez jouer, on vous rappellera pour le dessert.
-Est-ce que c’est le dessert ?
-Pas encore.
-Hé ho ! C’est le dessert ! Vous êtes où ? »

En toute simplicité, Delphine Perret, le temps d’un été, écrit une vie de nostalgie où les retrouvailles dans cette maison de famille nous donne une respiration bien particulière. Le temps de s’arrêter, de s’émerveiller, d’apprendre à lacer ses chaussures, de trouver et perdre pour ensuite retrouver et reperdre sa casquette. Une plongée qui fait un bien fou loin de tout, de toute connexion, juste celle entre une maman et son enfant et leur entourage. Page après page, l’histoire invite la-le lectrice-lecteur à se poser, se reposer afin de profiter au maximum des dessins alternant scènes quotidiennes et paysages oxygénant !


Le plus bel été du monde de Delphine Perret – Les fourmis rouges, 2021
Prix Sorcières 2022 dans la catégorie Carrément Beau Maxi

******

Isabelle et ses moussaillons se sont lancés sur les traces de LA star de la littérature anglaise : Sir William Shakespeare himself ! Et avec lui, c’est l’histoire du théâtre qui se dévoile, au fil des pages du fabuleux documentaire édité par les éditions Little Urban.
À Londres, à l’époque, 1/5 de la population assistaient quotidiennement à un spectacle. Ce n’était pas de la tarte entre les risques d’épidémie (le premier théâtre londonien se situait hors des murs de la ville, plus prudent), une bonne dose d’impro vu le nombre de pièces que les comédiens devaient s’approprier en peu de temps, le taux de mortalité parmi les personnages et le sang qui giclait par le truchement de poches de sang d’animaux… Les anecdotes sont réjouissantes, mises en valeur par ces pages joyeusement colorées. Au fil des pages, on ne peut qu’être sidéré.e par la richesse de l’œuvre shakespearienne qui couvre tous les genres, de la tragédie à la comédie et aux pièces historiques, en passant par la romance et la poésie. Maintenant « to read or not to read, that is the question ! »

Le Monde Extraordinaire de William Shakespeare, d’Emma Roberts, Little Urban, 2022.

L’avis complet d’Isabelle

******

Et en roman, l’équipage de L’île aux trésors a décidé, une fois n’est pas coutume, de voyager en train avec l’incroyable Maydala Express ! Écrit à deux mains par deux stars de la littérature italienne, ce roman d’aventure steampunk démarre sur les chapeaux des rails. Nous voilà donc plongés dans les fumées industrielles d’une ville sous la coupe d’une tentaculaire société ferroviaire. Finally survit, comme d’autres orphelins, en faisant le ménage dans la Gare grise, rêvant de devenir un jour mécanicienne. Par un concours de circonstances, la jeune fille se retrouve en possession d’un billet pour le Maydala Express. Une ligne ferroviaire aussi légendaire que convoitée, dont personne ne sait où elle se rend. C’est le début d’un périple initiatique semé d’embuches et de surprises. Un bel objet-livre, des personnages hauts en couleur, beaucoup d’aventure et surtout, un bel hymne au voyage !

Maydala Express, de Pierdomenico Baccalario et Davide Morosinotto, L’école des loisirs, 2022.

******

Blandine aime découvrir des parcours de vie, ceux qui ont été tragiquement oubliés ou écartés, comme les nuances de ceux que nous pensons connaître.

Le rêve de Mademoiselle Papillon. Alia CARDYN et Julien ARNAL. Robert Laffont, 2022

Mademoiselle Papillon avait un rêve que l’on disait trop grand pour elle! Un rêve d’avenir pour tout les enfants dans le besoin, un rêve pour les sauver, les voir grandir en sécurité et heureux, protégés du froid, de la maladie et de la haine des Hommes. En 1919, ce rêve était aussi nécessaire que difficile à réaliser, et encore plus pour une femme! Pourtant Mademoiselle Papillon a réussi. Et son rêve est toujours visible et actif aujourd’hui.

Cet album est un hommage sensible et vibrant à Thérèse Papillon, et une adaptation du roman « Mademoiselle Papillon » d’Alia Cardyn. Le préventorium qu’elle a ouvert dans l’Abbaye de Valloires (Somme) a accueilli et aidé des milliers d’enfants, et est visitable avec ses jardins.

******

Nina Simone, mélodie de la lutte. Sophie ADRIANSEN. Charleston, 2022

Avec empathie et passion, Sophie Adriansen nous raconte qui était Eunice Waymon devenue Nina Simone, son enfance, la musique classique, son mariage, son engagement dans la Lutte pour les Droits Civiques, tout en nous restituant son époque, le contexte social et politique des Etats-Unis, et ce qu’il en est malheureusement encore aujourd’hui. Ce faisant, l’autrice se raconte aussi, révèle sa réflexion quant à son identité, sa couleur, sa place de citoyenne.

Un roman et hommage magnifique et saisissant! Chronique de Blandine ICI.

******

Quid de vos lectures à vous ? Dites-nous : si elles étaient un oiseau, lequel seraient-elles ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *