Nos coups de cœur de septembre !

Après vous avoir présenté nos tables de chevet débordant de piles de romans, albums et autres réjouissances, c’est le moment de partager nos coups de cœur au terme de ce joli mois à la charnière entre été et automne…

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Pour Liraloin, une BD remporte les suffrages ! Incroyable ! débute comme une pièce de théâtre. En poussant la porte, le décor se plante et les personnages sont présentés tout comme la peau de banane qui aura son importance. Après tout, Tchekhov n’a-t-il pas dit : « Quand dans une pièce de théâtre, il y a un pistolet, il faut qu’il tire avant la fin… ». En attendant Jean-Loup, notre héros fait son entrée et ce petit garçon : « est un gamin un peu bizarre, qui du haut de ses 11 ans, s’est égaré quelque part entre son arrêt de bus… et le cosmos. »

Jean-Loup passe son temps à la bibliothèque, il aime rédiger des fiches sur les sujets qui éveillent sa curiosité. Cependant il se dépêche de rentrer chez lui en se lançant des défis et gagner des points. Mais Jean-Loup est seul, deux parents absents laissant place vide à d’autres personnes un peu trop envahissantes ou réconfortantes selon si ces dernières viennent de son imagination ou sont bien réelles.

Ce qui est Incroyable ! dans ce récit c’est cette force narrative qui joue avec les émotions du lecteur. J’ai adoré le personnage du Parrain qui dédramatise la vie de Jean-Loup et lui permet de remettre les pieds sur terre. Johnny Gala et ses chansons à l’anglais approximatif : « Ah, j’ai mon contrat… Tous les mercredis Johnny Gala est chez Cora. Cette semaine c’est au rayon petits pois. Y a une promo, j’ai une compo. I wrote a song… Enfin euh song… a Hit ! J’aime les pois les concassés. J’aime les pois même les entiers (sur la mélodie de « J’aime les filles » de Dutronc). »

Cette vie de petit garçon timide aux tocs comme pour combler un trop grand vide affectif vous touchera très certainement.

Incroyable ! de Zabus & Hippolyte, Dargaud, 2021

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Sur les étagères de La Collectionneuse de papillons, un album délicat à partager entre parents et enfants : Entre Toi et Moi du Dr Catherine Gueguen et Reza Dalvand. Un album qui met des mots sur les besoins d’attention de l’enfant de manière très simple. Catherine Gueguen est une pédiatre qui a beaucoup écrit sur les neurosciences affectives et sociales, et l’importance de la communication non violente au sein des familles et de l’institution scolaire. C’est toujours un bonheur de la lire car elle vulgarise une parole scientifique qui m’a permis, personnellement, en tant que mère et qu’enseignante, d’asseoir mes intuitions. L’album donne la parole à l’enfant dans de nombreuses situations déroutantes pour les parents : l’accès de colère, les chutes, les bêtises, la socialisation, les erreurs, les apprentissages difficiles… Avec cet album, l’enfant est encouragé à mettre des mots sur ce dont il a besoin pour se construire et s’émanciper. Une compétence primordiale pour nourrir l’estime de soi et la confiance dans un monde pourtant incertain.

Entre Toi et Moi, Dr Catherine Gueguen, Reza Dalvand,
Les Arènes, 2020.

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Le coup de cœur de Lucie fait durer encore un peu l’été : c’est le magnifique Esther Andersen né de la collaboration entre Timothée de Fombelle et Irène Bonacina. Avec le talent qu’on lui connaît, l’auteur met des mots sur ces sensations d’éternité et d’immensité propres aux vacances d’enfance. Un jeune garçon passe ses vacances chez son oncle et circule librement dans la campagne environnante. Jusqu’à ce qu’il fasse une rencontre qui va le chambouler…
Les illustrations d’Irène Bonacina, qui ne sont pas sans évoquer Sempé, exploitent parfaitement ce grand format à l’italienne et élargissent toujours plus l’horizon qu’explore l’enfant sur son vélo rouge.

Esther Andersen de Timothée de Fombelle, illustrations d’Irène Bonacina, Gallimard Jeunesse, 2021.

Les avis de Lucie, d’Isabelle et de Linda.

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Le coup de cœur de Linda tente, lui aussi, de retenir l’été et les vacances un peu plus longtemps. Un détour entraîne une famille à profiter un peu plus de la nature, de la quiétude des vacances et d’eux-mêmes avant d’affronter le retour si difficile à la maison. Le texte poétique et sensible de Stéphanie Demasse-Pottier et le trait flou de Clarisse Lochmann s’associent dans un album touchant qui laisse parler les émotions et prolonge les vacances pour notre plus grand plaisir.

Fin d’été de Stéphanie Demasse-Pottier, illustrations de Clarisse Lochmann, éditions l’Etagère du bas, 2021.

Son avis complet est ICI.

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En revanche, c’est un album résolument automnal qui a conquis Isabelle et ses moussaillons ! En ces journées débordantes d’activité, ils ont savouré Un grand jour de rien. Des pages joliment détrempées de pluie qui raconte comment un enfant redécouvre le goût de la vie le jour où sa console termine au fond de la mare. Les illustrations de Béatrice Alemagna ont un charme singulier et mélancolique qui respire merveilleusement l’intensité de l’enfance. Elles nous font ressentir le désarroi de ce petit chaperon orange fluo, puis la manière dont il s’affirme au contact de la nature. De quoi nous donner envie de lever les yeux de nos écrans et de prendre un grand bol d’air. D’empoigner de la terre humide à pleines mains. D’explorer les environs, au gré des rencontres et de son imagination, à la recherche de petits trésors. Un album beau et profond à partager avec une tasse de chocolat chaud.

Un grand jour de rien, de Béatrice Alemagna, Albin Michel Jeunesse, 2016.

Son avis complet est ICI.

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Et s’il ne fallait retenir qu’un roman, ce serait La vie en rose de Will, de Susin Nielsen. Un roman d’une grande tendresse – de ceux qu’on voudrait à la fois dévorer et lire plus lentement pour mieux le savourer !
Will n’a pas confiance en lui et les sarcasmes impitoyables du monde du collège n’aident pas à s’ouvrir aux autres. Un échange scolaire avec une classe française le place au pied du mur et fait débarquer Charlie dans sa vie. Heureusement, Will a pour lui une spontanéité désarmante, l’amour de ses deux mamans, l’enthousiasme de Templeton et l’amitié de Sal et Alex… On est dans la vraie vie, pas dans un de ces livres de développement personnel dans lesquels un peu de conviction et quelques recettes font des miracles. Mais c’est justement ce qui fait que chaque petit pas en avant est profondément émouvant. À la lecture, on se souvient combien l’adolescence peut être douloureuse. On traverse des états oxymoriques entre rire et larmes. On se love dans l’univers métissé et divers de l’autrice. On s’amuse du comique de situation, des répliques culte et des clins d’œil à la littérature et à la pop culture (l’occasion notamment de découvrir l’émission Queer Eye à côté de laquelle il aurait été dommage de passer !). On rigole du regard juste et décalé sur les Français. Et on se réjouit de célébrer l’amitié avec un grand A, avec des personnages qu’on voudrait ne jamais devoir quitter.

La vie en rose de Will, de Susin Nielsen, Hélium, 2021.

Son avis complet ICI.

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Ce sont les bulles de deux albums résolument différents qui ont conquis le cœur de Blandine en septembre.

D’abord le doux, poétique et sensible Emouvantail avec sa rencontre avec un « oiseau bohême ». Un album quasi muet, un dessin au trait suranné, un clin d’oeil littéraire pour interroger notre altérité, notre désir de possession et notre définition de la liberté. Magnifique! Son avis ICI.

L’Emouvantail. 4-L’oiseau bohème. Renaud DILLIES. Éditions de la Gouttière, 2021

Et son cœur a fait « boum » pour ce roman graphique documentaire d’Aimée de Jongh qui nous entraîne auprès des fermiers du Dust Bowl durant la Grande Dépression. Aux côtés du tout jeune photoreporter John Clark, nous découvrons les si impressionnantes et destructrices tempêtes de sable qui précarisent tant leur vie. Un roman graphique saisissant qui interroge le pouvoir de l’image. Son avis complet LA.

Jours de sable. Aimée DE JONGH. Éditions Dargaud, 2021

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Et vous, avez-vous fait de belles découvertes de rentrée ? Racontez-nous !

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