ALOGDA s’engage – aux côtés de l’UNICEF.

Voilà deux ans que nous nous engageons aux côtés de l’UNICEF pour promouvoir le prix de littérature jeunesse que l’organisme propose depuis 2016. Cette année, l’UNICEF n’a pas proposé de sélection pour tenir compte des remarques formulées par les acteurs éducatifs qui déploraient que le rythme du prix ne soit pas celui d’une année scolaire. En effet, souvent accompagné.e.s par leurs enseignant.e.s, les élèves lisaient les livres de la sélection sur l’année scolaire mais ne savaient pas quelles œuvres avaient recueilli le plus de suffrages car les résultats étaient proclamés en novembre de l’année suivante alors qu’elles et ils avaient changé de classe. Donc cette année, on a eu le choix de se plonger dans une des sélections des années précédentes. Après concertation démocratique au pied de l’arbre, nous avons choisi un sujet qui nous enthousiasme, à une époque qui demande d’être repensée : le sujet de la sélection 2019, année des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, « Héros et héroïnes du quotidien, petits et grands combats de société » .

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Dans la sélection des 3-5 ans

Ce que j’aime vraiment d’Astrid Desbordes et Pauline Martin, Albin Michel jeunesse, 2017.

Archibald n’arrive pas à jouer au tennis. Il rate dès qu’il essaie. Aussitôt, il généralise cet échec, momentané et ciblé, à tout ce qu’il entreprend ou voudrait faire. Pour toute réponse, sa maman l’emmène en balade. En observant la nature et les animaux, la maman pose des questions à son fils, d’une manière très innocente, et apparemment sans rapport… Vraiment?

Cet album illustre parfaitement une certaine phrase qu’aurait prononcé Einstein sur la capacité de chacun pour nous démontrer que nous réussissions tous en quelque chose, parce que nous l’aimons, parce que nous y croyons. Un album au graphisme minimaliste et détaillé, empli de bienveillance pour instiller confiance en soi!

« Tu ne peux pas tout réussir, mais si tu trouves ce que tu aimes vraiment, ce qui est important pour toi, tu le réussiras. »

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Pour quelques gouttes d’eau d’Anne Jonas, Marie Desbons, Le buveur d’encre, 2017

Zahina vit dans un pays où l’eau est précieuse. Chaque jour elle accompagne sa famille au puits. Mais chaque jour elle en renverse un peu, happée par ses rêveries. Consciente de la valeur de l’eau, ce gâchis la rend triste et la fait culpabiliser. Mais elle a beau prendre des résolutions, rien n’y fait : son esprit divague le long du chemin. Jusqu’au jour où elle casse une jarre et ne peut cacher cette maladresse à son père.

Cet album d’Anne Jonas invite les jeunes lecteurs à réfléchir au prix de l’eau. S’il leur suffit d’ouvrir un robinet, ce n’est pas le cas de tous les enfants, loin s’en faut ! Mais il fait aussi la part belle à la rêverie et aux conséquences parfois merveilleuses de nos supposées maladresses. Les illustrations foisonnantes colorées de Maries Desbons nous invitent au voyage.

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Gros ours ? de Lisa Blumen, Kilowatt, 2017.

Gros Ours est un peu triste ce matin. La petite fille veut comprendre pourquoi et l’aider à aller mieux. Elle émet toutes sortes d’hypothèses et n’épargne pas sa peine pour prendre soin de son ami.

Cet album a remporté le prix UNICEF, et l’on comprend aisément pourquoi. En effet, quel enfant ne s’est pas retrouvé face à un ami ou un proche triste ? Quel enfant n’a pas essayé de comprendre et de le faire sourire ?
Car se préoccuper de son prochain est à la portée de tous, dès le plus jeune âge, et les enfants le savent bien !

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Palmir de Gilles Baum et Amandine Piu, Amaterra, 2018.

Palmir est de ces albums qui nécessitent un accompagnement. Car si les enfants peuvent n’y voir qu’un dragon se rendant à l’école, les adultes comprennent immédiatement que ce dragon fuit son pays en guerre. N’emportant qu’une petite valise, il traverse les épreuves avec courage. Sera-t-il bien accueilli une fois arrivé à destination ?

Un album qui raisonne fortement avec l’actualité et qui invite les enfants à accueillir l’Autre avec ses différences et son histoire.

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Un si petit cœur de Michel Gay, L’école des loisirs, 2018.

Sur le chemin de l’école, Nour recueille un oiseau blessé. Elle le protège, le nourri et en prend soin, jusqu’à ce qu’il puisse s’envoler.

Si l’histoire est extrêmement simple, son contexte interpelle les jeunes lecteurs. Pourquoi la petite fille porte-t-elle un foulard ? Que font ces gros camions ? Où sont les habitations ? Et les enfants de se rendre compte qu’ils réagissent de la même manière face à un être vivant fragile, quelque soit leur origine, leur sexe ou leur religion.

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Dans la sélection des 6-8 ans

Rosie Pink, le paradis des mauvaise herbes de Didier Levy et Lisa Zordan, Sarbacane, 2018.

Dans cet album, il est question de cultiver son jardin. Deux visions s’affrontent : celle de Rosie et celle d’Horace. Celle d’une enfant et celle d’un adulte. Celle de la nature sauvage et celle de la nature domestiquée. Et surtout dans cet album, il est question d’équilibre. Un équilibre offert par la nature elle-même à qui sait l’observer.

« Et soudain un matin, la lumière revient.

C’est le printemps !

La neige s’évapore et la roseraie réapparait.

Mais ce n’est plus tout à fait la même. »

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Chère toi que je ne connais pas d’Isabel Pin, Hélium, 2018.

Un album délicat où une petite fille écrit à une étrangère nouvellement arrivée dans sa classe pour l’inviter à venir prendre le goûter chez elle. Par petites touches, au travers de cette accueil bienveillant, c’est la vie de cette réfugiée avant la guerre qui est évoquée : celle d’une petite fille pas si différente de celle qui l’accueille aujourd’hui.

Chère toi,
Je t’invite samedi après-midi
à quatre heures,
pour un goûter chez moi.
On ne se connaît pas,
mais la maîtresse dit
que tu viens d’un autre pays…

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Fuis, tigre de Gauthier David et Gaëtan Dorémus, Seuil jeunesse, 2018.

Un tigre fuit, rampe, bondit pour échapper aux flammes. Il va devoir quitter sa terre natale et aller vers les terres étrangères, découvrir le monde domestique. Le tigre va trouver refuge dans une maison, dans la chambre d’un petit garçon. Un album qui, tout comme Palmir, aborde le sujet au combien d’actualité de l’exil forcé.

Fuis Tigre.
Tu es plus rapide que le feu.
Vif, déployé, tu le distances.
Fuis Tigre.
Enjambe. Rampe. Bondis.
Échappe aux flammes qui s’étirent pour te prendre.
Aux arbres qui tombent.
Au souffle terrifiant de l’incendie.
A la fumée suffocante, pluie de braises.
Fuis Tigre.
Ta terre natale disparaît derrière toi.
Il restera ton histoire.

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Les papillons de Risha d’Amarnath Hosany et Minji Lee-Diebold, Hongfei, 2018.

Dans un monde bruyant et indifférent, Risha, enfant muette, réunit sa famille pour un moment de partage véritable. Autour de Risha, petite fille d’aujourd’hui, le monde est bruyant mais on n’y communique bien peu. Même dans sa famille où maman, papa et frérot sont absorbés par leurs écrans. Alors Risha, petite fille muette, se réfugie dans un monde imaginaire où ses doigts légers dialoguent avec les nuages. Un soir, une panne d’électricité plonge le quartier dans l’obscurité. Tout le monde est désemparé. Sauf Risha !

Ça surfe, ça chat, ça zappe… en silence.
Les regards se croisent mais ne se rencontrent pas.
À la maison, c’est un film muet qui se joue quotidiennement.

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Le crayon magique de Malala de Malala Yousafzai et Kerascoët, Gautier-Langereau, 2018.

Dans cet album, Malala se remémore son enfance, lorsqu’elle rêvait, grâce à un crayon magique, de pouvoir transformer et améliorer par petites touches son quotidien et celui de sa famille.

Un crayon magique comme un moyen d’échapper à la réalité de son pays, le Pakistan. Un pays dans lequel la guerre, la pauvreté, la faim règnent. Un pays dans lequel les libertés, et notamment celles des filles, se trouvent réduites, pour aller à l’école, puis jusque dans leurs rêves.

Le crayon magique de Malala est devenu réalité. Entre ses mains, il a commencé à écrire sa vie, sa peur et celle de ses amies, son amour de l’école et du savoir. Pour que le monde sache. Avec courage, volonté et même obstination. Bienveillance, paix et amour.

« J’espère que mon histoire vous permettra de découvrir la magie dans votre vie quotidienne et d’oser dire ce en quoi vous croyez. »

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Dans la sélection des 9-12 ans

Vives et vaillantes de Praline Gay-Para, Didier jeunesse, 2018.

Non, les filles et les femmes des contes ne sont pas des « nunuches » soumises et passives qui attendent sans rien faire que le Prince Charmant viennent les délivrer et les épouser. Pour nous démontrer qu’elles sont volontaires, actives et actrices de leur destin, Praline Gay-Para, nous raconte sept contes méconnus issus de la Méditerranée, qu’elle a parfois mixé ou réactualisé pour coller à l’esprit d’aujourd’hui.

Ces contes en rappellent d’autres, et démontrent que la forme n’est pas fixe, qu’elle évolue, s’adapte en fonction des époques et des lieux mais sans pour autant perdre de sa facétie ou de son message.

« S’il existe des récits entiers ou des motifs du répertoire traditionnel sexistes, c’est à nous qui les transmettons aujourd’hui de faire le tri dans ce que nous racontons et de penser nos histoires ici et maintenant. »

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L’histoire du mouton qui sauva une école de Thomas Gerbeaux et Pauline Kerleroux, La joie de lire, 2018.

Drame sur l’île aux moutons : le ministre de l’éducation nationale a décidé de fermer l’unique classe car elle compte moins de 30 élèves et il faut, comme toujours, faire des économies (pourquoi ? ça on ne sait pas !) Mais c’est sans compter sur l’inventivité des habitant.e.s de l’île et notamment du « vétérimaire » et de sa fille Jeanne qui vont solutionner cet épineux problème avec humour.

Le jour où le ministre décida qu’il y avait trop de classes.

« Le puissant ministre de l’éducation nationale ne trouvait jamais de position confortable. Il n’était pas grand, pourtant il se cognait tout le temps. Il n’était pas maigre, pourtant il avait toujours froid. C’était comme ça. Eté comme hiver, le ministre avait froid. »

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Des fleurs sur les murs de Cécile Roumiguière, Nathan, 2018.

Des fleurs sur les murs, c’est l’histoire d’une enfant qui comprend que le monde est injuste. Et qu’elle a le pouvoir de dénoncer les injustices par l’engagement militant. C’est l’histoire de Léna, 9 ans en 1968, qui s’oppose à la fermeture de l’usine de son village.

« Ce soir, avant d’éteindre ma lampe de chevet, je regarde le nuage noir, celui que j’ai dessiné dans mon cahier. Je me dis qu’il faudrait balayer le ciel, c’est trop triste ! Je dois trouver un moyen pour que tout reste ouvert, l’usine, l’épicerie et le cœur des gens du village ! « 

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Six contre un de Cécile Alix, Magnard jeunesse, 2018.

Six contre un est le récit à la première personne de Ludo. Harcelé au collège à cause de son poids, son quotidien est un enfer. A tel point qu’il envisage de commettre l’irréparable.

Cécile Alix choisi la fiction pour montrer la douleur, la résignation et la peur qui habitent une victime de harcèlement. Ce roman a remporté le prix UNICEF, ce qui montre que le sujet touche particulièrement les lecteurs de cette tranche d’âge. Car, on le sait, il n’est pas facile d’en parler et de se faire aider dans une telle situation. Ludo est très attachant, et on ne peut qu’espérer que ce roman aidera les victimes et les témoins à réagir.

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La révolte ou la paix de Malorie Blackman, Rageot, 2018.

Ce court roman est situé dans un vaisseau spatial. Pour maintenir la paix, les habitants ont été équipés d’un Pacifieur qui inhibe leurs émotions. Plus de colère, de peur, de tristesse… Mais plus de joie non plus. Lorsque des extra-terrestres menacent de détruire la totalité du vaisseau et de ses habitants, Mikela réagit.

Ce roman, pensé pour les lecteurs « fragiles » (petits lecteurs ou dys) invite à exprimer et célébrer les émotions qui nous rendent humains.

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Dans la sélection des 13-15 ans

Le petit prince de Harlem de Mikaël Thévenot, Didier jeunesse, 2018.

En 2018, à la Nouvelle-Orléans, un musicien des rues écrit sur son carnet une histoire qui nous est racontée en parallèle, remontant le temps jusqu’en 1927. Découpé en trois parties comme autant de vues possibles du quartier d’Harlem (vue du ciel / vue d’en bas / vue de l’intérieur) , de ses habitants et de la façon d’y être et d’y vivre, de ses joies et dangers, le roman nous fait rencontrer Sonny, jeune ado qui se cherche.

On découvre la précarité, la frontière invisible mais réelle avec les Blancs, le bolito, la mafia et la prohibition. On y croise des personnes ou des noms ayant réellement existé (Duke Ellington, John Coltrane, Queenie, etc.). C’est passionnant ! Et, surtout, la musique, le saxophone, et la liberté qu’il procure.

Un roman à la fois doux, douloureux et généreux.

« Des silhouettes avec une tache claire au niveau du visage. Je me rappelle avoir fait une pause. Je ne savais pas où je mettais les pieds et je n’étais pas très rassuré. Je n’avais toujours été, en quatorze ans, qu’un Noir parmi d’autres Noirs. »

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Barricades de Charlotte Bousquet et Jaypee, Gulf Stream, 2018.

Sam vient d’arriver dans un nouveau lycée et, bien que souhaitant s’intégrer, elle reste sur la défensive. On sent ses parents inquiets car désireux du bien-être de leur fille. Car avant d’être Samantha, Sam était Samuel.
La haine, le rejet, le harcèlement, les ont forcé à fuir.
Grâce à la musique et au groupe de Nolan et Clovis que Sam intègre, la parole, les explications, l’écoute, l’amitié et l’entraide surviennent. Elle est acceptée pour ce qu’elle est, ce qu’elle fait, ce qu’elle aime. Au-delà du genre, qui finalement importe (si) peu

L’excellente collection Les Graphiques de Gulf Stream Editeur traite des questions essentielles et actuelles de l’adolescence de façon aussi délicate que directe, et aborde ici le sujet difficile du transgenre et de la transidentité, avec pudeur et brio.

« …Je m’ancre en moi je deviens qui je suis…..« 

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Les étrangers de Pessan et Solminihac, L’école des loisirs, 2018.

Basile, en classe de 3e, voit passer sa vie puisqu’il ne la vit. Ecartelé entre son père qui a des absences, sa mère pétrie de tristesse qui endure en silence. Il observe Lou dans sa classe ou sur les réseaux sans oser l’aborder ou lui écrire, il rentre avec Simon sans parler. Jusqu’au jour, où sans savoir pourquoi, Basile ne tourne pas à l’endroit habituel pour continuer tout droit et se rendre à la gare désaffectée. Une rencontre va le faire basculer et lui ouvrir les yeux, le cœur, et le courage pour se sentir concerné par ce qui se passe « chez lui »: les Migrants qui vont, viennent, essaient de passer en Angleterre, disparaissent. Une soirée et une nuit qui vont l’ouvrir aux autres et à lui-même.

Un roman aussi difficile que subtil pour sensibiliser aux sorts des Migrants, au sort des enfants qui sont contraints de quitter leur pays, leur foyer, à cause de la guerre, à cause de maltraitance, et qui grandissent trop vite, contraints et forcés, qui s’endurcissent tout en restant si vulnérables.

J’ai l’impression que l’on vit tous dans des mondes parallèles.
On croit que les autres partagent notre réalité
alors qu’ils sont à des années-lumière de nous.
Des adolescents de mon âge traversent un quart de la planète pour échapper à la guerre,
d’autres sont contraints d’être les pères de leurs pères.

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La fillette au drapeau blanc de Saya Miyauchi, Akata, 2017.

La fillette au Drapeau Blanc s’appelle Tomiko Higa. Elle a 6 ans et habite sur l’île d’Okinawa. La photo a été prise en juin 1945 par le photoreporter John Hendrickson et dévoilée en 1977. Dix ans plus tard, Tomiko Higa sort de son anonymat, rencontre celui qui l’a immortalisée en 1988, et publie son roman autobiographique l’année suivante. En 2005, Saya Miyauchi adapte son histoire en manga. Mais il faudra attendre 2017 pour sa sortie française. Alors que le manuscrit « dormait » dans les cartons de la maison d’éditions Akata depuis des années, la vue du petit corps d’Aylan (2015) a décidé son éditeur à la publication, persuadé que les images heurtent et sensibilisent davantage que les mots.

Mai 1945, les Américains bombardent Okinawa et progressent très rapidement sur ses terres, précédés par l’horrible portrait et réputation propagés par les soldats et civils japonais. Avec ses frères et ses sœurs, Tomiko quitte la maison pour tenter de gagner le sud, mais est très vite esseulée, assistant à des horreurs encore plus inhumaines que la guerre. Elle trouve refuge dans une galerie souterraine, auprès d’un vieux couple qui prend soin d’elle et lui permet de survivre.

Ce manga est un récit de survie, dur, à la limite du soutenable, mais dont on retient surtout l’innocence, la pureté face à l’horreur et l’espoir constant de Tumiko.

« Le plus important, c’est la vie. »

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Des cailloux à ma fenêtre de Jessie Magana, Talents Hauts, 2016.

18 juin 1940, le Général de Gaulle lance son Appel depuis Londres. Sur l’Île de Sein, 128 hommes décident de le rejoindre alors que les femmes doivent subir leur absence et incertitudes comme endurer l’Occupation des Allemands. Parmi elles, Yvette et Marie, deux jeunes adolescentes, refusent de se résigner et d’attendre. Elles aussi veulent aider et parviennent à rejoindre la Résistance qui les base à Nantes. En parallèle, nous suivons Jean, jeune homme sénan qui s’est rendu en Angleterre, et qui, après l’attente des premiers mois, combat enfin sur mer avec son ami Pierre.

Récit fictionnel, ce roman se base tout de même sur un fait avéré: le large engagement des Sénans en faveur de la Résistance. La plume sensible de Jessie Magana nous permet de découvrir deux nuances de ce même acte héroïque avec le journal intime de Jean et l’arrivée massive et néanmoins inattendue et impréparée des Français en Angleterre, et le point de vue de Marie, frustrée de ne « servir à rien ».

Je repense à cette décision de partir, si rapide et pourtant si évidente. Échapper à la terre, prendre la mer, moi que rien ne destine à quitter cette île. pourquoi moi? Cette envie de fuir le chemin tout tracé, qui grandit en moi. Fille de marin, femme de. Une échappée, mais pas que. Agir, ne plus être spectatrice qui se contente de collecter les évènements, de les voir à distance. Prendre ma part. J’ai été choisie au hasard, mais je jouerai mon rôle.

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Avez-vous lu certains de ces livres? Avez-vous envie de les découvrir? Dîtes-nous!

Et rendez-vous sur le site de l’UNICEF pour découvrir la sélection 2023 sur la thématique « Un air de famille » !

La Pyramide des besoins humains de Caroline Solé

Ce fut un de mes romans préférés cette année,
un de ces livres qui vous trotte dans la tête une fois refermé,
un de ceux qui posent des questions et vous laissent trouver les réponses,

alors, forcément, j’ai eu envie d’en parler à l’Ombre du Grand Arbre.

Sophie de la Littérature Jeunesse de Sophie et Judith,
Pépita de Mélimélo de livres,
Solectrice et ses lectures lutines
et Carole et ses 3 étoiles

se sont jointes à moi, Bouma et mon Petit Bout de Bib(liothèque) pour en parler.

Découvrez avec nous le roman de Caroline Solé publié à l’école des loisirs :

LA PYRAMIDE DES BESOINS HUMAINS

Bouma : Comment ce roman vous est-il tombé dans les mains ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de le lire ?

Pépita : J’ai vu passer la pyramide de Maslow et cela m’a donné envie de creuser. Et quand j’ai lu de quoi il s’agissait, je me suis dis : voilà un roman dans la veine que j’aime, du social, de la réflexion sur la société actuelle, un jeune paumé, …bref, du bien envoyé, alors j’ai foncé dans ce roman et je n’ai pas été déçue.

Carole : C’est le titre qui a attisé ma curiosité ! Je connaissais la pyramide de Maslow, étudiée à la fac. J’ai trouvé le sujet original et surprenant. Et puis un premier roman, c’est aussi l’occasion de découvrir une nouvelle plume. Bref j’étais doublement curieuse.

Solectrice : Moi aussi, c’est le titre qui m’a donné envie. Pourtant, je ne connaissais pas le concept. J’ai lu le résumé et j’ai eu envie d’entrer dans cet univers sur fond de société actuelle.

Sophie : Je l’ai vu passer sur des blogs avec l’image de la fameuse pyramide. Je ne connaissais pas ce concept et ça m’a fortement intriguée ! J’ai vu aussi l’aspect jeu télé, et je me suis dit que ça pouvait donner une réflexion intéressante.

Bouma : La Pyramide de Maslow organise les besoins humains en différente catégorie en partant des besoins physiologiques. Sa théorie affirme qu’il faut avoir rempli ces besoins de base pour passer aux suivants moins élémentaires, et ainsi de suite jusqu’aux besoins d’accomplissement de soi.

La campagne médiatique autour de ce livre mentionnait une émission de télé-réalité, des niveaux à passer, des concurrents. J’ai donc d’abord cru à une dystopie plus contemporaine et je me suis bien trompée. Que raconte donc ce roman pour vous ?

Sophie : Je pensais aussi a une dystopie plus au cœur du jeu. Finalement, cette histoire est celle d’un jeune garçon qui a fui de chez lui et se retrouve à vivre dans la rue. Un jour, il va commencer ce jeu télé qu’il peut faire caché derrière un ordinateur… mais jusqu’à quand ?

Pépita : la confrontation de deux mondes : le réel et le virtuel et au milieu un jeune garçon SDF qui en fait les frais ou au contraire en tire intelligemment les ficelles.

Carole : Je rejoins Pépita sur les limites entre réel et virtuel. C’est aussi un prétexte pour questionner la virtualité, les réseaux sociaux et plus précisément l’image de soi, celle qu’on a, celle qu’on donne à voir, celle que les autres perçoivent. A l’adolescence, cette question est cruciale il me semble, on se construit, on se cherche, on s’essaye.

Solectrice : Pour moi, ce roman raconte la fuite d’un adolescent fragile, qui se raccroche encore à une raison d’exister pour les autres en participant à ce jeu. Par défi, il participe pour montrer qu’on peut vivre autrement et donner l’illusion.

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Bouma : Et justement que donne à voir ce jeune SDF ? Sa réalité vous a-t-elle paru crédible ? Ses intentions aussi ?

Pépita : je dirais qu’il s’empare du jeu plus par ennui que par défi au départ. Puis il est presque pris au piège de cette pyramide qui montre sous ses réponses les limites de la société et de l’image qu’elle renvoie de l’échelle sociale. Ces mécanismes du mirage aux alouettes sont très bien rendues : l’effet de la masse, du mouton de Panurge, de la manipulation sous-jacente. Oui sa réalité de SDF est plus que tangible, elle est même terrible dans le contraste des deux mondes. Ses intentions oui, elles me semblent bien réelles : il n’ a rien à perdre de toutes façons, il a tout à gagner. En tant que lecteur, on a vraiment envie qu’il aille au bout ! Comme une revanche sur la vie qu’il mérite amplement. Le plus dur, c’est qu’on perçoit d’emblée que ce jeu est factice et peut le perdre.

Sophie : Je rejoins Pépita, notamment sur l’idée de limite. En grimpant les échelons de la pyramide alors qu’il vit dans la rue, il montre la limite de ce système et il envoie dans les yeux des spectateurs ce qu’ils préfèrent ne pas voir. Il ne cherche pas à choquer, il montre juste sa réalité avec beaucoup de justesse.

Carole : Son triste quotidien est rendu avec justesse en effet. Il est d’emblée atypique, dénote, il est à part, inconnu pour la majorité, et c’est précisément ça qui va le rendre visible.

Solectrice : Les révélations de son univers sont progressives et calculées : le jeune homme ne veut pas susciter la pitié. Son quotidien dans la rue est peu décrit. J’avais du mal à imaginer que, dans cette situation, un adolescent s’opposant à cette société n’abandonne pas plus vite le jeu, cet univers virtuel où il ne cherche pas de reconnaissance particulière. J’étais étonnée aussi de la tournure que prenait l’histoire : on ne comprend pas tellement ce qu’il veut démontrer car l’adolescent ne se voit pas comme un représentant de la cause des SDF.

Bouma : Moi, j’ai beaucoup aimé l’humanité qui se dégageait de ce jeune homme. La vie ne l’a pas épargné. Il est à la fois résigné sur la société mais plein d’espoir dans ce que l’être humain peut apporter, peut surpasser.

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Caroline Solé signe avec ce titre son premier roman. Quels caractéristiques donneriez-vous à sa plume ?

Carole : une plume plutôt efficace, simple, sans détour et sans superflu puisqu’en quelques pages le lecteur a assisté à l’ascension virtuelle d’un ado en marge de la société, le tout construit de façon claire en distillant des critiques ici et là. C’est un premier roman réussi à mon sens.

Solectrice : La narration m’a semblé très construite. Le parti est pris de donner le résultat dès le départ, avec cette ambiguïté sur les craintes et les attentes du jeune homme. On découvre ensuite ses motivations et son histoire difficile. J’ai aimé l’habileté avec laquelle l’auteur donne à voir les coulisses du jeu face à la naïveté du candidat. C’est donc une plume sans apitoiements et suffisamment acerbe sur le le monde virtuel et réel.

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Bouma : Et que pensez-vous de la fin du roman (sans la dévoiler si possible) ? Je vous pose la question car c’est la seule partie de ce roman qui ne m’a pas semblé crédible.

Sophie : Effectivement, ça part dans quelque chose d’un peu (beaucoup) surréaliste et ça dénote pas mal avec le reste du roman. Pour autant, à la lecture, ça ne m’a pas choquée plus que ça. Par contre, j’aurais aimé que ce soit un peu plus approfondi.

Pépita : Oui la fin n’est pas vraiment une fin en fait : je pense que l’auteure a vraiment voulu s’attacher à démontrer sa thèse. En cela je la trouve vraiment intéressante à proposer à des adolescents cette lecture.

Carole : D’accord avec vous sur la fin pour le moins surprenante et un peu expéditive. Mon namoureux l’a même qualifiée de « fin genre super-héros » quand il a fini le livre.

Solectrice : Cette chute ne m’a pas tellement marquée non plus. Décrochée du reste de l’histoire, cette fin semble prolonger la fuite… vers l’imaginaire.

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Bouma : Dernière question façon portrait chinois, si vous deviez définir ce roman en un mot, quel serait-il et pourquoi ?

Pépita : Je dirais ACCOMPLISSEMENT DE SOI car ce roman c’est ça aussi : la recherche de l’épanouissement personnel à tout prix même si on doit se brûler les ailes.

Carole : je choisirai le mot IMAGE pour toute sa complexité et ses symboles

Sophie : Je dirais SOCIÉTÉ parce que je trouve que ça en montre pas mal d’aspect : la vie dans la rue, le pouvoir de la télé, les réseaux sociaux…

Solectrice : Moi, je retiendrais CARTON pour le double-sens de la vie du personnage : son refuge comme SDF et l’envie d’atteindre une cible.

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J’espère que cette discussion vous aura donné envie de découvrir ce roman et de vous faire votre propre avis dessus.

En attendant vous pouvez lire les avis plus détaillés de Carole, Sophie, Bouma et Pépita sur leur blog respectif.