Lecture commune : Encore heureux qu’il ait fait beau

Envie de soleil ? d’évasion ? d’aventure ? La croisière « A l’ombre du grand arbre » vous tend les bras !  Embarquement immédiat à bord de notre lecture commune.  Le thème de ce périple : « Encore heureux qu’il ait fait beau » de Florence Thinard, livre échangé dans le cadre de notre swap et sélection du prix des Incorruptibles 2013/2014 ( 25ème édition ).  A bord, pour vous servir, notre équipage de choc :

Pépita – Méli-mélo de livres, Za – Le cabas de Za, Alice – A lire Aux Pays des Merveilles…, Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse…

Céline : Puisque tout le monde est à bord : les bibs, la prof… les LECTEURS, on peut embarquer ! Un petit résumé pour se jeter à l’eau ?

Alice : Par un soir orageux, la bibliothèque Jacques Prévert s’enfonce dans les flots avec à son bord le directeur, une bibliothécaire, la femme de ménage, un prof de techno et la sixième F. Pas de panique ! Si tout le monde pense à l’arrivée rapide des secours, il faut organiser la vie quotidienne : les repas, l’électricité, les couchages, … mais la croisière dure, et une quinzaine de jours plus tard, la bibliothèque navigue toujours. Débrouillardise, émotions, courage, imprévus … que d’aventures pour nos Robinsons en herbe !

Za : Quelque part entre Robinson Crusoé et l’arche de Noé, voici un huis clos tout à fait improbable, parce que, pour certains, être coincés « à bord » d’une bibliothèque, c’est l’enfer !

Pépita : Une visite de la classe de 6ème F à la bibliothèque Jacques Prévert avec le prof de techno, rien de bien extraordinaire. C’est même plutôt l’avis du petit caïd de cette classe qui s’ennuie ferme. Mis à la porte par la belle bibliothécaire, c’est un raz-de-marée qu’il provoque ! La bibliothèque part à vau-l’eau…  Passée la stupeur, la vie s’organise à bord et chacun se dévoile sous un autre jour…  L’école buissonnière de cette façon-là se révèle bien plus enrichissante.

CélineDeux questions surgissent à la suite de vos réponses.
La première : L’élément modificateur comme celui de résolution de cette histoire semble être le rapport difficile qu’entretient l’un des protagonistes avec la lecture. Mais celui-ci ne peut expliquer à lui seul le fait qu’une bibliothèque prenne ainsi le large. Le fait qu’on n’ait à aucun moment une explication à ce sujet vous a-t-il gênées ?
La seconde : En parlant d’école buissonnière, cette vision d’une pédagogie participative en prise directe avec ce qu’ils vivent à bord est un aspect qui m’a particulièrement parlée. Est-ce un ingrédient qui vous a plu également ? Quels sont les autres ?

Za : La bibliothèque largue les amarres et c’est tout. C’est en effet un élément de l’ordre de l’absurde, mais qui ne m’a pas gênée une seconde. Souvenez-vous de la Prophétie des grenouilles… Comment imaginer sinon qu’ils soient enfermés dans le bâtiment ? Les autres solutions seraient plus prosaïques, et donc infiniment moins poétiques. C’est justement ce qui m’a attirée, qui m’a donnée envie de lire ce roman.
La vie s’organise « à bord » entre des individus qui se retrouvent à égalité, chacun apportant un savoir-faire, un savoir-être. Cet aspect m’a intéressée, l’abolition progressive des rôles, le dépassement des idées reçues.

Pépita : Je rejoins l’avis de Za. Qu’il n’y ait aucune explication à ce périple (ni au début, ni à la fin) ne m’a pas du tout gênée. D’ailleurs, les protagonistes de l’histoire ne s’en préoccupent pas plus que ça non plus. Le fait de s’affranchir de cette question fait que le lecteur part complètement à l’aventure lui aussi. C’est de l’ordre du symbolique toute cette histoire. Et la part belle est rendue à l’humain du coup : chacun est important, chacun peut apporter sa pierre, à son rythme, selon ses capacités, sans jugement aucun. Chacun peut être soi-même. J’ai beaucoup aimé aussi la part d’émerveillement devant la nature qui s’offre à la vue des enfants, le goût des plaisirs simples (comme manger le fruit de sa pêche, nager dans l’eau avec les dauphins) et le nécessaire respect dû à ce que la nature nous donne (comme l’eau par exemple). C’est une histoire à la fois pleine de sensibilité et de solidarité entre des enfants et des adultes qui portent un nouveau regard sur les uns et les autres.

Alice : D’entrée de jeu, on plonge dans cette aventure improbable sans se poser la question du comment, ni du pourquoi. C’est là toute la part de poésie, de rêve et d’imaginaire de l’histoire. Cela ne gêne en rien la lecture et finalement c’est ce qui apporte l’originalité et la fraîcheur au texte, qui devient alors une véritable aventure.
Adulte comme enfant, il n’y a plus de frontière, tous réunis autour d’un seul objectif : attendre les secours, s’adapter et survivre à cette traversée avec les moyens du bord.

Céline C’est vrai, ce récit nous embarque sans qu’on ait besoin à tout prix de connaitre le pourquoi du comment. On est bien trop occupés à suivre nos robinsons en herbe dans leur lutte quotidienne pour survivre ! Pourtant, qu’il s’agisse d’une bibliothèque n’est pas anodin. Quelle est l’importance de la lecture et des livres dans ce récit ? Quel(s) message(s) l’auteure a-t-elle voulu transmettre?

Za : Qu’il faut être coincé dans une bibliothèque sans pouvoir en sortir pour enfin se mettre à lire ? Je n’ose le croire…

Pépita : Dans cette histoire, la bibliothèque est désacralisée : elle n’est plus l’institution, ainsi que le personnel (la bibliothécaire et le directeur), qui représente le savoir et l’obligation à lire les livres qu’elle contient. Au contraire, les livres leur donnent du courage, leur montrent qu’ils ne sont pas si éloignés du réel. Les récits lus ancrent les enfants dans une transmission qui les dépasse mais les rassure aussi. Ils les nourrissent et les maintiennent en vie, au même titre que le poisson pêché ou l’eau de pluie recueillie. Ces livres leur permettent aussi de supporter leur situation, leur procurent du rêve et une évasion dans l’imaginaire. En gros, ce que la lecture apporte à tout un chacun qui y trouve du plaisir. Et aussi, qu’on peut lire n’importe où, sous les étoiles, dans la nature, au fond de son lit,… et même dans un bateau-bibliothèque…Ce n’est pas l’endroit qui compte, mais la rencontre avec ce livre-là, à ce moment-là et ce qu’il nous dit.

Alice : Le voyage.
Un voyage complémentaire de celui qu’ils sont en train de vivre : le voyage de l’esprit. Grâce aux livres, leur aventure est plus «légère», plus «supportable». C’est la fenêtre par laquelle ils s’échappent alors qu’ils sont dans un huis clos. Et en même temps, les histoires lues se rapprochent terriblement de leur traversée et les rassurent.

Céline : En parlant de livres, ce titre fait partie de la sélection du prix des Incorruptibles.  Quelles sont selon vous les raisons qui expliquent cette sélection?  

Pépita : Je pense qu’il a été choisi pour les messages que cette histoire véhicule : solidarité, respect des autres et de la nature, dépassement de soi, humilité,…  mais aussi parce que les enfants peuvent aisément s’identifier à ceux de l’histoire. La couverture est très belle aussi et ça, pour les enfants, c’est un sacré critère ! Le niveau de lecture est très accessible aussi. Et évidemment, il parle de la lecture, donc dans un prix qui défend cette idée, il a toute sa place ! Je le verrais bien en adaptation théâtrale.

Alice : Une idée de départ originale, complètement surréaliste et poétique.
Une écriture moderne et vive qui sait tenir en haleine.
Un vrai roman d’aventures avec moults rebondissements et situations cocasses.
Un beau plaidoyer pour la lecture.
Des personnages attachants.
Des beaux sentiments.
Florence Thinard n’a rien oublié pour séduire son lectorat, et ça marche !

Céline : Et toi Za, qu’est-ce qui t’a plu dans ce titre ?

Za : J’ai aimé l’absurde du départ, l’idée de cette bibliothèque pleine de ses livres qui rompt les amarres comme si elle était douée d’une volonté propre, comme si elle voulait qu’on la considère et que ces jeunes gens la vivent autrement. Le huis clos est un procédé souvent utilisé pour mettre les personnages en relief et ici, il est très bien mené. L’écriture est fluide, se lit avec plaisir. Et puis, je l’avoue, j’ai tendu le bras vers ce roman d’abord à cause de son titre, qui reprend une chanson des Frères Jacques que j’adore, La Marie-Josèphe.

Céline : Comme dans La Marie-Josèphe, nos héros sont un peu des marins d’eau douce. Heureusement, grâce aux talents de chacun, ils vont devenir de vrais loups de mer. Ils vont également puiser certaines de leurs idées dans les livres. A leur place, quels livres auriez-vous aimé découvrir dans les rayonnages de la bibliothèque ?

Alice : Peut être me serais-je mis plus sérieusement à la BD ?  Peut-être aurais-je flâné du côté des guides de voyage pour rêver à la destination finale ?  Sans aucun doute, j’aurais retrouvé un de ces livres doudous, un de ceux qui ne quittent jamais mes étagères, qui sont cornés à force de lecture et relecture et dont la proximité m’aurait sûrement rassurée.

Pépita : Difficile à dire ! Pas forcément des livres sur la mer, le voyage, etc,…  car j’aurais eu ma dose là ! Mais des contes et des histoires qui changent les idées, c’est sûr !

Za : Je ne sais pas trop… Peut-être aurais-je profité de l’occasion pour me déconnecter de la nouveauté et prendre une bonne dose de ces classiques que je délaisse trop depuis quelques temps.

Céline : Za disait un peu plus haut que, pour certains, être coincés « à bord » d’une bibliothèque, c’est l’enfer ! Elle doutait même qu’il soit aussi facile de passer du statut de « La lecture, c’est un truc de gonzesses » à celui de lecteur de romans comme « Moby Dick »…
Pour conclure, imaginons d’autres jeunes lecteurs coincés à leur tour dans une bib voyageuse… Pourraient-ils aller spontanément vers ce titre de Florence Thinard? Quels éléments pourraient les attirer, voire les rebuter ? Ce titre pourrait-il donner envie aux jeunes de lire, être une porte d’entrée vers d’autres lectures?

Pépita : Je ne suis pas certaine que le titre, référence à une chanson des Frères Jacques, soit une réelle entrée pour la génération d’aujourd’hui (ce n’est pas pour te vieillir Za !). Mais c’est un très beau titre. La couverture peut les attirer. Et s’ils se donnent la peine de commencer à lire, oui, je pense que les jeunes lecteurs peuvent facilement se laisser embarquer par cette histoire, à la condition de ne pas y chercher à tout prix une explication rationnelle. Et dès qu’un adulte s’en fait l’intermédiaire, le livre est embarqué lui aussi. Cette aventure, dont l’écriture est fluide et accessible, peut susciter l’intérêt des jeunes auxquels elle s’adresse, mais aussi celui des enseignants et des médiateurs du livre en général parce qu’elle défend une certaine idée de la lecture, donne une autre image de la bibliothèque, est un bel exemple de liens entre les êtres et qu’elle est résolument optimiste.

Za : Bien d’accord avec Pépita, l’allusion aux Frères Jacques est à mon usage personnel ! Je ne sais pas si, spontanément, des adolescents vont être attirés par un livre sur le livre, mais sans doute plus par une aventure humaine. Il y a un vrai suspense dans ce roman, on a envie de tourner les pages, de savoir comment les personnages vont s’en tirer, comment ils vont pouvoir subsister jusqu’à l’arrivée, s’il y en a une.

Alice : Rien que la couverture, elle donne envie. Les couleurs sont gaies et lumineuses. On dirait un dessin d’enfant. Elle traduit parfaitement l’histoire, on y retrouve les éléments essentiels : la mer, le beau temps, la bibliothèque, le toit de la bibliothèque, les adultes, les enfants, le doigt tendu vers l’aventure…. Bref, au premier regard, l’objet livre séduit et donne envie. Et la première impression visuelle, ça marche toujours !
Le titre aussi fonctionne bien : que des mots positifs dans une tournure qui s’adresse directement au jeune lecteur.
Sans ouvrir le livre, il a déjà tous les atouts pour séduire !
Je ne sais pas s’il amènera le lecteur vers Sinbad le Marin ou 20 000 lieues sous les mers, mais en tout cas, sa facilité d’accès pourrait rassurer les moins lecteurs de notre lectorat.

Céline : Nous arrivons tout doucement au terme de notre voyage…  Eh !  Oui !  Même les bonnes choses ont une fin !  Merci à vous trois pour cette traversée au beau fixe !  Un passage ou une phrase à partager avant de retrouver la terre ferme ?

Pépita : Je n’ai plus le livre…  prêté. Il voyage bien ! Donc, ce sera mon dernier mot Céline.

Za : Comme Pépita, mon exemplaire a rejoint son rayonnage à la médiathèque…
Ce sera aussi mon dernier mot !

Alice : Hissez les voiles, moussaillons ! Et…. bonne lecture !

Nos bouteilles à la mer…  sur ce titre …

4 réflexions sur « Lecture commune : Encore heureux qu’il ait fait beau »

  1. Merci les filles, je n’ai pas encore lu le titre mais votre LC donne envie d’en savoir plus. Pour rebondir, je n’avais pas du tout vu la référence à une chanson dans le titre, donc je ne pense pas que les jeunes la verront beaucoup… je vous dirai!

  2. bonjour mon avis sais que j’aime pas trop se livre mais bon en plus sais au moin de12ans et j’ai que 11ans et je suis obliger de le lire merci enrevoir

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