La littérature jeunesse, miroir de la société ?

562378_323563657713814_1149707705_n.jpgSur A l’Ombre du Grand Arbre, on a envie parfois de débattre sur des sujets liés à la littérature jeunesse.

Nos expériences de lecture, nos parcours de vie, nos identités de blogueurs et blogueuses donnent un très large aperçu de sa richesse.

Aujourd’hui, nous parlons de ces albums, romans, contes, documentaires,.. qui abordent des thématiques de la société actuelle et qu’on n’ose pas toujours mettre entre toutes les mains…et notamment de la littérature adolescente et jeunes adultes.

Alors, la littérature de jeunesse aujourd’hui, est-elle un miroir de la société ?

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Méli-Mélo de livres : La littérature pour adolescents est aujourd’hui de plus en plus segmentée : depuis Harry Potter, il y a le fantastique qui depuis, a pris de l’ampleur et on parle désormais de dystopies qui inondent le marché. Depuis Twilight, il y a la littérature vampirique qui submerge les librairies. Depuis Hunger Games,véritable tsunami en terme de ventes, il y a la littérature guerrière pseudo-futuriste. Depuis peu apparait la littérature dite réaliste qui s’empare de sujets de société, parfois même assez morbides. Du coup, la littérature pour ados est qualifiée de plus en plus de littérature « Young adults ». Difficile de s’y retrouver, encore plus de réduire une littérature aussi vaste dans des cases !


En tant qu’observateurs avertis de la littérature jeunesse au sens large, est-ce pour vous une littérature qui se cherche ou un phénomène purement commercial ?

La littérature de jeunesse de Judith et Sophie : Je dirais oui et non pour répondre à ta question. En fait, pour moi, tous ces genres comme la littérature vampirique, la dystopie me semblent être des phénomènes de mode, d’ailleurs l’apogée des vampires m’a l’air d’être passée. Sauf quelques exceptions, et heureusement qu’il y en a, j’ai l’impression que ces genres sont utilisés à des fins commerciales. Ce sont des romans avec beaucoup d’artifices où on délaisse parfois le style.
Au contraire, les romans plus réalistes sont obligés d’avoir des sujets de fond et une certaine qualité littéraire s’ils veulent une chance de percer.

En tout cas, c’est mon ressenti de lectrice, je lisais beaucoup de fantastique avant mais je la délaisse parce que je ne m’y retrouve plus contrairement à la littérature réaliste qui me procure maintenant plus d’émotions. Peut-être est-ce aussi moi qui n’ai plus les mêmes goûts.

Le cahier de lecture de Nathan : Littérature qui se cherche ? Je ne pense pas. Elle restera toujours changeante comme cela. Après Harry Potter cette littérature a vraiment pris une grande ampleur et beaucoup d’auteurs ont enfin pu faire éditer leurs livres fantastiques parce qu’Harry Potter avait marché et que les éditeurs cherchaient d’autres Harry. Après Twilight ça a été la vague vampirique qui a tout submergé si bien qu’au bout d’un moment on ne savait plus où donner de la tête et on s’est mis à le dédaigner … Enfin depuis Hunger Games, les éditeurs ont compris qu’il fallait éditer de la dystopie et on en a eu à la pelle … Donc oui cela marche par phénomènes, mais je refuse de dire comme Sophie « Ce sont des romans avec beaucoup d’artifices où on délaisse parfois le style. » Bien sûr il y en a, ne le nions pas, mais je pense aussi que cela ne part pas forcément des auteurs qui se disent « Je vais écrire ça parce que ça marche » (même s’il y en a sans doute) mais plutôt des éditeurs « Je vais éditer ça parce que ça marche ». Et il y a toujours dans ces vagues là des ovnis, des romans qui sortent du lot et font vraiment plaisir à lire tant ils sont originaux.

3 étoiles : Pour moi, la littérature se ne cherche pas, elle se dévoile et se réinvente sous toutes ses formes. L’effet de mode de certains genres est indéniable. Mais je crois aussi qu’il répond à une demande du lectorat. Depuis la saga et le succès d’Harry Potter, certains ont (re)découvert le plaisir de lire et ça c’est une très bonne chose. On ne peut faire abstraction de la crise économique qui touche l’édition papier, c’est un fait. L’éditeur prend un risque, calculé possiblement, et tente de publier ce qui va plaire et donc se vendre. Mais ce procédé lui permettra d’éditer par la suite d’autres livres moins  » à la mode « . Je crois surtout que la littérature est vivante et suit l’air du temps. Et ce depuis toujours. Souvenez-vous des grands romans du XIX ème siècle : le Romantisme, le Réalisme, le Parnasse, le Naturalisme, le Symbolisme. L’histoire littéraire suit son cours. A chacun de trouver ce qui lui plaît, et la qualité ne manque vraiment pas !

A lire au pays des merveilles : Depuis peu apparait la littérature dite réaliste qui s’empare de sujets de société … » Tu crois qu’elle est nouvelle cette littérature réaliste ? Moi je crois qu’elle a toujours été là, mais peut être moins mise en avant et moins demandée par le lectorat.

Méli-Mélo de livres : Je voulais dire la littérature réaliste pour les ados…elle prend de l’ampleur non ? Et elle aborde des sujets très difficiles qu’on n’aurait certainement pas fait lire à ma génération par exemple : le viol, l’inceste, la maladie, et j’en passe ! Certes, la littérature dite classique n’est pas rose non plus, je vous l’accorde (Germinal par exemple !). Mais est-ce des thématiques réellement demandées par les ados ? Ne leur impose-t-on pas une certaine littérature ?. Elle est certainement plus mise en avant aujourd’hui, c’est certain (rôle des médias). Et amplifiée par les adaptations cinématographiques qui en sont faites à grand renfort de marketing. J’ai l’impression qu’on fabrique du coup des goûts très stéréotypés chez eux aujourd’hui et dont on ne sort pas avant 30 ans (les « Young adults »).

Le cahier de lecture de Nathan : J’ai du mal à prendre du recul par rapport à ça. Les livres réalistes existaient déjà et j’en lisais avec plaisir mais j’ai l’impression qu’ils correspondaient plus à de la littérature dite « pour filles » comme les « Quatre filles et un jean ». Cela vient-il de mes goûts qui ont changé au fil des ans ou des la littérature YA qui évolue ? A vrai dire, je pense que ce sont un peu des deux. Les souvenirs qui me reviennent sont essentiellement des livres de chez Milan Macadam qui ont toujours proposé des sujets assez forts. (Judy portée disparue par exemple) Après la vague fantastique, puis celle de vampires, on est un peu revenu à la réalité avec la dystopie. Mais après avoir exploré le futur, on en revient au présent qui devient de plus en plus plébiscité. Je pense qu’en tant qu’adolescents entre la nostalgie de l’enfance et la peur du futur, on a besoin de ressentir beaucoup de choses tout en étant confronté au monde avec la sécurité des mots sur une page. Il suffit de voir Revanche de Cat Clarke qui est une véritable claque quant au sujet de l’homosexualité et du rejet dont sont victimes beaucoup de jeunes, Nos étoiles contraires de John Green l’histoire d’amour de deux malades…

Un petit bout de (bib) : Pour répondre à la première question de Pépita, je pense effectivement comme Carole que cette segmentation résulte plus de choix éditoriaux que d’une production orientée des auteurs. La bit-lit (littérature vampirique, anges, loup-garous…) n’est pas un phénomène propre aux ados, on la retrouve dans littérature dite adulte, tout comme la chick-litt (littérature de poulette). La littérature adolescente résulte d’influence diverses (en jeunesse et en adulte, un croisement nécessaire) mais je trouve que la segmenter serait surtout la restreindre.
Enfin pour revenir sur la littérature dite réaliste, je me rappelle de mon adolescence à lire « Junk » de Melvin Burgess ou encore « Zarbie les yeux verts » de Joyce Carol Oates dans la collection Scripto de Gallimard. Ils parlent de la consommation de drogue à 13 ans ou de la violence conjugale et la pression familiale. J’en garde des souvenirs forts et encore vivace. Je ne trouve donc pas qu’elle soit plus présente aujourd’hui qu’à mon époque, ni qu’il y a 10 ans.

Méli-Mélo de livres : En vous lisant, je perçois forcément les écarts de générations et c’est normal. Alors disons que la littérature de jeunesse divertit et fait réfléchir à la fois. Mais en tant qu’adultes et jeunes adultes, avez-vous parfois des réticences à proposer une lecture portant sur des sujets difficiles ou graves ou tout simplement à en parler (pas forcément des romans, cela peut concerner aussi des albums ou des documentaires par exemple) ? Quel est votre état d’esprit dans ce cas ?

Le cahier de lecture de Nathan : Malgré mes 17 ans, c’est vrai que j’ai déjà été confronté à cela … et justement pour Revanche ! Une jeune lectrice m’a demandé en commentaire si à mon avis elle pouvait le lire, je lui ai donné une réponse hésitante mais finalement j’étais quand même dans ce cas: à 12 ans peut-elle lire un livre au style si cru, aux thèmes graves (ça oui c’était plus sur le point précédent que se fondait l’hésitation) et aux personnages ayant quelques années de plus qu’elle et donc pas la même mentalité ?

Méli-Mélo de livres : Je te rejoins Nathan et je suis contente que tu sois à l’aise pour répondre à ma question car je ne voulais pas t’exclure. Je suis souvent confrontée à cela dans mon métier (bibliothécaire jeunesse) et je me suis comme toi interrogée sur une lecture récente que tu as lu aussi : « Le cœur des louves » de Stéphane Servant au Rouergue. L’éditeur avait envisagé de l’éditer dans un premier temps dans sa collection pour adultes « La Brune » et finalement, le choix s’est porté sur la collection DoAdo. Mais je pense pour ma part que s’agissant de ce roman, et pour ne pas passer à côté je dirais, 13-14 ans, c’est bien trop jeune. Si la littérature jeunesse s’empare de sujets de société, souvent empruntés à la littérature adultes, (la frontière est de moins en moins poreuse depuis 10 ans environ je trouve. Lorsque j’étais libraire il y a 20 ans, on n’entrait pas du tout dans ce débat), on peut légitimement se poser la question de la prescription. Je veux bien que la littérature permette d’échapper à la réalité, ce que remplit fort bien le fantastique, la fantasy, la bit-lit, la chick-lit, etc,…mais il ne faut pas qu’elle devienne plus glauque que la réalité lorsqu’elle s’adresse à un jeune public, non ? Perso, ça m’interroge beaucoup.

La littérature de jeunesse de Judith et Sophie : Cela m’est arrivé aussi d’aimer beaucoup un livre que ce soit album ou roman mais de ne pas être à l’aise pour le conseiller car le sujet était difficile. La question que tu poses Pépita est une grande question en effet. Que faire de ces livres, en tant que bibliothécaire, j’ose les proposer, les avoir en rayon même si les conseiller est difficile, peut-être trouveront-ils leurs lecteurs plus par hasard ou répondront-ils à une recherche précise.
Certains sont-ils plus « glauque » (dur ?) que la réalité ? Oui certainement mais peut-être ainsi rejoignent-ils le même objectif que des romans fantastiques, distraire en sortant du réel ?

Un petit bout de (bib) : Moi je trouve que c’est à l’adolescence que l’on est capable de lire les choses les plus dures par curiosité, défi ou tout simplement parce qu’on recherche le choc (qu’il soit stylistique ou thématique). Après c’est la notion même d’adolescence qu’il faut interroger. Pour certains livres on me demande mon avis (en tant que bibliothécaire jeunesse), je demande l’âge du lecteur et son niveau de lecture. Effectivement, je ne conseillerais pas la lecture de Hunger Games de Suzanne Collins à 10 ans mais pourtant des jeunes lecteurs viennent me demander la suite…

3 étoiles : Je rejoins Bouma sur le fait que les ados sont attirés par les romans réalistes, ceux qui traitent de sujets parfois durs, et je crois tout simplement que ceci s’explique par l’essence  » violente  » de l’adolescence même. Quoi de plus terrifiant que de grandir, de subir les changements de son corps, de ne pas toujours contrôler ses émotions, de faire des choix, de découvrir l’Amour ? Ces romans leur parlent, et parfois la littérature permet de se sentir moins seul(e) face à tout ça.

Le cahier de lecture de Nathan : Qu’on le veuille ou non, que cela soit inconscient ou conscient on se rapproche plus des romans qui sont proches de nous. Et ceux qui nous touchent le plus sont finalement ceux qui sont proches de nous et sont comme un miroir, même si le miroir est parfois déformant.

Méli-Mélo de livres : Si je synthétise en une phrase vos propos fort intéressants, la littérature de jeunesse constitue un miroir indispensable aux émotions vécues par les adolescents d’aujourd’hui. Est-ce pour vous amplifié par le pouvoir de l’image omni-présent dans nos vies ? Je pense en particulier aux séries cultes toutes adaptées au cinéma. Qu’avez-vous à dire de ce phénomène ?

Le cahier de lecture de Nathan : Non. Le pouvoir des mots est tout bonnement différent de celui des images.Le premier me semble bien plus bouleversant et capable tant dans le fond que la forme de faire passer des émotions fortes.Le second joue certes sur l’adaptation mais surtout sur une histoire souvent imaginaire, prenant et sur un forme accrocheur et captivant de l’attente addictive du prochain épisode … un bouquin joue beaucoup sur les émotions, une série sur l’addiction.

Un petit bout de (bib) : Les adaptations littéraires au cinéma sont devenues monnaies courantes (et pas qu’en jeunesse). Je les voies d’une manière optimiste comme un appel à la lecture. Je ne compte plus le nombre de jeunes filles/femmes qui se sont remises à la lecture grâce à Twilight. J’espère que cela continuera.

3 étoiles : Amplification du phénomène par les adaptations ciné et tv, oui très possiblement. En revanche, je n’oppose pas les deux : certains d’entre nous sont plus sensibles aux mots, d’autres aux images. Il n’y a qu’à voir comment nous chroniquons les albums et les romans. Ce qui m’intéresse c’est de savoir quel rebond les films/séries ont sur la lecture… Lire un livre ne mobilise pas les mêmes compétences que regarder un film, actif vs passif. C’est surtout comment l’imaginaire, et donc les images que nous créons en lisant des romans, est selon moi beaucoup moins limité qu’en fixant des films aux images imposées.

La littérature jeunesse de Judith et Sophie : On sait que les ados décrochent de la lecture et je pense qu’il découvre certains univers, qui étaient des livres au départ, au cinéma. L’aspect commercial est beaucoup plus développé avec le cinéma (et ça déteint en général ensuite sur les livres qui pourtant précédaient) et je pense que du coup, ça fait connaître des romans qui n’auraient pas percer à ce point sans l’adaptation.

Méli-Mélo de livres : On le constate donc : la porosité de lecture est de plus en plus ténue dans les publics jeunesse d’aujourd’hui : ados, jeunes adultes, adultes. J’aurai presque envie de dire qu’avant, les jeunes lisaient de temps en temps des livres pour adultes et que maintenant, les adultes dévorent la littérature pour ados. Sans doute le miroir de la société actuelle…Un dernier mot pour conclure ce débat ?

La littérature de jeunesse de Judith et Sophie : Je pense que la littérature ado est une littérature très ouverte tant sur des sujets que sur des styles. J’aurai bien du mal à l’expliquer mais il y a quelque chose que je ne retrouve pas dans la littérature adulte (les rares fois où j’en lis). Je pense que c’est surtout sur le ressenti, la force des émotions qui ont une dimension particulière dans des romans pour ados… peut-être simplement parce qu’il s’agit de personnages en construction pour leur vie d’adulte.

3 étoiles : Comme Sophie, je lis de moins en moins de littérature adulte, je ne m’y retrouve plus. J’ai l’impression que les romans ados sont plus riches en diversité des sujets abordés, moins téléscopés donc plus surprenants, et mieux écrits. Disons que depuis 3 ans, ma sensibilité de lectrice est davantage nourrie par cette littérature.

Un petit bout de (bib) : Mes copinautes ont traduit ce que je ressens aussi. Rien à rajouter.

Le cahier de lecture de Nathan : Je viens poser la clef de voûte à l’édifice avec mon point de vue d’ado ! Je lis parfois des livres pour adulte et il m’arrive de beaucoup aimer mais c’est plus rare. Lorsque c’est le cas c’est en effet parce que je suis très sensible au style et parce que cela me permet de ressentir beaucoup d’émotion. La littérature ado, me semble-t-il, ose beaucoup et nous, « jeunes adultes » (ou grands enfants ?) aimons être pris au dépourvu comme cela, surpris, étonnés et bouleversés. On se construit à notre âge … alors sans doute faut-il construire avec notre sensibilité au monde ?

Et vous ? Votre avis sur la question ?

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Les blogs participant à ce débat :

La littérature de jeunesse de Judith et Sophie

Le cahier de lecture de Nathan

A lire aux pays des merveilles

Un petit bout de (Bib)

Méli-Mélo de livres

3 étoiles

Us et coutumes de la blogosphère

Blog_(1)La blogosphère a fêté sa journée mondiale le samedi 31 août dernier.

Selon son parcours, ses motivations, le temps dont il dispose, tout blogueur ou blogueuse qui se lance dans l’aventure de la blogosphère découvre très rapidement un monde un peu « à part », avec ses codes, son langage, ses habitudes, mais finalement pas plus ni moins que n’importe quel microcosme.

A l’Ombre du Grand Arbre étant un blog collectif réunissant des blogs aux identités différentes mais complémentaires, nous avons donc eu envie de décrypter les us et coutumes de cette blogosphère que nous côtoyons quotidiennement, à travers ce débat.

Illustration : Guillaume Nédellec

PAL, BAL,SWAP, TAG, SP, …et j’en passe ! Un jargon propre aux blogueurs…

Alors, c’est parti, décryptons !

Pépita : Le monde des blogueurs s’invente lui aussi son jargon. Comme si, pour appartenir à un groupe, il fallait absolument se créer une identité langagière. Nous sommes tous sur A l’ombre du grand arbre de plus ou moins jeunes blogueurs. Avant de répertorier et décrypter les sigles les plus utilisés, amusons-nous à revenir en arrière. Quand vous avez commencé à vous intéresser à la blogosphère, quelles ont été vos premières réactions face à ces termes ? Rejet, amusement, appropriation ?

Drawoua : SP. Service de presse est un terme que je connaissais étant auparavant journaliste. La PAL, Pile à Lire, aussi, mon conjoint étant un lecteur de polars, membre actif d’un forum spécifique, j’avais assimilé et digéré ce terme avant de me lancer dans la création de Maman Baobab. Mon blog a un an et demi, et j’ai appris d’autres termes au fur et à mesure, en demandant leur signification aux autres blogueurs le plus souvent. Ce sont effectivement des codes liés à une communauté à laquelle il est bon d’appartenir pour comprendre le fonctionnement, entretenir le réseau, le développer et faire de nouvelles rencontres. Vous remarquerez que j’ai directement expliqué les termes que j’ai utilisés car autant le côté ludique de l’utilisation de ce vocabulaire ne me dérange pas, pour être ce qu’il est, la codification qui donne appartenance à une communauté, autant je ne supporte pas ne pas les expliquer aux néophytes. ALODGA, A l’Ombre du Grand Arbre : nous sommes les premiers à utiliser et à créer du jargon, nous aussi ! Et en même temps les utilise-t-on réellement sur nos blogs sans les expliquer ? Je ne crois pas.

Carole : J’ai déboulé dans la blogosphère il y a deux ans, et avec mon blog j’ai appris le jargon et WordPress simultanément. J’ai demandé parfois quand je ne comprenais pas, j’ai réfléchi aussi ! En ce qui concerne les termes, je ne les utilise pas dans mes chroniques, je les réserve aux réseaux sociaux et à notre forum pour aller plus vite ( c’est avec vous que j’ai découvert le SWAP par exemple ). Mais je suis encore débutante, il y en a plein que je ne maîtrise pas encore. En revanche, je suis assez fière de mon ALOGDA POWER :ghee:

Drawoua : Chère Carole, ta réponse est typique de ce qui n’appartient qu’à nous blogueurs alors que ce débat est destiné à être publié sur notre blog collaboratif à destination de personnes qui ne le sont pas forcément. ALODGA POWER, SWAP… Mais de quoi parles-tu ?

Carole : Je suis si déformée que ça ?! ALOGDA c’est l’abréviation d’ A l’Ombre Du Grand Arbre, POWER c’est le pouvoir en anglais, c’est une sorte de cri de ralliement pour nous ! Quant au SWAP, c’est l’échange de colis auquel nous avons participé il y a quelques mois. Pardon, je vais faire attention…

Drawoua : Excellent exercice, ou la preuve par l’exemple que nous vivons peut-être parfois dans un autre monde, hors IRL ! In Real Life !

Sophie : Quand j’ai commencé à véritablement me plonger dans la blogosphère, je ne connaissais aucun de ces termes. En revanche ils étaient proches de pratiques que j’avais déjà. Je pense par exemple à ces listes multiples de livres que nous aimons tant faire. Ma PAL et ma bibliothèque existaient , je les ai virtualisées grâce à la base de données Bibliomania du forum Livraddict. J’y ai ajouté la LAL ou wish-list, (livres à lire) et j’ai continué à noter chaque livre que je lisais sur mon fidèle tableur. Pour ce qui est des SP (exemplaire offert pour donner connaissance d’un livre en vue de sa promotion), j’en avais déjà entendu parlé pour les librairies et j’ai donc rapidement cerné ce terme dans la blogosphère.Tout cet apprentissage s’est fait en grande partie dans ma phase « la blogo c’est nouveau, la blogo c’est tout beau ! » que j’ai débuté sur Livraddict et pendant laquelle je me suis inscrite à de multiples challenges de lecture. Je ne les ai bien sûr pas tenu mais en revanche, ça m’a permis de connaître d’autres blogueurs et de voir toutes les relations complexes qui existaient dans cet univers virtuel.

Pépita : Justement, l’expression est lâchée : hors IRL ! La blogosphère me donne parfois cette impression…Quand j’ai commencé à bloguer il y a deux ans, j’étais à des années lumière de soupçonner tout cela ! Encore aujourd’hui, j’ai bien du mal à me familiariser avec tous ces codes langagiers et us et coutumes : PAL (pile à lire), LAL (Livres à lire) , TAG (sorte de questionnaire à thèmes le plus souvent, où le blogueur se cache un peu moins que derrière ses chroniques…ne pas confondre avec le tag comme mot-clé, (ça aussi les blogueurs s’en servent), SWAP (j’ai découvert avec les blogueurs d’A l’ombre du grand arbre), les challenges, les In My Mailbox (vous comprenez ?),etc… et j’en passe ! Le seul sigle que je connaissais, c’est SP pour Service de presse. C’est vous dire tout ce que j’ai dû ingurgiter :) Au début, je n’y ai pas prêté attention, trop occupée à me dépatouiller avec ma plateforme, ma page facebook, les images et leurs droits,…et puis mes billets ou chroniques ! Parce que le nerf de la guerre , c’est quand même ça et c’est très chronophage…Déjà, il faut lire les livres, (ah bon ! y en a qui chronique sans les lire ???) et on ne les chronique pas tous…Puis peu à peu, on se laisse rattraper par tout ce jargon, on participe un peu parce que être blogueur, ça crée des liens, certes virtuels, mais quand même, c’est source d’échanges. Pour ma part, je ne rejette donc pas mais j’utilise avec circonspection. Et puis, il faut vivre avec son temps, non ?

Sophie : C’est difficile de partager cet univers avec des gens qui en ignorent tout et je parle du virtuel en général, pas que de la blogosphère. Combien d’entre nous ont eu le droit aux remarques qui sous entendaient (ou non) qu’on ne faisait rien en étant sur l’ordinateur. Personnellement, j’ai du mal à faire comprendre à mes proches que j’aime ce que je fais avec mon blog, que je produis quelque chose, que je réfléchis, que j’analyse et même, si si, que j’ai des relations humaines. Ce que l’on fait avec A l’ombre du grand arbre le prouve. Quand on a connu les coulisses du blog, on comprend à quel point nous sommes venus avec nos expériences, notre caractère, nos envies avec toutes les conséquences que cela entrainent. Comme dans la vraie vie, quand un groupe se réunit dans une pièce, il faut des meneurs, des suiveurs, des gens plus calmes pour apaiser les plus animés…
Pépita l’a dit, il faut vivre avec son temps et le net en fait maintenant totalement partie. Ceux qui pensent que le net ce n’est que virtuel donc inexistant et inutile se trompent pour moi.

Bouma : Alors pour répondre à la question de Pépita, cela fait trois ans que mon blog existe, mais au moins le double que je vogue sur la blogosphère. J’en maîtrisais donc déjà le vocabulaire avant de lancer mon petit bout de bib. J’aime l’hypertexte, cliquer sur un lien, découvrir de nouveaux univers, de nouvelles écritures. On croit avoir fait le tour et finalement on se trompe. Car quand j’ai rejoint le collectif d’ALODGA (si en tant que lecteur de cet article vous n’avez pas encore compris ce sigle, recommencez depuis le début), je me suis rendue compte que je ne connaissais que deux ou trois de ses chroniqueurs… Parce que pour moi, bloguer, ce n’est pas réaliser une critique d’un livre mais en donner un avis… Parce que pour moi faire des challenges (un défi lecture sur une thématique en règle générale), participer à des échanges de commentaires, tisser des liens sur la toile (même virtuels) sont fondamentaux. Il n’y a pas de bons ou de mauvais blogueurs : ceux qui utilisent ou non le jargon, ceux qui font ou pas des swaps… mais il est vrai que nous appartenons à une communauté avec ses clans, ses rivalités, ses habitudes, ses joies et coups de gueule et aussi son jargon… Donc In My Mail Box (ou IMM pour Pépita), ce sont souvent des articles d’introduction qui présentent ce que le blogueur a reçu dans sa boîte aux lettres (ou BAL pour les intimes) tout simplement.

Alice : Je crois que mon premier MP ( message privé) quand je suis arrivée sur le forum était adressé a Draouwa pour lui demander ce que voulait dire SP. Rhoooo la lose !
En naviguant sur d’autres blogs, j’avais déduit BAL et PAL mais je suis assez d’accord pour dire que ce n’est pas clair pour tous les internautes et que cela rend le contenu souvent hermétique. C’est comme quand on cause de Dewey, Rameau, désherbage …. en bibliothèque à des néophytes. Forcément, c’est du charabia. Chaque « domaine » de connaissance, chaque profession a son vocabulaire qui crée ses propres frontières et sa spécificité. Il en est de même pour la blogosphère, c’est la pratique qui permet la compréhension.

Céline : Que pourrais-je ajouter ? Par chance, mon entrée dans la blogosphère a coïncidé avec mon adhésion à notre blog collectif. Parrainée par les anciens, j’ai eu droit à un cours accéléré de ses us et coutumes, jargon compris. Non, « SP » n’évoquait pas le parti socialiste flamand, « PAL » encore moins une célèbre marque de nourriture pour chiens ! A tous ces termes un peu barbares (je découvre à l’instant le fameux « IRL »), s’ajoutent parfois les quiproquos liés aux différences entre le français de France et le français de Belgique ! De quoi compliquer parfois les choses… Mais toute cette terminologie n’est finalement qu’un vernis ! Le plus important, c’est de ne pas oublier pourquoi on est là : pour partager une passion commune, la lecture !

Kik : Je souris, en vous écoutant expliquer tous les signes, abréviations de ce microcosme qu’est la blogosphère littéraire. Il a ses influences, ses habitudes. Je vous écoute, et je me dis que nous pourrions avoir ce genre de discussion autour d’un café, et que les voisins à la table d’à côté pourraient ne rien y comprendre.
Pour moi, tout a commencé sur internet, avec un RPG, dans lequel on fait du RP avec ses persos, à partir d’un BG commun. Comme quoi, chaque domaine a ses propres abréviations ! Lorsque j’ai arrêté de jouer, puis que je suis revenue plus tard avec un blog littéraire, il a fallu apprendre d’autres expressions. Mais je savais qu’il ne fallait pas avoir peur de ce monde qui pouvait paraître d’apparence hostile. Le vocabulaire appris, tout devient plus limpide.

Pépita : Ce début de débat a permis déjà de pas mal débroussailler…D’autres expressions ou sigles ou habitudes de blogueurs vous viennent-elles à l’esprit ? Lesquel(le)s vous plaisent ou vous agacent ? Selon vous, l’identité d’un blog peut-elle se construire indépendamment de ce jargon ou est-il difficile d’y échapper ? Comment le vivez-vous au quotidien en tant que blogueur ?

Sophie : Je suis une addict des listes donc PAL et LAL me comblent de joie… et un peu de désespoir aussi vu le nombre. Les SWAP, c’est très sympa, on se fait plaisir en faisant le colis et après en en recevant : que du bonheur ! Les SP, je serais mal placée pour ne pas les apprécier. Là encore de longs débats peuvent être menés (un blogueur est-il légitime pour demander des SP à un éditeur ?). Je ne suis pas fan des IMM, je ne vois pas trop l’intérêt. Les tags, j’aime bien mais je n’ai jamais rien d’intéressant à y mettre donc je participe très rarement. En tant que blogueuse, ce jargon ne me gêne pas. En revanche, je n’adhère pas à tout. Si chacun est libre de faire ce qu’il veut de son blog, je tiens à ce que le mien reste un blog d’avis.

Bouma : Sans que ce soit une obligation, j’ai trouvé ma place dans la blogosphère grâce à ce jargon. Le maîtriser et l’utiliser permet une communication plus aisée. Personnellement, je trouve que cela nous diffère des « critiques littéraires » à proprement parlé puisque comme le souligne Sophie, nous ne faisons que donner notre avis, même en recevant des services de presse.

Kik : Je ne vois pas d’autres sigles que tout ceux déjà cités. Aucun ne me plait, aucun ne me déplait. Ils doivent seulement être utilisés avec modération !
Un blog peut se construire sans sigle, ils peuvent être évités, « Pile à lire » à la place de PAL, ce n’est pas si long à écrire sur le clavier. Par contre, je pense que les concepts sont difficilement évitables, sauf en restant isolé du reste des autres blogueurs littéraires. On peut ne pas utiliser PAL, mais avoir envie de partager sa pile de livres à lire, ceux qui attendent au pied de la table de chevet. On peut résister aux initiales SWAP, mais après avoir sympathisé avec d’autres blogueurs sur des forums ou des réseaux sociaux, est-il possible de résister à l’envie de s’échanger des cadeaux ?

Céline : Ai vu récemment PAC (Pile à chroniquer)… L’emploi de ces termes ne me gêne pas a priori. Ce qui est gênant parfois, c’est l’excès et son corollaire : le fait qu’il enferme un peu cette communauté de blogueurs et l’empêche peut-être de s’ouvrir davantage vers l’extérieur ! Or, notre objectif n’est-il pas de partager avec le plus grand nombre plutôt que de vivre en vase clos ?

Pépita : Je ne dirai pas que ça m’agace les sigles et tout le reste, cela m’a surprise au début, et puis on s’habitue. Par contre, ce qui me gêne, c’est quand certains blogs ne sont construits que sur ça. Et oui, on peut très bien s’en passer. Par contre, comme dans tout groupe, en utilisant cette forme de communication, on est davantage reconnu.

Continuons : Recensement des sigles et tour d’horizon des habitudes bloguistiques étant terminés, abordons maintenant le fait de bloguer : quelles sont vos motivations affichées pour bloguer ? Et les autres ? Qu’est-ce que bloguer vous apporte ? 

Kik : Partager des lectures, dans tous les sens. De moi vers les autres. Des autres pour moi. Me forcer à écrire mon avis sur les livres que je lis m’incite à me renseigner plus amplement sur l’auteur, à lire ce que les autres en disent. Et de fil en aiguille je fais en sorte d’être au courant des nouvelles sorties, des actualités des auteurs.

Sophie : Mon « objectif » rejoint celui de Kik. Tout d’abord, l’idée est de partager mes lectures avec d’autres. Ensuite, de m’aider à les retenir en écrivant et donc en poussant un peu ma réflexion sur les livres. Moi qui n’est pas une très bonne mémoire, ça m’aide bien.

Bouma : Tout comme mes camarades précédentes, mon blog est un mélange entre mon petit carnet de lectures (parce que j’ai une tête de passoire) et l’occasion d’échanger avec d’autres lecteurs, de mettre des mots sur un ressenti, de partager une passion.

Pépita : Pour moi, au début, c’était juste d’aller plus loin que mon carnet que j’avais fini par abandonner et du coup, je n’avais pas une mémoire écrite de mes lectures. Et puis, évidemment, le plaisir de partager avec d’autres, ce que je ressens encore plus depuis que je partage des lectures communes ou des sélections avec d’autres blogueurs comme vous. Je trouve ça génial ! Et quand je lis mes premières chroniques, j’ai maintenant envie de toutes les reprendre ! Un blog vous fait évoluer aussi dans les recherches sur les auteurs, les illustrateurs, les sorties, etc,…comme le dit Kik. ça entretient la curiosité. Et en ce qui me concerne, c’est mon évasion sur la littérature jeunesse qui me passionne. Mais…je pense aussi, et il faut être honnête, il y a aussi une part de narcissisme là-dedans, le besoin d’être lu…et c’est plus facile derrière un ordinateur !

Céline : Finalement, mon blog est un retour aux sources, aux marottes de l’enfance où j’attribuais à chacun de mes livres un code d’identification et rédigeais une petite fiche de lecture… Bien évidemment, avec l’âge et les nouvelles technologies, tout cela prend une autre dimension mais l’idée reste la même : laisser une trace de mes lectures. Et si ces petites bafouilles plaisent à d’autres, c’est encore mieux ! Au plaisir de la lecture du livre et de l’écriture du billet s’ajoute le bonheur du partage ! Et c’est plutôt addictif !

Alice : Totalement addict ! D’un œil surveiller les stats et le cumul des livres pas encore chroniqués et de l’autre alimenter la page FB ….. Le partage est chronophage mais tellement gratifiant !

Drawoua : J’ai commencé à faire ce blog quand j’ai radicalement changé de profession pour des raisons familiales. Je n’ai plus dans mon travail actuel ni le rapport à la lecture ni celui à l’écriture comme je l’avais auparavant quand j’étais journaliste. Il y avait donc à la base ce besoin d’écrire mais je me rends compte aussi qu’il y a ce besoin d’être lue. Certaines maisons d’édition m’ont suivie dans l’aventure avant publication du blog en me transmettant leurs nouveautés comme quand je parlais de leurs ouvrages dans les magazines pour lesquels je bossais, je pense à Gallimard Jeunesse, à Larousse, à Thierry Magnier. Mais mon blog n’est pas uniquement basé sur des chroniques de livres Jeunesse. Et mes chroniques ne ressemblent pas à celles que j’écrivais en presse écrite. Je retrouve aujourd’hui dans mon blog l’essentiel de ce que j’ai perdu en changeant d’orientation professionnelle.

Carole : J’ai commencé mon blog il y a 2 ans, le but étant de créer une communauté de gens qui s’intéressent à la littérature jeunesse. Et là j’ai découvert à quel point il y a des vrais passionnés ! Le plaisir de partager, de donner mon avis, de conseiller, de faire des thématiques et de relayer les actualités via les réseaux sociaux. En gros promouvoir cette littérature vivante et riche à mon humble niveau.

Pépita : Intéressantes ces réponses avec un point commun : le partage. Je rebondis néanmoins sur l’expression d’Alice : « totalement addict ». Pensez-vous qu’un blogueur puisse en quelque sorte devenir « esclave » de son blog ?

Sophie : Soyons honnête, je pense que oui et par extension d’internet et du petit réseau que l’on se créer. Tant que ça reste raisonnable, ça ne me gêne pas. Par exemple, j’ai pris l’habitude de publier une chronique par jour mais il peut m’arriver d’être en retard et de tomber sur un soir où j’ai la flemme et donc je laisse tomber pour une journée. Je ne vais pas me coucher à 3h du mat’ parce que j’ai pas fini une chronique ! Il faut aussi « s’autoriser » à déconnecter. Quelques jours sans écran de temps en temps, ça fait du bien et on revient plus motivé que jamais… Et puis ça permet de se souvenir que ça nous fait plaisir et que l’on a envie de continuer parce qu’on a encore beaucoup à partager.

Kik : En lisant les propos de Sophie, je ne peux rien dire de mieux. Je fonctionne selon le même principe. Quand j’ai envie je blogue, quand je n’ai pas le temps ou lorsque la flemme l’emporte, je déconnecte et je fais autre chose.

Bouma : Il a été un temps où je voulais absolument poster une chronique par jour. Et puis la vie en dehors de la blogosphère nous rattrape souvent, je me suis rendue compte que je ne lisais pas forcément les articles de blogs qui publiaient quotidiennement… alors j’ai levé le pied. Il ne faut pas que cela devienne une contrainte, au contraire il faudrait toujours rester dans le domaine du plaisir… sinon ça revient à avoir un autre travail, non rémunéré en plus !

Céline : Me sens assez proche du ressenti de Bouma. Je ne cours pas après les records, ne me retourne plus lorsque je perds un « fan » ou que les stats sont un peu moins favorables. Bloguer doit rester un plaisir, tout comme la lecture d’ailleurs ! Qui trop embrasse mal étreint comme on dit !

Carole : Je vous rejoins les filles, le mot d’ordre c’est plaisir !! Tout ceci demande du temps, entre lecture, digestion et recul, analyse, recherche parfois, et rédaction. Sans compter, le temps passé sur notre forum, et les lectures de vos billets aussi !

Pépita : Exactement ! Je ne me suis jamais posée la question du nombre de billets par semaine, c’est venu tout seul …et puis, c’est vrai que parfois certaines lectures, on n’arrive pas tout de suite à trouver les mots, que d’autres on ne les trouve pas du tout..Le but n’étant pas de chroniquer tout ce que je lis, pas le temps ! Mais de partager ce que j’ai envie quand j’en ai envie. Et de me nourrir des blogs des autres, ceux que j’aime suivre. C’est important de ne pas rester dans sa bulle.

Drawoua : Non clairement, je ne peux plus m’en passer. J’aime écrire, j’aime être lue, recevoir des mails, des commentaires, échanger, partager avec une petite part d’ego que je ne nie pas. Je ne suis pas esclave de mon blog, mais je ne peux pas m’en éloigner trop longtemps, sinon il pleure, je lui manque, il perd ses lecteurs… Je me rends compte en écrivant cette réponse : oh non ! Mon blog est esclave de moi !

Pépita : le mot de la fin ?

Sophie : Evidemment, je suis d’accord avec ce qui a été dit précédemment donc le mot de la fin c’est PLAISIR. On fait des listes, des IMM, swap et autres, on blogue quotidiennement ou non, tant que ça nous plait, c’est ce qui compte. Et si ça plaît à d’autres en plus, c’est le bonus qui fait plaisir.

Carole : Allez pour rester dans les sigles, pour moi ce sera PPP : passion, partage, plaisir ! Et aussi un ptit ALOGDA POWER :ghee:

Alice : Bloguer ? C’est plus que j’en espérais. Je pensais juste faire un petit truc dans mon coin, pour mes proches, et cela prend une ampleur inespérée : complètement grisant !

Céline : Comme l’habit ne fait pas le moine, le jargon ne fait pas le blogueur ! Tous ces sigles et ces us et coutumes de la blogosphère ne sont que la partie visible de l’iceberg. Si en profondeur il n’y a pas un lecteur/une lectrice animé(e) du feu sacré, tout cela n’est alors que poudre aux yeux !

Drawoua : Mon blog ? C’est beaucoup de travail et d’endurance, beaucoup de plaisir et de reconnaissance…

Pépita : Pour moi, Méli-Mélo de livres, c’est mon évasion quotidienne, mon truc à moi. Je ne pensais pas du tout il y a deux ans vivre tout cela car même derrière son ordinateur, on en vit des rencontres, des partages ! Ce qui me plait aussi, c’est de mettre en valeur cette belle littérature jeunesse. Et je pense que tout blogueur a toujours en toutes circonstances son blog en tête, c’est un peu comme un « bébé » virtuel qu’il faut nourrir, faire grandir, faire évoluer pour se surprendre soi-même d’abord et partager avec d’autres ce plaisir d’écrire et d’être lu.

Drawoua : Absolument ! Et recevoir les mails des lecteurs, les messages laissés, ceux des auteurs et des illustrateurs avec lesquels on échange, les propositions et les discussions que l’on peut avoir avec les attachés, c’est un vrai plaisir également !

Bouma : Moi ce que j’aime par dessus tout, c’est pouvoir mettre un visage sur un blogueur. Quand on passe du virtuel au réel, quand on se dit « ah tient c’est toi ça ! »… parce qu’au final, la lecture reste aussi un moyen de rencontre pour passionnés, du moins pour moi c’est ce que représente la blogosphère littéraire.

Et vous, vous bloguez ?

Voici les liens des blogs qui ont participé à ce débat :

Alice-A lire aux pays des merveilles

Bouma-Un petit Bout de bib(liothèque)

Carole-3 étoiles

Céline-Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait Livresse

Drawoua-Maman Baobab

Kik-Les lectures de Kik

Pépita-Méli-Melo de livres

Sophie-La littérature jeunesse de Judith et Sophie

Dis-moi ton âge… je te dirai quoi lire !

A l’ombre de notre arbre, nous lisons… un peu, beaucoup, passionnément… à la folie ? Puis nous échangeons, nous partageons, nous conseillons et parfois nous débattons ! Aujourd’hui, nous avons même réfléchi ! C’est l’effet printemps ! Finie l’hibernation, les neurones sont en bourgeons ! Voici donc une vive discussion sur l’âge des lecteurs : faut-il prescrire, indiquer, cloisonner, ouvrir, sélectionner, accompagner, choisir les livres selon l’âge ? Telle est la question.

Enfant-qui-litCarole : Quand vous achetez un livre pour l’offrir à un enfant, l’âge indiqué est-il un critère de sélection pour vous ?

Za : Pas vraiment.
J’ai offert l’Alice au pays des merveilles illustré par Rebecca  Dautremer à une petite fille de 6 ans, d’abord, je l’avoue, parce qu’elle était le sosie du (sublime) dessin de la couverture et puis je savais que ses parents l’accompagneraient vers ce livre, d’abord par les dessins puis vers le texte lorsqu’elle serait plus grande. J’étais consciente que ce livre n’était pas destinée à une enfant de cet âge. Mais j’aime bien offrir des livres « pour plus tard ». C’est parfois un peu frustrant pour les enfants, mais si on a de la chance, cette frustration se transforme en envie et là, c’est formidable. C’est un pari. On ne gagne pas toujours.

Pépita : Pas vraiment non plus. Contrairement à certaines d’entre vous, je lis souvent la quatrième de couverture mais l’âge indiqué, je passe ! Mais j’avoue que de par mon métier, c’est sans doute plus facile. Je trouve que l’âge doit rester un indicateur mais pas une notion enfermante.

Sophie : Comme Pépita, en travaillant en bibliothèque et en tenant mon blog depuis 4 ans, j’ai un bon aperçu de ce qui existe et ça m’incite à offrir des coups de coeur. En plus, c’est plus facile de voir à quel type de lecteur un livre correspond. En fait, je m’intéresse plus au caractère et aux centres d’intérêt du lecteur. J’aime bien aussi offrir des livres un peu atypiques et originaux qui sont pour petits et grands.

Bouma : Je crois en effet que la notion de « lecteur » est essentielle, pas celle de son âge mais plutôt celui de son niveau de lecture (s’il lit déjà seul) ou de compréhension (pour les plus petits). Dans mon métier de bibliothécaire, quand on me demande un conseil, je commence par questionner : quel est le dernier livre que l’enfant a aimé ? Et si l’adulte ne sait pas je demande sa classe et ses centres d’intérêt. Ce ne sont que quelques renseignements, à titre indicatif, comme pour l’âge mais je les préfère à ce dernier car un âge ne signifie rien. N’en sommes-nous pas la preuve, nous adultes, prescripteurs ou pas qui lisons de la littérature jeunesse et y prenons autant de plaisir que les enfants ?
« Il y a un livre pour chaque lecteur et un lecteur pour chaque livre », il faut juste réussir à les trouver.

Et pour rebondir sur ce que disait Za, ma fille s’est vue offrir la version d’Alice au pays des merveilles illustrée par Rebecca Dautremer comme cadeau de naissance en référence à son prénom. En tant que parent, j’étais très heureuse et j’espère qu’elle le lira avec plaisir plus tard.

Kik : Je jette un œil à la tranche d’âge indiquée par l’éditeur mais assez rapidement. En choisissant le livre je pense plutôt à l’enfant auquel je vais l’offrir, à quel lecteur il est !

Céline : Non ! Pour ma part, le problème se pose davantage pour le choix des livres pour mes élèves. Je me fie alors davantage à ma propre appréciation, au niveau des élèves, à leurs goûts, leurs centres d’intérêt, les genres à la mode… Cette année, j’ai engagé mes élèves d’une classe complémentaire dans la lecture de 4 titres du Prix Farniente 13 + (http://www.prixfarniente.be/). Si l’âge était tout à fait adéquat, pour deux des livres, Terrienne de Mourlevat et Epic de Conor Kostick, la quantité de pages à lire a posé problème… alors que les sujets auraient dû de prime abord les intéresser ! L’indication d’âge n’est donc qu’un critère parmi beaucoup d’autres !

Pépita : Je rencontre le même souci sur le prix de lecture : il y a bien d’autres critères que l’âge qui entrent en ligne de compte dans le choix d’un livre comme l’attractivité de la couverture, l’épaisseur, illustrations ou pas,…c’est une alchimie très complexe !

Dorot : En tant que libraire, je suis confrontée quotidiennement aux questions types: « ils sont où les livres pour les enfants de 8 ans ? ».
Difficile d’expliquer qu’il n’y a pas de barrière et que les enfants ne sont pas égaux face à la lecture… Il y en a, qui a dix ans sont en train de dévorer Tom Tom et Nana et d’autres qui ont fini Harry Potter.
Si on nous donne quelques pistes, on pourra trouver LE livre qui les enchantera. Et quand ce n’est pas le cas, la mention d’âge rassure…

CaroleMais, à votre avis, l’éditeur indique-t-il l’âge comme une indication ou comme une prescription ?

Pépita : Je pense plutôt comme une indication, enfin, j’espère ! C’est vrai qu’on voit de plus en plus « dès tel âge » sur les livres jeunesse, notamment pour les romans… ça fait très figé en fait… enfin, je trouve. Et le « dès » est prescriptif. J’aime bien ce que fait un éditeur (faut que je vérifie lequel : Actes Sud Junior? La joie de lire ?). Sur la quatrième de couverture, en bas à gauche, en italique il y est dit : chaque lecteur est unique…

Za : C’est la Joie de Lire, je crois. L’Atelier du poisson soluble ne propose aucune indication d’âge non plus. J’aime assez cette démarche qui laisse l’acheteur libre de décider si le livre lui est destiné ou non. Mais disant cela, je sais bien que pour la littérature de jeunesse, l’acheteur n’est pas forcément celui à qui le livre est destiné. Et je comprends le désarroi de certains parents devant la multitude de publications pour la jeunesse. Passés les livres pour tout-petits, facilement reconnaissables, c’est un peu la jungle.
Et puis il y a l’emprunteur. Parce que si, lorsqu’il s’agit de sortir des sous, l’adulte est regardant, j’imagine qu’en bibliothèque, les enfants sont plus libres de leurs choix…

Sophie : Il faut quand même être conscient que c’est aussi dans un but commercial que les éditeurs indiquent un âge. Un livre trouvera plus facilement, malheureusement, un acheteur si un âge est indiqué. C’est en lien avec le fait que l’acheteur n’est pas le lecteur.
Pour répondre à la question et en gardant ce que je viens de dire en tête, je pense donc que l’âge indiqué est plus une indication qu’une prescription.

Bouma : Pour ce qui est des bibliothèques (en tout cas dans la mienne), les choses sont sectorisées. Par exemple, les premières lectures, les romans juniors et les romans ados sont séparés. Ces grandes indications sont un repère pour les adultes mais n’empêchent en rien les enfants de choisir dans un secteur qui leur est moins destiné. Nous mettons dans les romans ados, des livres aux sujets souvent plus difficiles, où il faut plus de maturité. Là encore, c’est une indication. Nous n’empêchons rien, nous guidons. Et pour choisir où ranger tel livre, nous nous fions plutôt aux critiques ou à nos lectures plutôt qu’à une indication des éditeurs, justement parce qu’ils y pensent en terme de vente.

Kik : Cela doit être un casse-tête pour les bibliothécaires, mais j’aime bien les livres qui sortent dans une édition pour adultes et une pour la jeunesse.
L’exemple le plus récent qui me vient à l’esprit est Wonder de RJ Palacio.

Bouma : Chez nous on se met d’accord entre section pour savoir qui l’acquiert. Le dernier Harlan Coben A découvert est sorti chez Pocket Jeunesse et chez Fleuve noir, nous avons choisi de le mettre en section ado car son héros était lycéen. Par contre, Carlos Ruiz Zafon est chez les adultes, malgré le fait que ses derniers romans aient été édités chez Pocket Jeunesse et Robert Laffont, pour une question de cohésion du fonds.
Nos budgets ne sont pas extensibles, nous sommes donc obligés de faire des choix quand ils sont édités à la fois en jeunesse et en littérature générale. J’avoue ne pas réellement comprendre l’intérêt de cette double édition, si ce n’est monopoliser encore plus l’attention sur des gros titres au détriment des plus petites maisons d’édition.

Dorot : D’accord avec Bouma, moi non plus, je ne vois pas l’intérêt d’éditer les livres avec deux couvertures différentes…
L’histoire de toucher un public plus large, je pense. En même temps, je pense qu’on s’égare un peu du thème de ce débat…
Les ados, les « Young Adults » et les adultes vont et viennent entre ces deux rayons au gré de leurs envies…
Le vrai souci de toutes ces catégories d’âge sont surtout les enfants à qui on achète les livres et à qui on les impose, parce que c’est « pour ton âge ». Et quand les parents les laissent choisir, j’entends souvent : « mais ce livre n’est pas pour toi, t’es plus un bébé ». Pourquoi les faire choisir dans ce cas ??? Et les repères d’âge sur la couverture (s’il y en a), ils ne les regardent même pas à ce moment là.

Céline : La catégorie d’âge est une indication parmi d’autres. Pour moi, le travail de l’éditeur doit davantage se jouer en amont lorsqu’il choisit de publier tel ou tel titre dans telle ou telle collection. Je pense par exemple à l’École des Loisirs avec ses collections Mouche, Neuf, Médium… Là, on est plus dans des tranches d’âge, c’est moins restrictif et plus intéressant car mûrement réfléchi.

CaroleJ’ai l’impression d’ailleurs que de plus en plus d’éditeurs ne donnent pas d’indication d’âge, vous avez remarqué ? vous en pensez quoi du coup ?

Sophie : En toute logique avec ce que j’ai dit auparavant, j’aime que les éditeurs prennent ce « risque ». Je pense en effet que pour eux ça en est un et c’est tout à leur honneur parce que pour moi c’est une implication de leur part dans la diversification de la lecture. Ça invite à sortir des cases et c’est bien. On peut ainsi partir du lecteur pour lui trouver un livre, et non d’une catégorie de livre pour un type de lecteur.

Pépita : Beau sens de la formule Sophie ! C’est vrai qu’il y a de moins en moins d’indication d’âge de la part des éditeurs, c’est en effet un risque et pour moi, ça enferme dans des cases au contraire. Maintenant, ce sont des collections qui indiquent l’âge et c’est beaucoup plus large comme démarche. Pour les parents, c’est un peu un casse-tête, car ils ne se repèrent pas toujours bien dans l’offre. D’où l’importance des libraires et des bibliothécaires qui ont un rôle de passeurs. Ceci dit, on sait très bien que ce qui vaut pour un enfant ne vaut pas forcément pour un autre. ça veut dire quoi à partir de 3 ans ? 4 ans ? et même à 8 ans ou 10 ans ? Quand on est censé être bien entré dans la lecture ? L’acte de lire est tellement complexe. Je préfère privilégier le plaisir de lire. La notion d’âge est importante pour moi si on aborde des thématiques plus difficiles et là encore, c’est subjectif.

Bouma : Je pense aussi qu’il faut nuancer le terme « éditeurs ». Certains n’indiquent plus l’âge, d’autres donnent une indication avec le titre de la collection (exemple avec le niveau de lecture : Je lis tout seul).
Pourtant les grosses maisons d’édition continuent à indiquer l’âge. Je citerai notamment Milan, Flammarion, Nathan ou encore Bayard pour les premières lectures par exemple. S’il le font encore, c’est pour répondre à des demandes, certainement. Rien ne vaut un médiateur, la problématique des éditeurs étant aussi que ces livres se vendent sans eux.

CaroleNous faisons partie de la chaîne de promotion du livre jeunesse via nos blogs, quels sont vos critères pour classer les livres ? genre ? thème ? classe d’âge ? catégories ?

Kik : Personnellement j’imagine les enfants de différents âges, que je connais, avec le livre. Et je me demande à qui il conviendrait le mieux. À tous peut-être, ou seulement à certains. Puis je note, grâce à des mots-clefs, la ou les catégories d’âge, que je pense être les mieux adaptées à la lecture de ce livre.

Za : J’ai adopté un système de classement par grands genres : albums, romans, nouvelles. Je chronique peu, voire pas de documentaire, quant aux BD, elle vont tout naturellement dans les albums. C’est très simple, voire simpliste, mais tant pis. Les classements par thèmes me gênent un peu, les bons albums se refusant le plus souvent à être réduits à un seul thème et je n’ai pas de système de tags sur mon blog. Le critère de l’âge ne rentre absolument pas en ligne de compte. J’indique parfois « à partir de… » mais c’est rarissime et je me refuse à suggérer un âge limite – parce que, dans ce cas, je ne lirai pas d’albums moi-même…

Pépita : Je vous rejoins totalement : j’indique un âge uniquement si j’estime que cela est nécessaire ou qu’on pourrait me le demander, en fait, surtout pour les ados mais ce n’est pas ce que je chronique le plus. Sinon, j’ai les genres (très larges) et les thèmes (très larges aussi). J’essaie toujours de me poser la question : quel est l’angle de recherche de celles et ceux qui me lisent ? Comme dans mon boulot finalement. Mais une part de subjectivité n’est jamais absente

Sophie : Depuis peu, j’ai supprimé mon classement par âge qui ne me semblait pas pertinent et redondant avec mon classement par genre. En plus des albums, livres-CD, livres-audios, il y a les livres premier âge (vraiment pour les bébés), les premières lectures et les romans que j’ai divisé en enfant/ado. Si à cela on rajoute mon commentaire sur le livre, je considère qu’il y a moyen de situer une tranche d’âge sans enfermer le livre dans une catégorie particulière.
Sinon j’essaie de mettre des mots-clés dans mes articles pour que le thème ressorte via le moteur de recherches.

Bouma : J’ai changé de plate-forme de blog plusieurs fois notamment car celles que j’avais testées étaient trop restrictives. Maintenant je peux mettre des tags pour les thèmes de façon illimitée, de la même manière je peux ranger un même article dans plusieurs catégories. J’ai donc choisi d’indiquer un âge dans certaines : albums 0-4 ans, albums 4-8 ans ou romans jeunes (8-12 ans) mais pas dans d’autres : contes, manga jeunesse, documentaire… En fait quand j’indique un âge je pense plutôt à un niveau de lecture ou à une maturité de l’enfant. Je pense toujours que ceux qui viennent sur mon blog sont des adultes prescripteurs, amateurs ou tout simplement acheteurs.
Moi qui suis aussi bibliothécaire jeunesse, j’hésite souvent sur la place où ranger un livre. Une chronique ou une critique qui indiquera un âge me servira, tout simplement parce qu’elle ne résonne pas en terme de vente (comme un éditeur) mais comme un prescripteur. La place n’est pas la même, la réflexion sur la lecture non plus.

Za : Le problème avec le niveau de lecture des enfants c’est que l’album est souvent lu à haute voix par un tiers. Il conviendrait alors de distinguer les ouvrages pouvant être lus par les enfants d’un certain âge et les ouvrages pouvant être lus pour les enfants de cet âge. C’est indémêlable.

Bouma : Bien d’accord avec toi, c’est pour ça que je disais niveau de lecture OU maturité de l’enfant. Après je pense que tout cela est bien subjectif..

Za : En effet, totalement subjectif, et c’est ce qui est intéressant !

Merci mes copinautes pour ce débat fort intéressant !

Et vous ? Vous en pensez quoi ? Comment choisissez-vous les livres jeunesse ?

adulte qui pense

Débat sur le livre numérique : dernière partie

SophieLJ : Si pour la majorité d’entre nous, le livre papier représente un attachement non négligeable, il est vrai que chez les adolescents d’aujourd’hui, la lecture numérique se développe. C’est ce qui m’amène à cette grande question : pensez-vous que le livre numérique menace de disparition le livre papier ? (sur le long terme j’entends)

Kik : Menace est un grand mot. Le livre numérique se développera et le livre papier se concentrera peut être sur de plus belles éditions, mettant en avant la présentation et la qualité de l’objet-livre. Peut être que le livre de poche disparaîtra par contre.

Gabriel : Dans tous les cas c’est pas près d’arriver je pense, au moins jusqu’à ce que tous les gens de notre génération sont encore là… et encore ! Je vois plein d’articles en ce moment sur la montée des ventes de vynils…

Hérisson08 : Le livre comme objet collector ? Je n’y crois pas trop, pas plus qu’à la disparition totale du livre papier, mais il est certain qu’une évolution du support de l’écrit est en marche, qui aura des répercussions à terme sur le monde de l’édition, et donc sur le livre.

Bouma : Pour moi non plus une disparition des livres est inconcevable. Comme beaucoup d’entre vous, j’en ai fait mon métier et je veux faire perdurer ce support. Une évolution des mentalités dans les nouvelles générations est inévitable mais de là à faire disparaître complètement le livre, je n’y crois pas.

Pépita : La disparition du livre papier, je n’y crois pas non plus. Une complémentarité à accentuer indispensable, et de nouveaux usages, c’est certain et inéluctable.

Carole : Personnellement, je redis ce que j’ai dit en préambule de cette discussion, le livre numérique ne signe pas, à mon avis et même sur le long terme, la fin du livre-papier. Ils sont complémentaires, ils ont chacun leur public. Ce qui importe le plus c’est que les enfants, ados et adultes lisent quelque soit le support. Et puis il restera toujours des défenseurs amoureux du livre-papier, nous en sommes la preuve je crois !

Céline : Je pense que oui, sur le long terme, les pratiques vont évoluer. Il n’y a qu’à voir comment les bambins d’aujourd’hui se débrouillent avec tous ces outils numériques. Même au sein de l’école, ces nouvelles technologies font une entrée en force. Est-ce un bien, est-ce un mal ? Peu importe ! On ne peut aller contre une révolution en marche… S’il veut séduire les nouvelles générations, le livre-papier doit donc, à mon sens, évoluer et offrir encore davantage d’interactivité. Je parlais des liens vidéos dans la série Skeleton Creek, on peut également évoquer les QR-code à flasher avec son mobile sur d’autres titres. On n’arrête pas le progrès !

Nathan : Dure question… Vous avez tous raison alors je ne sais pas trop quoi rajouter mais j’avoue que ça me fait peur ! C’est pour ça qu’il faut encore des défenseurs des livres-papier mais le problème c’est qu’avec la déforestation et le développement des nouvelles technologies… mais bon, l’avenir nous le dira !

La réponse de Nathalie : Non. Le livre papier n’est pas en danger. Certains livres peuvent être menacés, parce que le service qu’ils rendent est mieux rendu sur un écran. C’est le cas des encyclopédies par exemple. Mais le livre papier, en tant que tel, répond à un besoin. Il rend service. Il ne va pas donc, disparaître, pas plus que la TV n’a fait disparaître la radio.

BONUS

La nouveau baromètre des usages du livre numérique. Article de l’ENSSIB

Terminons avec un peu d’humour : BOOK : la révolution technologique.

Débat sur le livre numérique : quatrième partie

SophieLJ : Poursuivons sur les tarifs du livre numérique. Est-ce que le prix des liseuses et des fichiers sont un frein pour vous ou au contraire, pensez-vous que sur le long terme, c’est plus avantageux ?

Hérisson08 : Le coût est en effet encore très élevé actuellement, tant pour les tablettes que les ouvrages numériques, pourtant une tendance commence à se dessiner dans le paysage technologique, des tablettes à 10€. Moins chères qu’un livre-papier donc ! Et un ouvrage numérique avec de nombreux contenus interactifs pourra sembler cher à 15 euros mais coûtera souvent moins cher qu’un livre avec sons et tirettes.

Nathan : Hérisson tu abordes la question du prix qui est franchement révoltante pour moi ! Les éditeurs abusent, ils ont certes de l’argent à rentrer mais sachant que le le livre numérique ne leur coûte pas de papier, d’encre,…. je préfère encore acheter un livre de poche qui est moins cher !

Hérisson08 : S’il s’agit d’un « simple ouvrage noir et blanc sans animation » en effet, je trouve moi aussi le prix exorbitant, mais je parlais là des ouvrages avec valeur ajoutée : vidéo, animations… qui demandent un vrai travail supplémentaire de conception et développement qui peuvent expliquer son prix.
Enfin autour de cette histoire de prix il faut savoir que la partie impression n’est pas la plus coûteuse sur un livre, 15 à 20% du prix du livre. Par contre la marge attribuée normalement à la distribution (intermédiaire entre l’éditeur et le libraire -en gros-) qui est elle aussi de 15% environ pourrait réduire ce coût de l’ouvrage numérique si l’éditeur fonctionnait directement en accord avec des librairies -en ligne souvent. Il me semble que c’est le cas, donc l’ouvrage numérique devrait coûter environ 30% de moins que le livre papier… pas énorme donc… Pour baisser encore ce coût il faut donc toucher à la marge de l’éditeur, donc ne plus corriger les livres par exemple, ou à celle de l’auteur, mais à ce tarif ça ne vaut plus le coup d’écrire. Quand à la marge du « libraire » difficile car alors ils répondent qu’ils ne travailleraient plus avec ces éditeurs.
Certains éditeurs pourtant réussissent à baisser considérablement les coûts, mais cela n’a rien de miraculeux, tout simplement les livres à bas coûts sont des livres ayant déjà rentabilisés les dépenses de l’éditeur, qui peut se permettre de réduire à presque néant sa marge, comptant ainsi sur la publicité gratuite, le bouche à oreille… et souvent l’achat de la suite de la saga !

Gabriel : Moi comme je l’évoquais plus haut je préfère acheter des livres qu’une liseuse. Pour moi ça reste un gadget cher…

Hérisson08 : Saviez-vous qu’on peut aussi lire sur tablette et téléphone, pas seulement sur liseuse, même si l’aspect rendu papier n’est forcément pas là!
J’ai toujours quelques livres sur mon téléphone au cas où, bien pratique ! Quand au prix, il ne faut pas oublier aussi la possibilité d’avoir accès à tous les livres du domaine public gratuitement !

Pépita : Le livre est un livre avec tout ce qui va avec, qu’a très bien décrit Nathan plus haut. Un livre numérique n’est pas à proprement parler un livre : un outil technologique en permet l’accès en contre-partie d’un prix assez exorbitant. Oui, pour moi, même si j’ai testé et que sous certains aspects, ces nouvelles technologies sont séduisantes, le prix est un sérieux frein. Et quelle nébuleuse ! Vous vous y retrouvez, vous, avec tout ce qui sort sur le marché ? (et là, avec Noël…). D’autant que ces produits deviennent très vite obsolètes et poussent à consommer encore plus. Alors qu’un vrai livre… il est toujours là… et chacun d’entre nous sait qu’un même livre peut offrir diverses lectures. Céline a raison aussi de souligner cette fracture générationnelle ; je ne suis guère optimiste de ce point de vue-là…

Bouma : Et si l’aspect technologique permettait justement d’attirer de nouveaux publics ?
En ce qui concerne le prix, tant que la version numérique d’un livre restera au-dessus de sa version poche (pour ceux sans valeur ajoutée), je pense que cela freinera le grand public. Après il serait intéressant de faire une analyse du public qui achète ces livres numériques. Il doit y avoir beaucoup de grands lecteurs, de grands voyageurs… pour qui quelques euros de moins sont toujours ça de moins.

Nathan : Le prix des liseuses moi je ne le trouve pas franchement exorbitant, surtout sur long terme. Le problème c’est surtout qu’après la liseuse il faut aussi payer les livres…

Gabriel : Et que contrairement à un livre, ça a une durée de vie…

Nathan : Comme je l’ai soulevé plus haut, un livre a une durée de vie aussi (certes moins longue) mais surtout beaucoup moins de fragilité !

La réponse de Nathalie : Pour moi, en tant que lectrice, je ne me suis jamais posé la question en ces termes. Je possède un dispositif de lecture numérique depuis 1997 et toute ma lecture plaisir se fait avec. J’en ai bien sûr changé de nombreuses fois, avec l’évolution du marché. Donc oui, c’est cher. Mais généralement, le bidule en question ne sert pas qu’à lire. Et dans tous les cas, pas qu’à lire seulement des livres. Quant aux fichiers, le plus gros souci c’est plutôt la difficulté de les trouver, dans des conditions compatibles avec la lecture que je veux en avoir (multiplateforme, constitution d’une bibliothèque, etc.). Parallèlement, je vous rassure, j’ai  3 000 livres en papier (parfois jauni) dans ma bibliothèque, et souvent je peste de ne pas les avoir en numérique…