Swap en direct !

Cela fait déjà plusieurs fois que nous échangeons des colis mystères (dits swap)
à l’ombre de notre grand arbre.

Le Summer Book Camp du week-end dernier
fut l’occasion pour nous tous de partager l’ouverture des paquets
et la joie de chacun une fois gâté.

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Vous ne trouverez ici qu’un petit aperçu des magnifiques attentions
que nous avons reçus.

Mais vous les retrouverez bientôt, soyez s’en sûr, sur nos blogs respectifs !

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Au delà du virtuel

 Ce WE, nous nous sommes retrouvés dans un coin du Sud-Ouest de la France.
En train, en voiture, en avion, nous sommes venus des quatre coins de France et de Belgique, avec nos envies de lecture, de rencontres, de discussions …

Album Photo du premier ALODGA SUMMER BOOKCAMP

Des pieds en étoiles, c’est une idée de Carole 3 étoiles. Le pied de Nathan est reconnaissable, non ?! Il ne manque que celui de Céline du Flacon.

La grande valise de Pépita, et une table recouverte de livres à troquer.

Chacun de nous avait emmené les livres issus du désherbage de sa bibliothèque, (et oui Alice et Sophie nous ont même appris des mots de bibliothécaires ! ), pour échanger avec les autres. Des livres dont nous avons parlés sur nos blogs, que nous avons plus ou moins aimés. Au départ, une grosse pile de livres à donner, à l’arrivée une grosse pile de livres à lire, et un bon moment avec des « Ohhh, j’avais trop envie de lire celui-là », « Tu avais bien aimé celui-là, je vais le prendre, même s’il ne m’inspire pas trop », « Trop coooooooooool ! Je le veux ! Je le veux ! », « Qui a emmené celui-là ? Je peux le prendre ? » 

Aussitôt troqués, aussitôt lus !
Les Lutines n’ont pas attendu longtemps avant de se mettre à bouquiner !

Dans le jardin, il y avait des transats pour lire à l’ombre des grands arbres …

… ainsi que des poules !

Lorsque des blogueurs de littérature pour la jeunesse se rencontrent, ça parle de livres, et ça prend le temps d’écouter des histoires. À l’ombre d’un grand arbre, Céline du tiroir à histoires ne perd pas un mot de ce qui est conté à voix haute.

Dans le ciel, ce soir là, il y avait beaucoup de lumières différentes. Une guirlande lumineuse, un coucher de soleil, un orage en approche, des éclairs qui zèbrent le ciel, un feu d’artifice tiré contre toute attente … Sur la table, des bougies pour finir le repas.

  

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Un train à prendre pour Bouma, un pied de vigne à emmener.
Nous lisons tous à l’ombre du même grand arbre virtuel, mais désormais nous avons aussi tous le même arbre réel ! Un pied de vigne planté dans un jardin ici, dans un pot sur une terrasse là, ou sur un balcon ailleurs. 10 pieds de vigne, pour 10 blogs.

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Jeudi, Vous en saurez plus sur les colis que nous nous sommes échangés.
Un SWAP avait déjà été organisé à Noël, pour découvrir ce que nous nous étions offert, c’est par ICI. Cette fois, l’ouverture des paquets a été faite en direct. Un vrai délice !

À jeudi, pour en savoir un peu plus, sur ce WE passé ensemble.

Noël avant l’heure !

Les fêtes approchent à grands pas. Plus que quelques jours avant le fatidique 25 décembre et l’ouverture des tant attendus cadeaux…

Pour le commun des mortels !

Car ici A l’Ombre du Grand Arbre, les grands enfants que nous sommes ont décidé de se gâter mutuellement en organisant le second swap de l’équipe.
(un petit rappel du principe par ici)

Chacun s’est vu désigner une couleur pour thématique. A vous de deviner lesquelles ?

Swap Noel ALODGA

Pépita a reçu un colis de Bouma

L’as-tu vu ?
L’as-tu vu ?

Ce paquet reçu (bis)
L’as-tu vu ?
L’as-tu vu ?
Ce paquet reçu
Tout de vert vêtu.
 
Il est plein de beaux livres
Et de friandises (bis)
Mille attentions de Bouma
Pour Miss Pépita ! (bis)
 
C’est le swap de Noël
Sous notre grand arbre (bis)
C’est Noël avant l’heure
Rien que du bonheur ! (bis)

(Sur l’air de L’as-tu vu ?)

AVANT

AVANT

APRES

APRÈS

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Bouma a reçu le sien de Céline – Qu’importe le flacon

« Oh Oh OhQue de cadeaux,
Que de nouveaux horizons à découvrir
Grâce au violet nostalgique
Qui me fera retrouver mes souvenirs d’enfance
Oh Oh Oh« 

AVANT

AVANT

APRES

APRÈS

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Céline – Qu’importe le flacon a passé un bon moment grâce à Drawoua

« Un colis aux couleurs de l’arc-en-ciel,
des paillettes, des paillettes et encooooooooooooooore des paillettes.
Un colis qui a des allures de sapin de Noël pour l’occasion !« 

AVANT

APRÈS

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Drawoua a été gâtée par Kik

« Point de boîte en carton, de boîte à chaussures, de Colissimo mais un très beau panier gris, un gris petite souris, celui doux et délicat qui rehaussait un jaune poussin gai et pétillant. Les sentiments, les saveurs ? Joie, optimisme, soleil, gaieté.« 

AVANT

APRÈS

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Kik a vu la vie en rose grâce à Alice

« Un colis, plein de rose, de douceurs, mais aussi de colère. Le rose, ce n’est pas que les paillettes, la couleur des filles. Le rose peut être beaucoup plus que tous ces clichés. Il n’y avait pas de cochons, ni de romans d’amour …« 

AVANT

APRÈS

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Alice patiente… et essaie de ne pas trop en vouloir à son facteur…

« Au retour du bureau, il était là, il m’attendait en trônant sur sa chaise comme un star
Une taille XL et des enfants impatients !
Des rennes à l’ouverture et une étoile argentée sur fond bleue.
Whaouououh !
Ça valait le coup de patienter sagement !« 

AVANT

APRÈS

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Carole a adoré le paquet concocté par Céline du tiroir

« La prouesse de Céline réside à concocter un colis tout de noir sans plomber mon moral et comme elle est douée : pari relevé !« 

AVANT

APRÈS

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Céline du tiroir a été emballée par le colis de Pépita

« Doux et orangé, de quoi ensoleiller ce mois de Décembre… De la poésie, de l’amour, de la tendresse, me voilà sacrément gâtée, l’hiver peut bien arriver, j’ai de quoi me réchauffer ! Merci Pépita !« 

AVANT

AVANT

APRÈS

APRÈS

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Sophie remercie Nathan

« Un grand merci à Nathan pour ce SWAP que le hasard a fait à ma couleur préférée : le rouge. Deux romans, une BD, des dédicaces des auteurs, un recueil de nouvelles, un jeu autour des expressions françaises sur le rouge, une compil’ personnalisée et des fraises Tagada. Tout cela sur fond de sentiments contradictoires comme le veut ce rouge tantôt passion tantôt colérique. Encore MERCI.« 

AVANT

AVANT

APRÈS

APRÈS

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Nathan a reçu un colis de Solectrice et ses lectures lutines

« Un jolis paquet gris … entre mes mains cette jolie boîte à chaussures semble petite mais à l’intérieur, c’est le sac de Mary Poppins !« 

AVANT

APRÈS

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et Solectricedécouvre les swaps grâce à Sophie.

« Très émues en ouvrant le colis, nous avons aussitôt remarqué la carte ronde et colorée, puis détaillé les jolis paquets de blanc vêtus. Quel assortiment ! Les petites mains n’ont pas résisté longtemps : chacune a saisi un paquet, l’a tâté et à la hâte déballé.« 

AVANT

APRÈS

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Encore plein de belles choses à découvrir et surtout à se faire découvrir.

Lecture Commune : Silhouette de Jean-Claude Mourlevat

En février dernier, à l’ombre du grand arbre, nous avions organisé notre premier swap ! Ma copinaute Céline m’avait donc offert le recueil de nouvelles de Jean-Claude Mourlevat, Silhouette, paru chez Gallimard, collection Scripto. Quelle découverte, quelle silhouettelecture pour le moins….surprenante ! Ni une, ni deux, ici on aime débattre et partager, et nous voilà embarqués sur une lecture commune avec mes complices !

 

 

 

 

 

CaroleOn commencerait bien par planter le décor sans plomber l’ambiance ! Qui s’y frotte ?

PépitaSilhouette, c’est le titre de la première nouvelle. Il y en a dix en tout et la dixième est la chute des neuf autres. Un univers emprunt de cynisme à chaque fois et qui en dit long sur la nature et la condition humaines. Des chutes auxquelles on ne s’attend pas. Le livre m’est parfois tombé des mains et j’ai dû respirer un bon coup…

Bouma : Le recueil offre un panorama assez éclectique de la nature humaine : hommes, femmes, jeunes, vieux, parents, célibataires, heureux, aigris, volontaires, soumis… Chaque nouvelle est l’occasion de découvrir un nouvel univers, toujours très ancré dans la réalité. Moi qui ai l’habitude des romans fantastiques de Jean-Claude Mourlevat, j’ai été tout aussi surprise que Pépita, mais peut-être pas pour les mêmes raisons…

Céline : Le point commun de ces nouvelles c’est que les héros, des gens ordinaires comme vous et moi, voient leurs petites faiblesses et travers leur revenir en pleine figure comme un boomerang. Et nous, lecteurs, la surprise de la chute cruelle de la première nouvelle passée, on s’interroge avec un plaisir un brin sadique : comment la suivante pourrait-elle se finir encore plus mal ?

Nathan : Vous avez bien planté le décor à ceci près que je ne suis pas du tout d’accord sur ce côté sadique ! Je ne me suis jamais senti sadique mais mal à l’aise. J’en venais même à espérer une fin heureuse à chaque fois, tout en sachant qu’elle ne viendrait pas ! On tombe de haut … et je soulignerai la chute de la dernière nouvelle, dixit Pépita : elle m’a laissé bouche bée, c’est un véritable coup de maître !

Céline : C’est justement là que ça devient intéressant ! Notre côté « lumière » espère à chaque fois une fin heureuse alors que notre côté « sombre » comprend très vite que la nouvelle suivante sera encore plus cruelle que la précédente. Et, curieusement, malgré notre malaise grandissant, on en redemande et on poursuit sa lecture avec une certaine délectation. En psychologie, on appelle ça l’effet catharsis. En plus, les personnages sont très proches de nous donc on se met très facilement à leur place. Ces récits fictionnels qui seraient intolérables s’ils étaient réels nous permettent ainsi de nous libérer de nos angoisses les plus intimes.

CaroleAhAHah ( rire de sadique bien sûr ) ! Et d’ailleurs laquelle de ces nouvelles vous pousse le plus dans vos retranchements sombres ?

Céline : Difficile de répondre à cette question sans trop dévoiler. Sans hésiter, Love, car je n’ai pu m’empêcher de penser « Bien fait » pour les « victimes » et de prendre parti pour les meurtrières alors que, dans la vie, je suis bien plus mesurée et croit en une justice impartiale pour tous, même pour le pire des salauds ! Pourtant, là, j’aurais bien pris la pelle aussi !!!!

Carole : Moi aussi j’ai une tendresse particulière pour le coup de pelle ! Elle est, à mon avis, la plus terrifiante et la plus animale en terme de comportements humains, et en même temps elle s’intitule love , quel cynisme ! J’adore !

Pépita : Complètement d’accord, celle-là, elle vaut son pesant d’or ! Pour un peu, j’aurais bien donné un coup de pelle aussi à ces sales types, enfin, je m’y voyais quoi ! Et puis cette jeune fille si bien comme il faut qui ne tique pas d’un poil quand elle apprend le fin mot de l’histoire…Petit arrangement intérieur quand tu nous tiens… Celle intitulée Pardon aussi, je l’ai trouvée pas mal dans le genre : elle me rappelle une chanson de Francis Cabrel dans son dernier CD (petit clin d’œil à Céline !) quand il dit que : « La vie ne tient qu’à un coup du sort ». Quand le bien devient mal ou vice-versa ! Et la chute de la dernière ! J’avoue l’avoir lue deux fois : la première fois, je me suis du coup demandée ce que j’étais en train de lire…je ne savais plus très bien. Fort ce monsieur Mourlevat !

Nathan : Je suis d’accord avec vous toutes … au final, je pense que celles qui poussent le plus dans nos retranchements sombres (dure question d’ailleurs …) ce sont celles où les victimes sont victimes d’autres humains, et non de la vie. Ce coup de pelle amplement mérité, ce « pardon » car compréhensible, car on a peut-être tous un jour subi des moqueries à l’école, au collège ou plus tard … ce qui rejoint la première nouvelle. Toutes suscitent différents sentiments … une terrible frustration ( Un escroc ), injustice ( Silhouette ) … ou angoisse ( Case Départ ) qui est peut-être une de celles qui m’a le plus touché, ayant été cambriolé l’an dernier … même si les cambrioleurs n’étaient peut-être pas aussi infâmes qu’ici.

Bouma : Personnellement, j’ai une certaine préférence pour L’Accord du Participe, où un maniaque de la conjugaison et de la grammaire décide de kidnapper le Ministre des Finances pour les lui inculquer. Peut-être parce qu’après l’avoir lu, je me suis dis que ça aurait pu m’arriver de me faire kidnapper pour les fautes d’orthographe.  Pour celle-ci j’étais plutôt dans une optique second degré et humour.
Et puis il y a aussi Mon oncle Chris dans la catégorie émotion. Pour moi, elle n’est pas tout à fait comme les autres. Elle dénote plutôt d’une situation très actuelle. Ce petit garçon qui nous raconte son admiration évidente pour son oncle tout en entendant sa famille le décrier car il n’est pas dans la norme, pas capable de se poser dans une situation stable, normale. Cette nouvelle m’a émue, vraiment, elle est douce et amère, puissante.
Enfin, comme vous, Love m’a particulièrement touchée dans la violence de la situation, dans la tendresse de cette amitié féminine, dans la chute, brutale et presque évidente.

Vous le voyez, je suis incapable de donner une réelle préférence à l’une d’entre elles. Je les trouvais disparates au début, mais finalement chacune apporte quelque chose à l’ensemble, construit le livre pour former un tout très cohérent.

Carole : Comme toi Bouma, j’ai beaucoup aimé L’Accord du Participe... mais pour la raison inverse ! J’avoue avoir un gros souci d’intolérance avec ces fautes d’accord ! Du coup, la nouvelle m’a taraudée toute une nuit…au point de me lever pour peser le Bon Usage de Grévisse, et me recoucher sereinement avec la certitude que l’on pouvait effectivement assommer quelqu’un avec ! Comme quoi la littérature permet parfois d’assouvir quelques pulsions, et ainsi la réalité ne dépasse pas la fiction.

Nathan : Oui Mon oncle Chris est très touchante, pour l’émotion et les thèmes qu’elle aborde … Je n’en ai pas parlé puisqu’elle ne répondait pas vraiment à la question de Carole mais elle est vraiment enrichie par tous ces éléments qui la rendent parfaite : personnages bien construits et attachants, sentiments, un tout qui se tient et une chute retentissante …

Pépita : Je vous rejoins totalement. Difficile en effet de donner une préférence. A des degrés divers, ces nouvelles sont toutes très touchantes et en fonction de chaque personne, de son parcours de vie, de son expérience ou tout simplement de sa sensibilité, elles réveillent ou révèlent une part de nous-mêmes.

Céline : C’est là tout le génie de l’auteur qui, à travers ces dix nouvelles, nous rappelle sans ménagement que nous sommes peu de chose… La nouvelle Oncle Chris nous donne cette miette d’espoir dont nous avons toujours besoin !

Carole : Nous avons parlé du fond…( du trou ahahah ), maintenant la forme ! Qu’en pensez-vous ? La nouvelle semble le gabarit parfait, et le nombre ?

Pépita : Tout à fait, Carole. La nouvelle est parfaite pour ces histoires, ni trop long, ni trop court et des chutes à faire frémir. J’avoue qu’à un moment donné, j’aurais souhaité une nouvelle un peu plus légère…car cette lecture est tout de même parfois oppressante. Et puis, paradoxalement, on en redemande ! Quant à la dernière, qui englobe finalement les neuf autres, elle est extrêmement troublante. Du grand art.

Céline : Je partage l’avis de Pépita. Pour ma part, j’ai trouvé cette petite bouffée d’optimisme avec Oncle Chris. Quant au nombre, rien à redire. En clin-d’oeil à son fana des accords qui aux dix commandements de Dieu en ajoute un onzième « Tu accorderas correctement le participe avec être et avoir » , l’auteur aurait pu pousser jusqu’à onze.

Bouma : J’ai déjà lu la plupart des romans de Mourlevat et j’ai eu du mal à entrer directement dans le format de ces nouvelles ainsi que dans leur action ancrée dans la réalité. Le Combat d’hiver ou Le chagrin du roi mort sont des romans superbes que je vous conseille fortement si vous ne les avez pas lus mais ils parlent d’une autre réalité, d’un monde plus onirique, plus fantastique. Il m’a donc bien fallu passer les trois premières nouvelles avant de prendre le rythme, je les ai d’ailleurs relues après coup car j’avais la sensation d’avoir oublié des choses… 10, c’est un compte rond, peut-être plus facile à publier ?

Carole : C’est drôle j’ai fait le même rebond que toi Céline sur la 11 ème potentielle ! En plus je déteste les nombres pairs presque autant que les fautes d’accord ! Je ne connaissais pas l’écriture de Mourlevat, donc comme entrée en matière, ce recueil est parfait. Disons que ce n’est pas mon genre narratif favori, mais là c’est vraiment très bien écrit et ficelé !

Pépita : Pour ma part, je suis fan des nouvelles, j’aime ce genre donc j’étais dans mon élément. Lu d’une traite ce recueil car passé les deux trois premières, comme je disais, on en redemande ! J’ai aussi lu ceux dont parle Bouma, et c’est un univers très différent et je vous les recommande également. Et comme j’ai lu la dernière nouvelle deux fois, rien ne m’a manqué du coup.

Céline : C’est vrai que d’emblée, après avoir lu d’autres romans de l’auteur, on est surpris par ce genre, les nouvelles, ainsi que par la noirceur de ses textes. Mais, comme dit Pépita, une fois cet effet de surprise dépassé, on est à fond dedans… Jean-Claude Mourlevat s’en explique d’ailleurs sur son site : « Cela m’a fait « des vacances » par rapport à cette littérature de « jeunesse » où il convient de ménager les lecteurs, avec ce que cela suppose de concessions. » Maintenant, si nous adultes acceptons le jeu, en sera-t-il de même pour de plus jeunes lecteurs ?

Pépita : C’est vrai que je me suis posée aussi cette question. La collection Scripto s’adresse aux ados mais là, quand même, certains textes sont assez terribles. J’aurai du mal à les conseiller à de trop jeunes lecteurs. Plutôt à de jeunes adultes. T’en penses quoi Nathan ?

Nathan : Quant au nombre de nouvelles moi ça me va ! Le weekend où je l’ai lu (mon anniversaire), j’étais à moitié malade et dans les vapes, et malgré mes cousins qui étaient là, parfois je me posais dans un fauteuil, sous ma couette … et j’avalais une nouvelle. J’ai trouvé ça vraiment agréable et elles sont passées bien vite, ça me laisse un bon souvenir ! Quant à la dernière … waouh ! Ce sont 10 nouvelles indépendantes qui comme vous l’avez dit conviennent aux histoires racontées, mais une fois la dernière nouvelle lue, elles s’imbriquent toutes dans la même boîte, c’est comme je l’ai déjà dit un coup de maître réussi !
Enfin pour l’âge, eh bien cette collection n’est pas pour les tous jeunes … 13 ans je crois c’est l’âge recommandé ! A l’adolescence, on a besoin, je crois, d’avoir ce choc qu’on retrouve dans les collections Exprim’ de Sarbacane ou chez Le Rouergue. Des sujets durs de la vie, et c’est ce que prône Scripto, et beaucoup d’émotions. On ne va pas cacher aux ados la dure réalité (parfois !) de la vie, même s’ils l’apprennent en cours, chez eux, aux infos … On a besoin aussi parfois de sortir de l’onirique des romans jeunesse pour se prendre une claque. Je me rends compte d’ailleurs en lisant des romans pour le prix Ouest France, que certains sont proches de la réalité, presque plats. Je suis sûr que ceux-là sont de qualité littéraire indéniable, mais certains me laissent un peu sur ma faim. Pourquoi ? Par manque d’émotion.

Merci  à tous pour ce moment de rigolade et d’échange.

Je vous joins une vidéo de l’auteur qui s’exprime au sujet de son recueil et je le remercie pour sa dédicace lors du Salon du Livre de Paris.

Retrouvez les chroniques de Céline, de Pépita, de Bouma.

Lecture commune : Encore heureux qu’il ait fait beau

Envie de soleil ? d’évasion ? d’aventure ? La croisière « A l’ombre du grand arbre » vous tend les bras !  Embarquement immédiat à bord de notre lecture commune.  Le thème de ce périple : « Encore heureux qu’il ait fait beau » de Florence Thinard, livre échangé dans le cadre de notre swap et sélection du prix des Incorruptibles 2013/2014 ( 25ème édition ).  A bord, pour vous servir, notre équipage de choc :

Pépita – Méli-mélo de livres, Za – Le cabas de Za, Alice – A lire Aux Pays des Merveilles…, Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse…

Céline : Puisque tout le monde est à bord : les bibs, la prof… les LECTEURS, on peut embarquer ! Un petit résumé pour se jeter à l’eau ?

Alice : Par un soir orageux, la bibliothèque Jacques Prévert s’enfonce dans les flots avec à son bord le directeur, une bibliothécaire, la femme de ménage, un prof de techno et la sixième F. Pas de panique ! Si tout le monde pense à l’arrivée rapide des secours, il faut organiser la vie quotidienne : les repas, l’électricité, les couchages, … mais la croisière dure, et une quinzaine de jours plus tard, la bibliothèque navigue toujours. Débrouillardise, émotions, courage, imprévus … que d’aventures pour nos Robinsons en herbe !

Za : Quelque part entre Robinson Crusoé et l’arche de Noé, voici un huis clos tout à fait improbable, parce que, pour certains, être coincés « à bord » d’une bibliothèque, c’est l’enfer !

Pépita : Une visite de la classe de 6ème F à la bibliothèque Jacques Prévert avec le prof de techno, rien de bien extraordinaire. C’est même plutôt l’avis du petit caïd de cette classe qui s’ennuie ferme. Mis à la porte par la belle bibliothécaire, c’est un raz-de-marée qu’il provoque ! La bibliothèque part à vau-l’eau…  Passée la stupeur, la vie s’organise à bord et chacun se dévoile sous un autre jour…  L’école buissonnière de cette façon-là se révèle bien plus enrichissante.

CélineDeux questions surgissent à la suite de vos réponses.
La première : L’élément modificateur comme celui de résolution de cette histoire semble être le rapport difficile qu’entretient l’un des protagonistes avec la lecture. Mais celui-ci ne peut expliquer à lui seul le fait qu’une bibliothèque prenne ainsi le large. Le fait qu’on n’ait à aucun moment une explication à ce sujet vous a-t-il gênées ?
La seconde : En parlant d’école buissonnière, cette vision d’une pédagogie participative en prise directe avec ce qu’ils vivent à bord est un aspect qui m’a particulièrement parlée. Est-ce un ingrédient qui vous a plu également ? Quels sont les autres ?

Za : La bibliothèque largue les amarres et c’est tout. C’est en effet un élément de l’ordre de l’absurde, mais qui ne m’a pas gênée une seconde. Souvenez-vous de la Prophétie des grenouilles… Comment imaginer sinon qu’ils soient enfermés dans le bâtiment ? Les autres solutions seraient plus prosaïques, et donc infiniment moins poétiques. C’est justement ce qui m’a attirée, qui m’a donnée envie de lire ce roman.
La vie s’organise « à bord » entre des individus qui se retrouvent à égalité, chacun apportant un savoir-faire, un savoir-être. Cet aspect m’a intéressée, l’abolition progressive des rôles, le dépassement des idées reçues.

Pépita : Je rejoins l’avis de Za. Qu’il n’y ait aucune explication à ce périple (ni au début, ni à la fin) ne m’a pas du tout gênée. D’ailleurs, les protagonistes de l’histoire ne s’en préoccupent pas plus que ça non plus. Le fait de s’affranchir de cette question fait que le lecteur part complètement à l’aventure lui aussi. C’est de l’ordre du symbolique toute cette histoire. Et la part belle est rendue à l’humain du coup : chacun est important, chacun peut apporter sa pierre, à son rythme, selon ses capacités, sans jugement aucun. Chacun peut être soi-même. J’ai beaucoup aimé aussi la part d’émerveillement devant la nature qui s’offre à la vue des enfants, le goût des plaisirs simples (comme manger le fruit de sa pêche, nager dans l’eau avec les dauphins) et le nécessaire respect dû à ce que la nature nous donne (comme l’eau par exemple). C’est une histoire à la fois pleine de sensibilité et de solidarité entre des enfants et des adultes qui portent un nouveau regard sur les uns et les autres.

Alice : D’entrée de jeu, on plonge dans cette aventure improbable sans se poser la question du comment, ni du pourquoi. C’est là toute la part de poésie, de rêve et d’imaginaire de l’histoire. Cela ne gêne en rien la lecture et finalement c’est ce qui apporte l’originalité et la fraîcheur au texte, qui devient alors une véritable aventure.
Adulte comme enfant, il n’y a plus de frontière, tous réunis autour d’un seul objectif : attendre les secours, s’adapter et survivre à cette traversée avec les moyens du bord.

Céline C’est vrai, ce récit nous embarque sans qu’on ait besoin à tout prix de connaitre le pourquoi du comment. On est bien trop occupés à suivre nos robinsons en herbe dans leur lutte quotidienne pour survivre ! Pourtant, qu’il s’agisse d’une bibliothèque n’est pas anodin. Quelle est l’importance de la lecture et des livres dans ce récit ? Quel(s) message(s) l’auteure a-t-elle voulu transmettre?

Za : Qu’il faut être coincé dans une bibliothèque sans pouvoir en sortir pour enfin se mettre à lire ? Je n’ose le croire…

Pépita : Dans cette histoire, la bibliothèque est désacralisée : elle n’est plus l’institution, ainsi que le personnel (la bibliothécaire et le directeur), qui représente le savoir et l’obligation à lire les livres qu’elle contient. Au contraire, les livres leur donnent du courage, leur montrent qu’ils ne sont pas si éloignés du réel. Les récits lus ancrent les enfants dans une transmission qui les dépasse mais les rassure aussi. Ils les nourrissent et les maintiennent en vie, au même titre que le poisson pêché ou l’eau de pluie recueillie. Ces livres leur permettent aussi de supporter leur situation, leur procurent du rêve et une évasion dans l’imaginaire. En gros, ce que la lecture apporte à tout un chacun qui y trouve du plaisir. Et aussi, qu’on peut lire n’importe où, sous les étoiles, dans la nature, au fond de son lit,… et même dans un bateau-bibliothèque…Ce n’est pas l’endroit qui compte, mais la rencontre avec ce livre-là, à ce moment-là et ce qu’il nous dit.

Alice : Le voyage.
Un voyage complémentaire de celui qu’ils sont en train de vivre : le voyage de l’esprit. Grâce aux livres, leur aventure est plus «légère», plus «supportable». C’est la fenêtre par laquelle ils s’échappent alors qu’ils sont dans un huis clos. Et en même temps, les histoires lues se rapprochent terriblement de leur traversée et les rassurent.

Céline : En parlant de livres, ce titre fait partie de la sélection du prix des Incorruptibles.  Quelles sont selon vous les raisons qui expliquent cette sélection?  

Pépita : Je pense qu’il a été choisi pour les messages que cette histoire véhicule : solidarité, respect des autres et de la nature, dépassement de soi, humilité,…  mais aussi parce que les enfants peuvent aisément s’identifier à ceux de l’histoire. La couverture est très belle aussi et ça, pour les enfants, c’est un sacré critère ! Le niveau de lecture est très accessible aussi. Et évidemment, il parle de la lecture, donc dans un prix qui défend cette idée, il a toute sa place ! Je le verrais bien en adaptation théâtrale.

Alice : Une idée de départ originale, complètement surréaliste et poétique.
Une écriture moderne et vive qui sait tenir en haleine.
Un vrai roman d’aventures avec moults rebondissements et situations cocasses.
Un beau plaidoyer pour la lecture.
Des personnages attachants.
Des beaux sentiments.
Florence Thinard n’a rien oublié pour séduire son lectorat, et ça marche !

Céline : Et toi Za, qu’est-ce qui t’a plu dans ce titre ?

Za : J’ai aimé l’absurde du départ, l’idée de cette bibliothèque pleine de ses livres qui rompt les amarres comme si elle était douée d’une volonté propre, comme si elle voulait qu’on la considère et que ces jeunes gens la vivent autrement. Le huis clos est un procédé souvent utilisé pour mettre les personnages en relief et ici, il est très bien mené. L’écriture est fluide, se lit avec plaisir. Et puis, je l’avoue, j’ai tendu le bras vers ce roman d’abord à cause de son titre, qui reprend une chanson des Frères Jacques que j’adore, La Marie-Josèphe.

Céline : Comme dans La Marie-Josèphe, nos héros sont un peu des marins d’eau douce. Heureusement, grâce aux talents de chacun, ils vont devenir de vrais loups de mer. Ils vont également puiser certaines de leurs idées dans les livres. A leur place, quels livres auriez-vous aimé découvrir dans les rayonnages de la bibliothèque ?

Alice : Peut être me serais-je mis plus sérieusement à la BD ?  Peut-être aurais-je flâné du côté des guides de voyage pour rêver à la destination finale ?  Sans aucun doute, j’aurais retrouvé un de ces livres doudous, un de ceux qui ne quittent jamais mes étagères, qui sont cornés à force de lecture et relecture et dont la proximité m’aurait sûrement rassurée.

Pépita : Difficile à dire ! Pas forcément des livres sur la mer, le voyage, etc,…  car j’aurais eu ma dose là ! Mais des contes et des histoires qui changent les idées, c’est sûr !

Za : Je ne sais pas trop… Peut-être aurais-je profité de l’occasion pour me déconnecter de la nouveauté et prendre une bonne dose de ces classiques que je délaisse trop depuis quelques temps.

Céline : Za disait un peu plus haut que, pour certains, être coincés « à bord » d’une bibliothèque, c’est l’enfer ! Elle doutait même qu’il soit aussi facile de passer du statut de « La lecture, c’est un truc de gonzesses » à celui de lecteur de romans comme « Moby Dick »…
Pour conclure, imaginons d’autres jeunes lecteurs coincés à leur tour dans une bib voyageuse… Pourraient-ils aller spontanément vers ce titre de Florence Thinard? Quels éléments pourraient les attirer, voire les rebuter ? Ce titre pourrait-il donner envie aux jeunes de lire, être une porte d’entrée vers d’autres lectures?

Pépita : Je ne suis pas certaine que le titre, référence à une chanson des Frères Jacques, soit une réelle entrée pour la génération d’aujourd’hui (ce n’est pas pour te vieillir Za !). Mais c’est un très beau titre. La couverture peut les attirer. Et s’ils se donnent la peine de commencer à lire, oui, je pense que les jeunes lecteurs peuvent facilement se laisser embarquer par cette histoire, à la condition de ne pas y chercher à tout prix une explication rationnelle. Et dès qu’un adulte s’en fait l’intermédiaire, le livre est embarqué lui aussi. Cette aventure, dont l’écriture est fluide et accessible, peut susciter l’intérêt des jeunes auxquels elle s’adresse, mais aussi celui des enseignants et des médiateurs du livre en général parce qu’elle défend une certaine idée de la lecture, donne une autre image de la bibliothèque, est un bel exemple de liens entre les êtres et qu’elle est résolument optimiste.

Za : Bien d’accord avec Pépita, l’allusion aux Frères Jacques est à mon usage personnel ! Je ne sais pas si, spontanément, des adolescents vont être attirés par un livre sur le livre, mais sans doute plus par une aventure humaine. Il y a un vrai suspense dans ce roman, on a envie de tourner les pages, de savoir comment les personnages vont s’en tirer, comment ils vont pouvoir subsister jusqu’à l’arrivée, s’il y en a une.

Alice : Rien que la couverture, elle donne envie. Les couleurs sont gaies et lumineuses. On dirait un dessin d’enfant. Elle traduit parfaitement l’histoire, on y retrouve les éléments essentiels : la mer, le beau temps, la bibliothèque, le toit de la bibliothèque, les adultes, les enfants, le doigt tendu vers l’aventure…. Bref, au premier regard, l’objet livre séduit et donne envie. Et la première impression visuelle, ça marche toujours !
Le titre aussi fonctionne bien : que des mots positifs dans une tournure qui s’adresse directement au jeune lecteur.
Sans ouvrir le livre, il a déjà tous les atouts pour séduire !
Je ne sais pas s’il amènera le lecteur vers Sinbad le Marin ou 20 000 lieues sous les mers, mais en tout cas, sa facilité d’accès pourrait rassurer les moins lecteurs de notre lectorat.

Céline : Nous arrivons tout doucement au terme de notre voyage…  Eh !  Oui !  Même les bonnes choses ont une fin !  Merci à vous trois pour cette traversée au beau fixe !  Un passage ou une phrase à partager avant de retrouver la terre ferme ?

Pépita : Je n’ai plus le livre…  prêté. Il voyage bien ! Donc, ce sera mon dernier mot Céline.

Za : Comme Pépita, mon exemplaire a rejoint son rayonnage à la médiathèque…
Ce sera aussi mon dernier mot !

Alice : Hissez les voiles, moussaillons ! Et…. bonne lecture !

Nos bouteilles à la mer…  sur ce titre …