Lecture commune de l’album « Caché »

Il y a quelques mois, un OLNI est arrivé dans les livres pour les tout-petits : le premier roman des bébés « Caché ». Écrit par Corinne Dreyfuss et publié chez Thierry Magnier, c’est un album sans image qui nous a fortement intrigué À l’ombre du grand arbre !

Nous en avons donc discuté ensemble et voilà ce qu’on en dit…

Corinne Dreyfuss - Caché !.

 

Sophie : Les albums pour les tout-petits, on connait bien sous notre arbre, mais celui-ci avait une petite particularité ! Sur sa couverture, un bandeau annonce « Le 1er roman des bébés », vous vous attendiez à quoi avant de l’ouvrir ?

Pépita : À un roman ! Donc des chapitres, une histoire et des mots. L’idée de ce bandeau est d’ailleurs géniale. Ça intrigue ce mélange de livre pour adultes notifié par ce bandeau et un cartonné épais à la couleur pêchue. Et franchement, on n’est pas déçu !

Alice : Ah ben moi, je n’avais pas le bandeau… Donc, au visuel, j’ai été un peu décontenancée. Je savais que c’était « Le 1er roman des bébés » et pourtant je voyais là, un album cartonné petite enfance.

Bouma : J’ai été dans la même position qu’Alice. Sans le bandeau, pas d’indication autre part de cette spécificité, je l’ai donc ouvert comme n’importe quel album cartonné à destination des tout-petits.

Colette : Au départ je n’ai pas craqué pour la première de couverture essentiellement basée sur le graphisme des lettres du titre qui apparaissent et disparaissent au milieu des zzzz en ribambelles, mais je connaissais, grâce à vous mes copinautes, l’auteure et je savais à quel point ses livres permettent d’heureux moments de lecture avec des tout-petits. J’avais eu l’occasion de partager notamment un joyeux moment de lecture de Pomme pomme pomme lors d’une session de l’excellente lectrice des Petites Pousses ! Ce qui m’a le plus intrigué comme vous ce fut le bandeau qui accompagnait le livre en indiquant « premier roman pour bébés ».

Sophie : Alors qu’elle a été votre réaction en ouvrant le livre et en ne découvrant pas le début de l’histoire comme d’habitude, mais une préface ? Chose que personnellement je n’avais jamais vu dans un album cartonné pour les tout-petits.

Bouma : Étonnée, forcément. Et puis… je le dis ou pas… J’ai sauté la préface. Je ne lis jamais les préfaces. Je n’ai pas envie qu’on m’explique quelque chose avant d’avoir essayé moi-même de la comprendre.

Pépita : Je l’ai lue de suite… Patrick Ben Soussan ! Je ne peux pas dire que j’ai appris quelque chose au sens où je suis déjà profondément convaincue de ce qu’il y dit mais j’ai bien aimé sa façon de le dire : c’est juste, poétique et frais ! Et puis je savais que ce livre allait me plaire, beaucoup, beaucoup, beaucoup, alors cette préface c’est une mise en bouche qui m’a permis à la fois de me mettre dans le bain de ma lecture et d’en retarder le moment. Oui, tu as raison de le souligner Sophie que ce n’est pas commun une préface dans un cartonné pour tout-petits ! Mais tout n’est pas commun dans ce livre. Il a des allures de grand : bandeau, préface, typographies diverses, chapitres, pas d’images. une bien belle cohérence avec le concept affiché !

Alice : Une préface intéressante, mais qui me pose question. Elle ne nous apprend rien, à nous professionnelles convaincues, du rôle du livre dans le développement de l’enfant.
Mais justement, sera-t-elle lue et comprise ? Ne fera-t-elle pas peur à des parents « éloignés  » de cette approche ?
Je me pose alors la question : ce livre ne devient -il pas élitiste ?

Pépita : Oui je vois l’idée et tu as raison de la poser. En même temps je trouve que cette préface est adaptée justement aux parents : elle pose les bienfaits de la lecture au tout tout petit tout en esquissant ce qu’ils vont trouver dans ce livre. Car sinon je me dis qu’en le feuilletant, ils ne le liraient même pas ! Pas d’images, un I, II et III, des onomatopées, une typographie en zigzags, mais c’est quoi ce truc ? Au contraire, il s’adresse d’abord aux parents pour leur donner envie de lire ce livre. Je l’ai vu comme ça pour ma part. Et puis osons espérer qu’un roman ne leur soit pas inconnu ! Je trouve ça fort comme concept.

image

Sophie : Je comprends ce que tu veux dire Alice. Mais comme Pépita, je l’ai trouvé bien écrite et j’ai aimé que ça aborde des choses simples de la lecture. En fait si je devais lui faire un reproche, c’est peut-être qu’elle est un peu longue ce qui peut rebuter un peu.

Bouma : La longueur de cette préface dans un livre pour les tout-petits peut en effet avoir quelque chose de repoussant pour certains parents. C’est une forme de médiation écrite, qui peut peut-être être complétée par une orale de la part des professionnels du livre puisque comme vous le dites nous sommes déjà convaincue des bienfaits de la lecture dès le plus jeune âge.

Colette : Je trouve la préface de Patrick Ben Soussan importante pour comprendre le concept du livre de Corinne Dreyfus, parce qu’il faut bien le dire, on est du côté de l’expérimental avec ce livre là ! Comme vous, je ne pense pas qu’un parent non averti aille vers Caché sans savoir ce qui s’y joue. Ce qu’il dit du regard du tout petit, de son attention porté aux signes sur la page, au visage et à la voix de ses parents quand ils lisent, est vraiment clair sans être jargonnant. Grâce à cette préface le parent est invité à lire, encore et encore, et de TOUT à son petit (même Le petit livre Rouge et le Dalloz !) et cette parole on ne l’entend pas souvent en tant que parent. C’est une belle invitation que cette préface, une invitation à lire Caché mais surtout à lire tout court avec son bébé.

Sophie : Il est maintenant temps de passer à la lecture du livre à proprement parler. Quelles ont été vos réactions en découvrant l’histoire, le fond comme la forme ?

image

Pépita : Une bien belle narration découpée en 3 chapitres avec la porte qu’on ouvre et ferme pour marquer le passage entre le dedans et le dehors, une typographie qui suit ce qui est dit dans le texte, c’est un régal à lire à haute voix, un album qui induit du jeu dans le jeu. Perso, je suis totalement fan. Une façon de renouveler ce jeu du coucou-caché si apprécié des petits, qui symbolise à merveille la séparation et les retrouvailles.

Colette : Si on ne fait que survoler le livre on passe complètement à côté de son inventivité – ce qui a failli être mon cas si vous n’aviez pas lancé une lecture commune sur ce livre hors du commun – des mots qui partent dans tous les sens, du noir et blanc, aucune image, voilà bien un livre pour tout-petit très étrange. Comment vont-ils s’y retrouver nos bébés lecteurs ? Et bien ils vont s’y retrouver parce qu’ils vont y être accompagnés. Ce livre recèle des pouvoirs magiques, il nous invite à proclamer à haute voix de drôles de formulettes. Car une chose est sûre ce livre là est fait pour être joué, comme une pièce de théâtre en quelque sorte, plus qu’un roman d’ailleurs.

Bouma : J’ai été happée par la forme, peut-être un peu au détriment du fond puisqu’il m’a fallu une seconde lecture pour apprivoiser le sens de ce « coucou-caché-je suis là ». On est sur une situation très commune chez le tout-petit qui adore cette forme de jeu, le contexte de ce roman est donc partie prenante de son intérêt. Du côté forme, la typographie permet à tout adulte, même non initié, de mettre facilement les intonations. C’est très intuitif.
Et petit plus, il y a vraiment toute la forme du roman : en plus du découpage en chapitre, on retrouve dans l’en-tête de chaque page la pagination et un rappel du titre du chapitre.

image

Alice : La première page surprend et ce n’est qu’à partir de l’interrogation de la deuxième page que l’on comprend le mécanisme de ce roman. De suite, notre cerveau entre en action et on a envie de le lire à voix haute. La typographie y est pour beaucoup et les intonations sont faciles à mettre en place. Arrive le deuxième chapitre et l’on comprend alors le jeu de l’auteur et tout est si complémentaire que les images viennent à nous sans qu’il y ai besoin d’illustrations. le livre pend vie sous nos yeux et dans notre tête : ce procédé est très fort !
Si la forme est indiscutable, le fonds l’est tout autant. On sait bien que ce jeu de coucou-caché fonctionnera parfaitement bien auprès des tout-petits. Bref, rien à redire sur cet album-roman innovant et tellement bien maitrisé !

Sophie : Vous êtes toutes assez conquises par ce livre mais l’avez-vous testé avec des enfants ? Pour quel âge le conseilleriez-vous ?

Bouma : Testé deux fois cette semaine avec des petites sections et leurs accompagnants et je dois dire que j’ai été assez bluffée par son impact.
Les enfants avaient du mal à se centrer autour des livres et des histoires lues jusqu’à ce que je leur sorte. Dès les premiers mots, ils se sont tus et on regardé le livre avec curiosité. J’ai senti que les adultes étaient également intrigués par le principe du livre. Et quand je leur ai demandé qu’elle était la différence avec les autres livres (c’était une animation autour des livres extraordinaires que l’on trouve à la bibliothèque), ils m’ont répondu qu’il n’y en avait pas. De même, ils pensaient tous qu’il y avait des images… La typographie leur apparait donc telle qu’elle est : une représentation graphique du texte.

Sophie : Oui l’effet est chouette ! Je l’ai lu hier et aujourd’hui avec des maternelles, ça les captive. Et on dirait qu’il voit le personnage jouer à cache-cache, c’est marrant, le fait que ce ne soit pas représenter ne les perturbe pas du tout.

Colette : Je pense que ce livre se savoure dès la naissance grâce à ses beaux contrastes en noir et blanc, ses lettres de toutes les tailles, ses signes qui captent le regard. Et je pense qu’il sera pleinement apprécié par les enfants de 3-4 ans qui en saisiront toute la dimension ludique qui fait écho à ce jeu adoré du cache-cache, avec son inquiétant compte à rebours, sa mystérieuse attente, ses étranges déambulations. Et même plus grand, l’enfant pourra apprécier l’ingéniosité de l’auteure qui se joue de nous dans cette mise en abyme finale qui referme la quête sur son lecteur.

 

Si vous voulez en lire encore plus sur cet album, voilà nos avis : Pépita, Bouma et Sophie.

Et vous l’aurez compris, on vous invite très fortement à lire cet album et à le partager avec les enfants… et les adultes !

Lecture commune : Je m’appelle livre et je vais vous raconter mon histoire

Qui mieux que le Livre lui-même pourrait nous raconter son histoire ? C’est à ce jeu que s’est amusé John Agard dans ce documentaire où le Livre est le narrateur. Des premières écritures au numérique, Alice et moi avons aimé plonger dans cette lecture. On vous en dit plus aujourd’hui…

http://adp-pedago.com/wp-content/uploads/2016/11/Je-mappelle-livre-Copie.jpg

« Je m’appelle livre et je vais vous raconter mon histoire » John Agard Éditions Nathan, 2015

Sophie : Que t’attendais-tu à trouver dans ce livre au titre énigmatique ?

Alice : Et bien pas si énigmatique que ça le titre !
Au contraire je le trouve suffisamment clair et précis pour ne laisser aucun doute sur le contenu du roman : en tournant les pages on va tout savoir sur la naissance et la vie d’un livre. La couverture, avec ces arbres, complète cette déduction : le papier fabriquant les livres venant des fibres de bois.
Enfin, tout ça c’est mon point de vue, peut-être que tu n’as pas accueilli ce livre de la même façon ?
Par contre, ce qui est surprenant, c’est le point de vue et la forme choisis par l’auteur qui offre une perspective très dynamique…. Tu ne penses pas ?

Sophie : En effet, j’étais plus intriguée que ça à l’ouverture de ce livre que je range finalement plutôt du côté des documentaires (alors que tu parles de roman). Je pense que c’est un savant mélange entre les deux en fait et cela vient en effet du point de vue qu’a choisi l’auteur. Et oui ici, c’est le livre qui nous raconte sa propre histoire de son origine qu’est la Voix jusqu’à aujourd’hui avec son frère le e-book.
Et toi, ça t’a plu de découvrir l’histoire du livre racontée par lui-même ?

Alice : Oh oui, je parle de roman, car il est au format roman avec des chapitres et tout et tout…
Mais c’est vrai que c’est à la fois une fiction (on n’a jamais vu un livre écrire son autobiographie, hein !) mais aussi un véritable documentaire puisqu’il apporte une grande richesse d’informations authentiques.
Un point de vue intéressant et pas du tout plombant !
Le style est rythmé, enjoué et on ne s’ennuie pas du tout ! Ce livre qui nous parle en toute sincérité nous fait comprendre son Histoire en toute simplicité en commençant de l’origine du papier jusqu’à l’e-book, comme tu le dis !
Un moment de lecture très plaisant pour toi aussi ?

Sophie : Oui c’était très agréable de découvrir l’histoire du livre de cette façon. Et ça apporte même une certaine émotion par moment.

Alice : En tant que bibliothécaire, j’aimerai bien savoir comment tu a trouvé les dernières pages du livres sur notre rôle, l’arrivée du livre numérique ?

Sophie : C’est une partie sur laquelle j’ai un avis partagé. D’un côté, j’ai trouvé ça très bien qu’on parle des nouvelles technologies, des DVD et des ordinateurs qui côtoient les livres dans les bibliothèques, de l’évolution des bibliothèques et des bibliothécaires donc. Par contre, j’ai trouvé un peu dommage qu’on sente le Livre de cette histoire encore très en opposition avec tout ça même s’il leur reconnaît quelques avantages. Il aurait très bien pu les voir comme des amis, des alliés qui comme lui étaient passeurs d’imaginaire et de culture. En même temps, c’est lui qui raconte sa propre histoire, alors peut-être est-il simplement inquiet de voir d’autres objets marcher sur ses plates-bandes.
Et toi, qu’as-tu pensé de tout ça ?

Alice : Oohhh, j’ai vraiment vu ça d’un regard très optimiste ! D’une cohabitation possible et complémentaire, donc j’ai trouvé que c’était un bel hommage aux bibliothèques et… aux bibliothécaires ! À l’évolution, du métier, des attentes, des pratiques, des publics… sans qu’il y ait de résignation.

Sophie : Le livre est parsemé de citations autour du livre et de la lecture. Y en a t-il une qui t’a particulièrement plu ?

Alice : Devine ? Une Reine rouge qui parle du décodage de l’alphabet à une certaine Alice par exemple… ?
Non je ne sais pas. Aucune particulièrement je pense. Mais dans tous les cas ces citations arrivent toutes au bon moment et illustrent parfaitement l’information qui vient de nous être donnée. C’est vraiment enrichissant, tout comme ces illustrations, dessins, schémas… qui ponctuent aussi le livre, sans jamais entrecouper la lecture, et qui complètent cette OVNI littéraire à la fois fiction et documentaire.
Je te retourne la question : peut-être que tu as une citation à partager ?

Sophie : Il est difficile d’en choisir une alors je laisse la phrase de la fin au hasard :
« Il y a [à Paris] des librairies exquises, plus aromatiques que des échoppes d’épices… ». Tout est dit là !

Prix A l’Ombre du Grand Arbre : Brindilles et Petites feuilles

Le prix À l’ombre du grand arbre poursuit le chemin de sa quatrième édition avec deux nouvelles catégories : Brindilles pour les albums de la petite enfance et Petites feuilles pour les albums des plus grands.

http://alombredugrandarbre.com/wp-content/uploads/2015/06/Logoprix-300x300.jpg

Vous êtes mis à contribution pour voter pour votre préféré dans chaque catégorie à partir de nos sélections, après votes en interne sur des livres proposés par nous toutes.

Fin avril, un article récapitulatif vous permettra d’avoir une vision d’ensemble et de vous rattraper au cas où…Vous avez jusqu’au 7 mai pour vous prononcer.

Annonce des lauréats le 9 mai pour les 6 ans du blog !

********************

~Catégorie Brindilles~

Jean Gourounas - Les ogres.

Corinne Dreyfuss - Caché !.

Amandine Laprun - Arbre.

Jean Leroy et Sylvain Diez - Pas beau, coco !.

Shinsuke Yoshitake - Oh, hé, ma tête !.

Sorry, there are no polls available at the moment.

~Catégorie Petites feuilles~

Sara O'Leary et Julie Morstad - Quand j'étais petite....

Stéphane Servant et Rébecca Dautremer - Cavale.

Sibylle Delacroix - Graines de sable.

Henri Meunier et Régis Lejonc - Coeur de bois.

Delphine Perret - Björn et le vaste monde.

Sorry, there are no polls available at the moment.

À vos lectures et… à vos votes !

Prochain rendez-vous le lundi 26 mars pour la sélection Branches dessinées (BD) et Sous-bois (Objets Livresques Non Identifiés).

Lecture commune : « La leçon » de Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo

Un loup et une maison sur la couverture, un homme armé d’un fusil dès les premières pages, un titre assez vague La leçon et une collection au nom très ouvert La question. Et pour tout ça un auteur Michaël Escoffier et une illustratrice Kris Di Giacomo pour un duo plutôt coutumier des livres humoristiques. Mais attention, là on change de style pour passer à une histoire plus sombre et philosophique…

Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo - La leçon.

Commençons avec l’auteur et l’illustratrice de cet album. Connaissiez-vous déjà Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo et en particulier les albums qu’ils ont déjà réalisé ensemble ? Qu’en pensiez-vous ?

Pépita : Oui je les connais et c’est toujours un duo de choc qui se complète à merveille.

Aurélie : Oui je les adore. J’ai pu travailler avec Kris di Giacomo il y a plusieurs années avec des classes. Des livres aux chutes incroyables.

Colette : Et bien non, à part La tarte aux fées que nous avons découvert dans un « casier surprise », nous ne connaissions pas ce duo.

Penchons-nous maintenant sur la couverture. À quoi vous attendiez-vous avec cet album au titre énigmatique accompagné d’une silhouette de loup inquiétante ?

Aurélie : J’ai pensé à une histoire de bête un peu mystique, un peu à la manière de la bête du Gévaudan. J’aurais bien vu un conte reprenant cette histoire du XVIIIe avec des illustrations moins vieillottes.

Colette : Je m’attendais à une histoire de cauchemar car cette longue et immense ombre de loup qui encercle cette petite maison orange évoquait pour moi plutôt un danger irréel, fantasmé qui planerait, tel un fantôme, plutôt qu’une menace concrète.

Pépita : À une histoire de loup, d’inquiétude aussi, de mort même. À quelque chose amenant une réflexion aussi.

Effectivement, l’idée est de nous faire réfléchir. En lisant l’histoire, vous avez réfléchi sur quoi vous ?

Aurélie : L’histoire m’a fait réfléchir sur le fait qu’il y a toujours deux versions d’une même scène. Nous sommes focalisés sur notre vision des choses pensant être la bonne sans se mettre à la place de l’autre. Nous sommes souvent égocentriques en oubliant que l’autre agit parfois par nécessité et pas par pur envie de nous faire du mal.

Pépita : En lisant, j’avais toujours en tête le titre : La leçon. Et je m’attendais à la voir surgir d’un moment à l’autre. Et ce n’est pas tout à fait celle que j’attendais. Elle a dépassé mon intuition première, est allée beaucoup plus loin dans la complexité. Et je rejoins Aurélie sur les deux versions d’une même scène. Cela est renforcé par les illustrations et par les mots dits avec précision et justesse.

Colette : Comme une fable, cet album nous annonce d’entrée de jeu que nous allons recevoir une « leçon ». Pour l’enseignante que je suis la « leçon » est quelque chose d’éminemment sacrée. Dans une leçon on souhaite transmettre quelque chose, une vérité, une connaissance qui permettra à notre interlocuteur de progresser, d’avancer, de mieux connaître un aspect du monde. Et c’est effectivement ce qui se passe ici. Il y a les êtres et les préjugés qui les entourent, des préjugés véhiculés par l’expérience au départ, peut-être, puis bien souvent seulement par le bouche à oreille. Si on dit que la bête est dangereuse, c’est qu’elle doit être dangereuse, même si finalement on n’y a jamais été confronté… Et puis vient le jour de la rencontre véritable. Et dans la rencontre véritable apparaît la vérité. L’homme en fait l’expérience et sa réalité en est toute bouleversée. Il progresse. Je trouve cette « leçon » formidable, d’un optimisme incroyable malgré la noirceur des illustrations. Je m’accroche à cette petite lumière à la fenêtre sur la dernière page qui n’y était pas au début. La bête a gagné sur l’obscurantisme et c’est pour moi l’objectif principal des « leçons ».

Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo - La leçon.

©Librairie Decitre

Comme Colette, j’ai interprété la fin de l’histoire grâce à cette lumière à la fin. Mais tout le monde ne voit pas la même chose, qu’en avez-vous pensé ?

Pépita : On peut voir cette fin de différentes façons en effet. La lumière donne un indice par rapport à la première page qui a la même image. Ce que j’ai aimé c’est la force tranquille de la bête en contraste de l’absolue supériorité de l’homme qui ne croit pas ce qui va lui arriver. J’ai eu aussi le réflexe de me dire : oh non ! pas ça ! pas de violence ! tout ça pour posséder ! C’est une belle leçon en effet qui nous dit que tout peut être remis en cause à tout moment. Le suspense est à son comble à un moment donné, on a presque peur de tourner la page !

©Blog Vivrelivre

Aurélie : La leçon nous montre que nous ne sommes au-dessus du monde mais un maillon comme les autres, nous avons tous besoin les uns les autres. Si un maillon disparaît, l’équilibre est bouleversé. J’ai beaucoup aimé la façon dont les auteurs amènent la prise de conscience du lecteur. Elle est bouleversante mais progressive. Et la sagesse de la bête qui s’oppose tout à fait au nom qu’on lui donne. Ça me fait beaucoup penser à Yakouba de Dedieu.

J’aimerais revenir sur ce que dit Pépita au sujet de la violence. Elle est très présente dans cet album, déjà dans l’ambiance sombre et pesante, mais aussi très clairement avec le fusil, le sang, les pièges, le tir laissé en suspend… Qu’en avez-vous pensé ?

Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo - La leçon.

©Librairie Decitre

Pépita : C’est une violence à la fois symbolique (dans ce qu’elle suggère) et explicite (dans ce qu’elle représente) : l’effet est double je trouve, à la fois terrible au sens de ce qui va surgir et impensable au sens de ce qui ne peut se réaliser. Le lecteur oscille entre les deux et l’imaginaire fait le reste comme une soupape nécessaire.

Colette : Cette violence subtilement suggérée sert la leçon de manière symbolique. C’est très efficace sans être choquant.

Aurélie : Je partage l’avis de Colette, ils ont fait ça tout en finesse. La violence est là et bouscule juste comme il faut sans que cela choque. Je reviens juste sur le fait que c’est assez inhabituel dans l’univers des deux auteurs.

Je vous propose maintenant de conclure avec LE mot que vous a inspiré cet album.

Pépita : Liberté sera mon mot. Cette leçon interroge cette notion pour moi.

Colette : Altérité serait pour moi le mot-clé.

Aurélie : Respect, arrêtons de nous croire au dessus du lot.

 

Pour en savoir encore plus sur ce qu’on a pensé de cet album, retrouvez les avis de Pépita et Sophie.

Un ours, des ours…

Pendant que les ours hibernent, nous on lit des histoires les concernant et ça ne manque pas !

Le livre qui a inspiré cette sélection, c’est l’album de poèmes Un ours, des ours de François David publié chez Sarbacane. Dans cet album, on retrouve une trentaine de poèmes de François David, chacun mis en image par un illustrateur différent. Francesco Pittau,Gilbert Legrand, Élisa Géhin, Fanny Ducassé, Ilya Green, Julia Wauters… et j’en passe ! Que de beaux noms et de styles différents pour faire honneur aux ours.

Pour en savoir plus sur cette collaboration, nous avons interrogé l’auteur François David et l’éditrice Emmanuelle Beulque sur la création de cet album.

François David - Un ours, des ours.

Pourquoi avoir choisi de faire ce recueil de poèmes illustrés sur cet animal ?

E. B. : Nous partons toujours du texte, que nous valorisons toujours et qui ne doit pas être un pré-texte à la belle image. Mais pour ce collectif, pour une fois, nous avons voulu au contraire privilégier dans un premier temps l’image et ainsi, donner carte blanche aux illustrateurs et artistes, sur un thème et un format communs, mais sans aucune autre directive de ton, de style, ou de représentation.

F. D. : L’ours est un animal légendaire, particulièrement apprécié des enfants. Il était considéré autrefois comme « Le Roi des animaux ». Et il a été si souvent représenté dans des ouvrages, c’est un personnage privilégié de livres pour enfants. C’est une belle idée de lui consacrer un tel ouvrage.

Comment s’est fait le choix des illustrateurs ?

E. B. : Nous avions déjà eu 32 x 3 illustrateurs (96 !) différents pour les trois premiers collectifs. Il s’agissait d’en trouver 32 encore, donc pas tellement des anciens, plutôt des nouveaux talents venus de l’illustration essentiellement, et un peu de la BD aussi.

F. D. : J’ai été particulièrement heureux de travailler sur des illustrations aussi belles. Et j’ai eu grand plaisir à retrouver, parmi les artistes, Henri Galeron que j’apprécie tant et avec qui j’ai eu la chance de faire une dizaine de livres.

Comment s’est fait la collaboration auteur/illustrateurs : d’abord le texte puis l’illustration ou l’inverse ?

E. B. : Pas de textes ni de recueil au départ, donc ! Comme pour les trois autres collectifs déjà publiés sur le même principe (thèmes : l’éléphant, puis le loup et la cabane), il s’agissait de célébrer la diversité des styles, des techniques, la liberté créative de chacun. Ensuite, j’ai demandé à François d’écrire un poème, tout aussi librement, inspiré par chacune des images.

F. D. : Pour donner une unité à ces livres, Emmanuelle et Frédéric m’ont demandé d’écrire le texte de ces quatre ouvrages dont chaque page est illustrée par un(e) artiste différent(e).  En dehors de ces quatre albums, j’ai écrit une quinzaine d’autres ouvrages en partant de l’illustration. J’aime écrire ainsi tout particulièrement. Cela contribue vraiment à déclencher l’inspiration. C’est émouvant aussi de placer ses mots sur des images. En essayant  d’être en harmonie avec la composition de chaque illustratrice et chaque illustrateur, mais en veillant à ne pas être pour autant redondant. L’idéal est qu’il y ait une vraie et fine correspondance entre chaque image, en sa singularité, et le texte.

 

Il ne nous reste plus qu’à vous inviter chaudement à découvrir ce livre de poèmes pour la beauté de ses textes et celle de ses grandes illustrations !

Et maintenant, laissons la place à plein d’autres histoires d’ours…

 

*****

La chasse à l’ours – Michael Rosen et Helen Oxenbury – Kaléidoscope

Michael Rosen et Helen Oxenbury - .Pour frissonner de plaisir en scandant le refrain et les onomatopées de ce merveilleux album.

Retrouvez les avis de Solectrice, Chlop, Pépita et Aurélie.

*****

Ushi – François Roca et Frédéric Bernard – Albin Michel

Frédéric Bernard et François Roca - .

Une belle épopée pour apprivoiser l’Esprit d’un ours polaire.

Retrouvez l’avis de Solectrice.

*****

Le jardin des ours – Fanny Ducassé – Thierry Magnier

Fanny Ducassé - Le jardin des ours.

Un album pour cultiver avec poésie et tendresse les souvenirs de ceux qui nous sont chers…

Retrouvez les avis de Céline du Flacon, Céline du Tiroir, Pépita et Sophie.

*****

« L’ours-lumière » dans le recueil Récits extraordinaires – Jean-François Chabas – L’école des loisirs

Jean-François Chabas - Récits extraordinaires.

Trois aventures où les jeunes héros grandissent : la première découvre que la peur est pire qu’un poison; le second, que l’intelligence ne rime pas nécessairement avec bienveillance ; le troisième qui nous intéresse ici, qu’on ne peut être sage si on n’a pas vécu (même s’il vaut toujours mieux écouter ses parents !)…

Retrouvez les avis de Céline du Flacon et Pépita.

*****

Boucle d’ours – Stéphane Servant et Laetitia Le Saux – Didier jeunesse

Stéphane Servant et Laëtitia Le Saux - Boucle d'ours.

Un INDISPENSABLE ! Un conte détourné qui, avec beaucoup d’humour, met à mal les préjugés sexistes.

Retrouvez les avis de Alice, Sophie et Bouma.

*****

Tout au bord – Agnès de Lestrade et Valerie Docampo – Alice éditions

Valeria Docampo et Agnès de Lestrade - Tout au bord.

Un ours philosophe qui nous transporte vers un peu plus de poésie, de délicatesse, pour un véritable moment de plaisir.

Retrouvez l’avis de Alice.

*****

L’Ours qui jouait du piano – David Litchfield – Belin jeunesse

David Litchfield - L'ours qui jouait du piano.

vec de superbes illustrations et une douceur infinie, découvrez le parcours d’un ours hors du commun dans le monde des hommes.

Retrouvez l’avis de Bouma.

*****

La Soupe des trois ours – Cecil Kim – Âne Baté

Cecil Kim et Mique Moriuchi - La soupe des trois ours.

Un album qui revisite le conte Boucle d’Or dans une version rythmée par le chiffre 3, colorée comme l’automne et malicieuse comme l’héroïne de l’histoire originale même si ici elle ne montre pas le bout de son nez.

Retrouvez l’avis de Bouma.

*****

Les quatre saisons d’un ours – Katharine McEwen – Circonflexe

Katharine McEwen - Les quatres saisons d'un ours.

Un texte simple et chaleureux pour découvrir le cycle de vie d’un ours au fil des saisons.

Retrouvez l’avis de Bouma.

*****

Premier matin – Fleur Oury – Les fourmis rouges

premier_matin_oury_fourmis_rouges.jpg

Pas toujours facile le premier trajet vers l’école. Mais avec de l’attention et de l’empathie, tout se passe bien.

Retrouvez les avis de Chlop et Bouma.

*****

Lièvre et ours sous la neige – Emily Gravett – Kaléidoscope

Emily Gravett - Lièvre et ours sous la neige.

Une belle journée neigeuse, voilà de quoi faire la joie des deux compères. Mais alors que Lièvre semble se régaler, Ours, lui n’a pas l’air ravi ravi.

Retrouvez les avis de Chlop et Bouma.

*****

La pomme rouge – Kazuo Iwamura – L’école des loisirs

Kazuo Iwamura - La pomme rouge.

Une histoire de gourmandise en randonnée dans la quelle une fillette, un ours, un écureuil et un lapin dévalent la colline à la poursuite d’une pomme qui roule, roule devant eux.

Retrouvez les avis de Chlop et Sophie.

*****

Un conte de Petit Ours – Anthony Browne – Kaléidoscope

un_conte_de_petit_ours.gif

Petit Ours, serin, se promène dans l’univers des contes. Armé de son crayon magique et d’une belle imagination, il va à la rencontres des personnages emblématiques des histoires pour enfants.

Retrouvez les avis de Chlop et Bouma.

*****

Bjorn : 6 histoires d’ours – Delphine Perret – Les fourmis rouges

Delphine Perret - Björn - Six histoires d'ours.

Un peu poète, un peu philosophe, Björn vous invite à la sobriété heureuse. Six aventures pleines d’humour et de bon sens dans la vie de Björn et ses copains de la forêt. Un chef d’œuvre, en toute simplicité !

Retrouvez les avis de Céline du Tiroir et Pépita.

Björn et le vaste monde – Delphine Perret – Les fourmis rouges

Delphine Perret - Björn et le vaste monde.

Pour notre plus grand plaisir, revoilà Björn le bienheureux, dans de nouvelles aventures. Cueillir les plaisirs simples de la vie, telle est la philosophie de Björn, à laquelle on souscrit !

Retrouvez les avis de Céline du Tiroir et Pépita.

*****

Mathilde et l’ours – Jan Ormerod et Freya Blackwood – Officina libraria

Jan Ormerod - Mathilde et l'ours.

Voilà un ours sacrément bien léché. Tendre, prévenant, raisonnable. Avec même un petit côté fée du logis. Un ours comme ça, on en voudrait un chez soi, et nous voilà donc un peu jaloux de cette coquine de Mathilde…

Retrouvez l’avis de Céline du Tiroir.

*****

Un ours, of course – Alice Zeniter, Lawrence Williams et Julie Colombet – Actes sud junior

Alice Zeniter et Lawrence Williams - Un ours, of course !. 1 CD audio

Si vous croyez que c’est facile, aussi, d’être un ours, une terreur des forêt… Venez donc écouter ce conte sacrément rigolo sur un ours en quête d’identité et de l’ourse sœur. Un régal délicieusement mis en musique et en dessins.

Retrouvez l’avis de Céline du Tiroir.

*****

Pendant qu’il dort – Iyano Imai – Mijade

Ayano Imai - Pendant qu'il dort....

Un ours avec un chapeau quelque peu envahi par des oiseaux : il pense être heureux quand ils partent enfin mais finalement c’était sympa d’être plusieurs.

Retrouvez l’avis de Céline du Tiroir.

*****

Je veux mon chapeau – Jon Klassen – Milan

Jon Klassen - Je veux mon chapeau.

Une histoire absurde d’un ours qui cherche son objet fétiche.

Retrouvez l’avis de Céline du Tiroir.

*****

Comment ne pas se faire manger par les ours – Michelle Robinson et David Roberts – Scholastic

http://mireillebertrand.com/wp-content/uploads/2016/05/C1_Comment-ne-pas-se-faire-manger-par-les-ours.jpg

Une histoire drôle sous la forme d’un manuel de survie. Nos petits explorateurs ont toujours de bonnes idées pour s’extirper de toutes les situations !

Retrouvez l’avis de Aurélie.

*****

Lili et l’ours – Raymond Briggs – Grasset jeunesse

Raymond Briggs - Lili et l'ours.

Un beau conte d’hiver, où toute la féérie de l’enfance nous transporte avec Lili dans cette étonnante aventure, entre le rêve et la magie… et pourtant si réelle. Un grand album magnifique.

Retrouvez l’avis de Céline du Tiroir.

*****