Le temps : hier, aujourd’hui, demain (1ère partie)

(Première partie)

Le temps est une notion difficile à appréhender pour les plus jeunes. Le temps qui passe, celui qui ne passe pas ; le passé, proche ou lointain, le présent qui à peine exposé, ne l’est déjà plus. Le futur, celui de demain, de quand tu seras grand, l’avenir, dans dix ans. Peut-être même plus, quand je serai vieille et que toi tu auras des enfants… Le temps est bien sûr très présent dans la littérature jeunesse, autour  d’elle aussi. Quand on a envie de prendre le temps de lire, de regarder, de commenter et de raconter par exemple. Nous avons eu envie de vous présenter une petite sélection sur cette notion. Le temps est aussi insaisissable qu’il est infini, aussi indéfinissable qu’il interfère avec d’autres notions, mêlant objectivité et sensations, parfois même émotions. La subjectivité. C’est aussi le prisme choisi pour vous présenter une sélection d’ouvrages pour tous les âges, des pistes de voyage et de compréhension du temps pour les petits et les plus grands, une sélection à notre image, entre narration du quotidien à l’aventure, en passant par de belles histoires ou la grande Histoire. Elle est aussi hétéroclite qu’est l’équipe d’ A l’Ombre du Grand Arbre.  •

Drawoua – Maman Baobab

Dès 1 an

Au revoir ! Bonjour !
de Catherine Leblanc, illustré par Laurent Richard

L’Elan vert, 2012 – *par Bouma*


Le temps qui passe est une notion difficile à appréhender pour les tout-petits. En partant du principe qu’à chaque fois que l’on dit au revoir à une activité (les jeux par exemple), on dit bonjour à une autre (l’arrivée de son papa), Catherine Leblanc explique le déroulement d’une journée type d’un l’enfant. Les illustrations simples et dynamiques permettront aux tout-jeunes lecteurs d’appréhender facilement ce petit format agréable à manipuler.

A partir de 2 ans

Une Année bien remplie de Xavier Deneux

Editions Tourbillon, 2009 – * par Bouma *

Deux arbres se font face. Grâce à leurs jolies frimousses et surtout à leurs branches, les enfants découvrent le temps qui passe. Les saisons se déroulent ; après le froid de l’hiver arrivent les feuilles de l’automne et la chaleur estivale. Douze doubles pages, une pour chaque mois de l’année, presque un calendrier !

Une autre chronique sur ce livre par Maman Baobab

Petit Ours Blanc a un an de Satoshi Iriyama

Editions Tourbillon, 2011 –  * par Bouma *

 

Lorsque naît Petit Ours Blanc, la nuit hivernale est froide. Au fil des saisons, il découvre la nature et le cycle des saisons. Un album plein de délicatesse et de tendresse autour des apprentissages d’un petit ourson durant sa première année. Les douces couleurs et les thèmes reconnaissables des illustrations finiront de séduire les plus sceptiques.

La chronique de Bouma sur son blog, c’est ici

Benny & Teddy : Comme des grands d’Emmanuelle Eckhout

Editions Pastel, 2012 – * par Bouma *

Benny, le lapin, et son ourson Teddy sont grands et le montrent tout au long de la journée. Chaque activité du quotidien (du petit déjeuner au coucher final) est l’occasion d’accéder à une certaine autonomie. Un album pétillant et dynamique qui donnera aux enfants l’envie d’apprendre par eux-mêmes à réaliser les tâches du quotidien.

Pour en savoir plus sur le point de vue de Bouma, c’est ici !

 A partir de 4 ans

La semaine de Souris Chérie, texte de Magdalena Guirao Jullien et Illustrations de Maïté Laboudigue
Editions Kaléïdoscope, 2001 – 13 € – * par Drawoua de Maman Baobab *

Que fait Souris Chérie du lundi au vendredi ? Que fait Souris Chérie le mardi, le mercredi ?  Et si Souris Chérie collectait de beaux habits, et si Souris Chérie se faisait jolie jolie et si Souris Chérie rencontrait un doux chéri ? Voici un très bel album aux douces illustrations et au ton poétique pour égrainer les jours de la semaine et filer filer sans plus attendre jusqu’à dimanche, filer d’impatience avec un cœur gros comme ça, vers le prince souris charmant.

Martine et les quatre saisons de Gilbert Delahaye et Marcel Marlier

collection Farandole, Editions Casterman – 1962 * par
Céline de Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse

Un petit album vintage ? Ca vous dit ? Martine et les quatre saisons est paru en 1962 avec Gilbert Delahaye pour le texte et le grand Marcel Marlier pour les images. Dans ce titre, il est question de calendrier. C’est le cadeau que Martine a reçu de son grand-père pour la nouvelle année (on est bien loin des Iphones et autres gadgets électroniques d’aujourd’hui). L’occasion pour son frère Jean et elle d’en feuilleter toutes les pages et d’énumérer les douze mois de l’année et leurs caractéristiques (toujours pareilles 50 ans après !). Un texte simple mais pas simpliste, des illustrations limpides, juste un peu désuètes peut-être, reprises pour certaines d’autres albums… En bref, un album qui fleure bon les plaisirs simples de la vie, le contact avec la nature et les jeux qui peuplaient nos journées d’enfance. De belles retrouvailles !

Retrouvez un avis plus détaillé sur Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse
et son challenge Vintage ici

 A partir de 5 ans

Le dimanche de Monsieur Pervenche, texte de Jeanne Taboni Misérazzi et illustrations de Mayana Itoïz

Editions Les P’tits Bérets, collection La Tête sur l’Oreiller, 2011 – 12,9 € – * Par Drawoua de Maman Baobab *

Monsieur Pervenche n’aime pas le dimanche. La veille du dimanche d’ailleurs, il fait une nuit blanche. Le dimanche, les rues sont vides, le village est sans vie, il ne se passe rien. Angoissant. Encore plus quand on vit seul… Ce qui est le cas de Monsieur Pervenche qui, va avoir une belle idée. Celui d’écrire des lettres et de semer des mots dans tous le village. Le dimanche va devenir pour tout le village une journée très attendue. Les habitants découvriront-ils celui qui remplit secrètement leurs boites aux lettres ? Voici une tendre histoire aux illustrations d’une grande douceur pour donner une autre vision du dimanche que Monsieur Pervenche, pour sûr, n’est peut-être pas le seul à ne pas aimer. Et si cela changeait ?

Retrouvez un avis plus détaillé sur Maman Baobab

 Jean-Michel le caribou des bois de Magali Le Huche

Editions Acte Sud Junior – mars 2009 – * par Maman Baobab*

Excellent ! C’est le premier qualificatif qui me vient au sujet de ce grand livre. Un livre jeu, un livre-circuit dans lequel le jeune lecteur revêt le costume de super-héros, celui de Jean-Michel le caribou. Tous les doudous ont disparu. Une vraie catastrophe pour les habitants de Vlalbonvent. Les responsables ? les Koumpfs, bien sûr ! Heureusement que Jean-Michel est là pour leur courir après. Mëme si en raquettes, il faut bien le dire ce n’est pas si pratique. Il ne lui faudra pas plus d’une journée pour les retrouver. Une vraie course contre la montre basée d’ailleurs sur le rythme d’une journée classique : lever, matinée, pause-déjeuner, sieste, goûter, bain, dîner, l’aventure continuera même jusqu’à minuit ! Sur chaque double page un parcours, de l’humour et une petite pendule qui indique l’heure. Facile de se repérer et de vaincre les méchants avec le super héros super gagnant et pourquoi pas d’apprendre à déchiffrer les pendules et à percer le secret des aiguilles. Pas celles qui sont dans les bottes de foin, celles qui sont sur les pendules. A mettre à l’heure bien entendu !

Retrouvez l’auteure interviewée sur La Mare aux Mots

Le livre orange de l’automne et Le livre rouge de l’hiver de Sophie Coucharrière  et Hervé Le Goff
Editions Flammarion Père Castor – * par Drawoua de Maman Baobab *

 C’est à l’attention des maternelles que s’adresse cette collection de documentaires très bien conçue.  Un album par saison – les deux prochains sur le printemps et sur l’été sont à paraître – qui répond aux questions, expliquent les modifications et les spécificités liées aux saisons avec des termes techniques, des définitions et des schémas, quelques ateliers qui proposent une expérience et une recette de cuisine, mais surtout au fil d’une histoire. Les couvertures de cette collection sont remarquables, couleurs vives, tout cartonné avec l’empreinte d’un arbre dont les changements sont caractéristiques de la saison présentée. Très belle collection qui allie le ludique à l’éducatif dans des albums incontournables.
J’avais chroniqué Le livre orange de l’automne, l’automne dernier Là 

A partir de 6 ans
Tout sur l’automne – Album documentaire de Clémentine Sourdais et Charline Picard

Éditions du Seuil jeunesse – 2011 – * par Sophie Hérisson *

Tout sur l’Automne est un album documentaire issu d’une série sur les saisons. C’est la diversité de la présentation qui est particulièrement intéressante car on va trouver à la fois des bandes-dessinées informatives avec l’expert Loupiote, des pages qui proposent des scènes de vie, des planches pédagogiques (imagiers naturalistes), et de la poésie. Orienté autour de trois axes, la nature, les animaux et le quotidien, il offre de nombreuses informations intéressantes, traitées avec un sérieux scientifique mais aussi de l’humour grâce à l’expert Loupiote. Ce personnage un peu exaspérant permet d’avoir un fil conducteur tout au long du livre. Un livre pour enfants que les parents prendront aussi plaisir à feuilleter. C’est en plus un très beau livre !

Vous pouvez visualiser un extrait sur le site de l’illustratrice –  ici  – et un que j’aime particulièrement !

Bouma a également chroniqué ce livre Ici

A partir de  8 ans

La collection La Cabane Magique de Mary Pope Osborne

41 titres édités chez Bayard * par Kik *

Pour faire la transition entre les albums pour les enfants et les plus grands, il y a la série de romans La Cabane Magique de Mary Pope Osborne, édité chez Bayard. Deux enfants, Tom et Léa, parcourent différentes époques, à l’aide de livres. Ils vivent des aventures en lien avec l’époque explorée. Ces romans pour lecteurs débutants permettent de joindre l’utile à l’agréable, on vibre lorsque les personnages sont dans des situations difficiles (ce qui arrive très souvent) et on découvre une période historique. A l’heure actuelle il y a 41 tomes, de quoi passer plusieurs heures à bouquiner aux côtés de Tom et Léa.

Lecture Commune de La Fille Verte

Quand j’ai lu, une fois, deux fois, plus encore La Fille Verte de Vincent Cuvellier, j’ai été très surprise, je me suis dit aussi, c’est exactement le genre d’album autour duquel je voudrais discuter avec mes complices d’A l’Ombre du Grand Arbre. 4 blogueuses m’ont suivie sur cette lecture commune : Kik, Bouma, Pépita, Sophie.

la fille verteLa fille verte  de Vincent Cuvellier, illustré par Camilla Engman, album Gallimard Jeunesse publié en septembre2012

Drawoua : Première question pour commencer, quel a été votre sentiment en refermant le livre ? Vous avez aimé, pas aimé ? Quelles émotions avez-vous ressenti durant la lecture ?

Kik : Ma première impression a été d’avoir rêvé. Je me suis demandée jusqu’au bout ce qu’il allait advenir de cette fille verte. Un songe dans un jardin. Une après-midi passée au milieu des hautes herbes. J’ai vécu cette lecture comme une pause, un moment pendant lequel le temps a été ralenti.

Bouma : Ma première impression a été de me dire « Heuuuu ? ». Qu’est-ce que je viens de lire ? Je suis restée perplexe autant sur la forme que sur le fond de cet album qui pour moi n’en ai pas tout à fait un, où en tout cas un album qui sort des normes.

La fille vertePépita : J’ai d’abord été accrochée par la couverture très mystérieuse. Et j’ai commencé à lire… d’une traite. J’ai été envoûtée par cet album-roman (il se situe entre les deux pour moi), j’ai presque « vécu » la métamorphose comme la jeune fille, j’étais avec elle dans son jardin secret, j’entendais le froissement des herbes, les voix au loin, je sentais les odeurs, je fourmillais de partout. Etrange et délicieux à la fois. Et quand j’ai refermé le livre, c’était comme si je me réveillais d’un beau rêve. Un peu étourdie. Et je l’ai ouvert à nouveau pour m’attarder cette fois sur les illustrations que je n’avais pas vraiment eu le temps d’apprécier (elles sont superbes !) tellement j’étais happée par les mots.

Sophie : J’ai aussi été perplexe en refermant le livre la première fois. Du coup, je l’ai feuilleté à nouveau et j’ai mieux compris ce qu’il s’était passé. Finalement, j’ai aimé, c’est le genre de livre qui pose des questions et j’aime ça.

Drawoua : Si je vous ai posé la question de votre ressenti en premier, c’est vraiment parce que de mon côté, j’ai été happée par la lecture. Je suis passée par de multiples sentiments. Des sensations aussi. Quand j’ai refermé  le livre, je me suis dit : « mais de quoi ça parle ? ». C’est ma deuxième question !

Kik : il est question d’évasion, d’envie d’ailleurs, d’absence, de solitude, d’oubli… Je ne sais pas vraiment. C’est étrange.

Sophie : Si on s’en tient au texte, il s’agit d’une petite fille qui apprécie de passer du temps dans un coin de son jardin au point qu’elle finit par s’enraciner et se transformer en arbre. Évidemment, c’est un peu plus compliqué et abstrait que ça. À la fin de l’histoire, on comprend que tout ça n’était en fait un rêve.

Bouma : Il s’agit d’une petite fille rêveuse qui porte un regard assez distant sur sa personne et sur le monde qui l’entoure. C’est aussi un récit sur la nature, qui reprend ses droits…

Drawoua : Quand on reprend la présentation de l’éditeur, le livre est défini comme « Une fable poétique qui parle de la métamorphose de l’enfance et de l’adolescence« . Qu’en dites -vous ?

Sophie :  Fable poétique, je suis totalement d’accord. Par contre, la métamorphose de l’enfance à l’adolescence, je ne l’ai pas spécialement vue. Même si on voit bien que cette expérience a fait grandir cette jeune fille.

La fille vertePépita : Il est question dans ce livre d’une presque jeune fille qui vient de déménager, qui découvre un nouvel endroit, qui essaie de se l’approprier… Elle partage sa chambre avec son petit frère, cette proximité ne l’enchante guère. Elle a besoin de se ressourcer, de se retrouver et se réfugie donc dans ce jardin secret au sens propre, au fond du terrain de son immeuble. Au sens figuré, ce livre est une belle métaphore du passage de l’enfance à l’adolescence : ce jardin, dans sa vie et ses transformations au fil des saisons, l’accompagne dans sa croissance à elle et lui permet d’écouter ce qui se passe dans son propre corps. Ce ressourcement intérieur grâce à la nature lui permet de grandir et de l’accepter. C’est une magnifique fable poétique en effet.

Bouma : Et bien, c’est justement la quatrième de couverture qui m’a appris ce dont le livre parle. J’ai trouvé le texte beau, l’écriture simple et imagée… peut-être un peu trop car je n’en ai pas compris vraiment le sens.

Kik : Elle grandit, c’est vrai. Mais comment savoir si c’est un passage de l’enfance à l’adolescence? Ce changement se fait toujours au cours de l’hiver?! Je n’ai pas lu le quatrième de couverture (je ne les aime pas!), sans son évocation ici, j’aurai plutôt dit qu’il s’agit d’un nouveau départ dans une nouvelle maison, malgré des points de contrariété et une envie d’isolement.

Drawoua : Nous nous sommes approprié le texte d’une manière différente et ne nous accordons pas non plus tout à fait sur le sens (ou en tout cas pas vraiment avec la présentation de l’éditeur). On peut avoir de multiples entrées de lecture de ce texte. Qu’en pensez-vous. ? Est-ce un atout ? Est-ce que cela vous a déstabilisé ? Emporté ? Dérangé ?

Pépita : C’est une fable poétique et le propre de la poésie, ce sont les multiples entrées… Pour ma part, j’ai trouvé ce texte magnifique, les illustrations sont superbes aussi. Je n’ai pas été déstabilisée mais emportée par ce voyage au fond du jardin, j’étais cette jeune fille. Ce texte a trouvé résonance en moi : adolescente, je m’étais choisie un arbre confident qui me ressourçait quand j’en ressentais le besoin. Il m’a accompagnée longtemps. Il était mon jardin secret. En fermant les yeux, je le vois et je le sens encore … Mais je comprends tout à fait qu’on puisse être quelque peu surpris à la lecture de ce livre et qu’on ne voit pas très bien où il mène.

Sophie : Après une première lecture un peu perturbée, j’ai finalement apprécié ce texte. Il m’a fallu un peu de réflexion et une seconde lecture mais j’ai réussi à y trouver un sens.

Bouma : Je ne pense pas que cela soit un atout mais ce n’est pas un frein non plus. Cela donne au contraire l’impression que le livre s’adapte au lecteur. En fonction de sa sensibilité, chacun y comprendra une symbolique différente.  Après en ce qui me concerne personnellement, toute cette symbolique m’a déstabilisé. Je ne m’attendais pas à un tel texte dans un livre de ce format. Et il m’a fallu une deuxième lecture (comme Sophie) pour apprécier la beauté du texte et la rythmique des mots. J’ai seulement peur qu’un tel livre mérite une grande médiation pour satisfaire son lectorat jeune…

Kik : Chacun perçoit un livre de manière différente. Il est vrai que ce livre en particulier qui explore une métamorphose (vraie ou pas, symbole de quelque chose ou pas) invite à une appréciation très personnelle. Pour ma part, je trouve que cette qualité est un atout, et que cela témoigne d’une richesse de l’écriture et des illustrations.

Drawoua : Je relève ce que tu poses comme éventuelle difficulté Bouma concernant le travail de médiation qui pourrait être à faire par l’adulte mais aussi ce que tu soulignes Kik sur le fait que l’on perçoive le livre de manière différente. Cela laisse, selon moi, laisse toute la place au jeune lecteur d’entrer dans l’univers que peint Cuvellier. Entre ces deux positions, n’y aurait-il pas un pont, une autre entrée dans le texte que sont les illustrations ?

La fille verteKik : Effectivement, les illustrations correspondent bien à l’univers décrit par Vincent Cuvellier. J’y ai trouvé la part de nature, de douceur et de questionnement que m’a inspiré le texte. La composition des images peut parfois paraître particulière (avec un focus sur un détail par exemple), je la trouve surtout poétique.

Pépita : Les illustrations sont en effet superbes. La couverture est très attirante aussi. Elle m’a donné envie d’ouvrir ce livre de suite. L’alternance des pleines pages et les détails insérés dans le texte (le texte s’adapte même aux petites illustrations) rendent cette fable poétique plus forte encore. Elles participent pleinement de l’histoire (pp.26-27 : cette double page est magnifique !). Elles sont douces, le papier est agréable au toucher et dans son grain, le format idéal. C’est aussi un voyage au pays des sens. C’est un beau travail réalisé entre l’auteur et l’illustrateur je trouve.

Sophie : Les illustrations sont mon coup de cœur pour ce livre et ce qui m’a donné envie de l’ouvrir. J’ai adoré ces tons pales et ces couleurs très naturelles. J’ai trouvé que les dessins en pleine page correspondaient vraiment à l’histoire et enrichissaient le texte. Les autres sont pour moi plus des éléments de décor qui permettent de plonger le lecteur dans l’ambiance générale du livre.

Drawoua :  une couverture verte, une illustration pleine page verte, une fille verte. La couverture vous a t-elle incitée à la lecture ? A quoi vous attendiez-vous en entrant dans cet univers ? Qu’est-ce que vous retiendrez de cette lecture ?

Bouma : La couverture donne vraiment envie de lire ce livre. Avec le titre, je m’attendais effectivement à une histoire sur la nature, mais j’imaginais quelque chose de moins réel (genre une fille porteuse de la voix de la nature). Ce récit m’a complètement prise au dépourvu. Ce que je retiendrais de cette lecture est le questionnement qu’elle a soulevé en moi. J’ai eu du mal à entrer dans la fable de l’auteur, à en comprendre la signification et c’est assez rare en littérature de jeunesse pour que ça me marque (surtout pour un album).

Sophie : Je ne peux pas dire que je m’attendais à grand chose. Non, je n’avais aucun a priori sur cette lecture, peut-être l’idée qu’on me parlerait de nature mais pas plus. En revanche oui la couverture a totalement motivé ma lecture. Je l’ai trouvé (et la trouve encore) sublime et c’est en général suffisant pour me convaincre d’ouvrir un livre sans même savoir de quoi il parle.

Pépita : La couverture m’a littéralement séduite. Elle donne vraiment envie d’ouvrir ce livre pour savoir ce qu’il nous réserve. De plus, le contenu correspond parfaitement bien ainsi que le titre. Cette lecture m’a transportée dans un univers que j’ai eu le sentiment à un moment de ma vie de fréquenter. Le temps n’avait plus prise et c’est délicieux. Je ne m’attendais à rien de particulier. J’ai pris les mots, les illustrations et je me suis sentie comme la fille verte. C’était étrange. Je n’ai pas ressenti le besoin de le relire. Tout est dit. Tout est reçu. Cette lecture restera longtemps présente. J’ai souhaité aussi donner à lire ce livre à ma fille qui va avoir 13 ans et elle a beaucoup aimé ce voyage intérieur et sensoriel.

La fille verteDrawoua : Pour orienter vos dernières réponses sur l’album, j’aimerai vous convier, si ce n’est déjà fait, à lire l’article de Vincent Cuvellier concernant la genèse de La Fille Verte. UN texte qu’il a publié sur son blog : http://vincentcuvellier.canalblog.com.  Il indique notamment que bien que le texte tourne autour d’une jeune fille de 13 ans, il s’agit du texte le plus autobiographique qu’il ait publié. Il insiste aussi sur la difficulté de trouver un illustrateur Il s’est tourné vers Camilla Engman, illustratrice suédoise qui travaille particulièrement les matières organiques. En vous remerciant de m’avoir suivie dans cette lecture, je vous laisse réagir et conclure chacune votre tour.

Bouma : J’ai effectivement lu cet article de Cuvellier lorsque j’ai fait des recherches pour cette lecture. Cela m’a permis (après-coup) de mieux comprendre le récit de l’auteur, son travail également et combien ce texte lui tenait à cœur. Je crois que ma sensibilité n’a pas réussi à s’accorder à la sienne sur cet album, et c’est bien dommage car cela reste un objet de grande qualité.

Pépita : Comme Bouma, j’ai lu aussi cette genèse de l’album expliquée par Vincent Cuvellier lorsque j’ai préparé ma chronique pour mon blog. Je n’ai pas été surprise. Cela a totalement conforté ma lecture de ce roman-album qui restera pour moi une très belle rencontre. Je pense que je le relirai régulièrement. Je l’ai reçu comme un vrai et rare cadeau.

Kik : J’ai aimé savoir que cet album a été pensé, malaxé, recréé, réfléchi, oublié, repris… Il a vécu avant de voir vraiment le jour. Comme la transformation qui s’opère au fil des pages, l’auteur a réellement créé peu à peu son ouvrage. Rien n’a été fait au hasard. J’aime ces albums qui respirent une bonne odeur de création, de vécu … et de tripes ! (C’est bizarre à dire, mais c’est ça, en fait ! exactement ça !)

Sophie : C’est intéressant de savoir comment est né ce livre. Si comme Bouma, je suis un peu passée à côté, je reconnais la qualité de cet album tant sur le texte que les illustrations.

En bonus :

Camilla Engman, l’illustratrice suédoise qui s’est si bien accordée au texte de Vincent Cuvellier, nous parle  de cet album :

« J’ai tout de suite aimé le texte de Vincent. Etant enfant, je passais beaucoup de temps en pleine nature et c’est encore le cas maintenant. La nature est très importante pour moi. Voilà pourquoi le texte me parle particulièrement. J’étais totalement libre de fournir mon interprétation du texte. Je pense qu’ils me l’auraient dit si j’avais été à côté de la plaque. Je dessine et travaille avec Photoshop. Les couleurs s’imposent d’elles-mêmes.  Je travaille avec mon cœur et mon instinct et j’essaie, autant que possible, de ne pas trop impliquer mon cerveau dans le processus. Je m’appuie sur mon expérience et mon savoir-faire de ce genre d’exercice » *.

Son site : http://www.camillaengman.com
Son blog : http://camillaengman.blogspot.fr

*Merci à Pec pour la traduction

Retrouvez nos chroniques sur nos blogs :
Pour Pépita Méli-Mélo de livres : http://melimelodelivres.blogspot.fr/ : c’est ici : http://melimelodelivres.blogspot.fr/2012/11/la-fille-verte.html
Pour Bouma du blog Un Petit Bout de bib c’est ici : http://boumabib.fr/2012/11/14/la-fille- … cuvellier/
Pour Sophie du blog La littérature jeunesse de Judith et Sophie, c’est ici : http://litterature-jeunesse.over-blog.f … 19396.html
Pour Kik des Lectures de Kik, c’est ici : http://leslecturesdekik.blogspot.fr/2012/12/la-fille-verte-vincent-cuvellier.html
Pour Drawoua de Maman Baobab, c’est ici : http://maman-baobab.blogspot.fr/2012/11/la-fille-verte.html

Partez à la rencontre de l’auteur Vincent Cuvellier via son blog : http://vincentcuvellier.canalblog.com

Les illustrations de cet article sont réalisées par Camilla Engman et sont publiées sur A l’Ombre du Grand Arbre avec son aimable autorisation.