Prix A l’Ombre du Grand Arbre 2022 : Grandes Feuilles

Comme annoncé lors de l’anniversaire de notre grand arbre, nous vous proposerons au fil de l’été notre sélection pour le prix A l’ombre du grand arbre 2022. Ainsi vous pourrez, au fil de vos lectures estivales, égrainer les petites perles de la littérature jeunesse que nous avons sélectionnées pour vous, les savourer, les humer, les caresser puis venir voter ici pour vos titres préférés ! Les votes sont ouverts à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 août. Les gagnants seront annoncés dans la foulée, lundi 22 août.

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Après les sélections Brindilles et Petites Feuilles présentées les semaines dernières, voici le trio de tête pour la catégorie Grandes Feuilles qui célèbre nos romans jeunesse préférés !

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Notre première journée à la mer

Aujourd’hui, c’est décidé, toute la classe partira au bord de la mer. Si vous aimez les péripéties d’écoliers et les maitresses farfelues, suivez le guide et peut-être oserez-vous la baignade dans une mer peu engageante.

Notre première journée à la mer de Marie Colot & Florence Weiser, Editions Alice, 2021

Retrouvez l’avis de Blandine

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Le ciel est à tout le monde

Il y a des récits de vie qui bouleversent et Le ciel est à tout le monde en fait partie. C’est l’histoire d’une fratrie soudée mais également malmenée. C’est l’histoire d’un mal qui ronge et qui ne laisse aucun répit. C’est l’histoire de plusieurs vies qui se jouent et c’est bouleversant.

Le ciel est à tout le monde de Fanny Chartres, l’Ecole des Loisirs, 2021

Retrouvez l’avis de Liraloin

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Amari et le Bureau des affaires surnaturelles

Est-ce que vous êtes assez volontaire et armé pour intégrer le Bureau des affaires surnaturelles ? Attention aux pouvoirs insoupçonnés qui peuvent émerger sans crier gare ! Dans l’adversité, il faudra user de toutes les ressources pour être la hauteur et conquérir sa place envers et contre les préjugés.

Amari et les Bureau des affaires surnaturelles de B.B Alston, Bayard jeunesse, 2021

Retrouvez les avis d’Isabelle, de Linda et la lecture d’enfant publiée sur ce blog.

Une sélection qui ne manque pas de sensations fortes, d’aventure et d’émotions !

Alors, alors !

Quel est votre titre préféré dans la sélection "Grandes feuilles" ?

  • Notre première journée à la mer de Marie Colot & Florence Weiser, Editions Alice, 2021 (53%, 19 Votes)
  • Le ciel est à tout le monde de Fanny Chartres, l'Ecole des Loisirs, 2021 (33%, 12 Votes)
  • Amari et les Bureau des affaires surnaturelles de B.B Alston, Bayard jeunesse, 2021 (14%, 5 Votes)

Total Voters: 36

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Prix A l’ombre du Grand Arbre 2022 : Petites Feuilles

Comme annoncé lors de l’anniversaire de notre grand arbre, nous vous proposerons au fil de l’été notre sélection pour le prix A l’ombre du grand arbre 2022. Ainsi vous pourrez, au fil de vos lectures estivales, égrainer les petites perles de la littérature jeunesse que nous avons sélectionnées pour vous, les savourer, les humer, les caresser puis venir voter ici pour vos titres préférés ! Les votes sont ouverts à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 août. Les gagnants seront annoncés dans la foulée, lundi 22 août.

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Après la sélection Brindilles présentée la semaine dernière, voici le trio de tête pour la catégorie “Petites Feuilles” qui célèbre nos albums préférés destinés à des lecteur.ice.s un peu plus grand.e.s !

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Esther Andersen

Esther Andersen surgit comme un titre de film au doux parfum de carte postale envoyée lors des vacances. Un album sur l’été qui ne semble ne jamais finir, les premiers émois amoureux et les rencontres estivales bouleversantes. L’écriture du texte épouse parfaitement les illustrations d’où émanent une légèreté enfantine amoureuse.

Esther Andersen de Timothée de Fombelle et Irène Bonacina, Gallimard jeunesse, 2021

Retrouvez les avis de Lucie Livres d’Avril, Linda, Isabelle et Frédérique

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Les idées sont de drôles des bestioles

Bienvenue dans le monde de l’imaginaire. Quels chemins prennent nos pensées pour construire nos idées ? Des idées qui se métamorphosent en bestioles hybrides incomplètes ou inattendues. Ici, les mots et les images permettent de restituer ce qui aurait pu être insaisissable. Un album à mettre entre les mains d’enfants qui aiment créer, inventer et attraper des idées au vol.

Les idées sont de drôles de bestioles d’Isabelle Simler, Editions Courtes et Longues, 2021

Retrouvez notre lecture commune et les avis de Lucie Livres d’Avril, Isabelle et Linda

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Peut-être

Trébucher, rêver, être humain… Essayer, réussir… ou non ! Et si chacune et chacun avait en soi un potentiel insoupçonné ? Pas besoin d’être un super-héros pour essayer de réaliser ses rêves. Dans cet album les dessins illustrent bien la poésie d’un texte positif. Une lecture qui fait du bien aux petits comme aux grands.

Peut-être de Kobi Yamada et Gabriella Barouch, Le Lotus et l’Éléphant, 2021

Une sélection créatrice, poétique et rêveuse !

Alors, alors !

Quel est votre titre préféré dans la sélection “Petites feuilles” ?

  • Les idées sont de drôles de bestioles d'Isabelle Simler, Editions Courtes et Longues, 2021 (53%, 20 Votes)
  • Esther Andersen de Timothée de Fombelle et Irène Bonacina, Gallimard jeunesse, 2021 (29%, 11 Votes)
  • Peut-être de Kobi Yamada et Gabriella Barouch, Le Lotus et l'Éléphant, 2021 (18%, 7 Votes)

Total Voters: 38

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Nos classiques préféré.e.s : les peintures exceptionnelles de François Roca

« Je pars d’une feuille blanche, je dessine, je crayonne et ensuite je peins. Parfois je rate et je recommence. Cette première image va donner le ton, déterminer le personnage principal… » Extrait Fred Bernard & François Roca : créateurs d’aventures publié chez Albin Michel jeunesse en 2016.

Souvent, on associe François Roca à Fred Bernard. C’est tout à fait normal car ce duo est quasi inséparable depuis plus de 20 ans. Les deux hommes se sont connus à l’Ecole Emile-Cohl et s’exerçaient ensemble : l’un au dessin et l’autre à l’écriture. Jamais l’un sans l’autre. C’est ainsi que, quelques années plus tard, ils se sont retrouvés pour publier leur premier album La Reine des fourmis a disparu. L’aventure ne faisait que commencer… François Roca travaille également avec Charlotte Moundlic et illustre des couvertures de romans. Ses jeux de lumière et son trait sont uniques : il a forcément une place de choix parmi nos classiques préféré.e.s !

Tour d’horizon des titres de François Roca qui nous ont particulièrement marquées, avec au moins dix raisons d’avoir envie de découvrir chacun.

François Roca (auteur de Le pompier de Lilliputia) - Babelio
François Roca. Source: Babelio

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Pour Lucie, bien que pas particulièrement passionnée par les dinosaures, ce sera 10 bonnes raisons de découvrir Rex et moi.

Rex et moi, Fred Bernard, illustrations de François Roca, Albin Michel Jeunesse, 2007.
  1. Le narrateur est un délicat compsognathus, dinosaure ni cruel, ni pataud contrairement à la plupart des albums qui leur sont habituellement dédiés.
  2. Pour les illustrations hyperréalistes de François Roca et ses arrières plans soignés…
  3. … Et le jeu sur les échelles, les personnages ayant des différences de taille vertigineuses.
  4. Parce qu’Iggy est malin, courageux et audacieux
  5. Pour l’entraide et la solidarité, valeurs phares de cet album.
  6. Car, pour paraphraser La Fontaine, « On a souvent besoin d’un plus petit que soit. De cette vérité Rex et moi fera foi, Tant la chose en preuves abonde. »
  7. Et que l’idée d’un « petit » peut être adoptée par les « grands » si elle est bonne…
  8.  … Et que c’est définitivement une réflexion à mener avec les enfants.
  9. Parce que tous les personnages sont des dinosaures, et que les enfants adorent. Oui, même les filles.
  10. D’ailleurs cela fait déjà deux fois que ses élèves l’empruntent à la bibliothèque, et qu’ils se l’arrachent (au sens figuré). Un signe qui ne trompe pas !

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Pour Liraloin il y a 10 raisons d’aimer d’un amour véritable l’Indien de la tour Eiffel.

L’Indien de la tour Eiffel de Fred Bernard, illustrations de François Roca, Seuil jeunesse, 2004

1. Pour cette première de couverture qui nous chuchote un amour impossible.
2. Pour cet extrait de coupure de presse annonçant une histoire très très sombre.
3. Pour le rapport du commissaire dépêché sur place constatant le double meurtre et un coupable clairement identifié : Billy Powona.
4. Pour ce couple qui s’aime, si avant-gardiste dans un Paris de 1888 : un indien travaillant sur la tour Eiffel et une chanteuse de cabaret.
5. Pour cet amour inconditionnel peu importe la fatigue et les dangers d’aimer Alice La Garenne, une femme tant désirée par la gente masculine.
6. Pour cet homme revenu du passé qui entrainera surement la mort dans son sillage.
7. Pour cette chevauchée fantastique vers les hauteurs de la tour Eiffel : ultime refuge de deux êtres s’aimant plus que tout.
8. Pour le réalisme des peintures de François Roca : son jeu de la lumière apportant cette profondeur à ce récit.
9. Pour les trois dernières pages de l’album où le texte et l’image font retenir le souffle du lecteur.
10. Pour que l’amour soit plus forte que la vengeance.

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Isabelle et ses moussaillons ont été très émus par le King Kong de Fred Bernard et de François Roca. Voici pourquoi !

King Kong de Fred Bernard et François Roca, Albin Michel Jeunesse, 2020.

1. Pour l’objet livre de toute beauté, tout en dorures, enluminures et hommage aux années folles.
2. Pour la prise de risque : il fallait oser s’emparer de cette bête mythique qui suscite la fascination depuis son apparition initiale, dans le film éponyme de 1933 : les adaptations sont déjà innombrables. 
3. Pour le pari réussi : le duo se démarque et en livre une interprétation singulière, aux accents écologiques.
4. Pour la démarche de faire connaître cette icône aux jeunes lecteurs et lectrices.
5. Pour la plume vive de Fred Bernard, comme toujours.
6. Pour les illustrations sensibles et frémissantes. Regardez par exemple ces pages sépia qui sont autant de clins d’œil aux films de l’époque du premier King Kong.
7. Et les autres tableaux qui subliment la beauté imposante et fragile de la bête sauvage.
8. Parce que cela souligne la frénésie et l’aliénation des humains, dominés par le mépris des autres espèces, la soif de conquêtes et la course au profit.
9. Parce que King Kong semble à la lisière entre ces deux mondes que tout oppose, incarnation puissante de la bestialité, mais au regard grave où perce une triste sagacité.
10. Pour la lueur d’espoir qui jaillit de la rencontre avec Ann qui la change à jamais.

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Pour Colette, c’est Jésus Betz qui remporte tous les suffrages ! Voilà pourquoi !

Jesus Betz, Fred Bernard, François Roca, Seuil jeunesse, 2001.
  1. Parce que cette couverture est fascinante : sur qui, sur quoi vont s’ouvrir ces deux énormes rideaux rayés rouge et or ? Mystère !
  2. Parce que cet album, c’est la parole d’un personnage vraiment pas comme les autres en littérature jeunesse : Jésus a le nom d’un sauveur et il est né sans jambes et sans bras. Jésus est un homme tronc.
  3. Parce que cet album est celui de toute une vie, une vie d’aventures, enfin surtout de mésaventures. Une vie de rencontres improbables, de hasards fâcheux et d’amours incroyables.
  4. Parce que cet album est peuplé de monstres. De ces monstres que Tod Browning ose faire jouer pour la première fois en 1932 dans un film culte intitulé Freaks. Aujourd’hui ce serait carrément politiquement incorrect d’utiliser ce terme, et c’est ce qui est formidable avec cet album : il envoie valser le politiquement correct.
  5. Parce que non seulement cet album est celui de l’audace en terme narratif mais aussi en terme esthétique : les illustrations de François Roca ne sont pas étiquetées “jeunesse”. Il y a de la violence, de la sévérité mais aussi beaucoup de sensualité dans les images de François Roca. Les jeunes lectrices et les jeunes lecteurs ne s’y trompent pas, ici on leur fait sacrément confiance et l’illustrateur ne cherche pas à les “amadouer”. François Roca peint. Point. Ce sont des œuvres qu’il nous donne à voir, des œuvres dans toute leur complexité.
  6. Parce que cet album met à l’honneur les corps difformes, les trop, les pas assez, les corps qu’on regarde avec insistance, les corps qu’on évite de regarder.
  7. Parce que cet album, derrière son personnage masculin à toute épreuve, est une ode à la féminité plurielle.
  8. Parce que cet album nous donne à penser, à philosopher, à analyser : qu’est-ce qu’un héros ? qu’est-ce que la beauté ? qu’est-ce qu’une vie réussie ? Les portes d’entrée y sont multiples.
  9. Parce que nous avons eu la chance, avec mes élèves de 6e, de rencontrer François Roca cette année à l’Escale du livre de Bordeaux et que nous avons appris à connaître les coulisses de cet album. Et c’était passionnant !
  10. Parce que Jésus Betz est un amoureux inconditionnel de la vie et ça franchement, c’est inspirant !

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Pour Blandine, ce sont les parcours de vie qui l’émeuvent particulièrement! La littérature jeunesse permet de découvrir des destins, de créer des modèles, d’inspirer des passions, de transmettre des émotions grâce à des illustrations aux styles variés. Les fabuleuses et immersives peintures de François Roca attirent irrémédiablement, prolongent les mots et transportent auprès des personnages et donnent envie d’en savoir toujours plus.

L’incroyable exploit d’Elinor. Tami LEWIS BROWN et François ROCA. Albin Michel Jeunesse, 2011
  1. Parce que François Roca est aux pinceaux !
  2. Parce que François Roca n’est pas en binôme avec Fred Bernard
  3. Parce que le titre promet une rencontre marquante
  4. Parce que l’on a envie de découvrir « cet incroyable exploit »
  5. Parce qu’on veut savoir qui était Elinor
  6. Parce qu’il est question des débuts de l’aviation
  7. Parce qu’il est question de passion qui permet tout
  8. Parce qu’il est question d’émancipation féminine
  9. Parce qu’il nous transporte à une époque où « tout » était à faire et tenter
  10. Parce que l’on a forcément envie d’en connaître davantage après cette rencontre

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François Roca au Festival du Livre Paris, avril 2022 (Photo personnelle publiée avec son accord )

Quel album de François Roca a votre préférence? Quelles émotions son travail suscite-t-il en vous? Nous avons hâte de vous lire!

Nos coups de cœur de mai

Ce joli mois de mai a été propice à la découverte de lectures les plus diversifiées !

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Pour Liraloin, c’est le casque vissé sur les oreilles laissant échapper de douces mélodies que le coup de cœur est arrivé ! Il s’agit de la série BD intitulée Blue au Pays des songes. Une lecture qui se fait en musique pour de beaux moments oscillant entre voyage onirique et rêves monstrueux !

Blue au Pays des songes de Davide Tosello, Vents d’Ouest, 2021

Pour en savoir plus, c’est ici

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Avoir entendu Matthieu Maudet parler de ses albums a donné envie à Lucie de découvrir son univers. Un enfant parfait, écrit par son complice Michaël Escoffier, a été une belle révélation. C’est un album malin qui sera, sans aucun doute, source de discussions dans les familles ! Car, peut-on vraiment attendre la perfection de son enfant lorsque l’on est soi-même imparfait ?!

Un enfant parfait, Michaël Escoffier et Matthieu Maudet, L’école des loisirs, 2016.

Son avis ICI.

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Son second coup de cœur était sur la liste de Lucie depuis la lecture commune consacrée aux romans fleuves de Davide Morosinotto. La Fleur perdue du Chaman de K l’avait particulièrement intriguée, et une fois de plus le goût des copinautes s’est avéré très sûr. Une maladie mystérieuse, une amitié indéfectible, un voyage initiatique en Amérique du Sud, des rencontres et un jeu hypnotique sur la typographie… Encore un très grand roman de cet auteur italien !

La Fleur perdue du Chaman de K, Davide Morosinotto, L’école des loisirs, 2021.

L’avis de Lucie, d’Isabelle et de Linda.

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Pour Colette, le mois de mai s’est conclu en beauté avec le baptême de son neveu adoré. Une mission lui a été confiée : partager sa passion pour les beaux textes avec celui qui allait officiellement devenir son filleul. Alors, pour mettre toutes les chances de l’impressionner de son côté, c’est le vieux butaï familial qu’elle a dégainé. Ce fut l’occasion d’offrir aux proches réunis, la lecture à haute voix du magnifique album Il faudra écrit par Thierry Lenain et illustré par Olivier Tallec, en version kamishibaï publié aux éditions Callicéphale, spécialiste du théâtre de papier ! Un magnifique texte qui invite à se confronter au monde tel qu’il est afin d’y trouver sa place et d’y faire sa part.

Il faudra, Thierry Lenain, Olivier Tallec, Kamishibaï Callicéphale éditions, 2007.

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Poussin et Renard, BD joyeusement colorée adressée aux plus jeunes, a fait fondre Isabelle et ses moussaillons. Ces six historiettes célèbrent l’amitié entre un poussin mignon mais néanmoins enquiquinant et un renard d’une constance admirable. On ne peut qu’être ravi par le charme vintage des illustrations (qui rappellent agréablement celles de Janosch), leur trait malicieux et la drôlerie des situations. Parfait comme histoire du soir comme pour se lancer dans la lecture autonome de BD !

Poussin et Renard, de Sergio Ruzzier, La Joie de Lire, 2022.

L’avis d’Isabelle

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L’équipage de L’île aux trésors a aussi vibré pour Skandar et le vol de la licorne. Ce premier tome prometteur nous entraîne au cœur d’un univers intégralement organisé pour contenir une force dévastatrice : les licornes. Celles-ci n’ont, évidemment, rien de mignonnes bestioles pailletées ! Si vous raffolez de Harry Potter, vous aimerez sans doute le personnage de Skandar, mais aussi la qualité d’intrigue, la fantaisie et l’humour réjouissant d’A.F. Steadman. L’autrice a su transposer dans son univers imaginaire des choses que les enfants et les ados reconnaîtront facilement : la quête de soi, les attentes des professeurs et des parents, la difficulté de prendre confiance en soi, la stigmatisation des minorités ou encore les dérives de la désinformation. Un de ces romans qu’on dévore et qu’on fait découvrir aux copines et copains !

Skandar et le vol de la licorne, de A.F. Steadman, Hachette, 2022.

L’avis d’Isabelle

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Blandine s’est laissée emporter par deux livres très différents et néanmoins réjouissants!

PIPIOU Quel appétit ! Richard MARNIER et Aude MAUREL Frimousse, 2021

Pipiou est un petit poussin fort gourmand.
Ce jour-là, il a faim, vraiment très faim. Et il ne trouve rien à se mettre dans le bec. Tour à tour, il trouve un caillou, un bout de bois, puis une fraise, qui ne le sustentent pas! Mais Pipiou est malin et sait comment se régaler!

Un album au graphisme épuré et facétieux qui voit l’effort récompensé!

L’avis de Blandine ICI

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Yahho Japon ! Eva OFFREDO. Maison Georges, 2021

Découvrez le Japon comme vous ne l’avez jamais vu ou imaginé grâce à ce livre à la croisée des genres entre l’album, le documentaire et la BD! Avec un graphisme minimaliste, monochrome et au trait noir épais, il nous emmène auprès de huit femmes et autant de métiers étonnants, inconnus, improbables. Ce faisant, il nous dévoile également des éléments de culture nippone et nous rappelle que le bonheur est souvent synonyme de simplicité!

L’avis de Blandine LA!

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Et vous ? Où vos coups de cœur vous ont-ils mené.e.s en ce joli mois de mai ? Partagez-vous certains titres avec les arbronautes ? N’hésitez pas à nous raconter !

Lecture commune : Résidence Beau Séjour

Gilles Bachelet est auteur illustrateur bien connu du monde de la littérature jeunesse. En 2004 et 2012, il reçoit le Prix Pépite de l’album pour les titres Mon chat le plus bête du monde et Madame le Lapin Blanc. C’est ainsi qu’en 2019, il est le premier artiste à recevoir le Prix La Grande Ourse l’année de sa création au Salon du Livre et de la Presse jeunesse de Montreuil. En 2022, Gilles Bachelet est nominé pour le Prix Astrid Lindgren et comme il le dit sur les réseaux sociaux : « Je peux mourir maintenant… 😊 ». Son humour et sa verve naturelle nous enchante et c’est avec joie que trois de nos arbonautes – et une quatrième en cours de route – ont participé à une lecture commune autour de l’album Résidence Beau Séjour paru en 2020.

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Colette. – Connaissiez-vous Gilles Bachelet avant de découvrir cet album ? Si oui, qu’en aviez-vous retenu ? Si non, qu’est-ce qui a attiré votre attention en découvrant Résidence Beau Séjour ?

Frédérique. – Oui, je connaissais cet auteur. Je l’ai découvert un peu tardivement car je n’étais pas réellement attirée par les illustrations. Ah comment ne pas passer à côté de cet humour si fin et décalé !

Linda. – Absolument pas et si vous n’en aviez pas proposé une lecture commune, je ne l’aurais probablement pas découvert. Ce qui aurait été bien dommage car j’ai vraiment aimé l’univers de Résidence Beau Séjour et que cela me donne envie d’aller plus loin dans la découverte de cet auteur.

Colette. – Quelles furent vos premières impressions en découvrant la couverture de ce nouvel album de Bachelet ? Assez déroutant, non ?

Frédérique. – Et bien pas tant que ça, la couverture est dans la même lignée que ses derniers albums. Des animaux à la mine délurée et aux expressions bizarroïdes. Poufy me fait craquer car, quelque part, elle me réconcilie avec les licornes, cet animal mythologique complètement détournée à la sauce guimauve écœurante ! Durant le confinement, Gilles Bachelet m’a énormément fait rire sur les réseaux sociaux en mettant en scène cette licorne. Quelle idée géniale cet auteur a eu de détourner cette créature.
Les valises, le cadre coincé entre les sabots fraîchement manucurés en dit long… quelle est cette résidence Beau Séjour finalement?

Linda. – C’est une couverture assurément déroutante. Cette licorne n’a rien de celles qu’on a pu voir dans les cours de récré avec ses yeux globuleux et son air hagard. En la voyant sur deux pattes, bagages aux sabots, je me suis demandée ce qu’était cette fameuse résidence.

Colette. – Et cette étrange licorne “aux yeux globuleux et à l’air hagard” est d’ailleurs la narratrice de notre récit. Une narratrice hors du commun, anti-héroïne sans le vouloir, en baisse douloureuse de popularité. Est-ce que vous pourriez nous présenter ce personnage ?

Frédérique. – Poufy est l’exemple type d’une personne en baisse de popularité, vite sous les feux des projecteurs et vite oubliée. Gilles Bachelet détourne cet animal mythologique pour en faire un personnage fade (en quête de popularité) et criard (crinière arc-en-ciel, habitat ultra coloré où les réseaux sociaux sont ultra présents.) Pourtant Madame Poufy va nous surprendre en Miss Marple des temps modernes.

Linda. – J’ai aimé que Poufy sorte des clichés de la licorne idole des fillettes avec son nom ridicule, son embonpoint et sa gourmandise. Au fil des pages on lui découvre des goûts et des centres d’intérêt assez ordinaires pour une créature aussi fantastique. Et c’est ce qui le rend si attachante et si drôle en même temps.

Colette. – Présentons maintenant un autre personnage emblématique du livre, celui qui va bouleverser la vie de Poufy : le fabuleux Groloviou. Qu’en diriez-vous ?

Frédérique. – J’adore le Groloviou, rien que son nom est génial !!! Il a tout pour plaire comme une belle voiture ! Des yeux magnifiques, une fourrure de rêve, qui ne pourrait pas craquer honnêtement ? Bachelet insiste bien sur sa mignonatitude, il est fort cet auteur, très fort !

Colette. – Pourtant personnellement, je lui trouve un petit côté ridicule à cet animal ! Tout est un peu surdimensionné chez lui. Mais peut-être est-ce cela finalement qui le rend attachant…

Linda. Je rejoins plutôt Colette sur ce point. Je n’aime pas trop cette créature que je trouve plutôt vilaine et ridicule. Ce sont ces “défauts” qui, pour moi, la rendent plus attachante…

Frédérique. – Justement c’est ça qui est intéressant : toutes les caractéristiques de l’animal parfait en un seul !

Colette. – Que diriez-vous des relations entre ces deux créatures ?

Linda. – On sent combien les préjugés sont forts au premier abord mais aussi combien il leur est facile de s’asseoir dessus. L’amitié coule de source entre ces deux créatures. Non seulement elles ont beaucoup en commun, mais elles ont aussi un vécu identique, chouchoutées puis refoulées par les enfants qui ont des passions très changeantes. Ca ne pouvait que les rassembler

Frédérique. – Je suis d’accord avec Linda. Ces deux-là étaient fait pour s’entendre. Un duo non évident au départ vu leur passif mais qui fonctionne au final.

Colette. – Focalisons-nous maintenant un peu plus sur la narration. L’art de Bachelet c’est quand même d’arriver à créer une histoire à tiroirs notamment en disséminant des détails inquiétants de ci de là, nous invitant à mener l’enquête. Avez-vous remarqué ces détails tout de suite ? Qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous lu cet album comme une enquête justement ?

Linda. – Oui les détails sont assez flagrants. Je pense par exemple à Poufy expliquant se sentir en sécurité car un veilleur de nuit surveille leur hôtel. Et on voit passer un gars avec du matériel médical. Flippant ! Mais en même temps j’y ai vu une forme d’humour. Ce qui fait que je n’ai absolument pas abordé l’histoire comme une enquête mais plus comme un éveil de l’intelligence des créatures une fois libérées des paillettes de la célébrité. Elles se rendent compte que ce qui au premier abord était plutôt rassurant, ne l’est peut-être pas vraiment.

Frédérique. – J’ai remarqué certains détails mais c’est en le lisant à voix haute que mes ados m’ont interpellé sur d’autres détails flippants, comme quoi nous ne sommes pas toujours à 100% attentifs pour tout capter à la première lecture. Je n’ai pas lu cet album comme une enquête mais plutôt comme une histoire à tiroirs, dès le premier détail flippant je me suis dit : que veut nous dire Mr Bachelet derrière ces paillettes ?

Colette. – Et bien justement, excellente question Frédérique : que veut nous dire Mr Bachelet derrière ces paillettes ?

Frédérique. – Haha merci Colette. Justement derrière ces paillettes se cache un message très fort sur le “star system”, sur le fait de n’exister que sur les réseaux sociaux (rappelez-vous, les clins d’œil assez terribles – logos Twitter, Facebook…). Propulsée star et adulée par les chérubins, Poufy en fait les frais. Je trouve ce message très fort et peu d’albums pour enfant le souligne alors que les enfants sont de plus en plus friands d’être reconnus sur ces fameux réseaux.

Colette. – Je n’avais pas vu ces références Frédérique et je trouve cette lecture passionnante ! En effet finalement il est ici question de mode, dans le sens le plus populaire du terme : ce qui est à la mode, comment devient-on à la mode, qu’est-ce qu’il advient quand on n’est plus à la mode, et aussi – dans une sorte de mise en abyme que j’adore – comment crée-t-on une mode quand on est un.e artiste ? Fausse question, je pense, pour Bachelet qui a l’air de s’en soucier bien peu tant son humour dépasse, justement, les modes !

Lucie, en off, faisait remarquer les références “intra- iconiques” à d’autres œuvres d’art – la référence à Shining est une de celle que j’ai adoré analyser et que bien entendu mes enfants n’ont pas repéré mais il y en de nombreuses autres. Lesquelles vous ont interpellé et pourquoi ?

Frédérique. – Dès la couverture intérieure, on y voit le Grosloviou affublé d’un masque du tueur de Scream. Justement dans ce hall lieu de passage on croise Pikachu, des dinosaures et des pandas et c’est rigolo car tous ont été sur le devant de la scène selon les années et connaissent encore du succès. D’ailleurs, à un moment le panda s’en va car il se retrouve à l’affiche d’une grosse production. Que dire du dinosaure déguisé en Casimir, cela donne encore plus d’importance au “star system”. Après tout, le temps d’un été, un tube-un déguisement vintage et le tour est joué ! Et si on continuait sur les références ? Personnellement j’ai retrouvé un petit air hitchcockien à cet album surtout dans les décors, c’est très cinématographie non?

Lucie. – Si je peux ajouter mon petit grain de sel, je dirais que le coté hitchcockien vient d’une ambiance a priori “normale” (bon, un hôtel pour anciennes célébrités marketing n’a rien de normal mais vous voyez ce que je veux dire) qui va devenir inquiétante par de petits détails. Certains accès sont interdits, on voit passer des infirmiers et des gardiens… Je pense que ces indices mettent assez vite la puce à l’oreille des adultes. Et puis l’auteur qui se met en scène, c’est très hitchcockien aussi. Sauf que Bachelet ne se contente pas de faire une silhouette !

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Gilles Bachelet nous livre des messages très forts sur notre société (consommation, réseaux sociaux, mode…) tout en gardant cette finesse dans un humour qui le caractérise tant. Avez-vous lu cet album ? La chute n’est-elle pas incroyable ?