Alors que les Jeux Paralympiques de Paris 2024 vont commencer ce mercredi 28 août, Blandine a souhaité mettre en valeur le handisport comme moyen de résilience, d’acceptation, de résistance et de performance. Des thématiques déjà bellement abordées dans les billets de Lucie, Frédérique, Séverine, Héloïse – Helolitla, Héloïse – Ileautresor, Linda et Colette.
Pour la petite histoire, les Jeux Paralympiques ont fait leur apparition en 1960, pour les Jeux d’été de Rome, et en 1976 à Örnsköldsvik en Suède, pour ceux d’hiver.
Qu’il soit de naissance, consécutif à un accident ou à une maladie, le handicap bouleverse le rapport au corps et la représentation qu’on en a. Par le sport, ce (nouveau) corps devient allié et synonyme de possibles, de beautés et de réussites. Pourtant, le handicap est souvent abordé en littérature jeunesse, mais quasi uniquement sous l’angle moteur et scolaire. Rendant le handisport peu connu, peu accessible, peu accepté, car sous-représenté. Les quelques titres dénichés sont donc d’autant plus forts et importants.
*******
Charlotte Fairbank a perdu l’usage de ses jambes à 9 ans suite à un « accident un peu bête » et a dû apprendre à utiliser son nouveau corps, à devenir « cap » et c’est ainsi qu’elle a découvert le handisport puis le fauteuil-tennis plus récemment grâce à un joueur, Dani. Cet album, en plus de nous raconter un récit de vie, un courage et une obstination exemplaires, nous montre les différents types d’handicaps existants, visibles et invisibles, afin de les normaliser. Charlotte Fairbank a été sélectionnée pour compétiter durant les Jeux Paralympiques 2024.
*******
Lorsque Swann, 15 ans, voit Joanna lors d’une brocante, un coup de foudre le frappe. Il est subjugué et il faut croire que c’est partagé car elle lui donne son alias Facebook. Elle est dans un autre lycée, dans une autre ville même, aime les blagues idiotes et créer des jeux atypiques qui deviennent bientôt des petites habitudes entre eux. Et elle adore la danse classique et les Ballets. Avec sa cousine, c’était d’ailleurs leur rêve : réussir le concours de l’école de danse de l’Opéra de Paris. Chiara a réussi. Joanna n’a pas pu tenter. Car elle est en fauteuil roulant depuis un accident de voiture. Dès lors, Swann n’a plus qu’une idée en tête, lui permettre de danser. Mais le projet s’avère bien plus difficile à réaliser que pensé.
Je ne veux pas être le gentil garçon qui aide la pauvre fille handicapée. Je suis celui qui aide la fille qu’il aime, point.
Outre la belle histoire d’amour qui se noue entre ces deux adolescents, ce sont surtout les questions autour du handicap et ce qu’il induit qui sont intéressantes. Sortir avec une fille en fauteuil, c’est être hors-cadre, hors des schémas, et il faut être prêt à accepter regards et remarques, maladroits comme intentionnels, et l’exclusion. Lorsque Swann recherche des cours dans sa région, il va se heurter à une dure réalité qui n’est pas toujours le fait de mauvaises volontés. Annelise Heurtier, par sa plume douce les décrit bien, comme les affres dans lesquels se retrouve plongé Swann. Un très beau roman !
*******
Running Girl est une courte série en trois tomes des Editions Akata, dans laquelle nous rencontrons Rin, jeune adolescente amputée sous le genou droit suite à un sarcome osseux. Sa prothèse lui fait mal, elle n’arrive pas à gagner de l’assurance pour marcher sans béquilles, elle n’a plus goût à rien et sa convalescence est bien plus longue que pour les autres. C’est comme cela que son rééducateur à l’hôpital l’oriente vers un orthoprothésiste qui travaille avec un certain Kazami. Impressionnée par sa personne autant que par ses conceptions, Rin se découvre une volonté insoupçonnée, une envie de vivre et de réussir, un optimisme à toutes épreuves. Sa nouvelle ambition : courir. Et courir vite pour être sélectionnée aux prochains Jeux Paralympiques !
Running Girl est un manga passionnant. Par l’histoire de Rin, c’est tout le développement du parathlétisme et de la course en particulier qui nous est raconté. La conception des lames, la manière de les utiliser pour performer, les emboîtements, les entraînements entre sportifs en situation de handicap et sportifs valides, le coût des équipements, plus élevés, encore en expérimentation donc peu/pas assez rentables… C’est tout un envers du décor qui nous est expliqué et c’est fortement instructif et intéressant.
*
Toujours chez Akata et le parathlétisme, faîtes connaissance avec Shôta dans le manga Fends le vent ! (en 5 tomes).
*******
Dans ce manga, trois histoires inspirées de trois handisportifs sont rassemblées. Celle de Renaud Clerc (athlétisme), Sonia Heckel (boccia) et Ryadh Sallem (rugby-fauteuil). Trois parcours de vie frappés par le handicap que le sport a permis de relever et de transformer. Ces trois récits nous permettent de voir combien le sport peut redonner envie, confiance en soi et en l’avenir, comme de connaître ces sports, telle la boccia, sorte de pétanque italienne, uniquement jouée par les handisportifs et accessible à plusieurs types de handicaps.
*******
Tomomi Nomiya est lycéen plein de morgue. Basketteur hors pair, il agace ses camarades et professeurs qui n’apprécient pas son attitude. Renvoyé du lycée, il ne joue plus au basket depuis qu’un accident de moto a laissée handicapée la fille qui l’accompagnait ce soir-là. Culpabilisant, c’est à la suite d’une de ses visites à l’hôpital qu’il fait la rencontre de Kiyoharu Togawa, jeune homme amputé d’une jambe suite à une maladie, féru de basket mais n’y jouant plus malgré l’insistance de sa sœur. La rencontre des deux jeunes hommes va se révéler musclée. Pendant ce temps, Hisanobu Takahashi prend la tête de l’équipe lycéenne de basket mais son prestige tourne court.
Le premier tome de cette série manga (non terminée) est percutant et nous donne terriblement envie de suivre les parcours de ces trois jeunes hommes dont les portraits psychologiques sont finement dressés. Au-delà, il nous montre comment le handibasket est pratiqué, le type de fauteuil à avoir, les facultés à acquérir, les types de déplacements…
*******
Si les portraits de sportifs valides, historiques, ou encore féminins sont nombreux, rares sont les portraits des handisportifs. Cet ouvrage documentaire leur donne une visibilité en y associant une histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques. Certes, les portraits paralympiques sont moins étayés et souvent groupés, mais ils ont le mérite d’être présents et le livre est de belle facture.
Un premier documentaire qui en verra d’autres, plus complets, plus exclusifs aussi, on l’espère !
*******
Il existe plusieurs façons de découvrir les sports olympiques et paralympiques, et le jeu en fait partie ! Ce cahier indiqué dès 7 ans est une très bonne première approche, d’autant qu’il ne contient aucun didactisme. Labyrinthes, jeux d’ombres, rébus, charades, pêle-mêles… se succèdent pour les découvrir, « l’air de rien ». Et c’est très bien ainsi !
*******
Pour aller plus loin et découvrir d’autres ressources :
*Album : L’envol de Dimitri. Cécile Baquey-Moreno et Sébastien Chebret, Éditions Cépages, juin 2024. Sur Dimitri Pavadé, athlétisme
*Album : Tomber 8 fois, se relever 9. Frédéric Marais, Editions HongFei, avril 2024. Sur Eugène Criqui, boxeur
*BD : Balle au pied. – Tome 1 – Remise en jeu. Lyllian et Lesdeuxpareilles. Éditions Glénat, juin 2024
*Film : Un p’tit truc en plus. Par Artus (2024)
*Podcast : « Succès d’ »Un p’tit truc en plus » : nouveau regard sur les handicaps mentaux ? ». France Inter
*Manga à paraître chez Akata : Les Artisans du possible. Le 5 septembre 2024
*Différentes vidéos sur France TV autour du handisport et du Paralympisme
*******
Vous intéressez-vous à l’handisport et regarderez-vous les Jeux Paralympiques ? Avez-vous d’autres références de livres jeunesse ?