Re: Isabelle de l'île aux trésors
Posté : 24 mai 2022, 21:40
Bonsoir à toutes,
Voici enfin les nouvelles annoncées depuis trop longtemps, merci pour votre patience et votre énergie à faire prospérer notre bel arbre ! Merci beaucoup aussi pour vos messages adorables autour de mon audition, cela m’a énormément touchée.
Ces derniers mois, ça a été difficile de trouver le temps de me poser, de bloguer et même de lire. Il y a eu plusieurs choses, avant tout sur le plan professionnel, en lien avec ma décision de rester habiter à Stuttgart (pour préserver la scolarité des garçons) qui complique les choses. Comme cela posait problème avec la nouvelle directrice de mon labo bordelais, j’avais demandé à rejoindre Sciences Po, ce qui a finalement marché, mais seulement ce mois-ci et au prix de nombreux efforts. La solution n’est pas idéale : je fais des aller-retours à mes propres frais, pas évident car nos salaires ne sont pas énormes et Daniel ne travaille pas à temps plein, sans même parler du fait de m’absenter de la maison. Mais surtout, la mutation s’est fait attendre et la période d’incertitude a été très stressante.
Dans l’attente, j’ai suivi un peu les offres de postes de profs en science politique dans le coin (Sud de l’Allemagne, Suisse), sachant qu’ils sont plus souples sur la résidence et mieux payés. J’ai repéré une offre de poste à Zürich qui est un département génialissime dans mon domaine, à laquelle j’ai candidaté à Noël. À ma grande surprise, j’ai été invitée à une audition qui a donc eu lieu le 17 mai. La préparation a été horrible car je savais que le niveau serait très haut (grosse déprime en constatant les écarts de CV entre les 3 hommes et les 3 femmes invités), mais je devais gérer le reste (boulot supplémentaire en lien avec la présidentielle et mon rattachement, trois gros projets en démarrage). Finalement, ça s’est assez bien passé, je pense, et ils m’ont rappelée pour m’annoncer que je figurais dans la liste des trois personnes classées. Le classement est envoyé à des experts externes puis revient à la commission, donc je ne saurai pas avant deux mois si c’est à moi qu’ils vont proposer le poste. Dans tous les cas, je ne m’attendais pas une seule seconde à aller aussi loin et j’ai décidé de considérer l’expérience comme un succès encourageant quoiqu’il arrive.
Cela dit, j’ai eu comme un passage à vide après, le sentiment d’avoir choisi un métier où tu dois sacrifier beaucoup (de temps en famille notamment) pour une issue toujours incertaine car il y a toujours quelqu’un (en général un homme) qui fait plus que toi. Et c’est la même histoire à tous les niveaux : obtenir un poste, obtenir un financement pour un projet, publier dans une bonne revue, etc.
Pas mal de défis aussi pour le reste de la famille. Nous avons mis notre maison française en vente, elle est chouette mais les choses sont compliquées en ce moment à cause de l’incertitude ambiante. Donc là encore, pas mal de démarches et pour l’instant, rien ne bouge. Après 4 ans de travail à temps partiel qui lui ont permis de soutenir nos enfants dans leur scolarité, Daniel voudrait se reconvertir dans la programmation mais il y a toutes sortes d’obstacles administratifs. Et tout en le soutenant dans son projet, je me demande si nous allons arriver à gérer les difficultés des garçons.
Ils vont heureusement bien, dans l’ensemble, toujours très actifs entre le collège, les moments passés avec leurs copains, les tournois sportifs et le piano pour Antoine. Mais il y a régulièrement des soucis auxquels il faut répondre (oublis de matériel, gros problèmes d’organisation notamment, malentendus aussi pour Antoine probablement dus à son syndrome d’Asperger). En accord avec lui, nous sommes en train de nous mettre en contact avec le service de psychologie scolaire qui a une personne référente pour le spectre autistique qui peut intervenir auprès de ses profs pour expliquer un peu les choses. J’espère qu’on y arrivera avant sa semaine de séjour de classe, en juillet. Parfois, j’aimerais bien avoir un peu de routine et de normalité.
Malgré tout, nous avons fait de chouettes lectures. Hugo se fait un marathon de textes de Walter Moers (en allemand) dont on avait déjà parlé. Antoine adore Neal Shusterman, découvert avec la faucheuse, dont il vient de terminer une série en 4 tomes pour enchaîner sur Le déclencheur. Il a beaucoup aimé L’ange obscur, un polar (genre très inhabituel pour lui) que je pense lire aussi par curiosité. Hugo et moi avons beaucoup apprécié Skandar, une nouvelle série fantasy dans la veine de Harry Potter, et enchaîné avec Prunille présidente qui parle de façon très chouette de politique à hauteur d’enfant. J’ai beaucoup aimé le nouveau roman d’Annelise Heurtier sur les « zoos humains » qui existaient aux 19e et 20e siècles. J’ai commencé Zehpyr, Alabama, de Robert McCammon qui me plaît aussi pour l’instant. Et je vais aller de ce pas regarder un peu ce que je peux lire de la sélection du prix !
Vous savez tout ! Avec tout ça, j’ai souvent la tête sous l’eau. Vous lire me fait du bien et m’apporte une bouffée d’oxygène, mais ce n’est pas évident de trouver la disponibilité pour me poser suffisamment et surtout pour intégrer des contributions un peu plus exigeantes dans un quotidien débordé et souvent chaotique. J’ai un énorme poids en moins depuis que mon audition est passée, il y a maintenant à rattraper pas mal de choses que j’avais laissées en suspens, mais j’espère que ça va se décanter petit à petit.
Je vous embrasse,
Isabelle
Voici enfin les nouvelles annoncées depuis trop longtemps, merci pour votre patience et votre énergie à faire prospérer notre bel arbre ! Merci beaucoup aussi pour vos messages adorables autour de mon audition, cela m’a énormément touchée.
Ces derniers mois, ça a été difficile de trouver le temps de me poser, de bloguer et même de lire. Il y a eu plusieurs choses, avant tout sur le plan professionnel, en lien avec ma décision de rester habiter à Stuttgart (pour préserver la scolarité des garçons) qui complique les choses. Comme cela posait problème avec la nouvelle directrice de mon labo bordelais, j’avais demandé à rejoindre Sciences Po, ce qui a finalement marché, mais seulement ce mois-ci et au prix de nombreux efforts. La solution n’est pas idéale : je fais des aller-retours à mes propres frais, pas évident car nos salaires ne sont pas énormes et Daniel ne travaille pas à temps plein, sans même parler du fait de m’absenter de la maison. Mais surtout, la mutation s’est fait attendre et la période d’incertitude a été très stressante.
Dans l’attente, j’ai suivi un peu les offres de postes de profs en science politique dans le coin (Sud de l’Allemagne, Suisse), sachant qu’ils sont plus souples sur la résidence et mieux payés. J’ai repéré une offre de poste à Zürich qui est un département génialissime dans mon domaine, à laquelle j’ai candidaté à Noël. À ma grande surprise, j’ai été invitée à une audition qui a donc eu lieu le 17 mai. La préparation a été horrible car je savais que le niveau serait très haut (grosse déprime en constatant les écarts de CV entre les 3 hommes et les 3 femmes invités), mais je devais gérer le reste (boulot supplémentaire en lien avec la présidentielle et mon rattachement, trois gros projets en démarrage). Finalement, ça s’est assez bien passé, je pense, et ils m’ont rappelée pour m’annoncer que je figurais dans la liste des trois personnes classées. Le classement est envoyé à des experts externes puis revient à la commission, donc je ne saurai pas avant deux mois si c’est à moi qu’ils vont proposer le poste. Dans tous les cas, je ne m’attendais pas une seule seconde à aller aussi loin et j’ai décidé de considérer l’expérience comme un succès encourageant quoiqu’il arrive.
Cela dit, j’ai eu comme un passage à vide après, le sentiment d’avoir choisi un métier où tu dois sacrifier beaucoup (de temps en famille notamment) pour une issue toujours incertaine car il y a toujours quelqu’un (en général un homme) qui fait plus que toi. Et c’est la même histoire à tous les niveaux : obtenir un poste, obtenir un financement pour un projet, publier dans une bonne revue, etc.
Pas mal de défis aussi pour le reste de la famille. Nous avons mis notre maison française en vente, elle est chouette mais les choses sont compliquées en ce moment à cause de l’incertitude ambiante. Donc là encore, pas mal de démarches et pour l’instant, rien ne bouge. Après 4 ans de travail à temps partiel qui lui ont permis de soutenir nos enfants dans leur scolarité, Daniel voudrait se reconvertir dans la programmation mais il y a toutes sortes d’obstacles administratifs. Et tout en le soutenant dans son projet, je me demande si nous allons arriver à gérer les difficultés des garçons.
Ils vont heureusement bien, dans l’ensemble, toujours très actifs entre le collège, les moments passés avec leurs copains, les tournois sportifs et le piano pour Antoine. Mais il y a régulièrement des soucis auxquels il faut répondre (oublis de matériel, gros problèmes d’organisation notamment, malentendus aussi pour Antoine probablement dus à son syndrome d’Asperger). En accord avec lui, nous sommes en train de nous mettre en contact avec le service de psychologie scolaire qui a une personne référente pour le spectre autistique qui peut intervenir auprès de ses profs pour expliquer un peu les choses. J’espère qu’on y arrivera avant sa semaine de séjour de classe, en juillet. Parfois, j’aimerais bien avoir un peu de routine et de normalité.
Malgré tout, nous avons fait de chouettes lectures. Hugo se fait un marathon de textes de Walter Moers (en allemand) dont on avait déjà parlé. Antoine adore Neal Shusterman, découvert avec la faucheuse, dont il vient de terminer une série en 4 tomes pour enchaîner sur Le déclencheur. Il a beaucoup aimé L’ange obscur, un polar (genre très inhabituel pour lui) que je pense lire aussi par curiosité. Hugo et moi avons beaucoup apprécié Skandar, une nouvelle série fantasy dans la veine de Harry Potter, et enchaîné avec Prunille présidente qui parle de façon très chouette de politique à hauteur d’enfant. J’ai beaucoup aimé le nouveau roman d’Annelise Heurtier sur les « zoos humains » qui existaient aux 19e et 20e siècles. J’ai commencé Zehpyr, Alabama, de Robert McCammon qui me plaît aussi pour l’instant. Et je vais aller de ce pas regarder un peu ce que je peux lire de la sélection du prix !
Vous savez tout ! Avec tout ça, j’ai souvent la tête sous l’eau. Vous lire me fait du bien et m’apporte une bouffée d’oxygène, mais ce n’est pas évident de trouver la disponibilité pour me poser suffisamment et surtout pour intégrer des contributions un peu plus exigeantes dans un quotidien débordé et souvent chaotique. J’ai un énorme poids en moins depuis que mon audition est passée, il y a maintenant à rattraper pas mal de choses que j’avais laissées en suspens, mais j’espère que ça va se décanter petit à petit.
Je vous embrasse,
Isabelle