Liberté !

[…]

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté.

Paul Éluard, Poésie et vérité, 1942.

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Si à l’évocation de la liberté c’est ce magnifique poème de Paul Eluard (dont nous ne citons que la fin) qui vient à l’esprit, ce thème est central en littérature jeunesse. Liberté de grandir, de changer, de choisir, liberté physique ou psychique… la quête de liberté est à l’origine de certaines des histoires les plus belles, les plus fortes. Voici nos préférées.

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Quête de liberté

Jonathan Livingston le goéland, Richard Bach, J’ai lu 2000 (pour cette édition).

Quand ils apprendraient ce qu’il avait réalisé, les exploits qu’il avait accomplis, pensait-il, les goélands seraient fous de joie. […] Désormais ils pourraient sortir de leur ignorance, se révéler des créatures pleines de noblesse, d’habileté et d’intelligence. Être libres !

Alors que son peuple vole pour se nourrir, Jonathan Livingston ne se nourrit que pour voler. Son objectif : expérimenter, apprendre et voler mieux, plus haut, plus vite. Quoi qu’en pense son clan, qui ne comprend pas sa vision et finit par l’exclure.

Dans ce conte philosophique New Age qui a fait son succès dans les années 1970, Richard Bach propose une vision libératrice du dépassement de soi par l’apprentissage. Il montre aussi que la liberté (entendue comme quête de perfection), et les découvertes qui en découlent, n’ont du sens que si on les partage.

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Liberté physique

C’est l’imagination d’Alma qui est à l’origine des aventures qu’elle va traverser durant son épopée de trois tomes. Parce qu’elle a créé un ailleurs pour son petit frère, il va partir à sa recherche. Et être capturé puis vendu comme esclave. De son côté, Alma est une héroïne fière et libre que rien arrête. Son prénom signifie d’ailleurs liberté dans la langue oko inventée par Timothée de Fombelle pour l’occasion. Alma est une fresque riche, poétique et précisément documentée sur le commerce triangulaire, portée par des personnages aussi attachants qu’intrépides. Prêts à tout pour retrouver leur liberté – qui est le titre du troisième et dernier tome !

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Comment mettre une baleine dans une valise ? de Guridi, CotCotCot éditions, 2021.

Comment mettre une baleine dans une valise ?, publié pour la première fois en 2018 par l’illustrateur espagnol Raùl Nieto Guridi, est une question philosophique qui invite à la réflexion sur l’importance et la valeur de ce qui compte le plus pour nous et que nous aimerions emporter si nous devions tout quitter. La baleine devient alors la métaphore de toutes ces choses qui représentent notre vie : objets, personnes, émotions, souvenirs… et que nous ne pouvons laisser derrière. Au fil des pages et de la lecture, il apparait rapidement qu’il est ici question d’un voyage sans retour.

Ce qui frappe le plus à la lecture c’est le minimalisme du texte et des illustrations qui disent pourtant beaucoup. A l’image de ce personnage non défini, au visage sans traits, un anonyme parmi tant d’autres, qui nous renvoie à nous-même et nous invite à plus d’empathie. Le vide des pages sur lequel se détachent les deux personnages crée un sentiment d’immensité renforcé par la différence de taille entre le personnage et sa baleine qui nous fait prendre conscience de la difficulté à réduire notre vie au minimum empaquetable.

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Le pays de Rêve de David Diop, Rageot, 2024.

Au cœur de la montagne-décharge, Rêve et sa grand-mère vivent à l’écart du monde et des hommes, ne quittant leur logis qu’à la nuit tombée pour trouver dans les poubelles de quoi subsister. La grand-mère veille à la sécurité de la jeune fille à la beauté sans pareil. Mais en grandissant, Rêve est submergée par le désir de liberté et l’espoir d’un ailleurs resplendissant. Quand arrive le fils du Grand désœuvré, l’espoir s’épanouit dans le cœur des deux femmes…

L’histoire de Rêve se confond à celle de ces héroïnes de contes de fée, qui n’ont pour elles que leur beauté et l’espoir qu’un prince vienne sur son blanc destrier pour les sauver. Mais les rêves ne finissent pas toujours comme on l’avait espéré et la solution ne vient pas toujours de-là où on l’attendait.

Conte moderne, Le pays de Rêve aborde des thématiques très actuelles qui prennent forme dans les inégalités exprimées, d’une plume poétique et imagée, dans la pauvreté, la violence et les rêves brisés. L’exil, thème central de l’œuvre de David Diop, trouve ici forme dans deux anneaux d’or, héritage du passé et symbole de la liberté.

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Le projet Barnabus, Terry, Devin et Eric Fan, Little Urban, 2020.

Des animaux créés en laboratoire, qui n’ont jamais vu l’extérieur, et dont la vie est menacée. Une irrépressible quête de liberté, une envie de découvrir le monde. C’est ce que nous présente Le projet Barnabus, des Fan Brothers. Un sauve-qui-peut général vers le « dehors », assorti d’une dénonciation de la société de consommation et des normes imposées.

Un ouvrage émouvant, conduit par un Barnabus touchant. Parce que chacun a le droit d’être soi-même, en toute liberté !

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Le nuage de Louise, Terry, Devin et Eric Fan, Little urban. 2022

Cette thématique de la liberté plaît beaucoup aux frères Fan, puisqu’on la retrouve aussi dans Le nuage de Louise, paru deux ans plus tard.

Nous y rencontrons Louise, une petite fille qui acquiert un jour un très joli nuage. Elle le chérit, en prend soin, et il grandit… Mais celui-ci prend de plus en plus de place… et s’il fallait lui rendre sa liberté ?

Un très bel album qui nous montre que lorsque l’on tient à quelque chose, à quelqu’un, on doit le laisser libre de ses mouvements, ne pas l’enfermer égoïstement. Une très belle parabole poétique, délicatement illustrée.

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Les Chemins de traverse, de Maylis Daufresne et Juliette Lagrange, La Joie de Lire, 2023.

Dans Les chemins de traverse, nos deux jeunes héros, Félix et Nour, encouragé.e.s par Malika, la tante de cette dernière, profitent des portes ouvertes, des venelles, des ruelles, des sentiers, et même des anfractuosités des falaises pour  découvrir le vaste monde à portée de mains. Par le jeu des découpes dans la page qui prennent la forme des espaces de transition entre les différents endroits explorés par les enfants, la lectrice, le lecteur est amené.e à parcourir à la fois la vie foisonnante du village et l’incroyable diversité des merveilles qu’offre la nature.  Un album qui chante la liberté de mouvement et qui remet le corps des enfants au cœur d’un espace qui peut aussi être bienveillant, accueillant et source de joies multiples. A une époque où l’adulte a tendance à voir le danger partout, cet album est une invitation au voyage immédiat, celui qui s’offre à nous chaque jour quand on passe le seuil de la maison.

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Le jour où je suis partie, Charlotte Bousquet, Flammarion, 2017

Dans Le jour où je suis partie, Charlotte Bousquet aborde un thème qui lui est cher : le combat pour la liberté des femmes. Tidir a perdu sa meilleure amie, qui s’est suicidée suite à un mariage forcé. Elle s’enfuit pour aller à Rabat, où elle compte participer à la marche des femmes du 8 mars. Elle fuit elle aussi un mariage arrangé, mais elle fuit surtout pour affirmer haut et fort son droit à choisir son avenir.

Entre péripéties, nature sauvage et rencontres, ce roman engagé dresse le portrait d’une jeune femme forte, qui se bat pour son avenir. Il nous montre à quel point la liberté est fragile, et loin d’être acquise partout. Un texte qui dénonce les inégalités et qui porte aussi l’espoir d’un monde meilleur.

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Le combat d’hiver, Jean-Claude Mourlevat, Gallimard Jeunesse, 2006

Dans Le combat d’hiver, Jean-Claude Mourlevat nous présente la lutte de quatre adolescents. Quatre adolescents qui reprennent celle de leurs parents contre l’oppresseur, la Phalange, la groupe tyrannique qui règne de manière despotique.

Dans cette épopée dystopique, l’auteur évoque avec poésie la lutte contre la dictature, le combat pour la liberté dans un environnement sombre et inquiétant, peuplé de créatures dangereuses. A travers ses personnages, c’est toute la force de l’entraide, de l’amour et du courage qui affleurent. Un classique indémodable

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Liberté de penser

L’incroyable machine à liberté de Kirli Saunders, illustrations de Matt Ottley, Kaleidoscope, 2021.

Une petite fille observe de drôles de machines. Des incroyables machines à liberté. Elles ont des formes et des couleurs étranges. À quoi servent-elles ?

Le lecteur attentif relèvera quelques indices au fil des pages et des illustrations toujours magnifiques de Matt Ottley. Qu’elle se retrouve dans « des endroits magiques et sauvages » ou dans « des profondeurs secrètes », sa machine à liberté permet à la petite fille de vivre intensément, de « devenir ce qu’elle avait toujours rêvé d’être ». De quelle manière ? Il faut découvrir cet album, véritable ode à l’imaginaire, pour le savoir !

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Swamp : un été dans le bayou de Johann G. Louis – Dargaud, 2023

Red et Otis sont amis dans la pauvreté, celle qui touche autant les Blancs que les Noirs. Nous sommes au beau milieu des années 30’ et la population ne se mélange pas. Les deux garçons ne prennent pas en compte les recommandations maternelles et si l’un sèche l’école c’est pour mieux retrouver l’autre dans le bayou. Des mauvaises choses se trament dans cette Louisiane étouffante, des étranges et inquiétantes disparitions d’hommes de couleur font jaser les gens. Bien vite les deux compagnons font la connaissance de Shelley venue s’installer dans un vieux manoir avec sa gouvernante un poil autoritaire et une mère mélomane fatiguée…

« Cette BD est donc tout particulièrement un hommage au Southern Gothic… un Sud qui vit dans la misère, où la criminalité augmente, où les tensions sociales sont fortes, en particulier envers les Noirs américains dont l’émancipation n’est pas acceptée. » La population tente de trouver un espoir de liberté en s’installant dans cette contrée. L’arrivée de Shelley et de sa mère montre également les mentalités étriquées : « Je suis née dans un trou du Missouri, une souris sait très bien reconnaître une fouine. »

A la fois protectrice et lucide, la mère de Shelley fait tout son possible pour protéger l’innocence des trois enfants : « Approche mon petit Red…n’entre pas tout de suite dans le monde des adultes. » La construction de cette BD alterne parfaitement entre les scènes de nuit qui aggravent la tension si palpable contrastant avec le jour où l’amitié innocente essaye d’apporter un peu d’optimisme.

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Le grand incendie, Gilles Baum et Barroux, les éditions des éléphants, 2016

C’est la censure et la liberté d’expression qui sont au centre de cet album de Gilles Baum illustré par Barroux.

Dans un pays lointain, le calife a ordonné un autodafé. Les livres brûlent, mais un jeune garçon découvre un morceau de feuille… Une fois le feu éteint, il va fouiller dans les cendres et y déniche une petite phrase.

Avec cet album, l’auteur nous dit la puissance des mots, leur beauté, leur force d’action. C’est un récit plein d’espoir sur les livres et les mots qui permettent de se révolter, de lutter contre l’oppression. Une ode à la lecture et à la liberté.

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Liberté de s’émanciper

Aux filles du conte de Thomas Scotto, illustré par Frédérique Bertrand, les Editions du Pourquoi Pas, 2022

« Aux filles du conte » est un superbe petit livre délicat et raffiné, relié au fil rouge pour envoyer au tapis les histoires cousues de fil blanc…Mais c’est surtout une ardente proclamation contre la soumission, les épreuves, le non-consentement, l’enfermement, l’injonction à la beauté, etc. , ces acouphènes dans les oreilles enfantines, depuis toujours, par la voix des contes, jusque dans la vraie vie, celle des talibans et de meetoo, à en devenir sourds. Dans un court format, titre phare de la collection « Manifeste poétique » des Editions du Pourquoi pas, Thomas Scotto porte une parole féministe puissante : l’heure de l’émancipation a sonné ! Il est grand temps de sortir de millénaires de patriarcat, de « peur bleue« , de  » supplices de papier« , et de « mutisme [du] corps« …dans lesquels les filles des contes ont été enfermées pendant des siècles. Le moment est venu de mettre en œuvre « l’évidence de liberté » pour « espérer le Monde« , « l’horizon rouge » …et pourquoi pas… « marcher devant« ? Avec un extrait de la chanson d’Anne Sylvestre « Une sorcière comme les autres » en épigraphe, comme un encouragement, il offre aux filles des contes (que l’on reconnaît tout au long du texte), en vérité à celles d’aujourd’hui, dans un concentré de talent, de poésie et de finesse, un souffle d’espoir et de liberté, pour que plus jamais on ne les invente. Nous l’avions « tant fait déjà« …

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Libres d’être, Thomas Scotto et Cathy Ytak, Les éditions du pourquoi pas ?, 2016

Libres d’être, publié aux éditions du pourquoi pas ? ce sont deux textes qui se font écho, dans un seul et même livre, deux époques, deux approches, pour un message unique et universel. La laïcité et l’émancipation du joug du patriarcat, comme armes de libération massive.
Sincère, engagé, virtuose, il est une référence incontournable pour Séverine. Identifié jeunesse, il est, en vérité, à mettre entre toutes les mains. Les 2 auteurs y croisent les mots d’un père d’aujourd’hui (partie autobiographique de Scotto), qui questionne et imagine l’avenir de ses filles, et ceux d’une jeune femme, en 1909, qui enrage contre l’ordre établi et aspire au contrôle de sa vie (partie fiction de Ytak).
En accord parfait, leurs voix entrent en résonance, bousculent et subjuguent. Elles interrogent, doutent, affirment, aussi, entre colère et impuissance, cri et chuchotement, passé et futur, douce poésie et références historiques, avec une infinie sensibilité, surtout, la liberté et l’égalité, sans compromission ni condition, pour toutes les femmes, ici, ailleurs. Qu’elles se libèrent du poids des convenances, des traditions, des voies tracées, qu’elles soient « libres d’être », tout simplement, définitivement.

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La retraite de Nénette de Claire Lebourg, l’Ecole des Loisirs, 2017

« Star indétrônable des orangs outans de la capitale, Nénette, 40 ans, était pensionnaire de la Ménagerie du Jardin des Plantes depuis sa tendre enfance. »

Nénette a bien mérité sa retraite. Elle recouvre une liberté bien mérité non loin de son habitat « pas naturel ». C’est dans un petit appartement très agréable donnant sur les toits parisiens, que Nénette profite de sa nouvelle et belle vie… Si belle que ça cette liberté ? Et si finalement Nénette aspirait à autre chose?

Le trait léger et gracieux de Claire Lebourg est un régal. Cette vie parisienne fait rêver, le lecteur y voit Nénette déambuler dans les rues de Montmartre, profiter des parcs et des cafés mais bientôt l’ennui s’installe. Au final, la liberté que l’on se choisit n’a pas de prix.

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Le paradis des chats d’Emile Zola, illustré par Timothée Le Véel, l’école des loisirs, 2023.

Critique social, ce conte philosophique aux allures de fable animalière dénonce et se moque de ceux qui ont tout et sont incapables de se mettre à la place de ceux qui n’ont rien.

L’histoire est celle d’un bon gros matou de salon, habitué aux grand luxe et au confort que sa maitresse lui prodigue à grand renfort de coussins moelleux et de viande à tous les repas. Envieux de la liberté dont semblent jouir les chats de gouttière qu’il voit à travers sa fenêtre, il prend la poudre d’escampette pour les rejoindre et goutter à cette vie de la rue. Mais quand la faim se fait sentir, il comprend que la liberté a un prix…

Au contact des chats des rues, le matou est confronté à un dilemme, un questionnement plus actuel, qui le pousse à choisir entre son confort et sa liberté.

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La petite épopée des pions d’Audren, illustré par Cédric Philippe, MeMo, 2017.

Parmi les pions du coffret en bois de rose, il existe un pion téméraire qui va oser prendre ce qui lui revient de droit, sa liberté. S’il est vite désigné comme fou par ses camarades, il entend bien se libérer du joug de la Main qui l’enferme dans un rôle bien défini qui ne s’entend pas au-delà du plateau de l’échiquier.

En alliant une histoire drôle et pleine d’aventures à une réflexion philosophique judicieuse sur la liberté et le libre-arbitre, le récit fait passer son message avec pertinence et intelligence. La petite épopée des pions est aussi une aventure qui pousse à quitter le confort rassurant et sécurisant des limites d’un monde que l’on connait, qui pousse à partir à l’aventure pour s’émanciper en repoussant les limites de notre liberté.

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Le goût de la liberté, Jesuso Ortiz et Louna Demir, Editions du Père Fouettard, 2022.

Et pour initier les plus jeunes à la liberté, voici un petit album qui s’adresse aux enfant dès 2 ans.

Dans ce tout-carton, Louna Demir et Jesuso Ortiz nous interpellent autour d’une question philosophique – Quel goût a la liberté ? – de manière ludique. Au travers des délicates illustrations de Jesuso Ortiz, on l’imagine sucrée, amère, acide… savoureuse aussi. De quoi amorcer une première réflexion sur ce concept avec les plus jeunes !

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Quelle lecture évoque le mieux la liberté pour vous ? Quel roman, quel album vous a donné des ailes pour la conquérir ?

Billet d’été : Du (handi)sport pour accepter son corps

Alors que les Jeux Paralympiques de Paris 2024 vont commencer ce mercredi 28 août, Blandine a souhaité mettre en valeur le handisport comme moyen de résilience, d’acceptation, de résistance et de performance. Des thématiques déjà bellement abordées dans les billets de Lucie, Frédérique, Séverine, Héloïse – Helolitla, Héloïse – Ileautresor, Linda et Colette.

Pour la petite histoire, les Jeux Paralympiques ont fait leur apparition en 1960, pour les Jeux d’été de Rome, et en 1976 à Örnsköldsvik en Suède, pour ceux d’hiver.

Qu’il soit de naissance, consécutif à un accident ou à une maladie, le handicap bouleverse le rapport au corps et la représentation qu’on en a. Par le sport, ce (nouveau) corps devient allié et synonyme de possibles, de beautés et de réussites. Pourtant, le handicap est souvent abordé en littérature jeunesse, mais quasi uniquement sous l’angle moteur et scolaire. Rendant le handisport peu connu, peu accessible, peu accepté, car sous-représenté. Les quelques titres dénichés sont donc d’autant plus forts et importants.

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INSÉPARABLES, Charlotte Fairbank et Claire Morel Fatio, La Martinière Jeunesse, 2024.

Charlotte Fairbank a perdu l’usage de ses jambes à 9 ans suite à un « accident un peu bête » et a dû apprendre à utiliser son nouveau corps, à devenir « cap » et c’est ainsi qu’elle a découvert le handisport puis le fauteuil-tennis plus récemment grâce à un joueur, Dani. Cet album, en plus de nous raconter un récit de vie, un courage et une obstination exemplaires, nous montre les différents types d’handicaps existants, visibles et invisibles, afin de les normaliser. Charlotte Fairbank a été sélectionnée pour compétiter durant les Jeux Paralympiques 2024.

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Envole-moi, Annelise Heurtier, Casterman Jeunesse, 2020.

Lorsque Swann, 15 ans, voit Joanna lors d’une brocante, un coup de foudre le frappe. Il est subjugué et il faut croire que c’est partagé car elle lui donne son alias Facebook. Elle est dans un autre lycée, dans une autre ville même, aime les blagues idiotes et créer des jeux atypiques qui deviennent bientôt des petites habitudes entre eux. Et elle adore la danse classique et les Ballets. Avec sa cousine, c’était d’ailleurs leur rêve : réussir le concours de l’école de danse de l’Opéra de Paris. Chiara a réussi. Joanna n’a pas pu tenter. Car elle est en fauteuil roulant depuis un accident de voiture. Dès lors, Swann n’a plus qu’une idée en tête, lui permettre de danser. Mais le projet s’avère bien plus difficile à réaliser que pensé.

Je ne veux pas être le gentil garçon qui aide la pauvre fille handicapée. Je suis celui qui aide la fille qu’il aime, point.

Outre la belle histoire d’amour qui se noue entre ces deux adolescents, ce sont surtout les questions autour du handicap et ce qu’il induit qui sont intéressantes. Sortir avec une fille en fauteuil, c’est être hors-cadre, hors des schémas, et il faut être prêt à accepter regards et remarques, maladroits comme intentionnels, et l’exclusion. Lorsque Swann recherche des cours dans sa région, il va se heurter à une dure réalité qui n’est pas toujours le fait de mauvaises volontés. Annelise Heurtier, par sa plume douce les décrit bien, comme les affres dans lesquels se retrouve plongé Swann. Un très beau roman !

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Running Girl est une courte série en trois tomes des Editions Akata, dans laquelle nous rencontrons Rin, jeune adolescente amputée sous le genou droit suite à un sarcome osseux. Sa prothèse lui fait mal, elle n’arrive pas à gagner de l’assurance pour marcher sans béquilles, elle n’a plus goût à rien et sa convalescence est bien plus longue que pour les autres. C’est comme cela que son rééducateur à l’hôpital l’oriente vers un orthoprothésiste qui travaille avec un certain Kazami. Impressionnée par sa personne autant que par ses conceptions, Rin se découvre une volonté insoupçonnée, une envie de vivre et de réussir, un optimisme à toutes épreuves. Sa nouvelle ambition : courir. Et courir vite pour être sélectionnée aux prochains Jeux Paralympiques !

Running Girl est un manga passionnant. Par l’histoire de Rin, c’est tout le développement du parathlétisme et de la course en particulier qui nous est raconté. La conception des lames, la manière de les utiliser pour performer, les emboîtements, les entraînements entre sportifs en situation de handicap et sportifs valides, le coût des équipements, plus élevés, encore en expérimentation donc peu/pas assez rentables… C’est tout un envers du décor qui nous est expliqué et c’est fortement instructif et intéressant.

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Toujours chez Akata et le parathlétisme, faîtes connaissance avec Shôta dans le manga Fends le vent ! (en 5 tomes).

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Jeux Paralympiques. Kara7, Kat-chan, Reptilian, Fondation Ipsen, 2021.

Dans ce manga, trois histoires inspirées de trois handisportifs sont rassemblées. Celle de Renaud Clerc (athlétisme), Sonia Heckel (boccia) et Ryadh Sallem (rugby-fauteuil). Trois parcours de vie frappés par le handicap que le sport a permis de relever et de transformer. Ces trois récits nous permettent de voir combien le sport peut redonner envie, confiance en soi et en l’avenir, comme de connaître ces sports, telle la boccia, sorte de pétanque italienne, uniquement jouée par les handisportifs et accessible à plusieurs types de handicaps.

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REAL, Takehiko Inoue, Kana, 2024. 16 tomes

Tomomi Nomiya est lycéen plein de morgue. Basketteur hors pair, il agace ses camarades et professeurs qui n’apprécient pas son attitude. Renvoyé du lycée, il ne joue plus au basket depuis qu’un accident de moto a laissée handicapée la fille qui l’accompagnait ce soir-là. Culpabilisant, c’est à la suite d’une de ses visites à l’hôpital qu’il fait la rencontre de Kiyoharu Togawa, jeune homme amputé d’une jambe suite à une maladie, féru de basket mais n’y jouant plus malgré l’insistance de sa sœur. La rencontre des deux jeunes hommes va se révéler musclée. Pendant ce temps, Hisanobu Takahashi prend la tête de l’équipe lycéenne de basket mais son prestige tourne court.

Le premier tome de cette série manga (non terminée) est percutant et nous donne terriblement envie de suivre les parcours de ces trois jeunes hommes dont les portraits psychologiques sont finement dressés. Au-delà, il nous montre comment le handibasket est pratiqué, le type de fauteuil à avoir, les facultés à acquérir, les types de déplacements…

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Les Stars des Jeux olympiques et paralympiques. Françoise Ancey, Hugo Jeunesse, 2023.

Si les portraits de sportifs valides, historiques, ou encore féminins sont nombreux, rares sont les portraits des handisportifs. Cet ouvrage documentaire leur donne une visibilité en y associant une histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques. Certes, les portraits paralympiques sont moins étayés et souvent groupés, mais ils ont le mérite d’être présents et le livre est de belle facture.

Un premier documentaire qui en verra d’autres, plus complets, plus exclusifs aussi, on l’espère !

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120 jeux SPORTS Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Hugo Jeunesse, 2024.

Il existe plusieurs façons de découvrir les sports olympiques et paralympiques, et le jeu en fait partie ! Ce cahier indiqué dès 7 ans est une très bonne première approche, d’autant qu’il ne contient aucun didactisme. Labyrinthes, jeux d’ombres, rébus, charades, pêle-mêles… se succèdent pour les découvrir, « l’air de rien ». Et c’est très bien ainsi !

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Pour aller plus loin et découvrir d’autres ressources :
*Album : L’envol de Dimitri. Cécile Baquey-Moreno et Sébastien Chebret, Éditions Cépages, juin 2024. Sur Dimitri Pavadé, athlétisme
*Album : Tomber 8 fois, se relever 9. Frédéric Marais, Editions HongFei, avril 2024. Sur Eugène Criqui, boxeur
*BD : Balle au pied. – Tome 1 – Remise en jeu. Lyllian et Lesdeuxpareilles. Éditions Glénat, juin 2024
*Film : Un p’tit truc en plus. Par Artus (2024)
*Podcast : « Succès d’ »Un p’tit truc en plus » : nouveau regard sur les handicaps mentaux ? ». France Inter
*Manga à paraître chez Akata : Les Artisans du possible. Le 5 septembre 2024
*Différentes vidéos sur France TV autour du handisport et du Paralympisme

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Vous intéressez-vous à l’handisport et regarderez-vous les Jeux Paralympiques ? Avez-vous d’autres références de livres jeunesse ?

Billet d’été : Quand le Sport se décline au Féminin

L’été est déjà bien entamé et les billets sportifs se sont enchaînés autour de divers thématiques. Cette semaine, Linda vous propose de découvrir une sélection de livres consacrés aux sportives.

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Femmes déterminées, Sportives engagées

Pour commencer, voici quelques titres qui mettent en avant des questionnements sur la place de la femme dans le sport au travers de réflexions ou de portraits qui valorisent l’engagement et le combat de ces héroïnes du sport. Ils sont aussi l’occasion de (re)découvrir des femmes qui ont marqué leur époque et ont contribué à changer le monde du sport.

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Portraits de sportives, de femmes fortes, de battantes, essai féministe et engagée, Femmes & Sport nous rappelle le chemin parcouru entre 1930 et 2007 (informations remises à jour en 2023 pour la réédition) par et pour les femmes, les sportives et spectatrices qui ont toutes un rôle à jouer.
Constitué d’une cinquantaine de textes courts écrits par un collectif d’auteur.es qui, chacun dans son style, amènent une réflexion sur le rapport de la femme au sport, mais aussi et surtout, sur le rapport du sport aux femmes.

Femmes & Sport, Collectif, hélium, 2024.

Son avis complet est ICI.

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Composé de huit nouvelles écrites par huit auteurices réuni.es par Carole Trébor, directrice d’ouvrage, Les Olympes s’inscrit dans une thématique féministe et engagée en proposant huit portraits de femmes qui ont contribué à changer l’image des sportives en montrant comment elles ont su s’imposer dans leur discipline, en transgressant les codes vestimentaires et/ou de genre et de couleurs, et en faisant preuve de force physique et mentale pour ouvrir la voie aux suivantes en se libérant du poids des stéréotypes.

Ces histoires reviennent sur les victoires de Gertrude Ederle, Rena Kanokogi, Kathrine Switer, Florence Artaud, Serena Williams, Kiran Gandhi, Megan Rapiroe et de l’équipe de beach handball norvégienne et nous rappelle que la lutte pour l’égalité existe depuis longtemps et n’est pas encore fini.

Les Olympes, Collectif, Albin Michel, 2024.

Son avis complet est ICI.

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Il faisait parti de notre sélection documentaire lors du dernier Prix ALODGA, Surfeuses dresse le portrait de neuf femmes qui se sont battues pour avoir le droit de pratiquer cette activité sportive au même titre que les hommes. Pionnières, elles se sont imposées dans la pratique et ont contribué à faire évoluer les mentalités et le surf en la rendant accessible à toutes.

Surfeuses de Paola Hirou, Hélium, 2023.

L’avis complet d’Isabelle.

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Véritable catalogue, cet album propose de découvrir 65 sportives, dont 50 françaises, au travers d’une présentation de leur pratique sportive, leur palmarès et leur combat pour s’imposer dans leur discipline.
Chaque portrait se présente sur une double page. La page de gauche dresse une présentation sommaire mais pourtant complète, la page de droit est une illustration de la championne et propose un petit encadré récapitulatif du palmarès des médaillées.
Un album documentaire à découvrir en famille, dès 5/6 ans.

Les super-héroïnes du sport d’Andrès Ramos & Syanie Dalmat, Talent Sport, 2024.

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Portraits de Sportives

Voici ensuite une sélection de titres qui mettent en avant le parcourt de femmes qui ont marqué leur discipline par leur performance en s’imposant jusqu’à devenir des figures inspirantes pour leur génération et les petites et jeunes filles qui feront les sportives de demain.

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Première star internationale du tennis féminin, Suzanne Lenglen, surnommée la Divine, a révolutionné le monde du sport en s’imposant sur les courts. Mais au-delà de son palmarès impressionnant, c’est sa façon d’imposer un style encore jamais vu chez les femmes qui en font une figure marquante de son époque.
Elle brave les mœurs de la société en se libérant du carcan qui enferme les femmes dans un corset et joue en tenue décontractée tout en imposant un style de jeu alors réservé aux hommes. Au fil des années, elle défie la Fédération du Tennis en devenant professionnelle alors que seule les amateurs sont acceptés sur les tournois et ne perçoivent aucun salaire.

Suzanne de Tom Humberstone, Ankama, 2024.

Son avis complet est ICI.

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Première médaillée olympique de l’histoire des jeux modernes, Betty Robinson est une athlète qui aura marqué son époque et les Etats-Unis pour son parcours aussi exceptionnel que fulgurant. Philippe Nessmann retrace son histoire et son parcours de ses débuts dans l’athlétisme à l’âge de 16 ans à sa dernière participation à une compétition officielle lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Entre exploit sportif et récit historique, Une fille en or est un roman à découvrir dès 9-10 ans !

Une fille en or de Philippe Nessmann, Flammarion jeunesse, 2021.

Son avis complet est ICI et celui d’Héloïse – Ileautrésor ICI.

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Six fois championnes du monde, Clarisse Agbégnénou affiche un palmarès impressionnant et s’impose comme une figure majeur du judo féminin français. Dans ce petit roman, elle raconte son combat dès sa naissance pour vivre – née prématurément sans grand espoir de survie. Elle raconte ensuite son enfance et sa difficulté à se poser jusqu’à sa rencontre avec le judo, ses premières compétitions et ses rêves de championne du monde.
Si le récit est assez simple, il est parfaitement adapté aux jeunes lecteurs qui en plus d’y découvrir une jeune fille incroyable, y trouveront des conseils pour s’accepter tels qu’ils sont, le droit à l’erreur, l’importance de se trouver une activité qui stimule et passionne dans la construction de l’estime et la confiance de soi.
Enfin, il est aussi appréciable d’y trouver des informations de bases sur le judo et son vocabulaire spécifique purement japonais.

Combattre pour être soir – Les conseils d’une championne de Clarisse Agbégnénou, Rageot, 2021.

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Corpsobjet

Il est difficile de parler du sport en féminin sans évoquer les abus sexuels. Mais sans avoir besoin de sombrer dans le voyeurisme, le sujet mérite d’être traité avec pudeur en insistant sur l’importance de parler.

Annelise Heurtier parvient parfaitement à nous introduire dans le gymnase auprès de ces adolescentes dont la vie s’articule autour de leur passion commune. Sa jeune héroïne, Tessa, nous y décrit les entrainements, le dépassement de soi, les relations entre les différentes sportives, les sélections, les compétitions…les relations particulières qui s’installent entre le sportif et son coach. Jusqu’au drame qui vient éclabousser le club et chambouler l’organisation bien huilée du groupe avant qu’elles osent briser le silence ensemble.

Push d’Annelise Heurtier, Casterman, 2021.

Son avis complet est ICI.

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Fiction

Pour finir, voici une petit série fictive fort sympathique qui, tout en abordant différents sujets, met en avant le parcours et le combat d’une jeune fille d’origines maliennes dans le monde de la danse. Il est reconnu que le parcours de danseuse étoile n’est pas des plus simples mais quand on a comme Eve la peau noire, il faut se battre encore plus pour s’imposer et faire sa place.

Son avis complet sur le tome 1 et le tome 2.

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Quelle figure du sport féminin vous inspire ? Quelles lectures recommanderiez-vous ?

Billet d’été : L’équitation pour rebondir et se reconstruire

Après le billet d’Hélolitlà sur la reconstruction par le sport la semaine dernière, Héloïse – Ileautresor se propose de poursuivre sur ce thème en insistant sur le lien à l’animal. Et pas n’importe lequel car il s’agit de chevaux. L’équitation est un sport qui permet de pratiquer un exercice physique mais aussi de suivre et de réguler le flot de ses émotions. Cela permet d’instaurer une complicité avec sa monture. Sinon, un cheval a tôt fait de s’emballer et d’emporter son cavalier.

Cependant, le sport équestre n’est pas sans risques… Mais il permet aussi de surmonter bien des difficultés justement grâce à ce lien avec le cheval : en équitation, entraînement et exercices moteurs sont profondémement liés à l’affection que le cavalier éprouve pour le cheval. Vous l’aurez compris, cette semaine, Héloïse – Ileautresor a décidé de mettre ce sport au cœur de son billet d’été. Car elle est persuadée que le sport équestre peut ainsi favoriser la reconstruction après un accident de la vie et permet de rebondir.

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Le mystère de Lucy Lost de Michaël Morpurgo est un roman qui lui a beaucoup plu. Un homme des îles Scilly (au Sud de l’Angleterre), évoque sa grand-mère, surgie de la mer comme une sirène…

Dans son récit, Jim, un pêcheur, part pêcher avec son fils Alfie . Il ramène à la maison une petite fille inconnue, silencieuse , qui ne parvient à dire qu’un mot : Lucy… Tout un mystère l’entoure. Cette fillette semble avoir été particulièrement éprouvée par un événement inconnu. Pourquoi était-elle seule, sur l’île St-Helen ?
Planter le décor dans les îles de Cornouailles convient parfaitement pour suggérer le mystère qui entoure Lucy, trouvée en mai 1915. Lucy peine à reprendre des forces. Qu’a-t-elle vécu ? Qui est-elle vraiment ? Le mystère perdure autour d’elle. 

Alfie prend soin de Lucy. Petit à petit il se crée des liens d’amitié solides entre Lucy et Alfie. Cependant, Lucy semble vraiment désorientée : elle était égarée sur une île, mais aussi touchée par un profond choc émotionnel qui l’a ébranlée intérieurement.
Toutefois, Lucy trouve une thérapie avec un cheval apparemment indomptable. Personne n’arrive à le monter… sauf elle. En chevauchant cette monture sauvage, elle réussit à traverser le passage rempli d’eau qui sépare l’île de l’école. 

Ce récit, rempli d’énigmes de bout en bout du récit, est l’un des romans de Michael Morpurgo qu’Héloïse préfère.

Le mystère de Lucy Lost, Michael Morpurgo, Folio junior, 2018.

Son avis complet ICI et celui d’Isabelle.

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Dans Le murmure des chevaux, Charlotte Bousquet raconte une reconstruction de soi après des accidents de la vie. Le récit suit en particulier le flot des émotions et des rêves (en italiques dans le texte).

Valentin, un jeune garçon aime les chevaux depuis son enfance. Il assiste à la naissance d’une pouliche, Dona, en presence de sa mère.

Le lecteur retrouve Valentin plusieurs années après, et le sort s’est acharné sur l’adolescent. Suite à un accident, sa mère a disparu. Depuis, Valentin s’est progressivement éloigné de son père devenu distant.  L’adolescent se retrouve en apprentissage dans une filière avec des chevaux. Mais son entourage, dur et sévère, refuse toute émotion lorsqu’il n’ouvre pas la porte à la violence… Il n’est alors pas question de faire appel à des émotions positives. Or, face au refus de toute sensibilité, un nouvel accident survient. Comment s’en sortir ? Comment rebondir ? Quel chemin prendre après que le monde se soit écroulé ? 

Le roman est alors le récit d’une reconstruction de soi après des accidents de la vie. Il indique que suivre le fil de ses émotions et se faire confiance peut être une solution : en aiguillant sa vie comme on le souhaite profondément – avec une orientation que l’on a à cœur, et en donnant un sens à sa vie – en dépit des obstacles rencontrés précédemment.   

Héloïse a aimé le fait que le récit suive le flot des émotions et des rêves, que parfois les rêves du garçon et de la jument se rejoignent et se mêlent… L’une des originalités de ce livre tient à la multiplicité des points de vue qui ne font plus qu’un – comme pour devenir centaure – homme / cheval. Ce sentiment unique lorsqu’on est à cheval de faire « lien » avec son cheval dans la nature… que ce soit sur une plage de sable ou « dans le royaume des « steppes et [du] vent » » 

Un beau roman sur la résilience et le fait de reprendre confiance en soi. 

Le murmure des chevaux, Charlotte Bousquet, Scrineo, 2021.

Son avis complet ICI.

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Comme Le murmure des chevaux, Tempête au haras débute par la naissance de la pouliche Belle Intrigante. Mais ici, il est question d’une naissance simultanée entre la jument et un jeune garçon, Jean-Philippe. Celui-ci vit en effet dans un haras et depuis sa naissance, il a besoin d’être près de la pouliche.

Jean-Philippe assiste ainsi à la naissance d’autres poulains de la jument : comme celle de Tempête -justement nommé car il est né pendant un orage. 

Toute sa jeunesse, Jean-Philippe n’a qu’un rêve : devenir jockey. Alors que son père, éleveur de chevaux, souhaite surtout avoir un « crack » : un trotteur qui gagne à la course. 

Mais l’accident survient : Jean-Philippe ne peut plus tenir sur ses jambes. Pour l’adolescent, comment réaliser son rêve ? Mais il n’est pas dénué d’ingéniosité et a plus d’un tour dans son sac… 

En dépit de l’accident, ce roman rempli d’humour montre qu’il ne faut pas renoncer à réaliser ses rêves, même les plus fous… Avec de la détermination, l’équitation peut permettre de continuer à vivre et aussi de se dépasser.

Tempête au haras, Chris Donner, L’école des loisirs, 2012.

Son avis complet ICI.

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Certain(e)s rêvent d’équitation mais ne peuvent en faire : question de condition sociale ou d’époque – comme dans Un cheval de rêve d’Evelyne Brisou-Pellen.

Marie se rend à l’école en sabots. Top, Top ! Elle aime entendre le bruit des sabots qui claquent sur le chemin.
Fille de paysans bretons, à neuf ans, elle part tôt le matin pour franchir les cinq kilomètres qui la séparent de l’école… Il fait froid. Elle passe par de petits chemins, par la lande, souvent dans la nuit et le froid l’hiver ; mais elle ne se plaint pas : elle mesure sa chance d’aller étudier… Elle sait bien pourquoi elle va à l’école : elle aime apprendre, lire, écrire, compter.
Elle redoute cependant les mauvaises rencontres : surtout celle d’Amboise qui la rudoie pour s’amuser ; il la malmène souvent quand il la voit.
Aussi rêve-t-elle d’enfourcher un cheval pour aller à l’école… Marie n’aurait alors plus de souci. Elle chevaucherait alors par monts et par vaux … en toute liberté ! Il n’y aurait plus alors à redouter de croiser Amboise.
Mais ce n’est pas n’importe quel cheval vers lequel vont les pensées de Marie : celui qu’elle préfère, c’est un beau cheval noir qu’elle voit dans le pré du château. En secret, elle l’appelle Dragon noir. Un jour Marie n’y tient plus : elle enfourche le cheval noir et c’est l’accident ! Que lui arrivera-t-il encore ?

Héloïse a bien aimé l’histoire de cette jeune bretonne qui se rend à l’école en sabots – comme sa mère autrefois. Elle va par les chemins de terre, elle a son jardin secret même si cela lui semble un projet irréel loin de ce qui est possible à une fille de fermier.
Une belle histoire pour celles et ceux qui aiment le cheval et la Bretagne, lu d’une traite lors de congés dans cette belle région.

Dans ce dernier roman, le cheval apparaît comme un rêve mais aussi comme au solution face au harcèlement de Marie par un des autres enfants de l’école. 

Un cheval de rêve, Evelyne Brisou-Pellen, Nathan, 2022.

Son avis complet ICI.

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Ainsi, au-delà d’un simple sport, l’équitation est une école de maîtrise de soi. L’équitation place l’accent sur le lien entre le cavalier et sa monture. Le cavalier emprunte ainsi un chemin qui permet de se reconstruire, de franchir obstacle après l’obstacle, et de mieux rebondir…

Cette activité peut donc aider à surmonter les complications de la vie… et devient thérapie. Elle permet la reconstruction et peut permettre d’accéder à la résilience… Et vous, quels sont vous livres préférés sur le rétablissement par l’équitation ?

Billet d’été : Sport et Résilience

Après Lucie, Liraloin et Séverine, il est temps pour Héloïse – Helolitla de relever le défi de ces billets d’été sur le sport !

Le sport, un moyen de résister à l’oppression, un moyen de s’évader, à la montagne ou ailleurs… et aussi, parfois, un moyen de surmonter un traumatisme, de dépasser un drame. Le sport, un moyen de rebondir, de se reconstruire.

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C’est le cas par exemple de Glenn, qui a perdu son père, décédé dans un accident d’avion. Finies les courses à pied le long de la plage de Sydney, moments de partage et de communion avec son père et la nature, puisque Glenn doit aller vivre chez ses grands-parents, en France. Finies ? Non, Glenn ressent au fond de de lui ce besoin irrépressible de courir. Et pourrait bien trouver un allié pour reprendre ce sport…

« Plus je courais, plus je sentais la vie monter en moi.« 

Un court roman intense qui célèbre l’endurance et le running.

Courir avec des ailes de géant, Hélène Montardre, Rageot, 2017.

Sa chronique ICI.

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Jade, elle, a subi une agression sexiste et raciste : elle a été passée à tabac par des inconnus, en sortant de la piscine. Une agression violente dont elle peine à se remettre, jusqu’au jour où elle découvre le free fight. C’est ce sport qui va lui permettre de retrouver confiance en elle, de faire la paix avec son corps, de transcender cette colère qui l’anime en quelque chose de beau. Grâce au free fight, Jade trouve sa place. C’est comme une évidence pour elle.

« Quand je suis sur le tapis, j’ai l’impression d’être moi. Je suis bien dans mon corps, dans ma tête. Le reste du temps, mon cœur bat au ralenti. »

Enfin, le free fight est pour Jade un moyen de lutter contre les stéréotypes en montrant à tous que, oui, une fille peut se battre, et être douée.

Un roman coup de poing.

Frapper comme une fille, Yves-Marie Clément, Auzou, 2024.

Sa chronique complète ICI.

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Les difficultés, Astrid, Hakima et Mireille connaissent aussi. Toutes trois subissent régulièrement des moqueries sur leur physique, et cette année, elles ont été élues « Boudins » du collège. C’en est trop pour elles, elles décident de ne pas se laisser faire. Elles se lancent donc un défi : rejoindre Paris, en partant de Bourg-en-Bresse, à vélo, en vendant des boudins.

Les petites reines vont transcender ce harcèlement avec le vélo, et indirectement, alerter la population sur les dangers du harcèlement. Entre humour et émotions, un road-trip cycliste qui ne les laissera pas indemnes, et va leur permettre de se trouver elles-mêmes.

Les petites reines, Clémentine Beauvais, Sarbacane, 2015.

La chronique d’Isabelle, celle de Blandine, celle d’Héloïse (Ileautrésor), et celle d’Hélolitlà.

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Kasienka, 12 ans, émigre avec sa mère en Angleterre. Nouveau pays, nouvelle langue, et difficile acclimatation pour la jeune fille. Son seul refuge : la piscine, et la natation. Kasienka est une très bonne nageuse, et ce sport lui permet de mettre de côté son quotidien difficile. C’est une jeune fille touchante, en pleins émois adolescents. Une jeune fille en décalage avec les autres, moquée, harcelée, qui peine à se faire une place, hors de l’eau.

Un roman en vers libres, rythmé, puissant, sur les difficultés liées à l’intégration.

« Quand je suis dans l’eau
Mon corps tangue comme une vague :
Violent, un peu.
Beau, surtout.

Poitrine dressée,
Bras étendus,
Jambes en arrière,
Je m’apprête à frapper l’eau.

Et je tire,
Je pousse,
Je glisse.
Ainsi avance le Papillon. »

Swimming pool, Sarah Crossan, Rageot, 2018.

La chronique de Linda, celle d‘Hélolitlà.

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C’est la peur qui pousse Tony et Antoine un matin à s’enfuir. Les deux amis ne se concertent pas, ils se regardent, et partent en courant… Ils ne vont pas au collège.

Ce qui commence comme un jeu continue en course effrénée. Ils fuient tous deux quelque chose : l’un un père violent, l’autre le risque d’être expulsé de France. Une course pendant plusieurs jours, au-delà des limites, pour fuir, et dépasser ces traumatismes. Une course pleine d’espoir, au goût de liberté.

« On est invincibles, on file et nos pieds claquent de joie sur le bitume. On court comme on éclate de rire, comme on envoie balader une mauvaise pensée, comme on s’approche du bord de la piscine l’été pour se jeter en avant les bras grands ouverts vers la fraîcheur. On court dans le bonheur de l’instant. »

Aussi loin que possible, Eric Pessan, L’école des Loisirs. 2019.

Sa chronique complète à retrouver ICI.

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Et puisque qu’Héloïse trouve que le basket se prête bien à cette idée de rebondir après un drame, et que c’est le sport « familial », voici quelque titres qui l’ont marquée !

Après Frères, Kwame Alexander a imaginé l’adolescence de Charlie « Chuck » Bell, le père de Joshua et Jordan, dans un autre roman en vers libres. Nous sommes en 1988, c’est l’été, le premier été pour Charlie depuis que son père est mort. L’été où le basket, et un séjour chez ses grands-parents, lui ont redonné le goût de vivre. Durant cet été de grands changements, Chuck, aidé par sa cousine Roxie, découvre une passion qui ne le quittera plus.

« C’était l’été 1988,
l’été où le basket m’a donné des ailes,

où j’ai dû apprendre à
rebondir

sur le terrain
et dans la vie. »

Les vrais champions dansent dans le blizzard est un roman qui file à merveille la métaphore du basket pour rebondir après un drame. Un texte en vers libres poétique et résilient, qu’Héloïse ne se lasse pas de relire !

Les vrais champions dansent dans le blizzard, Kwame Alexander, Albin Michel Jeunesse, 2019.

Sa chronique complète ICI.

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Marie Vareille s’est attachée au sujet aussi, avec Le syndrome du spaghetti. Léa, basketteuse de haut niveau, qui vise une place en WNBA, voit sa vie s’écrouler du jour au lendemain. Mais il y a Anthony, rencontré par hasard. Anthony dont le basket est le seul échappatoire. À deux, ils vont tenter de surmonter les épreuves de la vie…

Deuil. Maladie. Le sport, une passion pour se reconstruire. Entraide. Amour. Marie Vareille découpe son roman avec les cinq étapes du deuil, nous montre avec justesse les émotions qui emportent Léa. C’est émouvant, vibrant, poignant.

Une ode à la vie, au sport, à l’amour.

Le syndrome du spaghetti, Marie Vareille, Pocket Jeunesse, 2020.

La chronique de Lucie, celle d’Hélolitlà.

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Pour conclure ce billet, Hélolitlà s’éloigne un peu du sujet, mais elle souhaitait vous parler de ce roman qui l’a beaucoup touchée : ABC…, d’Antonio Da Silva.

Jomo grandit au Mali mais est repéré par un chasseur de têtes. Envoyé en France, dans un centre d’entraînement créé par Tony Parker, il se perfectionne en basket... et se heurte aux pattes de mouche, partout. Car Jomo ne sait pas lire… Il suit donc des cours du soir, en plus de ses entraînements.

Entre récit initiatique, poésie, sport, histoire d’amour tragique, l’auteur a su toucher Héloïse. Nous découvrons des personnages cosmopolites, profondément humains. Entraide et solidarité sont les maîtres-mots de cet ouvrage d’une grande délicatesse, qui met la vie au centre.

ABC…, Antonio Da Silva, Rouergue jeunesse, 2020.

Sa chronique ICI et celle d‘Isabelle.

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Et vous, quels sont les romans sur la résilience par le sport qui vous ont fait vibrer ?