Des livres et des titres

Cet été, à l’ombre de l’arbre, nous poursuivons la thématique : c’est quoi un bon livre ? Après les beaux billets de Chlop, Pépita, Sophie, Colette, et Bouma, voici mon tour.

Qu’il soit court ou long, implicite ou explicite, énigmatique ou direct, dans le mille ou à côté de la plaque, le titre d’un livre est souvent la première entrée dans le récit. Comment l’auteur/e le choisit-il ? Quel est le rôle de l’éditeur/éditrice ? C’est quoi un bon titre ?

Pour répondre à ces questions, j’ai proposé à des auteurs et éditeurs de nous expliquer les coulisses et le travail éditorial en équipe, avec en bonus quelques anecdotes bien sympathiques ! Un immense merci à Gilles Bachelet, Cécile Roumiguière, Alice Brière-Haquet, Maryvonne Rippert, côté écrivain, et à Tibo Bérard et Brune Bottero, côté édition, pour leur pause estivale et leur disponibilité !

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Entretien avec Gilles Bachelet, auteur et illustrateur, bibliographie ici.

extrait de Mon Chat le plus bête du monde, Seuil Jeunesse, 2004.

extrait de Mon Chat le plus bête du monde, Seuil Jeunesse, 2004.

– Comment choisissez-vous vos titres ? Est-ce le point de départ ou l’évidence de la fin du processus d’écriture ? A quel moment l’éditeur intervient-il ?

Pas de méthode particulière. Le titre peut aussi bien s’imposer comme une évidence dès le départ que donner lieu à de longues recherches, hésitations, remises en cause, sondage de l’entourage etc…Une règle de base quand même : quand on a trouvé le super titre, (drôle, intelligent et qui sonne bien), vérifier que d’autres ne l’ont pas utilisé avant vous… c’est souvent le cas. L’éditeur va, bien sûr, donner son avis ou même son veto…

Deux anecdotes : Je téléphone à mon éditeur, Patrick Couratin, pour lui faire part de ma nouvelle idée d’album. Je lui explique en gros l’idée et je conclus « ça s’appellera Napoléon Champignon ». Il me répond du tac-au-tac : « non, Champignon Bonaparte ». Il avait raison bien sûr, ça sonne beaucoup mieux…

Pour le troisième album du Chat qui devait clore la trilogie, j’avais initialement prévu comme titre « Pour en finir avec mon Chat ». Ce choix n’a pas emballé mon éditeur qui a jugé cela un peu radical et expéditif. Après avoir établi toute une liste de titres possibles j’ai fini par m’arrêter sur Des nouvelles de mon Chat , plus neutre et passe-partout, mais c’est ce refus qui m’a donné l’idée d’ajouter à la fin du livre une page des « albums qui ne paraîtront pas » pour bien marquer l’idée que l’ouvrage serait le dernier de la série.

– Vous êtes à la fois l’auteur et l’illustrateur de vos albums, qui des deux choisit le titre ?

Ah, ah ! Le grand bonheur d’être à la fois l’auteur et l’illustrateur, c’est précisément de ne pas être confronté à ce genre de problèmes… Le titre et l’image de couverture sont indissociables. C’est la cohérence, le décalage ou même la contradiction entre les deux qui va donner envie (ou pas) d’en savoir plus et d’aller plus loin dans la découverte de l’album. On va dire que c’est donc un choix collégial entre le moi-auteur et le moi-illustrateur…

– L’humour est omniprésent chez vous : l’ironie, l’absurde, le burlesque, le décalé. Pouvez-vous nous raconter le choix du Chat le plus bête du monde ? et le décalage entre le texte et l’image ?

L’idée de ce livre est partie d’un vrai chat, très gros et très bête, que j’avais adopté à l’époque. Le fait qu’il faisait ses besoins à côté de sa litière, en toute innocence, parce qu’il ne s’apercevait pas que son derrière dépassait de la caisse, le fait qu’il pouvait rester une heure en contemplation devant une boite de croquettes ouverte sans avoir l’idée de donner un coup de patte pour se servir, sont authentiques. Ma première intention était de l’illustrer avec un vrai gros chat. C’est la juxtaposition fortuite, dans un carnet de croquis, de phrases parlant de ce chat et de dessins d’éléphants que je faisais pour m’amuser, sans intention particulière, qui m’a donné l’idée de le traiter de cette façon.

– Vous êtes traduit à l’étranger, que pensez-vous des traductions des titres ?

Je peux difficilement en juger, ne parlant pas moi-même ces langues. Quelquefois les traductions littérales des titres sont assez éloignées du titre original mais j’imagine que les traducteurs et les éditeurs ont leurs raisons et je suis bien obligé de faire confiance. (On ne me demande pas mon avis de toute façon, en général… )

 – Et enfin, peut-on connaître votre prochain titre ?

Dès que je le connaîtrai moi-même, je ne manquerai pas de vous en faire part… 😉

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Entretien avec Cécile Roumiguière, auteure d’albums et de romans, bibliographie ici. 

Une Princesse au Palais illustré par Carole Chaix, Thierry Magnier, 2012

– Comment choisissez-vous vos titres ? Est-ce le point de départ ou l’évidence de la fin du processus d’écriture ?

Ça dépend. Parfois le titre est une évidence, dès les premières lignes d’écriture ou même dès l’idée du projet. Plus souvent, c’est tout un processus, le titre évolue au long de l’écriture, puis change.

 – A quel moment l’éditeur intervient-il ?

Il intervient si le titre ne lui plaît pas, ou s’il y a déjà un titre identique dans la collection, comme pour L’école du désert (mon premier livre), qui devait s’appeler “Le tablier de Noura”, mais un roman chez Magnard avait déjà le mot “tablier” dans son titre.
Si je patauge à la recherche d’un titre, je demande à mon éditeur s’il n’a pas une idée, et on fait avancer le titre ensemble.
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 – Concernant vos albums, choisissez-vous avec l’illustrateur ? 
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Parfois.
Pour Une Princesse au Palais, pour le titre comme pour tout le reste, on en a discuté ensemble avec Carole Chaix, avoir le mot “princesse” dans le titre nous faisait sourire, et “Le Palais” est le nom du café où “la princesse” passe ses mercredis à attendre.
Pour Entre deux rives, Noël 43, l’album avec Natali Fortier qui ressort en octobre, lors de sa première publication (chez Gautier-Languereau), il devait s’appeler “Noël 43”, mais ça ne plaisait pas à l’éditrice. On a cherché longtemps pour finir par un compromis qui n’était bon pour personne et qui n’était pas un bon titre… Quand Laurence Nobécourt, l’éditrice de À pas de loups, a eu envie de republier cet album, changer le titre était évident, mais il fallait garder une trace de l’ancien titre pour ne pas occulter le fait que c’est une deuxième publication d’un même album, même si la mise en page change. On a discuté avec Natali et Laurence, et on a fini par trouver D’une rive à l’autre, qui garde l’idée de la rive, et éclaire l’idée de lien, pour l’amitié entre les deux personnages principaux (amitié qui est le thème du livre).
En fait, cela dépend du moment où l’illustrateur arrive dans l’aventure du livre. S’il arrive après que le titre se soit imposé, je lui présente le projet avec le titre, et il ne m’est jamais arrivé que le titre gêne l’illustrateur ou lui déplaise. Si ça arrivait, on en discuterait, bien sûr. Rien n’est jamais figé, et un album est une œuvre à deux, voire trois et plus avec l’éditeur et son équipe.
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Le fil de Soie, illustré par Delphine Jacquot, Thierry Magnier, 2013.

Le fil de Soie, illustré par Delphine Jacquot, Thierry Magnier, 2013.

– Vous écrivez des albums et des romans. Le choix du titre est-il différent selon le genre ?

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Non, je ne pense pas.

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 – Pouvez-vous nous raconter le choix du titre de l’album Le fil de Soie ? et celui du roman Les Fragiles
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Le fil de soie est un “titre évidence”, dès que j’ai eu la trame de l’album, le passage d’un secret lié aux racines familiales entre une grand-mère et sa petite-fille par la broderie, la couture, les mots “fil » et “soi/soie” se sont imposés. Je n’ai jamais eu l’idée d’un autre titre pour cet album, et c’est avec une certaine anxiété que j’ai vérifié sur internet s’il n’y avait pas déjà un album qui s’appellerait comme ça, j’aurais vraiment eu du mal à nommer cet album autrement…
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Les Fragiles, X'prim Sarbacane, 2016.

Les Fragiles, X’prim Sarbacane, 2016.

Pour Les Fragiles, c’est une toute autre histoire. Pendant l’écriture, le roman s’appelait “Le bruit que font les ailes”, mais je savais que l’éditeur, Tibo Bérard, aurait un hoquet en lisant ce titre… C’était une sorte de clin d’œil : il y a deux ou trois ans, j’ai assisté à une rencontre où Tibo et Axel Cendres parlaient de leur façon de travailler, Axel avait raconté comment Tibo refusait tous ses titres pour en trouver un autre, arguant que le titre est du domaine de l’éditeur, c’est un argument commercial, ce qui est vrai ! Même si l’auteur doit forcément avoir son mot à dire et au final aimer le titre. Avec “Le bruit que font les ailes”, je savais que j’étais loin du “commercial”, et je faisais confiance à Tibo. Au final, on a eu du mal, jusqu’à ce qu’il m’appelle un jour, survolté : le titre était là, depuis le départ, et on ne le voyait pas… ma dédicace : “Aux fragiles”, a donné le titre.

Et enfin, peut-on connaitre votre prochain titre ? 
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Dans le ventre de la Terre, le titre de mon prochain album à paraître en octobre au Seuil, un album avec Fanny Ducassé…
Et le titre d’un album collectif aux éditions À pas de loups (en octobre aussi)… S’aimer. Sur ce titre, juste sur ce titre, un format et l’idée d’un fil, d’une ligne qui traverse l’image, une quarantaine d’illustrateurs m’ont envoyé des images. Je suis en train de finaliser l’histoire qui va courir sous ces images, un projet un peu fou, comme je les aime ! Et là, tout est parti du titre.
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 Entretien avec Alice Brière-Haquet, auteure d’albums et de romans, bibliographie ici. 

Le violon de Nicolas, illustré par Clotilde Perrin, à paraître chez Feuilles de menthe cet automne.

Le violon de Nicolas, illustré par Clotilde Perrin, à paraître chez Feuilles de menthe cet automne.

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– Comment choisissez-vous le titre ? Est-ce le point de départ ou l’évidence de la fin dans le processus d’écriture ? A quel moment l’éditeur intervient-il ?
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Désolée, je vais te faire une réponse de Normande, mais vraiment, il y a deux cas.        Cas n°1, c’est celui où le titre nait en même temps que l’histoire, il en est le point de départ, le germe. Là c’est évident et c’est génial, parce que toute l’histoire tient dedans, elle n’a plus qu’à se déployer… C’est le cas par exemple du Petit Prinche. Et puis il y a le cas n°2, on arrive à la fin, les commerciaux pressent : il FAUT un titre. Là c’est terrible, parce que je n’y arrive jamais. Dans ce cas tout le monde s’y met, éditeur, illustrateur, famille, copains, voisins, friends de FB, tout le monde. On passe par tous les stades, et on finit par choisir avec l’éditeur et l’illustrateur celui qui nous semble le mieux. C’est toujours un peu douloureux sur le coup, même si en général je m’y fais et je finis par l’aimer. Par exemple, Pierre la Lune était à l’origine le nom de mon fichier, à aucun moment le petit garçon est nommé dans le texte ! Mais finalement ce titre choisi par défaut a donné à l’histoire une touche d’humanité et de mystère… On me demande souvent pourquoi  Pierre la Lune  et non pas « de la Lune » ou « dans la Lune ». Je n’ose pas répondre 😀

Collection Mode d'emploi, illustré par Mélanie Allag, P'tit Glénat, 2015.

Collection Mode d’emploi, illustrée par Mélanie Allag, P’tit Glénat, 2015.

– Concernant vos albums, vous arrive-t-il de choisir avec l’illustrateur ?

Oui, et avec l’éditeur aussi. Je crois vraiment qu’un album a trois parents…

– Pour les collections Mode d’emploi chez Glénat et Au secours chez Castor Poche, les titres vous ont-ils été imposés ? Quelle est votre marge de liberté lors d’une commande ?

Collection Au Secours, illustré par Eglantine Ceulemans, Castor poche flammarion, 2016.

Collection Au Secours, illustrée par Eglantine Ceulemans, Castor poche flammarion, 2016.

La série (en tout cas dans ces deux cas) est un cas un peu à part, parce qu’elle se construit sur un concept, et que ce concept doit être contenu le titre. Pour ces deux séries, il s’agit du cas n°1, c’est-à-dire que les titres ont été les germes de leur série… Après il me suffit de proposer des thèmes qui peuvent se décliner sur le-dit concept, et nous les choisissons avec mon éditeur. Mais avec mon autre série, « Collège Art », chez Castor Poche, on a nettement plus galéré, et je ne suis toujours pas convaincue de notre choix. Heureusement, il y a les sous-titres, que je trouve plus intéressants, mais quand même : le titre doit donner une personnalité à la série, c’est son logo, son identité. C’est super important.

– Et enfin, peut-on connaître votre prochain titre ?

Bien sûr, et c’est un joli cas n°2… Je me suis cassée la tête pendant des semaines. Je voulais que ça parle du monde, des sensations, de la lutherie, de la musique… de beaucoup trop de choses ! Les trucs que je trouvais étaient soient lyrico-cuculs soient pédanto-pénibles. L’horreur. À la fin, on a brainstormé, Clotilde a proposé Nicolas, Anne le violon, et hop ça a donné Le Violon de Nicolas  ! J’en suis ravie ! En fait, je crois que c’est la seule recette infaillible en matière de titre : la simplicité !

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Entretien avec Maryvonne Rippert, auteure d’albums et de romans, bibliographie ici.  

L’amour en cage Seuil jeunesse, 2008

 – Comment choisissez-vous vos titres ? Est-ce le point de départ ou l’évidence de la fin du processus d’écriture ? A quel moment l’éditeur intervient-il ?

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Le titre de mes livres me vient la plupart du temps à la fin du premier jet de mon texte. Soit comme une évidence (l’amour en cage) soit après une longue réflexion (Différents). Mais parfois, dès le début de l’ébauche de la première idée, j’ai en tête un titre provisoire qui ne sera sûrement pas celui que l’éditeur privilégiera.
L’éditeur intervient au moment de la signature du contrat, et il valide…. ou pas.
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Série Blue Cerises de Jean-Michel Payet, Sigrid Baffert, Cécile Roumiguière, Maryvonne Rippert, Milan, 2009-2012.

Série Blue Cerises de Jean-Michel Payet, Sigrid Baffert, Cécile Roumiguière, Maryvonne Rippert, Milan, 2009-2012.

Pour la série Blue Cerises co-écrite avec Jean-Michel Payet, Sigrid Baffert, et Cécile Roumiguière, comment avez-vous choisi le titre de la série et chacun des 4 romans ? 

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Pour le titre de la série, c’est typiquement un nom de code, car il en fallait bien un pour pouvoir parler de notre projet entre nous. Par ailleurs, nous savons que les ados donnent souvent un nom à leurs bandes de potes.
Pour les BC, je crois que c’était le nom du forum sur lequel nous, les auteurs, nous échangions. Puis le titre s’est imposé. Quant aux titres de chaque épisode, nous étions libres de choisir et il n’y a eu aucun doute à chaque fois, tant nous étions en phase, mes co-auteurs et moi. Mais bien sûr l’éditeur aurait pu intervenir, ce qu’il n’a pas fait.
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Metal Mélodie, Milan Macadam, 2010.

Metal Mélodie, Milan Macadam, 2010.

Votre roman Metal Mélodie est pour moi l’incarnation du titre parfait. Comment l’avez-vous trouvé ? 

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Eh bien pas de chance, ce n’est pas moi qui l’ai choisi ! J’admets que c’est une belle proposition, mais j’ai eu longtemps beaucoup de mal à accepter ce titre qui m’a été imposé par l’éditeur. J’aurais préféré LUZ, un titre tout simple. Mais oui, c’est un bon choix, même si ce titre a emmené pas mal de lecteurs sur une fausse piste, parce qu’ils supposaient à tort que le roman parlait de musique métal !
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 – Et enfin, peut-on connaître votre prochain titre ?
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Dans la série Les cercles de Goldie, sous le pseudo Billie Cairn, j’ai choisi La tour des Nuages et pour un roman ado ayant pour thème sous-jacent le harcèlement que je suis en train d’écrire, J’rigole , mais c’est sûrement un titre provisoire !
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Entretien avec Tibo Bérard, éditeur chez Sarbacane pour les collections X’prim et Pépix. 

A paraître le 7 septembre.

A paraître le 7 septembre.

 – A quel moment l’éditeur intervient-il concernant le titre ? Est-ce toujours lui qui a le dernier mot ?
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En fait, on est confronté à de nombreux cas de figure. Quand un auteur que je ne connais pas encore m’envoie un manuscrit, généralement, il y a un titre – que l’on pourra garder ou pas. À l’inverse, du côté des auteurs avec qui on a l’habitude de travailler, il arrive que les projets ne portent pas de titre, car l’auteur sait qu’il sera lu, il n’a pas « besoin » d’en trouver absolument un pour convaincre l’éditeur d’ouvrir son manuscrit… car oui, le titre peut être une sorte de clef dès l’étape de l’envoi à l’éditeur (même si, au final, c’est la qualité du texte qui tranchera). Le titre, c’est une invitation, un outil de séduction. Tous les auteurs n’ont pas le même talent pour cela : certains sont très à l’aise pour le trouver, d’autres moins ; certains conçoivent leur roman « autour » d’un titre qu’ils ont trouvé dès l’origine, et qui va même orienter leur projet dans une certaine direction (vers l’émotion, ou vers la comédie, ou vers la critique sociale, etc), d’autres vont jusqu’au bout du texte et, là seulement, se mettent en quête du titre. Je crois que l’expérience peut aussi aider : les auteurs qui ont pris l’habitude de rencontrer leurs lecteurs, de parler de leur travail, parviennent souvent mieux à proposer de bons titres, car ils ont une vision plus « en hauteur » de leurs livres. Le but étant de parvenir à ces titres qui nous paraissent évidents, qui sauront appeler le lecteur, qui seront une première entrée dans le récit.

Dans le désordre de Marion Brunet Sarbacane, 2016

Contractuellement, c’est l’éditeur qui est en droit de choisir le titre définitif. Mais je ne crois pas qu’il faille l’imposer, de la même façon qu’on n’impose pas une couverture non plus. C’est un dialogue, un échange de propositions entre l’auteur et l’éditeur. Parfois, c’est un miracle, une évidence, et parfois ça prend plus de temps. Quoi qu’il en soit, le titre reste une étape capitale… Je pense même que les titres « disent » déjà quelque chose de ce qu’est le roman, mais aussi de la collection dans laquelle ils paraissent, parfois ; ainsi les titres des romans de la collection EXPRIM’, assez percutants, sonores, sont déjà la marque d’un certain projet romanesque, un indicateur sur la nature même des textes (Les Géants, Dans le désordre ou Les petites reines, ce sont des titres qui évoquent presque des affiches de films, on sent qu’on entre dans du roman de personnages et de narration plutôt que dans un roman psychologique, par exemple).

– Vous dirigez 2 collections importantes, Pépix et X’prim, pouvez-vous nous expliquer la ligne éditoriale de chacune concernant le choix des titres ?
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X’prim, c’est l’énergie, la vigueur, la narration, l’impact, la force des personnages.
Pépix, c’est l’aventure et l’humour, la malice, la fantaisie. Avec un ricochet « image-son » très clair entre la couverture colorée, agitée, vive, et le titre qui pétille, qui sonne de façon joyeuse et vivante.
Ce sont 2 collections différentes, avec un public différent, néanmoins très marquées.
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– En termes de communication, pensez-vous que le titre est primordial ? 
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Oui, c’est certain… mais cela va même plus loin, en un sens. Dès lors qu’on a le titre, le livre commence à exister. Cela fait toujours un drôle d’effet quand, après avoir travaillé sur un manuscrit sans titre avec l’auteur, on « voit » enfin un titre émerger parce qu’on se rend compte qu’on prend plaisir à appeler le texte par son titre (au lieu de dire « ton prochain roman », etc.). Il faut parfois du temps pour l’apprivoiser. Et il arrive aussi qu’on s’aperçoive au final que ça ne fonctionne pas, justement parce qu’il ne nous vient pas spontanément à la bouche, même au bout de plusieurs jours… alors on continue d’y réfléchir. Jusqu’à l’évidence.
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A paraître le 24 août.

A paraître le 24 août.

– Une anecdote à nous raconter ?

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Hé bien, parfois, c’est le monde extérieur qui s’immisce dans nos réflexions autour du titre et joue un certain rôle. C’est ce qu’il s’est produit pour le titre du prochain X’prim de Clémentine Beauvais. Elle m’avait proposé très tôt ce titre : Songe à la douceur. Or, en l’entendant pour la première fois, je n’étais pas entièrement convaincu – non que le titre m’ait déplu, mais je n’étais pas certain qu’il « dise » suffisamment le roman. Il faut préciser que ce roman-là est un projet tellement ambitieux, tellement puissant (adaptation en vers libres d’Eugène Onéguine de Pouchkine) qu’on avait un peu l’impression qu’aucun titre ne serait à la hauteur, qu’aucun ne saurait « l’englober ». On a donc laissé la question en suspens, Clémentine a avancé dans le travail du texte… et puis il y a eu les terribles attentats à Paris, en novembre. Et là, l’impératif de la douceur est apparu. On en a parlé dans l’équipe, chez Sarbacane, et d’un coup tout le monde était d’accord : ce titre était beau, et surtout il devenait nécessaire, essentiel. On s’était vraiment mis à l’entendre au double sens baudelairien : à la fois verbe et nom, dans l’Invitation au Voyage. Le roman de Clémentine, à la lumière de ce titre, nous apparaissait donc à la fois comme un songe – un autre monde –, et dans un autre sens, comme une injonction à la douceur, une invitation puissante et même « gonflée » à oser la douceur… oui, c’était bien le roman de Clémentine. Aujourd’hui, je n’imagine aucun autre titre pour ce livre.
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– Peut-on connaître les prochains titres à paraître chez Sarbacane ?
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Chez X’prim :
  • Songe à la douceur, Clémentine Beauvais, le 24 août.
  • Les évadés du bocal, Bruno Lonchamps, le 7 septembre.
  • Les Belles Vies, Benoît Minville, le 5 octobre.
  • Samedi 14 novembre, Vincent Villeminot, le 2 novembre.
Chez Pépix :
  • Super-Vanessa et la crique aux fantômes, Florence Hinckel (ill. Caroline Ayrault), le 24 août.
  • L’ogre à poil(s), Marion Brunet (ill. Joëlle Dreidemy), le 7 septembre.
  • Victor Tombe-Dedans sur L’île au Trésor, Benoît Minville (ill. Terkel Risbjerg), le 5 octobre.
  • Le Journal de Gurty – parée pour l’hiver !, Bertrand Santini, le 2 novembre.
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Entretien avec Brune Bottero, éditrice chez Les Fourmis Rouges. 

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toujours en exclu et à paraître aussi le 20 octobre !

pour nous en exclu et à paraître le 20 octobre, le prochain album de Delphine Jacquot !

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  – A quel moment l’éditeur/l’éditrice intervient-il concernant le titre ? Est-ce lui/elle qui a toujours le dernier mot ?
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En général, l’auteur arrive avec son projet et le titre qu’il lui a choisi. Nous n’y touchons pas au début du travail éditorial, et gardons le titre comme « titre de travail ». Il arrive que le titre de travail convienne et dans ce cas, nous le gardons, tout simplement. C’est au moment de la finalisation du livre que nous nous penchons davantage sur le titre. Lorsqu’on nous entamons la maquette de la couverture, il faut que nous soyons sûrs du titre. Si le titre de travail ne nous convient pas, nous semble trop faible, ou pas à l’image du livre, nous en proposons d’autres. Juridiquement, c’est l’éditeur qui a le dernier mot, mais on fait quand même en sorte d’être toujours en accord avec l’auteur et de ne pas lui imposer un titre qui ne lui plaise pas. On reconnait souvent qu’un titre est bon parce qu’il fait l’unanimité.
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– Vous est-il déjà arrivé de devoir batailler/imposer un titre ? 
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Nous ne sommes jamais allées jusqu’à la vraie bataille… Mais il arrive que nous ne soyons pas d’accord, soit avec l’auteur, soit même entre nous (Valérie, à l’édito, et moi à la com). Certains auteurs sont également très attachés à leur titre de travail, et il est parfois difficile pour eux d’en faire le deuil. Cela dit, nous n’avons jamais eu de conflit avec un auteur au sujet d’un titre. Les petits différents qu’il a pu y avoir ont été très rapidement résolus avec la trouvaille du titre « évident ».
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Premier Matin de Fleur Oury, 2015

– En termes de communication, pensez-vous que le choix du titre est primordial ?

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OUI ! Le titre, tout comme l’image de couverture, sont les premiers outils de communication. Un titre doit être à la fois « commercial » (ou en tout cas pas anti-commercial) et coller au livre. Mais il faut également qu’il s’inscrive bien dans le catalogue d’une maison d’édition. L’album Premier matin, de Fleur Oury, aurait très bien pu s’appeler « La rentrée de petit ours » : un titre commercial et qui colle au sujet du livre. Mais « La rentrée de petit ours », ça ne ressemble pas aux Fourmis Rouges, ni au travail de Fleur Oury… Il fallait quelque chose de poétique et sensible, qui puisse évoquer le premier jour d’école, mais de manière subtile, sans être niais… C’est donc devenu Premier Matin.
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– Une anecdote à nous raconter ?
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Dans une maison d’édition, on se mélange parfois les pinceaux sur nos propres titres… Les prénoms, notamment, nous donnent parfois un peu de fil à retordre, et nous mélangeons allègrement le « Pedro » de Pedro Crocodile et George Alligator au « Pablo » de Pablo et la chaise, deux albums de Delphine Perret. Il y a aussi ceux qu’on a du mal à prononcer comme Didgeridoo, ou ceux qui sont à rallonge et qu’on raccourcit : Les aventures de Peter et Herman (Delphine Jacquot) est devenu chez nous « Les aventures » et La maman de la maman de mon papa (Gaëtan Dorémus), « La maman »…
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en exclusivité pour nous, à paraître le 20 octobre !

Le prochain bijou d’Emmanuelle Houdart en exclusivité pour nous, à paraître le 20 octobre !

– Peut-on connaître les prochains titres à paraître chez Les Fourmis Rouges ?

Alors nous aurons
  • des titres simples : Ma Planète (Emmanuelle Houdart), Bjorn, 6 histoires d’ours (Delphine Perret),
  • des titres jeux de mots : Le petit pou sait et Le petit pou rit (Mathis et Aurore Petit), Réclamez des contes (Delphine Jacquot),
  • des titres de série : Till et les tricheurs et Till joueur de flûte (Philippe Lechermeier et Gaëtan Dorémus),
  • et des titres mystérieusement imprononçables : Hernig & Zébraël (Victor Boissel et Beax).

 

Encore un très grand MERCI à vous toutes et tous ! Qu’elle est belle cette littérature jeunesse ! Vive la rentrée littéraire 2016 et tous ces nouveaux titres, non ?

Interview à deux voix sur un roman à quatre mains

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©Coline Pierré et Martin

 

 

 

 

« Bonjour,

Nous sommes un collectif de blogueurs (Blog : A l’ombre du grand arbre ») et nous organisons régulièrement des lectures communes. Nous avons été plusieurs à lire votre dernier roman qui nous a beaucoup plu et une lecture commune est en cours. Nous aurions aimé vous poser quelques questions sur la genèse de cette histoire. Accepteriez-vous de répondre à nos questions ?… »

Et voilà. Pour nous aussi, cela a commencé par une correspondance…

Coline Pierré et Martin Page ont eu la gentillesse de répondre à nos questions sur leur dernier roman, dont vous avez pu lire notre échange hier.

Un grand merci pour ces réponses très éclairantes !

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-Comment est née l’idée de ce projet ? Son élément déclencheur ?

En fait, cette idée est née de l’envie de faire un livre ensemble.
On a cherché un dispositif, puis petit à petit, en discutant, les personnages se sont dessinés dans nos têtes, leur histoire, leurs situations se sont greffés à partir des sujets qu’on avait envie d’aborder. La forme épistolaire était présente à l’origine. C’était évident. Ainsi nous gardions chacun notre voix.

-Comment s’est organisée cette écriture à quatre mains ? -Avez-vous vraiment joué le jeu de la correspondance sans avoir au préalable décidé ensemble de la direction, voire de la fin ?

Oui, pendant quelques mois, on s’est envoyés des emails de la même manière que Flora et Max s’écrivent des lettres. L’écriture s’est fait un peu en parallèle de nos autres travaux. L’un de nous écrivait une lettre (sans en parler à l’autre) puis lui envoyait. On répondait parfois tout de suite, parfois quelques heures après. C’était très enrichissant car la découverte de la lettre de l’autre permet de rebondir. C’est l’incursion de l’imaginaire de l’autre dans notre propre cheminement qui faisait naître de nouvelles idées.
Et en effet, on ne savait vraiment pas où on allait en commençant le livre. On connaissait le point de départ de chacun de nos personnages, on avait quelques sujets qui nous tenaient à coeur. On savait aussi qu’on avait envie qu’ils avancent, qu’ils ne soient pas au même point de leur vie à la fin et au début du livre. Mais c’est à peu près tout.
Par exemple, Coline a découvert la mort de la grand-mère de Max par sa lettre. De même, l’idée de l’école alternative, Coline l’a découverte par la lettre de Max, on n’en avait pas discuté avant. Et finalement, elle est devenue le point central de la fin du livre. Mais ce n’était pas planifié.

Ensuite, après cette phase d’écriture, on a relu ensemble plusieurs fois l’intégralité des lettres, intervenant chacun aussi sur le texte de l’autre, discutant, trouvant de nouvelles idées.

-Pourquoi avoir choisi le milieu carcéral ?

On cherchait à parler de deux formes d’enfermement différentes. On avait envie de parler de violence aussi. C’est un milieu mal connu (plus encore quand il s’agit d’adolescents, et surtout de filles), qui souffre de beaucoup de préjugés donc on avait envie d’en dire quelque chose, de montrer une trajectoire possible et positive (et atypique) dans cet univers dur.

-Comment se fait-il qu’il y ait si peu de présence d’adultes ?

Ce sont deux adolescents qui, d’une certaine façon, du fait de leurs situations, sont livrés à eux-mêmes. Et de manière plus générale, les adolescents se construisent aussi souvent dans une certaine indépendance vis-à-vis des adultes. Les adultes qui entourent Flora sont plutôt des figures répressives, et ceux qui entourent Max sont de grands enfants. Ceci dit, il y a des adultes : les parents de Max, ceux de Flora (en pointillés), la grand-mère, Isabella, le psy de Max…

-Flora, c’est Coline et Max, c’est Martin ? Des éléments autobiographiques ou du moins de vos personnalités sont-ils instillés dans ce roman ?

Oui, Coline a incarné le personnage de Flora, et Martin, celui de Max. Bien sûr, on y a mis beaucoup de nous, de ce qu’on aime, de ce qui nous habite, de ce qu’on a vécu à cet âge-là. Et puis on parle aussi aux adolescents que l’on était. Max est très proche de Martin, dans son caractère ou même dans son rapport aux autres. Coline ressemble pas mal à Flora, même si elle n’a jamais frappé personne. Ce sont en quelques sortes des versions exacerbées de nous : ils ont fait ce que nous n’avons pas osé faire.

-Quel(s) message(s) souhaitiez-vous faire passer à travers cet échange épistolaire ?

On avait envie de dire aux ados qui ne sont pas très en phase avec le monde de rester qui ils sont. Le monde ne s’adaptera pas à eux. Mais ce n’est pas non plus à eux de s’adapter au monde. En revanche, ils peuvent agir pour mieux vivre leur inadaptation : en la revendiquant, en trouvant des alliés par exemple. En inventant des ruses et des parades aussi.

-Est-ce une expérience d’écriture que vous souhaiteriez réitérer ? Et si oui, pourquoi ?

Nous avons déjà réalisé un « livre fait-maison » ensemble (dessiné) pour notre petite maison d’autoédition www.monstrograph.com et avons envie de travailler sur d’autres textes communs, car c’était une expérience riche et enthousiasmante. Des choses nouvelles naissent de l’échange, de la discussion, de la contradiction. C’est fertile. Nous avons d’ailleurs quelques projets déjà commencés : un album jeunesse, un roman adulte, de la musique…

-D’autres projets en cours ?

Martin sortira son nouveau roman au Seuil en avril prochain : L’art de revenir à la vie. Il y sera aussi question d’adolescence.
Coline sort un nouveau roman ado au Rouergue en mars prochain : « Ma fugue chez moi », et il y sera encore question d’enfermement.

Les sites des deux auteurs :

-Coline Pierré

-Martin Page

Olivier Ka et son roman Janis est folle

Peut-être avez-vous eu envie de lire ce roman depuis notre échange récent LA

Olivier Ka - Janis est folle.

Afin d’éclairer notre regard sur ce roman qui nous a tant secouées,Olivier KA a accepté de répondre à nos questions et nous l’en remercions très sincèrement.

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Comment vous est venue cette histoire ? Vous l’avez écrite en résidence : était-ce une nécessité pour vous ?

L’idée a mis du temps à germer. J’ai longtemps travaillé sur la notion de transfert d’identité. J’avais en tête cette relation fusionnelle entre une mère et son fils que je voulais pousser jusqu’à brouiller les individus. Ma première intention était que Janis, dans sa folie, vole l’identité de Titouan, qu’elle le vampirise totalement. Je comptais d’ailleurs y apporter une touche fantastique. Et puis, à l’écriture, c’est une autre direction qui s’est dessinée.
On m’a proposé cette résidence alors que j’étais en cours d’écriture. C’est très bien tombé mais ça n’était pas une demande de ma part. Elle m’a permis de m’isoler et de m’immerger dans mon histoire, ce qui est très confortable, mais j’aurais écris ce roman de toute façon. Peut-être en y mettant un peu plus de temps.

Avez-vous été hanté par vos personnages ? Parce que en tant que lecteur, on en oublie de respirer !

Oui, c’est vrai que Janis, particulièrement, a pris une place importante dans mon esprit. J’éprouve d’étranges sentiments pour elle. Elle me séduit et elle m’agace terriblement. Je connais des gens qui lui ressemblent un peu, dans mon entourage. Je ne sais pas s’ils se reconnaîtront…
J’ai eu longtemps mes personnages en tête, car en réalité j’ai écrit cette histoire deux fois. Dans ma première version, qui était moins tragique, l’émotion avait du mal à éclore. Je restais en surface, sans doute par peur de me faire trop mal. Ça n’allait pas. Après quelques mois de décantation, j’ai tout repris. Et en réécrivant cette histoire, elle a pris une nouvelle direction. Mes personnages étaient plus nets, et j’ai vraiment eu le sentiment qu’ils existaient par eux-mêmes.

N’y aurait-il pas une sorte de « complaisance » à rester dans ce noir dramatique tout le long de l’histoire, véritable descente aux enfers ? Etes-vous conscient de l’impact que peut avoir cette lecture ? Que cherchez vous à secouer à l’intérieur de chacun de nous ?

Quand j’écris, j’essaye de creuser un sillon, de mettre en place une situation et de la pousser au maximum, de la faire évoluer dans un sens qui me paraît logique, voire inévitable. Ce n’est pas de la complaisance. Si j’avais choisi un autre genre, mettons l’aventure, j’aurais tenté d’emmener mes personnages loin, j’aurais multiplié les rebondissements, est-ce que ça aurait été de la complaisance ? A partir du moment où je choisis que le cœur de mon histoire est dramatique, je ne peux pas passer à côté, sinon j’aurais le sentiment de faire des promesses non tenues. Et puis, j’aime bien quand ça fait mal.
Je n’imagine jamais de quelle manière va être reçue mon histoire. Je tente simplement de ne pas être ennuyeux. Quand quelqu’un me dit que mon roman lui a fait verser une larme, je suis content. Pas parce que la personne a pleuré, mais parce qu’elle a ressenti quelque chose. J’ai deux soucis quand j’écris : générer des images et faire naître l’émotion.

Votre roman est publié dans la collection Doado noir. Avez-vous pensé à un type de lectorat à son écriture ? Ou pour être plus précises, dans quelles mains le mettriez-vous ?

Pour cette histoire, je ne me suis mis aucune barrière. Pour moi, Janis est folle est un roman adulte qui peut être lu par les adolescents. C’est ce que j’aime beaucoup d’ailleurs dans cette collection, et chez les éditions du Rouergue en général, le fait qu’ils osent proposer des textes qui ne sont pas formatés, calibrés pour tel ou tel lectorat. Ce roman aurait très bien pu sortir dans une collection pour adultes.

Le reste de votre œuvre est-elle toujours aussi noire ?

Tu tu tu, pas du tout. Je suis très varié dans mon écriture. J’écris d’ailleurs aussi bien des textes poétiques pour des albums jeunesse que des scénarii de bande-dessinée, des nouvelles absurdes ou des chanson humoristiques. Je suis l’inverse de l’auteur monomaniaque qui va passer sa vie à tirer sur la même corde, à réécrire le même roman tout au long de sa carrière. Quand je voyage, j’aime la découverte. Ça m’ennuierait profondément de retourner toujours au même endroit.

Y a-t-il des éléments autobiographiques ?

Moins que dans mes précédents romans pour adolescents. Les éléments autobiographiques sont très discrets. Je joue de l’accordéon diatonique, par exemple. J’habite à présent dans le Tarn et, quand j’écrivais cette histoire, je résidais près du Tréport. Mais c’est tout.

Une suite est-elle envisagée ? Plus lumineuse ?

Pour l’instant, non, je n’ai pas pensé à une suite. Mais pourquoi pas. Jusqu’à présent, je n’ai jamais fait cela. Quand je bâtis une histoire, je tourne autour d’une émotion principale, je développe un sentiment et quand j’arrive à la fin, j’ai dit ce que j’avais à dire. J’ai un peu peur d’être redondant en étirant une histoire, en remettant le couvert. Même si j’ai tendance à terminer sur des fins ouvertes qui, d’ailleurs, sont en général une respiration pour le lecteur. La suite de Janis, tout le monde peut l’imaginer, elle peut prendre la direction que chaque lecteur souhaite. Ou on peut simplement souhaiter bon vent à Titouan…

Entretien avec Olivier Ka en résidence à Blois from bdboum on Vimeo.

Pascale Maret répond à nos questions…

Professeur agrégée de lettres modernes et Normalienne, Pascale Maret a beaucoup voyagé. Elle a enseigné la langue et la littérature française en Côte d’Ivoire, en Argentine, aux Émirats arabes unis, en Birmanie et au Venezuela.

Ce n’est que tardivement qu’elle s’est consacrée à l’écriture de livres pour la jeunesse.

Gentiment, Pascale Maret a bien voulu répondre à nos questions après notre lecture commune  de son dernier roman ado : Les Ailes de la Sylphide (Thierry Magnier, 2013).

– Comment vous est venue cette idée de parler du milieu de la danse ? Quel fut votre point de départ ?

J’adore la danse et m’étonnais de n’avoir pas encore eu l’idée d’un roman sur ce thème. Mais je n’avais pas envie d’écrire « une histoire de danse » un peu mièvre, s’attachant uniquement à raconter le parcours d’une jeune apprentie danseuse. C’est en voyant le film « Black swan » que j’ai réalisé combien il pouvait être intéressant d’exploiter l’aspect fantastique de tout ballet romantique pour construire une histoire. En même temps, le fantastique n’est pas un genre avec lequel je me sente beaucoup d’affinités, donc j’ai décidé d’écrire une histoire faussement fantastique, où le surnaturel ne serait qu’un travestissement de la réalité.

Aviez-vous à l’origine cette histoire telle quelle en tête ? Ou s’est-elle construite peu à peu ? Notamment la résonance qu’induit ce ballet dans la réalité de cette jeune fille ?

En général, quand je commence la rédaction d’un livre, j’ai déjà assez clairement l’histoire en tête. Pour « la Sylphide », ça ne s’est pas du tout pas passé comme ça. J’avais donc l’idée de départ : une jeune danseuse qui s’imagine devenir la créature surnaturelle qu’elle interprète, parce qu’en fait elle se sent très mal à l’aise dans son corps et dans sa vie. Je voulais vraiment faire le parallèle entre le ballet et la réalité (par exemple le fait que le garçon délaisse sa première copine, la cousine, pour Lucie, comme le James du ballet délaisse sa fiancée humaine pour la Sylphide). Mais cela restait très flou : était-elle anorexique ? Souffrait-elle au fond d’être adoptée et de ne pas connaître ses origines ? Croyait-elle vraiment à son histoire ? L’intrigue était très simple, trop simple : gagnée par la confusion entre réalité et imaginaire, elle finissait par se jeter dans le vide sans son harnais lors d’une répétition, se blessant gravement. Mais je sentais confusément que ce personnage me cachait autre chose, de plus essentiel et plus douloureux, et qui ne m’est apparu qu’en cours d’écriture.

– Pourquoi la Sylphide et pas un autre ballet ?

Bon, « Le lac des cygnes », c’était déjà fait ! Plus sérieusement, « la Sylphide » est le premier ballet que j’ai vu intégralement, à la télévision (il n’était plus dansé depuis longtemps à l’Opéra et le chorégraphe Pierre Lacotte l’a d’abord remonté pour la télévision), c’est pourquoi j’ai toujours gardé une tendresse très spéciale pour cette œuvre. Ensuite cet univers de forêt mystérieuse et de créatures plus ou moins « elfiques » me paraissait tout à fait correspondre au fantastique très convenu que je voulais utiliser.

– Finalement, est-ce le ballet qui sert votre intrigue et le personnage de Lucie, ou l’inverse ?

La question est intéressante. Au départ, je pense être partie vraiment du ballet choisi, et on peut dire que mon intrigue et le personnage de Lucie en ont découlé. Mais finalement, ils s’en sont peu à peu émancipés, à partir du moment où j’ai eu la « révélation » du secret que Lucie cachait. Contrairement au ballet, où le fait de se livrer à l’homme entraîne la mort de la Sylphide (la métaphore de la perte des ailes comme perte de la virginité et désacralisation de la femme idéale me paraît assez claire dans le ballet), dans le roman Lucie finit par se réconcilier avec son corps et avec la sexualité grâce à l’amour de Théo.

– Lucie existe-t-elle dans la vraie vie ?

J’ai eu l’occasion de rencontrer dans les différents cours de danse que j’ai suivis des filles très mal à l’aise avec leur corps, donc plusieurs anorexiques. Mais le personnage de Lucie est une invention. Ce qui n’empêche pas qu’une fille réelle puisse se reconnaître dans le personnage, cela m’est déjà arrivé pour d’autres héros ou héroïnes que j’avais créés.

– Avez-vous pensé que vos lecteurs pourraient être plus que surpris par l’épilogue et qu’il puisse susciter un choc ?

Ma crainte était que le lecteur ne se laisse pas piéger et ne soit donc pas surpris par l’épilogue. Mon but était de créer la surprise, voire le choc. Il est possible que certaines jeunes lectrices soient choquées par l’évocation de ce qu’a subi Lucie, cependant rien n’est dit ou décrit de façon crue, car cela ne correspond pas à ma façon d’écrire, et cet ouvrage ne s’adresse pas à des enfants, mais à des ados. Mon livre peut être « choquant » pour ces derniers, car ils sont souvent très friands de fantastique, et acceptent très bien dans ce cadre la violence et les métaphores de la sexualité (le vampire est une figure bien connue d’une sexualité à la fois fascinante et dangereuse), or dans cette histoire je lève brusquement le voile sur le sens caché de la métaphore fantastique.

– A la lecture de notre conversation, vous constaterez que nous nous sommes interrogées sur l’attitude du personnage de la cousine, est-elle vraiment insensible au problème de Lucie ? Est-ce un évitement conscient ou inconscient ? Comment expliquer sa non-implication, voire son indifférence au mal-être de Lucie ?

Le personnage de la cousine reste assez secondaire, c’est plutôt une sorte de repoussoir. Elle est extrêmement différente de Lucie, qui lui paraît être une fille peu intéressante et pour laquelle elle éprouve de la condescendance. Egocentrique, comme on l’est à cet âge, elle ne perçoit guère le mal-être de Lucie et partage avec elle très peu de choses. Leur cohabitation leur a été imposée par leurs parents respectifs, et n’a pas créé de véritable intimité entre elles. Lorsque Théo va délaisser Margot pour Lucie, l’indifférence cédera la place à la jalousie et même à l’inimitié.

-Avez-vous participé au choix de la couverture (magnifique) ?

Non, c’est le choix de l’éditeur, et je dois dire qu’au départ cette couverture ne me plaisait pas du tout. Je la trouvais très esthétique et j’appréciais sa délicatesse, mais j’étais très gênée par le fait que le personnage soit trop enfantin et surtout n’ait pas du tout le corps et l’attitude d’une danseuse. J’aurais préféré une photo de danseuse. Je m’aperçois à présent que cette couverture plaît beaucoup. Une autre option aurait été de choisir une illustration plus « fantasy », donc plus commerciale, mais je pense que cela n’aurait pas servi le texte.

A partir de quel âge conseilleriez-vous cette lecture ?

Comme je l’ai dit plus haut, ce texte n’est pas destiné aux enfants. Mais à quel âge entre-t-on dans l’adolescence? Cela dépend tellement que je ne veux pas m’avancer : à douze ans, certains sont très matures, d’autres à quatorze ont encore du mal à quitter l’enfance.

Enfin, quels sont vos projets ?

Après « Les ailes de la Sylphide », j’ai écrit un petit roman plus léger qui cette fois s’adresse à des enfants. Il sortira l’été prochain et a pour titre (provisoire encore) « Bon Zigue et Clotaire ». En ce moment, j’essaie d’écrire un roman pour adultes qui est assez avancé mais ne me satisfait pas vraiment. J’irai néanmoins au bout de l’écriture, je n’abandonne jamais une histoire ! J’ai écrit également un conte, qui est actuellement en lecture chez un éditeur.Une chose est sûre : après une dizaine de romans pour les ados (et une dizaine d’années passées à me colleter à la maison avec les miens !), j’avais besoin de changer un peu d’ambiance !

Encore un grand merci à Pascale Maret pour avoir accepté ce jeu de questions/réponses.

Pour en savoir plus, faites un tour sur son site !

Carte postale en provenance de … l’Imaginaire de Victor Dixen

Parmi les plus beaux voyages qu’il est possible de vivre, la plupart sont imaginaires. Et si, comme beaucoup, je profite des vacances pour partir en vadrouille un peu partout en France, voire à l’étranger, l’été est chaque année pour moi synonyme de lecture. Ces trois semaines qui s’achèvent bientôt et que j’ai passées dans une maison de vacances appartenant à ma famille, pas très loin de chez moi, au bord de la mer, ont été très riches en lecture. J’ai dévoré bouquin sur bouquin, me suis attaché à des personnages, ai suivi leurs aventures avec passion, ai eu peur, ai tremblé, ri, ou presque pleuré pour eux. J’ai usé de cette magie des mots qui emmène le lecteur … ailleurs.

La carte postale qui vous parvient aujourd’hui a fait un long chemin, puisqu’elle revient sur une lecture du début de mois de Juillet, et est en provenance de l’univers, de l’imaginaire fascinant d’un auteur auquel je suis fidèle: Victor Dixen.

Victor Dixen

Peut-être ce nom ne vous dit pas grand chose. Et pourtant sa saga Le cas Jack Spark, dont le premier tome est paru en 2009 et le dernier tome l’année dernière chez Jean-Claude Gawsewitch, est aussi disponible partiellement chez Gallimard Jeunesse (coll. Pôle fiction) et Eté mutant est lauréat du Grand prix de l’Imaginaire du festival Etonnants Voyageurs de 2010. De plus, ayant eu un intense coup de cœur pour l’ensemble de cette saga, j’en ai beaucoup parlé au cours de l’année dernière, et notamment en septembre puisque, sur mon blog, le mois entier était consacré à cette série hors du commun. Le cas Jack Spark, c’est, en effet, les aventures ô combien passionnantes d’un adolescent insomniaque et allergique au sel qui va découvrir, à l’occasion d’un camp d’été pour adolescents « anormaux » qu’il n’est pas celui qu’il croit. Cette première œuvre mérite selon moi ce dernier qualificatif et surpasse toujours en style, en puissance et en inventivité Animale. Si je devais conseiller cet auteur, je m’ecrierai sans aucun hésitation: «Lisez Jack Spark !».Nul doute cependant qu’avant la parution d’un nouveau roman chez Gallimard Jeunesse, Victor Dixen saura se faire une place dans la cour des grands, et obtenir une certaine reconnaissance dans la littérature adolescente actuelle.Dixen Victor - Le Cas Jack Spark saison 1 Eté mutant (poche)

La trentaine, 5 romans écrits, un autre publié dans Je Bouquine et victime d’insomnies… en fouillant un peu on peut glaner quelques informations sur toi, mais tu sembles vouloir garder une aura de mystère autour de toi… Intimité ? Art du mystère ? Comment te définirais-tu en quelques mots ?

Je me considère avant tout comme un raconteur d’histoires. A ce titre, j’aime l’idée de m’effacer derrière mes romans et de leur laisser la vedette. Ou mieux encore : je souhaite faire office de passeur, me mettre au service des livres pour donner aux lecteurs l’envie de les découvrir.

La nuit est ton moteur, ton inspiration, le matériau sur lequel se forgent tes livres, et on le ressent fortement en les lisant. Ils sont assez sombres, souvent inquiétants et de nombreux passages sont nocturnes… as-tu toujours entretenu ce lien avec celle-ci, ou ne date-t-il que de cette fameuse expérience que tu as vécue plus jeune ?

En effet, j’étais sujet à dDixen Victor - Le Cas Jack Spark saison 2 Automne Traquées crises de somnambulisme étant jeune, peut-être à la suite d’un excès de loopings dans les montagnes russes du Tivoli de Copenhague. Le somnambulisme est passé avec l’âge, les insomnies sont restées. Du coup, je peux dire que la nuit fait vraiment partie de mon quotidien depuis toujours, ou presque. Non seulement elle me donne le temps nécessaire pour écrire, mais elle m’inspire aussi. C’est le temps du rêve, pour ceux qui dorment, c’est le temps de l’imaginaire pour ceux qui veillent – qu’ils lisent au creux de leur lit ou bien qu’ils écrivent au coin d’une table. Les ombres de la nuit ne sont pas vides : elles sont peuplées de présences que les livres peuvent éclairer.

Tu aurais paraît-il vécu une enfance de globe trotter, tes livres, on le remarque notamment dans Animale, sont imprégnés par cela et le lecteur voyage à ta suite entre Epinal, le Vatican, l’Europe nordique … sont-ils le moyen de te rattacher aux pays de ton enfance ou juste des décors faciles à planter puisque tu les connais ?

J’ai en effet beaucoup voyagé avec mes parents étant enfant et adolescent, et par la suite, devenu adulte, j’ai vécu dans plusieurs pays. Je crois que le voyage et la littérature sont très liés. Ouvrir un livre, c’est toujours commencer un voyage; voyager, c’est déchiffrer le grand livre du monde. Les lieux où j’ai habité m’ont certainement marqué, et ils me reviennent naturellement à l’esprit lorsque que je me mets à écrire: par exemple le Colorado et l’Irlande pour Le cas Jack Spark, le Danemark dans Animale. Ce sont pour moi bien davantage que des décors : des endroits que je continue à explorer à travers l’écriture, et qui continuent de me dévoiler leurs secrets.Dixen Victor - Jack Spark saison 3 Hiver Nucléaire

Les métamorphoses que subissent la plupart de tes personnages sont-elles la métaphore de l’adolescence dans laquelle ils se situent ?

Je crois que l’on se métamorphose tout sa vie durant – physiquement mais aussi et surtout psychologiquement. L’Homme est un être de changement. A certaines périodes de la vie, les changements sont plus évidents, comme bien sûr à l’adolescence. C’est pour cela que cet âge est si intéressant d’un point de vue littéraire : parce que c’est l’âge où tout change.

Dans Jack Spark comme dans Animale les personnages vivent cette métamorphose en devenant des créatures plus sombres que lumineuses… l’influence nocturne ou toujours une association à l’adolescence ?

Dans tout changement, il y a une part de deuil. On quitte un état pour en gagner un autre. Il y a toujours de l’incertitude, souvent de la peur. On peut avoir l’impression de ne plus savoir qui on est vraiment. Mais ces moments peuvent aussi être formidablement créatifs. Changer, ce n’est pas seulement risquer de se perdre: c’est surtout se donner une Dixen Victor - Jack Spark saison 4 Printemps Humainchance de se trouver.

Et dans les deux cas, l’amour apparaît comme une lumière à laquelle s’accrocher: est-ce ainsi que tu le vois ?

L’amour est l’un des plus puissants moteurs de changement qui soient, me semble-t-il. Que ne ferait-on, qui ne deviendrait-on pour plaire à l’être aimé ! C’est aussi une balise – une certitude qui demeure lorsque tout le reste semble sombre. Alors oui, comme tu le dis : une lumière, un phare dans la nuit.

Avec un an de recul, que représente désormais pour toi la série Jack Spark ? Les personnages te manquent-ils ? Pourrait-on bientôt les revoir ?

Le cas Jack Spark a constitué pour moi une formidable aventure, qui a occupé mes nuits pendant quatre ans. J’espère que les lecteurs auront perçu un peu de la passion qui m’a animé ces quatre années d’écriture. Les personnages du cas resteront toujours à mes côtés. J’ai voyagé avec eux aux quatre coins du monde, et à travers les époques. Quant à les revoir un jour … je ne dis jamais «jamais» !

Peux-tu nous parler du roman que tu as écrit pour Je Bouquine ? Que retiens-tu de cette expérience ? La réitèrerais-tu si tu en avais l’occasion ?Je Bouquine

J’ai beaucoup aimé l’expérience du format très court. Je Bouquine demande des textes de la longueur d’une nouvelle, mais qui contiennent les ingrédients d’un roman : un vrai début, une vraie fin, et surtout de vrais personnages qu’il faut parvenir à faire exister en quelques lignes. De surcroît, Versailles Académie a été pour moi l’occasion de plonger dans le passé de l’un des personnages les plus redoutables du cas Jack Spark.

Alors réitérer l’expérience : oui, bien sûr ! D’ailleurs c’est déjà fait, puisque mon prochain roman Je Bouquine paraîtra début 2014 dans les pages du magazine…

couvANIMALE.inddAnimale n’est qu’un one-shot : l’envie d’écrire quelque chose de court après 4 gros tomes de Jack Spark ?

J’avais en effet l’envie d’une histoire forte, qui se tienne en un volume, et que le lecteur dévore en une nuit sans pouvoir le lâcher – mes livres je crois sont plutôt à lire le soir, car c’est le soir qu’ils sont nés, qu’en penses-tu ?

Ceci dit, je crois aussi que Blonde n’a pas fini d’accomplir sa destinée, et qu’il reste de nombreux secrets qui demanderaient à être dévoilés…

Peux-tu présenter le roman aux lecteurs ?

Animale, pour moi, c’est comme un vitrail coloré dans une chapelle obscure. C’est une histoire lumineuse entourée de ténèbres, à la fois intime et épique. Un récit que l’on pourrait entendre à la veillée, et que l’on continuerait d’écouter jusqu’à l’aurore sans voir le temps passer. Je voudrais que ce récit reste longtemps avec le lecteur une fois le roman achevé.

Et puis Animale, c’est aussi une folle histoire d’amour, une histoire d’amour(s) fou(s). Le pluriel ici est volontaire !

Et Animale, c’est aussi la réécriture d’un conte de notre enfance: Boucle d’Or et les trois ours … que représentent les contes pour toi ? Lisais-tu beaucoup étant enfant ?

J’ai beaucoup lu les contes étant enfant, ceux du répertoire français, mais aussi de Scandinavie. Je continue d’en lire dès que j’en ai l’occasion, et ils continuent de me fasciner par leur mélange unique de simplicité apparente et de mystère inépuisable.

Et enfin comment se présente la suite ? Une série ? Un roman ? As-tu déjà des projets ?

Oui, plein de projets, plein d’envies d’écriture, et plein de nuits pour les réaliser ! Mais je n’en dis pas plus pour l’instant, le soleil n’est pas encore levé..

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dixen imaginales

Animale paraîtra dans tout juste une semaine, le 22 Août, chez Gallimard Jeunesse sous une très belle couverture dessinée par la talentueuse Mélanie Delon, artiste choisie par Victor lui-même ! Ce roman onirique, sombre et envoûtante réécriture de Boucle d’or et les trois ours, est LE roman fantastique de la rentrée littéraire jeunesse ! Je vous invite donc à découvrir ce jour-là ma chronique sur mon blog, qui sera suivie d’ici peu d’une semaine spéciale consacrée au roman : des questions et des réponses encore et encore, des cadeaux et d’autres surprises !

En attendant, vous pouvez redécouvrir sur mon blog le mois spécial Jack Spark qui avait eu lieu l’année dernière, mes chroniques consacrées à la saga et les interviews de l’auteur déjà réalisées…