Loin des yeux, loin d’Internet…

… Mais plus près des étoiles !

De ses vacances, ou pour être plus précis, pendant les grandes vacances, chaque membre d’A l’Ombre du Grand Arbre devait vous faire un crelieurlin d’œil sous la forme d’une carte postale postée directement sur ce blog collaboratif que vous commencez à bien connaître. Frank Andriat, Gaspard Corbin, Christophe Léon, Jean-Philippe Blondel, Victor Dixen, la collection X’Prim chez Sarbacane, les Editions Les Fourmis Rouges, et même une carte postale dite agricole, en provenance de la ferme : les contenus ont été denses et variés et vous avez eu à lire et à découvrir de bien beaux paysages, et des univers très différents. Ceux qui font la pluralité d’une équipe de blogueurs littéraires que vous pouvez aussi suivre chacun sur leur blog, ou sur leur fil d’actualité Facebook.

Dans ma valise, peu de place ;  sur mon lieu de vacances, pas de connexion Internet – sauf à passer la tête par le vasistas, à lever le téléphone vers le ciel, la jambe gauche en équerre pour équilibrer l’ensemble d’un corps en extension sur les doigts du pied droit qui n’a jamais fait de danse classique, le tout en attendant que le vent souffle, dans le bon sens. Autant dire difficile avec le téléphone. Impossible avec un ordinateur. Cet été, j’ai donc chroniqué sur post-it. Et j’ai lu aussi. Plutôt au format poche. Parce que la bibliothèque ne passe pas dans les valoches (même pas dans celles qui sont parfois sous mes yeux) et que je n’ai pas adopté de liseuse.

0lire le propre deEn pensant à vous, donc, j’ai voulu me rapprocher des étoiles. De celles qui font que tous les soirs, nos enfants s’endorment avec des héros plein la tête, des émotions, de l’aventure, des sensations, de nouvelles connaissances, des mots, des histoires, de l’Histoire, des sourires, des rires aussi, des larmes parfois, des images, sur des pages ou dans la tête, des clés pour se situer pour comprendre qui ils sont ce qu’ils veulent devenir, qui les font cogiter, prendre du plaisir, grandir. Je ne me suis pas adressée directement à ces auteurs, j’ai (re)lu une petite perle éditée par l’école des loisirs : Lire est le propre de l’homme. Il s’agit d’un petit recueil discret et facile à prendre dans son bagage à main, dans sa main même ou pourquoi pas dans sa poche. Un petit recueil édité en 2011 qu propose les « témoignages et les réflexions de cinquante auteurs de livres pour l’enfance et la jeunesse »  sous-titré De l’enfant lecteur au libre électeur et pour lequel Jean Delas et Jean-Louis Fabre, directeurs de L’école des Loisirs, cosignent une introduction qui lie lire et élire, lecteur et électeur.

liste« C’est l’éducation du sens critique qui donne aux lecteurs la liberté de choisir et leur assure d’être demain des femmes et des hommes libres« . Dans ce recueil, ces auteurs, de grands noms de la littérature jeunesse, livrent dans leurs témoignages leurs réflexions autour du sens qu’ils donnent à leur travail artistique, mais pas seulement. Ils racontent quand ils étaient enfants – « un jour (…) je me suis ouverte à un livre » écrit Valérie Zenatti. Ils racontent les enfants qu’ils croisent aujourd’hui, ceux qu’ils sont encore restés, ceux qu’ils ont fait naître. Ils racontent ce qu’ils ont lus, ce qu’ils observent, ceux qu’ils rencontrent dans les séances de dédicaces, les conférences ou les travaux réalisés avec les classes. Ils racontent le lecteur d’hier, celui d’aujourd’hui. Ils racontent leurs amis, ces personnages de fiction qui ont tant marqué leur enfance, leur construction. Ce sont les nôtres, aussi. Valérie Zenatti toujours, nomme ces héros qui lui ont « appris le courage, le goût de la justice, l’audace, la rêverie« .

bibliothèque

Ceux qu’elle considère comme « des membres très proches de [sa] famille ». Ces auteurs racontent le lecteur dévoreur de livres qu’ils étaient. Les livres qu’ils aiment, LE livre en général.

La liste des signataires fait baver. Et les textes offerts sont passionnants. A lire absolument, in extenso, même si mon petit plaisir sera celui de vous en donner quelques extraits. D’en photographier aussi. Un livre, par Agnès Desarthe, « c’est là à portée de main, ça ne tombe jamais en  panne, ça tient au creux de la paume, c’est un miroir, une machine à remonter le temps, une porte ouverte sur l’autre« . Qui ne rejoint pas Marie-Aude Murail quand elle écrit que la lecture est une nécessité de chaque jour ? « C’est le passeport pour l’insertion dans notre société et c’est ce qui donne accès à la liberté, liberté de parler, de penser, de circuler (…). Ce n’est pas la lecture qui est en danger. Ce sont les illettrés« . blakeIl y a l’odeur des livres pour Stéphanie Blake, qui les observe toute petite, jusqu’à comprendre que « les lettres collées les unes aux autres formaient des mots, les mots des phrases, et que cela pouvait aevolutionvoir un sens : je lisais! (…). Je découvrais une autre voix que la mienne, une autre pensée« . Il y a eu Yvette pour Malika Ferdjoukh, « quand le quartier de La Goutte d’or était un village« . Il y a eu Yvette! Yvette… « Elle vendait ses charmes (…) sur les pentes de Montmartre « .

Et alors ? Elle le lui avait dit, à elle, Malika, petite fille de CE2 : « il faut lire des livres, des vrais ! » « Elle devint la bâtisseuse de mon éveil intellectuel, l’entrepreneur de ma première bibliothèque » : la Comtesse de Ségur, Andersen, Fantômette, Jack London, Le Clan des Sept… Il y a eu Yvette. « J’ai lu Yvette. Je lis. Et merci de m’avoir sauvé la vie« . Moi aussi, j’ai eu mon Yvette, quand j’étais petite. Comme je me sens proche de ce texte là, ou de celui de Valérie Zenatti. Mais il y en a beaucoup d’autres auteurs, Claude Ponti, Christian Oster ou enore Marie Desplechin qui voit la lecture comme « un vice privé, un chemin de traverse, une échappée belle et que chacun lise pour soi, contre le monde « . Pas une activité dont on puisse tirer de « la gloriole« . Il y a pour Geneviève Brisac le besoin profond et l’envie de « faire en sorte que des livres et des personnes, des personnes et des livres se rencontrent. Pour une alchimie toujours renouvelée. Unique » quand Sophier Chérer parle de « la résistance à l’oppression » pour Sophie Chérer. La solitude aussi, et les précieux amis de Nathalie Brisac qui feront naître dans la tête et les pensées de ses petits élèves de CP l’envie et le besoin de lire tout seuls. « Maîtresse, c’est beau, on veut encore !« . Ces belles plumes qui se mêlent, se complètent, sont scandées par des illustrations, pour raconter les histoires, les livres, leur histoire Le livre. Ce qui est posé, enfoui en eux et qui font qu’aujourd’hui nous lisons  leurs écrits, dans notre tête ou à voix haute pour nos marmots, avec plaisir, avec délectation. Merci.fruits et légumes

Vous pouvez télécharger ou commander un exemplaire de ce recueil via le site : http://www.lirelire.org/

*** Un petit plus ?

Durant mes vacances, j’ai demandé à quelques blogueurs de me dire pourquoi ils consacraient leurs blogs à la littérature jeunesse. J’ai reçu quelques réponses, très peu, les blogueurs sont aussi des vacanciers ! Voici des petites graines pour réfléchir, discuter, partager, échanger et je vous invite d’ailleurs, si vous le souhaitez à répondre en commentaire pour agrémenter ces petits clichés pris sur le vif. Rester dans l’enfance et partager sont les maîtres-mots de leurs réponses.

Céline de Qu’Importe le flacon, explique n’avoir « jamais vraiment quitté le monde de l’enfance…  Officiellement, je recherche des titres qui pourraient plaire à mes élèves (12-14 ans) ; officieusement, j’ADORE ça !!!!  De temps en temps, je fais une petite incursion dans le monde adulte mais c’est juste pour me donner bonne conscience. Il n’y a pas de lecture supérieure à d’autres, ce qui compte avant tout c’est le plaisir éprouvé ! « . Kik reste dans la même veine : « A part pour le BAC je ne suis jamais passée à la littérature pour adultes je me suis arrêtée aux romans pour adolescents« . Pépita, de Méli-Mélo de livres, explique les choses comme une évidence : « C‘est tout simplement parce que je suis bibliothécaire jeunesse depuis 10 ans maintenant et que l’envie m’est venue de la promouvoir à travers mes propres lectures. Une façon aussi de me souvenir de mes nombreuses lectures, de prendre du recul sur celles-ci en trouvant les mots et de les partager !« . Un sentiment que partage justement Sophie de La littérature Jeunesse de Judith et Sophie. « C’est une littérature que j’ai redécouvert pendant mes études de bibliothécaire. Quand Judith et moi avons ouvert le blog dans le cadre d’un cours, la littérature jeunesse était un intérêt commun que nous avions envie de faire partager« . Dans le Cabas de Za, il y a 4 ans, il y avait tout, genre fourre-tout, et puis… « Je suis enseignante en élémentaire et grande lectrice. J’avais aussi sous la main un mignon cobaye qui avait 4 ans à l’époque, alors les choses ont évolué tout  naturellement. La production de littérature de jeunesse est immense, d’une variété extraordinaire, j’avais envie de partager les belles et passionnantes choses qui me tombaient sous les yeux« .

Une réflexion sur « Loin des yeux, loin d’Internet… »

  1. Je me suis régalée de Lire est le propre de l’homme l’hiver dernier dans le métro, et je le garde toujours sous la main… J’ai aimé partager les différents témoignages de rencontres avec la lecture. Chacun a son histoire, et nous nous retrouvons tous. Avant, pour moi, la lecture était un plaisir personnel. Depuis que mes filles sont là, j’ai redécouvert le plaisir que j’avais enfant à écouter les histoires de ma maman, et ce bonheur dans l’échange autour d’un livre, cette ivresse de partager tant d’univers et tant d’histoires, tant de personnages. Des émotions d’enfance sont revenues à la surface, et je replonge avec délice dans la littérature jeunesse, d’où le blog, né de ce bonheur de partager la lecture…

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