Lecture commune – Le Tourneur de Page

La dystopie est un genre à la mode…  que les jeunes et les moins jeunes adorent !  Aussi, conseillée par Gabriel de La mare aux mots, j’ai eu la curiosité et l’envie de découvrir cette saga de Muriel Zürcher.  Et je n’ai pas été déçue !  J’avais trouvé mon nouveau Harry Potter.  Cerise sur le gâteau : ce succès était partagé par mes comparses d’A l’ombre du grand arbre !  Aussi, nous nous sommes retrouvées ici avec plaisir pour partager cette lecture.  Au rendez-vous, Carole de 3 étoiles, Dorota des Livres de Dorot’, et Kik du blog Les lectures de KikPour couronner le tout, l’auteure a bien voulu répondre à quelques-unes de nos interrogations (à la fin du billet).

Céline : La première fois que j’ai lu le titre de la série de Muriel Zurchër, m’attendant à un récit dans l’univers des livres, je me suis dit :
« Ben !  Ca commence bien, ils ont oublié le « s » à pages ! »
Ma lecture m’a prouvé que j’avais tort…  Alors, pourquoi ce titre : « Le tourneur de page » ?

Kik : Moi j’ai trouvé la signification dans le tome 2. Lorsque le projet du Tourneur de page est expliqué plus en détail.  Il veut tourner la page. Dans cette expression, il n’y a pas de S à page, et je pense que le titre vient de cette expression.

Dorota : Pour être franche, le titre ne m’a pas dérangée…  C’est le résumé qui m’a interpellée et comme j’aime la dystopie…  C’est en cours de  lecture que je me suis dit que c’était évident… être heureux tout le temps, tourner LA page, l’explication est venue après.

Carole : J’ai cru exactement la même chose que toi Céline en découvrant le titre ! Mais une fois la première page tournée, j’ai compris que je ne pourrais m’arrêter qu’à la fin…  et c’est exactement ce que j’ai fait ! Je n’avais pas lu de dystopie depuis 1984 de George Orwell et Fahrenheit de Ray Bradbury, donc autant dire que le niveau était bien élevé dans ma représentation de ce genre littéraire. Et je n’ai pas été déçue…  J’ai assez vite compris ce que le Tourneur de page représentait alors et pourquoi ce titre.

Céline : Evoquons un peu plus le « pitch » de cette série…  Sous la Bulhavre, le tourneur de page a créé une nouvelle société d’une ennuyeuse perfection.  Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Kik : Pour ceux qui baignent dans la perfection, il ne semble pas que l’ennui soit ce qu’ils ressentent. Ils sont canalisés, programmés, formatés, ils ne s’en rendent même pas compte. Par contre, pour tous les autres qui sont sortis du système, c’est une autre histoire.

Céline : Par ennuyeuse perfection, j’évoquais justement cette vie réglée comme du papier à musique où tout est réglé dans le moindre détail (jusqu’aux barbecues à organiser avec les voisins).  Pire, avec la misphère greffée à la naissance sur le nombril de chaque habitant de la Bulhavre, les tourneurs de page manipulent les émotions et effacent la douleur, la tristesse ou le malheur.  Les habitants sont ainsi privés de leurs souvenirs, de leurs émotions, de ce qui fait leur humanité…
Au fait, pouvez-vous m’en dire un peu plus sur cette histoire ?

Carole : C’est une histoire de pouvoir : pouvoir pour contrôler, régir, façonner, canaliser, diriger… Mais qui dit pouvoir, dit contre-pouvoir : contre-pouvoir pour rêver, vivre, lutter, avancer, comprendre. Dans un monde aseptisé, des enfants et des adultes vont mener leur propre quête afin d’échapper à l’ordre établi. Et comme toute quête, il y aura des péripéties, de l’aventure, des rencontres, des liens forts, de la peur, des rires et des larmes, de l’affrontement et qui sait…  peut être une vie meilleure au bout puisque choisie, non plus subie.

Kik : Tout commence par un accident. Un enfant désobéit. Il va à l’encontre d’une simple règle d’heure de réveil. La misphère, implantée dans son nombril, qui régit ses humeurs et sa perception du monde réel, se casse. Il est alors le témoin d’évènements dont il ne devrait pas être conscient normalement. Sa mémoire aurait dû être effacée comme celle des autres membres de sa famille, mais l’absence de sa misphère change tout. Quel est ce monde dans lequel on peut faire disparaître des gens ? Qui dirige ces hommes manipulateurs ?
D’un quotidien réglé minutieusement, le héros se retrouvera projeté dans un monde dangereux où il est difficile de savoir de quoi demain sera fait.

Dorota : Pas grand chose à ajouter… Carole et Kik décrivent l’essentiel.  C’est justement cet éveil de la conscience qui fait le départ de l’aventure! L’aventure où on ne peut plus « tourner la page » sur la vie qu’on veut nous voler par formatage… Au contraire, on tourne les pages du livre pour en savoir plus.

Céline : Outre le suspense lié à une intrigue bien ficelée, quels sont à votre avis les ingrédients qui expliquent cet effet « page turner » ?

Carole : Je crois que les personnages y sont également pour beaucoup ! On s’attache à leur personnalité, on doute comme eux, on rêve avec eux, on a peur pour eux : l’identification pour ma part s’est faite immédiatement, surtout avec Alkan, Tahar et Artelune. Et puis il y a aussi le style et l’écriture : les fins de chapitres, le rythme, les dialogues. Tout nous embarque et nous pousse à continuer la lecture.

Kik : L’univers décrit est « mauvais », une organisation opprime les habitants et réduit presque à néant leurs libertés. Pourtant, j’ai eu envie de savoir comment et pourquoi. C’est pour cette raison que j’ai continué encore et encore à tourner les pages du premier tome. Pour le deuxième tome, il s’agissait plutôt d’une envie de découverte d’un nouveau monde plus sauvage, et puis je voulais savoir comment les héros allaient s’en sortir.
Pour le troisième tome, je souhaite savoir ce qui suivra le chaos.

Dorota : La fraîcheur des personnages, leur engagement dans cette cause hors du commun… En plus, souvent, j’oubliais que ce livre est une dystopie. Je me suis retrouvée dans un récit d’aventure, d’amitié, d’amour naissant, le tout mené tambour battant ! Une belle histoire avec un rythme effréné.

Céline : A propos des personnages, l’auteur nous offre une galerie riche et variée : garçons, filles; jeunes et moins jeunes; « bons », « mauvais »; …  Quels sont ceux que vous retenez et pourquoi ?

Dorota : J’aime beaucoup Artelune. Curieuse, franche, indépendante, pleine d’énergie. Tahar aussi, avec sa soif de dessiner, une passion inassouvie, vu les conditions sous la Bulhavre. La vieille dame, Liriana, m’a impressionnée par sa résistance, son intégrité, sa détermination pour vivre  une vie différente de celle qui lui a été imposée.
Pour finir, j’ai adoré le personnage d’Iriulnik, LA méchante de l’histoire. On la déteste dans le premier tome, le deuxième apporte pas mal de révélations sur ce personnage…  Bonne ou mauvaise, Iriulnik est un pilier de cette aventure. Un personnage très abouti et complexe.

Carole : Exactement comme Dorot’ ! Artelune remporte mon prix du chouchou : pleine de répartie, courageuse, déterminée, entraînante : j’adore !

Dorota : Et toi Céline, tes petits préférés dans ce livre ?

Céline : Pour moi aussi, les personnages féminins remportent la palme : Artelune, Liriana, Iriulnik…  Toutes trois des personnages avec des caractères bien trempés.  Dans le 2e tome, c’est l’évolution de la « méchante » de l’histoire qui m’a davantage tenue en haleine.  Incroyable quand même son parcours d’enfance, effrayant même !  Côté masculin, je donnerais ma voix à Olius, l’Abominable, qui les suit et ce malgré des croyances et un mode de vie totalement différents !
Et toi, Kik ?

Kik : Je réfléchis depuis deux jours à cette question, et je me suis rendue compte que pour ces romans je n’ai pas de personnage préferé. Il n’y en a pas un qui sort du lot, je suis intéressée par le devenir de tous les personnages, aussi bien les gentils que les méchants.

Céline : C’est vrai Kik !  L’auteure n’en bâcle aucun et tous nous intéressent.  Cela doit être lié au fait qu’elle change constamment de point de vue et qu’on peut suivre tour à tour l’évolution de l’un puis de l’autre…  Cette façon de construire le récit vous a-t-elle plu à vous aussi ?  Et tant qu’on parle de style, que pensez-vous de la plume de Muriel Zürcher ?

Kik : Il y a quelque chose d’haletant dans l’écriture de Muriel Zürcher, le récit embarque le lecteur toujours plus en avant. On ne s’ennuie pas. Toutefois, le récit prend son temps.  Je ne sais pas trop comment expliquer cette dualité. Tout ne se passe pas en une semaine, les héros parcourent de grandes distances. Le temps passe, les choses évoluent lentement. L’auteur précise régulièrement à quelle saison on se trouve, car le temps s’écoule en mois plutôt qu’en jour. Et pourtant, on a l’impression que tout défile, et qu’il existe une pression constante sur les jeunes héros.

Carole : Entièrement d’accord avec toi Kik ! C’est là toute la réussite de l’auteure : étendre l’intrigue sur le temps de façon à nous prendre dans les filets spontanément ! Et ça fonctionne ! On est suspendu à chaque dernier mot des chapitres dans l’impossibilité de s’arrêter ! Magie de la lecture !

Dorota : Que dire de plus? Pas de temps mort dans ce roman. L’aventure et le suspense sont là, tout le temps. On voyage, on frissonne, on s’inquiète pour la suite. Efficace et passionnant.

Céline : Toutes ces qualités de fond et de forme sont-elles présentes tant dans le 2e tome que dans le premier ?  Autrement dit, votre enthousiasme est-il toujours aussi intact ?  Attendez-vous avec impatience le 3e et dernier volet ?

Kik : J’ai ressenti la même envie de tourner les pages dans les deux tomes, par contre, j’ai été déçue par la fin du tome 2 (que je ne vous révèlerai pas ici ! of course !), qui est un peu trop théâtrale à mon gout. Je lirai le tome 3, mais je l’attends avec moins d’impatience que le 2 à la fin du tome 1.

Dorota : J’attends la suite avec la même frénésie que pour le deuxième tome.  Il a fini en feu d’artifice (comme l’a remarqué Kik), mais j’attends avec l’impatience la façon d’agir de ceux qui ont emporté la victoire. Des fois,  on a des surprises…  Et, en plus, l’enfance d’Iriulnik met du piment dans l’histoire (là, tout le monde a envie de découvrir le tome deux, allez-y, à vos bouquins !)

Carole : Comme Kik et Dorota, je me suis empressée d’enchaîner le tome 2. Il s’est passé 3 jours entre le tome 1 et le tome 2, ce fut long ! La fin du tome 2 m’intrigue beaucoup… J’ai très envie de découvrir le tome 3, avec un peu moins d’impatience pour être honnête. Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre mais je suis convaincue que Muriel Zürcher saura de nouveau m’embarquer par son écriture !

Céline : Je pense que nous sommes un peu moins impatientes car, quelque part, même si l’auteure termine ce deuxième tome par de nouvelles questions, il s’agit quand même d’une conclusion.  Pour ma part, je me demande comment l’auteure va redémarrer l’histoire.  J’imagine mal par exemple que tout s’enchaine sans un certain laps de temps…  Peut-être allons-nous retrouver les personnages avec quelques années de plus !  Tiens, ce serait peut-être une question à poser à l’auteure !
Pour conclure, que diriez-vous aux jeunes pour les convaincre de lire cette série ?

Dorota : C’est une saga magique…  Dystopie, certes, les amateurs du genre seront comblés. Ceux qui n’aiment pas les récits de ce genre y trouveront leur compte également. Pourquoi? Tout simplement parce que ce livre est avant tout une grande aventure, remplie de situations inattendues, pleine d’humanité et de courage.

Carole : Je lui tendrais le livre en lui disant :
 » Fais attention, tu ne vas pas pouvoir t’arrêter ! Et si tu es en manque, j’ai aussi le tome 2 ! »
D’ailleurs c’est exactement ce que j’ai fait avec le fils d’une amie qui a 10 ans… Deux jours après dringgggggggggggg  » Il me faut le 2 !!!  » : MAGIQUE !

Kik : Tu as entendu ce qu’elles ont dit les autres filles ? Tu le prends, tu le lis et tu verras à la fin tu me demanderas de te prêter le tome 2 ! Allez file !
Bonne lecture !

Grâce à Gabriel, nous avons pu poser nos questions à Muriel Zürcher.

ALODGA : Combien avez-vous prévu de tomes ?

Muriel Zürcher : Trois. Le dernier sortira en octobre prochain.

ALODGA : D’où vous est venue cette idée de misphère dans le nombril ?

M. Z. : L’invention de la misphère vient de l’idée du récit lui-même : la misphère est là pour matérialiser l’emprise de la société sur chaque homme qui la compose. Au nom de l’intérêt général, on renonce à sa liberté et on cède le contrôle de son corps et de son esprit. Pire ! Tout le monde (ou presque !) accepte que ses propres enfants soient soumis à cette contrainte.  Ce « presque », c’est le cocon où s’épanouit le récit.

Le nombril m’a semblé le lieu de la greffe idéal. D’abord parce que, intuitivement, j’ai pensé que c’était une porte d’entrée crédible d’un point de vue physiologique. Je n’ai pas fait de recherches particulières : comme pour le reste des éléments techniques du récit, j’ai visé la vraisemblance plus que la vérité scientifique. Ensuite, parce que la portée symbolique du nombril est très forte : le fait de couper le cordon ombilical est le geste qui sépare le nouveau-né de sa mère et lui donne son autonomie. D’ailleurs, cette signification perdure bien après la naissance puisqu’on utilise l’expression « couper le cordon » à tous les âges de la vie. Donc, greffer  une misphère à l’emplacement du cordon ombilical, cela signifiait symboliquement le remplacement d’une dépendance à la mère par une emprise de la société.

ALODGA : Vous êtes-vous inspirée de vrais enfants pour construire vos personnages (notamment Artelune, Alkan et Tahar) ?

M. Z. : Artelune, Alkan et Tahar sont des personnages de fiction, mais je ne les ai pas construits.  À cette période, je réalisais des recherches pour écrire un documentaire sur les émotions. Et plus j’avançais dans ce travail, plus j’avais envie de basculer du côté de la fiction. Les deux frères, qui trainaient par là, se sont imposés à moi en même temps que l’idée fondatrice du récit : le fait qu’un gouvernement exploite les souvenirs et les émotions pour produire de l’énergie durable. Artelune est arrivée juste après : j’ai vite compris que l’histoire ne pourrait pas se faire sans elle !

ALODGA : Comment fait-on pour trouver une si diabolique Iriulnik ? Imagination ? De vraies personnes insupportables ?

M. Z. : Pour construire le personnage d’Iriulnik, je ne me suis pas inspirée d’un individu réel en particulier (ou sinon, je ne le dirais pas… je tiens à dormir sur mes DEUX oreilles !), mais j’ai aménagé à ma sauce le tableau psychiatrique d’une personnalité perverse narcissique. Pour le premier tome, je voulais que ce personnage soit l’archétype du méchant, sans aucun élément qui puisse l’humaniser. Sur la quatrième de couv, il est noté : « dès 11 ans » : il s’agissait de donner des repères clairs aux plus jeunes lecteurs. La personnalité d’Iriulnik se complexifie dans le deuxième tome : d’abord parce on découvre ce qu’elle a vécu pendant son enfance et que cela éclaire son comportement d’un jour nouveau, mais aussi parce qu’elle instaure une relation dérangeante avec la petite Piupy. Et Iriulnik réserve encore quelques surprises aux lecteurs du tome 3 !

ALODGA : Le tome 2 pourrait constituer une conclusion en soi même s’il se termine sur la question de l’après. Si vous êtes d’accord de lever un coin du voile, peut-on savoir comment vous comptez redémarrer l’histoire ? Peut-être allons-nous retrouver les personnages avec quelques années de plus ?

M. Z. : La structure narrative des trois tomes suit l’évolution politique de la Bulhavre. Dans le premier tome, Iriulnik et son armée de tourneurs conservent la mainmise sur l’organisation de la vie sous la Bulhavre et dans l’Outre-Monde. Le récit ne s’achève donc que partiellement : les héros ignorent  quel sera leur avenir, ni même s’ils réussiront à survivre. Ils ne peuvent faire confiance à personne puisque les tourneurs ont détruit ou chassé tous leurs appuis. Cette situation correspond à celle d’un opposant qui vit sous un régime dictatorial : seul ou en petit groupe, susceptible d’être arrêté à n’importe quel moment, incertain quant à son futur.

Dans le tome 2, les héros ont conduit la révolte. Ils ont retrouvé des repères : qui est qui, qui pense quoi. Ils sont sereins quant à l’avenir : enfin les principes et les valeurs auxquelles ils croient passent au premier plan. La fin fait écho à ce sentiment des héros : ça y est, ouf, le cauchemar est terminé. Alors,  l’histoire est bouclée… ou donne l’impression de l’être.

Sauf que la révolte n’est pas une fin, c’est une première pierre sur laquelle tout reste à bâtir. Et ce défi est loin d’être simple à relever, comme l’actualité de ce début d’année 2013 nous le rappelle. Dans le tome 3, les héros ne tarderont pas à voir les problèmes arriver…

Mais ce parallèle entre le découpage des tomes et  le fonctionnement politique de la Bulhavre reste à sa place : en toile de fond. C’est l’aventure et les relations entre les personnages qui  occupent le premier plan.

ALODGA : Rétrospectivement, trouvez-vous vos romans  » engagés  » ? Quels messages (éventuels) avez-vous désiré faire passer ?

M. Z. : J’écris des histoires avec ce que je suis : ma vie, mon expérience, mes préoccupations, mes interrogations, mes principes, mes convictions… Inévitablement, ces éléments résonnent dans mes récits, avec plus ou moins de force. Une trilogie offre plus d’espace qu’un court roman, donc ça finit par faire un drôle de vacarme dans le Tourneur de Page ! Mais mon objectif n’est pas de faire passer des messages.  J’écris des histoires, libre à chacun d’y lire ce qu’il veut.

ALODGA : Que pensez-vous de l’engouement des jeunes pour la « dystopie » ? Le Tourneur de Page s’inscrit-il dans ce genre littéraire qui a le vent en poupe ?

M. Z : Au moment de commencer l’écriture du Tourneur de Page, je connaissais peu la littérature jeunesse d’anticipation. C’était une erreur, bien sûr ; l’arrogance du débutant, probablement. Depuis, je travaille à rattraper mon retard. Si j’en crois les lecteurs au bagage théorique conséquent qui se sont penchés sur le Tourneur de Page, alors, oui, cet ouvrage s’inscrit dans le genre de la dystopie.  Je pense que les jeunes aiment ces récits d’abord parce qu’ils racontent de belles histoires riches en aventures et en émotion ! Mais aussi parce qu’ils font écho aux angoisses collectives qui traversent le monde : la peur du désastre écologique, la crainte de voir la démocratie remise en cause pour un système totalitaire qui rassure avec des certitudes, le sentiment que les connaissances et compétences qu’on acquière aujourd’hui ne seront peut-être pas celles nécessaires pour vivre demain.

ALODGA : Votre roman a une dimension écologique indéniable. Est-ce un domaine qui vous préoccupe ?

M. Z. : Comment ne pas s’en préoccuper ? Mais on se sent tellement désarmé, pris en sandwich entre l’ampleur du problème et les dérisoires petits gestes qu’on peut mettre en œuvre.

Hier, j’ai lu un article (1) dans lequel Paul Ehrlich (biologiste) parlait du déni des décideurs et des médias concernant l’évolution du climat et de celle de l’homme. Il précisait : «Nous estimons que la probabilité d’éviter l’effondrement de la civilisation globale n’est que d’environ 10%. Et nous pensons que, pour le bénéfice des générations futures, cela vaut le coup de se battre pour monter cette probabilité à 11% ».

Moi aussi, je joue l’autruche. Je continue à vivre.

(1) « Notre civilisation pourrait-elle s’effondrer ? Personne ne veut y croire. » article de Stéphane Foucart publié dans le supplément « culture et idées » du Monde du samedi 9 février 2013.

ALODGA : Lisez-vous vous-même de la littérature jeunesse ?

M. Z. : Oui, mais je ne lis pas que ça.

ALODGA : Que diriez-vous aux jeunes pour les convaincre de lire Le Tourneur de Page ?

M. Z. : Je suis nulle à ce petit jeu-là.  Je leur dirais peut-être d’aller lire vos blogs ?

Si vous n’êtes toujours pas convaincus, suivez son conseil…  judicieux 😉
Voici nos liens :
Pour le tome 1 :
Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse
Dorota – Les livres de Dorot’
Gabriel – La mare aux mots
Kik – Les lectures de Kik
Pour le tome 2 :
Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse
– Gabriel – La mare aux mots
Dorota – Les livres de Dorot’
Extra :
Une autre interview de l’auteur chez Gabriel de La mare aux mots

Un tout grand merci à Muriel Zürcher et à Gabriel pour leur collaboration généreuse.

Bonne lecture !

4 réflexions sur « Lecture commune – Le Tourneur de Page »

  1. bon, ben, il me reste à le lire maintenant ! La dystopie, c’est vraiment pas mon truc mais en vous lisant, pourquoi pas ? en plus, j’ai les deux tomes à la maison…pour mes prochaines vacances !
    Merci pour ce débat très dynamique ! j’ai particulièrement aimé les réponses de l’auteure. Très intéressante sa démarche.

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