Les livres et les émotions

Déjà la troisième semaine de notre rendez-vous estival qui cherche chaque lundi de bonnes raisons de dire qu’un livre est bon. La semaine dernière, Pépita vous parlait du plaisir de la relecture ICI, plaisir que j’exerce très rarement avec les romans mais que je partage avec plaisir avec mon petit garçon pour les albums. Avant, Chlop introduisait cette série de lundi avec les livres qui mettent en mouvement l’intelligence de l’enfant . Elle a beaucoup hésité avec un autre sujet : les livres qui suscitent des émotions, et comme l’un de mes critères favoris pour qualifier un bon livre, c’est celui-ci, je ne pouvais pas ne pas vous en parler.

 Qu’ils fassent rire, peur, pleurer, s’énerver, il arrive qu’on ressorte d’une lecture avec une ou plusieurs émotions très marquées. Car si elles sont toujours présentes, certaines nous submergent tout particulièrement.

Pour commencer, parlons un peu de sentiments contradictoires car il m’est arrivé de terminer des livres avec un avis plutôt négatif mais pas sans émotion ni questionnement. Je pense particulièrement l’album Me voici qui avait fait l’objet d’un débat sur ce blog. Je ne referai pas le sujet ici, mais quand j’ai eu fini cette histoire, je suis restée perplexe et surtout mal à l’aise. Déjà, si on reste dans le premier degré de l’histoire, voir le destin de ces chats m’a atteinte en plein cœur. C’était trop pour moi et mon amour des animaux. En revanche, je reste persuadée que beaucoup de choses se cachent dans cette histoire que l’on peut sûrement interpréter de bien des manières. C’est pour ça que j’avais proposé cette lecture commune, je ne pouvais pas dire que j’avais aimé ce livre à cause du malaise qu’il me donnait mais je ne pouvais pas non plus le mettre de côté et le considérer comme mauvais.

Dans le genre, « ça me laisse un drôle de goût », il y a aussi l’univers de Emmanuelle Houdart. Pendant longtemps, je ne comprenais pas ses illustrations sombres voire glauques parfois. Ça me semblait effrayant et peu adapté aux petits. Et puis est venu le jour où j’ai mis La boîte à images dans les mains de Morgan qui avait 2 ans à l’époque. J’ai été stupéfaire par l’intérêt que ces petits livres suscitaient chez lui. Moi qui les estimait effrayants pour des petits, j’ai été surprise de voir que pour lui, c’était surtout une source de découverte et de questionnement. Il voyait des choses bien mieux que moi.

Par la suite, j’ai commencé à regarder les illustrations d’Emmanuelle Houdart d’un autre œil et mon avis a considérablement changé avec Ma mère. Aidée par le nom de Stéphane Servant qui est un auteur que j’apprécie particulièrement, je me suis plongée dans cet album avec plus d’intérêt et j’ai compris ce qui me manquait peut-être pour les autres livres de l’illustratrice : la relecture. Clairement, il m’a fallu lire l’album plusieurs fois pour être fondamentalement touchée par le texte et les images. J’ai eu besoin de les digérer et cet album est maintenant un vrai coup de cœur dans lequel je me retrouve beaucoup. J’aime l’émotion intense que suscite chez moi cette mère sauvage et poétique et je me replonge toujours dans ce livre avec plaisir.

Ils ne sont pas très nombreux les livres qui me tiennent éveillée jusqu’en pleine nuit. Je ne m’attendais pas vraiment à ça quand j’ai ouvert Eleanor & Park. En apparence, c’est une histoire d’amour entre deux ados mais quand j’ai commencé cette lecture, j’ai été emportée par le texte. J’étais séduite par l’amour passionnel de ces deux jeunes comme si j’étais moi-même amoureuse de leur histoire. Les heures pouvaient toujours filer, je relevais les yeux à contre cœur à 2 ou 3 heures du matin pour me forcer à fermer le livre avant la nuit blanche. La lecture s’est finie en quelques jours et ce n’est pas sans regret que j’ai quitté Eleanor et Park.

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Ces deux livres ont eu un impact particulier sur moi. Si on peut pleurer facilement sur un film, sur un livre c’est différent et pas forcément si fréquent. Pourtant, je me souviens avoir eu bien du mal sur certains passages de ces romans, pas facile de lire les larmes aux yeux ! Il y en a certains comme ça, qui raisonnent particulièrement avec ce qu’on a pu vivre et où l’émotion devient plus forte que la fiction.

Vous allez me dire que je n’ai pas des lectures très joyeuses mais si j’ai choisi ces exemples, c’est juste personnel parce que je suis plus sensible aux lectures qui vont me rendre triste, en colère ou me faire peur. J’ai un intérêt très particulier pour les histoires qui finissent mal. Pas que j’aime les fins tristes mais ce sont elles que je retiens le mieux et qui restent gravées ensuite dans ma mémoire de lectrice.

Évidemment, il y a aussi des livres qui me font rire. Je me souviens de ma première découverte avec les albums de Gilles Bachelet et son chat, du duo Michaël Escoffier et Matthieu Maudet toujours hilarant ou encore du roman de Pierre Delye qui est un concentré d’humour moqueur.

des nouvelles de mon chat

Si je voulais vous parler des émotions que procurent les histoires, c’est simplement parce que pour moi c’est un signe très concret de qualité. Comme le disait Chlop dans son article, mettre en mouvement l’intelligence du lecteur est un bon gage de qualité et c’est un peu ce qui se joue avec les émotions. Je peux aimer un livre, le lire, le fermer et l’oublier avec le temps mais une histoire qui m’aura fait rire ou pleurer, je suis sûre de m’en souvenir. Finalement, c’est ça tout l’intérêt de la littérature, c’est d’agir sur le lecteur pour qu’il ne soit pas le même en ouvrant le livre et en le refermant…

3 réflexions sur « Les livres et les émotions »

  1. « qu’il ne soit pas le même en ouvrant le livre et en le refermant »… C’est vrai, il y a des livres qui nous font grandir, nous font changer, nous bouleversent ou nous transforment. Etrange pouvoir que celui de l’écriture…

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