Notre autrice essentielle : Annelise Heurtier

En cette rentrée, nous vous proposons une nouvelle rubrique : nos auteur.e.s essentiel.le.s !
L’idée est de vous y présenter sous des formes variées les œuvres d’un.e auteur.e à l’univers fort, dont nous aimons toutes les œuvres.

Comme c’est en interviewant Annelise Heurtier en avril dernier qu’est née cette envie, il nous a paru logique de commencer par ses romans. Voici donc les œuvres qui nous ont le plus touchées, présentées sous forme de lettre à un personnage, d’abécédaire ou d’une interview.

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Le choix de Colette

Combien de terre faut-il à un homme ? Annelise Heurtier, Raphaël Urwiller, d’après Tolstoï, Editions Thierry Magnier, 2014.

2 août 2023

Cher Pacôme,

je vous écris depuis le XXIe siècle où votre histoire résonne encore et toujours. TRAGIQUEMENT. Combien de terre faut-il à un homme ? A l’heure où l’humanité a épuisé les ressources renouvelables en un an de la planète, nous pourrions même transformer la question en mettant une majuscule au mot Terre.

Cher Pacôme, vous chez qui j’ai senti l’amour de la terre, celle qui nourrit, qui fleurit, qui enveloppe, qui soutient, pourquoi n’avoir pas su vous réjouir de votre « petit champ balayé par les vents » , de l’odeur du bortsch qui flotte dans l’isba où se réunit toute votre famille à l’heure du déjeuner ? Je vous pose cette question, Pacôme, mais je ne vous blâme pas. Moi aussi, souvent je suis animée de l’irrépressible besoin de posséder. Il faut dire qu’encore plus qu’à votre époque, toute la société dans laquelle je vis m’y encourage. Mais j’ai une bonne nouvelle cependant, mon cher Pacôme, il me semble que des hommes et des femmes, ici ou là, chantent désormais un nouveau refrain, un refrain qui loue la sobriété, l’humilité et la gratitude. Un refrain sans doute semblable aux chants des Bachkirs dont je nous souhaite d’entendre les joyeuses leçons, celles que nous n’avez pas reconnues mais qui grâce à votre histoire parviennent à nos oreilles aujourd’hui. Je nous souhaite comme eux de nous retrouver au son des balalaïkas, des kalimbas et autres târs pour célébrer nos jardins, nos forêts, nos déserts et tous nos « petits champs balayés par les vents ». De là où vous êtes, mon cher Pacôme, j’espère que vous entendrez ce chant.

Colette, collectionneuse de papillons et de jolies histoires.

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Le choix de Lucie

La fille d’avril, Annelise Heurtier, Casterman, 2018.

Bonjour Izia ! Peux-tu nous expliquer ton rôle dans La fille d’avril ?
Je n’apparais que très peu ! Je suis un peu le catalyseur, l’excuse qui permet à ma grand-mère de raconter sa jeunesse.

Qu’as-tu découvert ?
Tout ! J’adore ma grand-mère, mais je n’avais jamais pris le temps de l’interroger sur sa vie. A travers son histoire j’ai beaucoup appris sur notre famille, son parcours, mais aussi sur la condition des femmes dans les années 60.

Quelles informations t’ont le plus marquée ?
Ce n’est peut-être pas l’essentiel, mais j’ai trouvé que les détails concrets étaient particulièrement signifiants. Le fait qu’il n’existait pas de baskets pour les femmes, l’harnachement nécessaire pour les règles, l’interdiction de porter des pantalons, et cette méconnaissance de la physiologie féminine ! Je savais que cela avait existé mais je n’imaginais pas que ma grand-mère l’avait vécu !

Pour finir, cette discussion a-t-elle changé ton regard sur ta grand-mère ?
A l’amour que je lui porte s’est ajouté une immense admiration pour sa force et sa ténacité. Qu’elle ait partagé son histoire et ses rêves nous a rendu encore plus complices qu’avant. J’adore ça !

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Le choix d’Isabelle

Sweet Sixteen, Annelise Heurtier, Casterman, 2013

Chère Molly,

Nous vivons dans des époques et des pays différents mais nous partageons les mêmes rêves : des rêves d’égalité, d’une éducation digne de ce nom.

Hier comme aujourd’hui, cela ne coule pas de source, même quand on a la loi de son côté. Tu en as fait l’amère expérience en 1957, suite à la décision de la cour suprême américaine de mettre fin à la ségrégation dans les écoles publiques américaines. Forte de tes espoirs et confiante en tes capacités, avec huit autres élèves noirs, tu t’es inscrite au lycée le plus prestigieux de Little Rock jusque-là réservé aux Blancs. Réalisais-tu le pas que cela représentait, le courage immense qu’il vous faudrait face à l’hostilité des 2500 autres élèves et à la violence des réactions qui embrasèrent toute la ville, obligeant le président Eisenhower à vous faire protéger par l’armée ? Nulle vexation, humiliation ou intimidation ne vous aura été épargnée. Je n’ose imaginer à quel point cette année, qui devait être celle de tes Sweet Sixteen, a été dure. Personne, et surtout aucun enfant, ne devrait avoir à traverser de telles épreuves. Je voudrais pouvoir les effacer mais je n’en ai pas le pouvoir.

Ce que je peux faire, c’est te dire que cela n’aura pas été en vain. Tu as écrit une page importante de l’histoire des droits civiques. En t’exposant en première ligne, tu es devenue une pionnière de la conquête de nouveaux droits au respect et à l’éducation. Tu as contribué à repousser l’horizon des possibles pour des milliers de personnes. J’ai été bouleversée par la volonté sans faille que toi et les autres avez opposée à la foule forcenée. Alors certes, les mentalités n’évoluent que lentement et difficilement. Mais les Little Rock Nine et toi avez prouvé que pas à pas, les luttes émancipatrices peuvent faire bouger les lignes.

Pour ton courage et ta contribution à une société plus égalitaire, merci !

Isabelle

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Le choix de Liraloin

Des sauvages et des hommes, Annelise Heurtier, Casterman, 2022

HOMME

H :  je t’ai vu, au début je n’ai pas osé te regarder, tu es un homme si différent. J’étais certainement impressionné par cet accoutrement tellement loin de ce que je connais car je vis ici et toi là-bas mais quelque chose en moi me pousse à vouloir te connaître.

O : c’est un peu comme cette cage, cet enfermement qui nous rapproche, il n’y a pas de début ni de fin, juste un trait qui se rejoint. Toi, ici, loin de chez toi, moi, ici, chez moi mais en aucune façon libre de choisir ma voie et mon destin.

: comme cette mer que tu as traversé pour venir dans ce lieu d’espoir, d’avenir pour ta famille restée au pays. Une famille qui attend beaucoup de toi, c’est un poids sur les épaules que je ressens également. Héritage infernal, vie toute tracée…

M : comme le mensonge, à toi l’espoir vite brisé par cette gigantesque mascarade. A moi cette honte qui m’envahit en pensant à ce que des hommes peuvent créer et imaginer pour s’enrichir, n’hésitant pas à anéantir ses propres semblables.

: Egalité :  voilà ce que j’écris depuis ce matin, car aujourd’hui ma décision est prise et j’irais là où personne ne m’attend, j’irais contre tous quitte à être chassé, banni et rejeté. Je suis prêt !

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Le choix de Blandine

Le carnet rouge. Annelise HEURTIER. Casterman romans, 2011

Lycénne de 16 ans, Marie
Emotions d’adolescence et d’identité

Chercher à connaître malgré les silences de sa mère
Alex, l’ami précieux
Révélations par les pages d’un carnet confié
Népal, pays des origines
Enfant-Déesse Kumari
Traditions hindouistes et bouddhistes

Relations mères-filles à apaiser
Ouvrir, communiquer, grandir, s’émanciper
Un roman aux thématiques entremêlées
Grande sensibilité d’écriture
Et avoir envie d’en découvrir davantage

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Et vous, quel roman d’Annelise Heurtier préférez-vous ? Que pensez-vous de cette nouvelle rubrique ?

Nos classiques préféré.e.s : la peinture d’Anne Brouillard est sa lumière.

Anne Brouillard s’illustre dans le monde de la littérature jeunesse par sa peinture qui nous offre des albums aux aventures humaines et aux paysages uniques. Tantôt autrice-illustratrice, elle collabore aussi avec d’autres auteurs et autrices. Pour en savoir plus : un article extrait du blog Le Carnet et les Instants. Retrouvez nos raisons d’apprécier et de lire Anne Brouillard.

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Pour Liraloin, voici les dix raisons d’aimer se retrouver immergée dans les illustrations de cette autrice avec Voyage d’hiver !

1 – Pour son édition leporello qui en fait un livre tout à fait original, complété d’un petit coffret de 44 cartes à histoires.
2 – Pour ses images immersives sans texte.
3 – Pour ce paysage qui va se dérouler sous nos yeux. Etes-vous prêts pour un voyage d’hiver sans retour ?
4 – Pour se précipiter à bord d’un train et admirer la vue d’un cadre figé par le froid.
5 – Pour traverser cette nature endormie, ressentir cette fraicheur hivernale bien à l’abri dans sa voiture de voyageur.
6 – Pour imaginer la vie qui peut se dérouler dans ces maisons que l’on pourrait presque toucher.
7 – Pour cette neige qui couvre les branches des arbres et fond sur les toits des maisonnées au loin.
8 – Pour cette ville qui s’étend peu à peu et nous laisse entrer dans une autre gare : clap de fin d’un voyage hivernal.
9 – Pour cette magnifique peinture que nous offre Anne Brouillard.
10 – Pour avoir l’envie immédiate de remonter à bord mais seulement si nous sommes accompagnées des cartes et s’offrir un voyage différent.

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Pour Linda, la lumière d’Anne Brouillard n’a pas son pareil pour s’exprimer dans cet album sans texte.

L’orage de Anne Brouillard, Grandir, 1998.
  1. Parce qu’il n’est pas besoin de mots pour que s’exprime l’orage qui s’installe,
  2. Parce qu’il suffit d’un chat qui sursaute, d’une fenêtre qui s’ouvre, d’un vase qui se brise pour ressentir la violence du vent,
  3. Parce que la tension monte progressivement, rendue palpable par un mouvement de travelling avant-arrière,
  4. Parce qu’un seul couple permet de voir la rapidité avec laquelle l’orage arrive, se mettant à l’abri,
  5. Pour la luminosité des illustrations et leur réalisme,
  6. Pour toutes les sensations que l’on ressent au fil des pages, nous donnant l’impression d’être dans l’orage,
  7. Parce que le trait d’Anne Brouillard éveille nos sens : on sursaute quand le vase se brise, on frissonne quand le vent souffle, on entend la pluie qui frappe sur les fenêtres restées ouvertes, on sent l’odeur de l’herbe mouillé quand la pluie laisse derrière elle les prés détrempés?
  8. Parce que chaque illustration est une véritable œuvre d’art, un vrai tableau,
  9. Et pour tout ça à la fois car c’est ce qui rend son art si unique.

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La Grande Forêt fait partie des chouchous de la bibliothèque d’Isabelle. Ses moussaillons aiment les histoires aux confins de la réalité et aussi celles où humains et animaux se côtoient. Ils sont complètement entrés dans ce monde imaginaire et, depuis, ne se lassent pas d’y retourner. Dix raisons qui font de cet album une lecture incontournable !

La Grande Forêt, de Anne Brouillard, Pastel. 2016

1 – Parce que cet album nous emmène en voyage, dans une contrée exotique au possible qu’on ne trouve pas facilement sur un atlas habituel : le pays des Chintiens !
2 – Parce que cette contrée vaut le détour, avec ses forêts de bouleaux, sa culture singulière et tout son bestiaire de petits habitants tous plus surprenants les uns que les autres
3 – Pour la forme réjouissante de ce livre, objet littéraire non identifié qui trace son propre sillon entre album illustré, bande-dessinée et documentaire, avec cartes topographiques et schémas à l’appui
4 – Pour la saveur de l’amitié partagée avec Killiok, sympathique créature à mi-chemin entre le chien et le moumine, et son amie humaine Véronica
5 – Pour la manière dont l’enquête des deux compères met sous tension leur périple : qu’est-il advenu de leur ami Vari Tchésou qui n’a plus donné de nouvelles depuis des mois ?
6 – Pour l’aventure avec un grand A : entre les inconnus qui rôdent dans la forêt, les lumières étranges qui brillent la nuit et les créatures bizarres qui prétendent se rendre à un festival, le voyage est mouvement !
7 – Parce que cette histoire est de celles où le chemin compte plus que la destination : on se régale de multiples curiosités, d’une intrigue souvent à la limite de l’absurde…
8 – … mais aussi et surtout des petits moments de bonheur dont Anne Brouillard semble avoir le secret : le plaisir de préparer tous les détails de l’expédition, de planter sa tente dans un panorama à couper le souffle, ou tout simplement de partager une tasse de café fumante en contemplant la forêt.
9 – Pour les illustrations qui reflètent si bien cet imaginaire avec leurs mille détails, leur forêt frémissante, les arbres qui semblent avoir des yeux et les buissons qui s’agitent impatiemment
10 – Pour la manière dont cette lecture en fait résonner d’autres, comme les romans de Michael Ende (cette ligne de chemin de fer au milieu de nulle part), d’albums de Claude Ponti (Ma Vallée, en particulier), mais aussi par exemple les aventures de Fifi Brindacier dans lesquelles elle part en expédition seule avec ses amis dans une nature aussi enthousiasmante qu’inquiétante.

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Lucie a découvert l’univers d’Anne Brouillard en préparant cet article. Et si tous les titres qu’elle a lus ne l’ont pas enthousiasmée, Les aventuriers du soir l’ont définitivement séduite. Voici pourquoi :

Les aventuriers du soir, Anne Brouillard, Les éditions des éléphants, 2015.

1 – Pour ce cocon de feuilles qui entoure le personnage dès la couverture.
2 – Parce que Gaspard dans sa cabane renvoie immédiatement les lecteurs qui ont la chance d’en avoir (eu) une à leurs souvenirs d’enfance,
3 – Et que se raconter des histoires à l’abri des regards adultes est l’un des privilège des enfants.
4 – Parce qu’observer ses parents à distance raisonnable (du haut d’un arbre par exemple !) est le premier pas vers l’indépendance,
5 – Mais que la maison familiale éclairée est un phare dans le noir.
6 – Parce que chaque imprévu est intégré à l’histoire que l’enfant se raconte, magie de l’imagination !
7 – Parce que les illustrations d’Anne Brouillard sont empruntes de douceur,
8 – Et qu’elles évoquent à merveille ce petit blues de la nuit qui tombe,
9 – Au point qu’on en ressent presque les douces odeurs et le petit air frais grâce à ses illustrations.
10 – Parce que cet album sent les vacances d’enfance à plein nez.

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En préparant les vacances d’été au bord du lac de Côme, Colette avait préparé une petite sélection de livres ayant un lac comme cadre géographique. C’est à cette occasion qu’elle découvrit De l’autre côté du lac.

De l’autre côté du lac, Anne Brouillard, Le Sorbier, 2011.

Alors toute la famille vous le recommande :

  1. pour cette manière si poétique qu’a l’autrice de chanter les aventures minuscules, celles qui nous attendent à chaque coin de nature chérie et qu’il suffit d’un peu d’audace et d’imagination pour tenter.
  2. pour ces beaux liens qui unissent les adultes et les enfants, hors du cadre de la famille triangulaire, ici entre Tante Nadège et Lucie.
  3. parce que Tante Nadège est la première à vouloir partir explorer l’autre côté du lac, parce qu’elle encourage Lucie, parce qu’elle prend le temps.
  4. parce que les animaux sont des personnages à part entière, doués de parole, membres à part entière de la famille ou du clan, forces de proposition, soutiens inconditionnels.
  5. parce qu’Anne Brouillard y dépeint aussi bien la chaleur d’un intérieur modeste mais généreux qu’une nature immense et sereine. Dans cet album se jouent d’intrigants allers-retours entre les maisons isolées à l’orée de la forêt et le lac qui les sépare.
  6. parce que l’alternance des vignettes, et des double pages muettes, crée un rythme de lecture tout particulier, surtout si on goûte cet album à voix haute. Y règne une certaine lenteur. D’ailleurs n’est-ce pas une particularité des albums de cette artiste, faire l’éloge lumineux de la lenteur ?
  7. parce que la nature y est sublimée à chaque page, dans les moindres détails, les oiseaux, les reflets de l’eau, les troncs noueux des arbres, les lueurs orangés du soleil couchant.
  8. parce qu’il y est question de pique-nique de l’autre côté du lac et que vraiment nous adorons les pique-niques au bord de l’eau !
  9. parce qu’il y est aussi question de rencontre, d’amitié naissante, de l’autre, d’abord étranger puis apprivoisé.
  10. parce qu’à chaque fois que nous lisons un album d’Anne Brouillard c’est un peu comme si nous nous offrions une parenthèse hors du monde, de son bruit, de sa fureur. Et c’est une sensation très agréable !

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Et vous quel est votre livre préféré d’Anne Brouillard ?

Nos classiques préféré.e.s : les mondes de Roald Dahl

Les romans de Roald Dahl ont donné à plusieurs générations d’enfants le goût de lire, et font partie de ceux qui se lisent et se relisent indéfiniment avec un plaisir, des frissons et des éclats de rire garantis à chaque relecture. Quel est son secret ? Une âme d’enfant gardée intacte, une capacité exceptionnelle à se souvenir de ce qui les fait trembler de terreur ou d’excitation. Une intrigue toujours captivante. Des dialogues désopilants ponctués de jeux de mots drôlissimes. Et, presque toujours, le trait inimitable de Quentin Blake !

Roald Dahl. Source : Hachette.

Suite à la discussion sur l’adaptation de Fantastic Maître Renard menée par Lucie et Colette, nous avions envie de partager avec vous nos coups de cœur parmi les titres jeunesses du « Champion du monde des histoires » !

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Pour Blandine, le nom de Roald Dahl la renvoie immédiatement à Charlie et la Chocolaterie. Voici pourquoi, en dix raisons.

Charlie et la Chocolaterie. Roald DAHL. Gallimard Jeunesse, 1988
  1. Pour sa nostalgie de (mon) enfance – avec cette couverture !
  2. Parce ce qu’un titre pareil, ça donne envie ! Et d’ailleurs, ne sentez-vous pas, rien qu’à le lire, des effluves de chocolat vous parvenir ?
  3. Pour sa narration à hauteur d’enfant pour les enfants, favorisant un imaginaire visuel débordant
  4. Parce qu’à travers le personnage de Willy Wonka, Roald Dahl nous enjoint à toujours nous émerveiller et à garder notre âme d’enfant (et avec du chocolat, c’est quand même plus facile !)
  5. Parce que la chocolaterie est un personnage à part entière, qu’on rêve de pouvoir visiter nous aussi
  6. Parce que Roald Dahl n’a pas son pareil pour entremêler aventure, fantastique, émotion et satire
  7. Parce que ce roman est aussi le reflet de son époque, avec ses descriptions sociales et comportementales, qu’il convient d’utiliser en contre-exemple au lieu de le remiser / oublier
  8. Parce que la gentillesse et l’empathie sont récompensées
  9. Parce que l’adaptation cinématographique de Tim Burton avec Johnny Depp est absolument géniale, donnant envie de relire le livre
  10. Parce qu’il est une formidable porte d’entrée aux autres romans de Roald Dahl

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Pour Lucie, c’est le premier tome de son autobiographie qu’il faut absolument lire !

Moi, Boy, Roald Dahl, Folio Junior, 2017.
  1. Parce que l’on y retrouve tout ce que l’on aime dans ses romans : aventure, humour, tendresse et cruauté des adultes,
  2. Et que ce récit est un véritable jeu de piste des inspirations de l’auteur.
  3. Pour l’émouvante relation liant Roald Dahl à sa maman.
  4. Pour la reproduction de documents authentiques : photos mais aussi extraits de lettres personnelles.
  5. Evidemment complétés par les illustrations de Quentin Blake.
  6. Pour le témoignage de la vie dans un internat anglais au début du siècle dernier.
  7. Pour la facétie (déjà !) dont fait preuve le jeune Roald qui ne le quittera jamais malgré les épreuves traversées.
  8. Pour les épisodes de la souris morte et du tabac de chèvre.
  9. Et ceux consacrés aux vacances familiales.
  10. Parce que ce texte donne des clés des éléments de réponse à la question « comment devient-on écrivain ? »

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Pour Linda, ce sera un voyage dans le passé à la croisée de l’histoire de l’homme et celle avec un grand H.

Escadrille 80 de Roald Dahl, Folio junior, 2017.
  1. Parce que, même si son imaginaire est toujours une aventure, celle-ci n’a rien de fictif,
  2. Parce qu’il insuffle de la malice dans des anecdotes parfois terrifiantes et nous fait rire là où nous devrions être affolés, comme dans cette anecdote durant laquelle un vieux lion emporte entre ses mâchoires la femme du cuisinier,
  3. Parce que les mots de Roald Dahl nous transportent en Afrique, au Moyen-Orient et en Grèce à la découverte de la faune locale et des paysages à la beauté sauvage,
  4. Parce qu’il se livre un peu plus, nous racontant une partie importante de sa vie de jeune adulte avec ses joies, ses inquiétudes, ses peurs, son role durant la guerre…
  5. Parce que c’est un véritable témoignage sur l’entrée en guerre de l’Angleterre et de l’auteur dans la RAF, force aérienne britannique ; photos, lettres envoyées à sa mère et extraits de son carnet de vol viennent appuyer ses dires.
  6. Parce qu’il ponctue son récit, non sans ironie, d’informations historiques dont on ne nous parle pas à l’école,
  7. Parce que c’est l’occasion d’en apprendre plus sur la Seconde Guerre Mondiale en dehors de nos frontières,
  8. Parce que si l’on a entendu parler de la campagne de Syrie qui eut lieu en 1941, il ne nous a pas forcément été dit quel rôle la France de Vichy y avait joué,
  9. Pour la richesse des informations sur l’aviation et les engins de guerre,
  10. Pour l’amour de la littérature, des mots et pour le travail de mémoire.

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Pour Colette, ce sera Matilda découvert tardivement sur les étagères de la réserve du CDI du collège où elle enseigne, au moment de trouver une lecture truculente à partager avec ses élèves de 6e.

Matilda, Roald Dahl, Folio Jeunesse, 1988.
  1. parce qu’avant tout ce roman est une ode à la littérature, à la lecture, au pouvoir incroyablement libérateur des mots.
  2. parce que l’héroïne de ce récit est une petite fille haute comme trois pommes qui doit affronter un monde d’adultes particulièrement hostile et qu’elle puise sa force dans son intelligence, son courage, sa détermination autant de qualités que l’on souhaite à tous.tes les jeunes lecteur.ices qui se plongeront dans ce livre.
  3. parce qu’il y est question d’éducation, qu’on y croise une directrice terrifiante et une enseignante généreuse, et autant de manière de reconnaitre la curiosité des élèves, de l’attiser ou … de l’étouffer !
  4. parce que l’auteur y chante la joie d’apprendre, qu’elle soit nourrie ou non par les éducateurs et les éducatrices. D’ailleurs peut-être est-ce cela même le secret du véritable apprentissage : qu’il ne dépende que de notre propre volonté. Cultivons notre Matilda intérieure, semble-t-on lire entre chaque ligne !
  5. parce qu’on passe par toutes les couleurs des émotions dans ce récit : peur, frayeur, angoisse, jubilation, soulagement, enthousiasme… Roald Dahl manie comme personne la palette des émotions.
  6. parce que ce récit se lit comme un conte, mais sans en être vraiment un. Se jouer des codes des genres littéraires, voilà un jeu dont l’auteur semble avoir plaisir à faire bouger les règles.
  7. parce que la plume de Roald Dahl est cruelle ! Et voilà un défi qu’on n’ose plus toujours proposer à nos jeunes lecteurs, lectrices : déchiffrer l’ironie, la satire. Continuons d’oser provoquer !
  8. parce que les illustrations de Quentin Blake qui accompagnent cette histoire sont savoureuses et décorent encore aujourd’hui les murs de ma salle de classe.
  9. parce que c’est une œuvre riche, complexe, qui bouscule et enchante, quel que soit l’âge de celui ou celle qui le lit : gage d’un incontournable classique !

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Isabelle et ses moussaillons auraient bien du mal à ne choisir qu’un seul des titres de Roald Dahl. Ils les ont presque tous lus et relus, chacun occupe une place particulière dans l’imaginaire de la famille ! Mais Le Bon Gros Géant a peut-être un statut encore à part. Pour dix raisons au moins…

Le Bon Gros Géant, de Roald Dahl. Gallimard Jeunesse, éd. de 2007.

1 – Parce que l’histoire commence à l’heure des ombres que tous les enfants connaissent trop bien…
2 – Pour ses personnages inoubliables et tellement attachants, à commencer par la courageuse petit Sophie !
3 – Pour cette apparition du Bon Gros Géant qui nous ne cesse de nous prendre de court.
4 – Pour la créativité linguistique et la poésie de ce personnage qui nous réserve des moments mirabilifiques. Voire même délexquisavouricieux !
5 – Parce que, vous en conviendrez, c’est le seul roman où les boissons pétillent vers le bas.
6 – Pour le goût du schnockombre, si abominable que cela en devient presque jubilatoire.
7 – Parce que tout géant connaît plus grand que lui et que ces pages nous réservent donc une délicieuse dose de frissons.
8 – Parce qu’en lisant les mots de Roald Dahl, les rêves (et les cauchemars !) deviennent palpables…
9 – Pour le rôle ahurissant joué par la reine d’Angleterre dans toute cette affaire.
10 – Parce que quel que soit l’âge auquel on relit Le Bon Géant (et quel que soit le nombre de fois qu’on l’a déjà lu), le plaisir reste intact !

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Et vous, quel est votre Roald Dahl préféré ? Avez-vous été aussi tristes que nous après avoir fait le tour de son oeuvre ? Sa disparition a laissé un vide dans le coeur et l’imaginaire des enfants de tous âges. Il nous semble que les nostalgiques peuvent avec profit se plonger dans les romans de David Walliams dont la petite musique évoque fortement celle du maître anglais.

Nos classiques préféré.e.s : l’éternelle jeunesse de Susie Morgenstern

Née aux Etats-Unis, Susie Morgenstern s’installe en France par amour et commence à écrire grâce à ses enfants. Plusieurs fois récompensée pour ses ouvrages, elle s’illustre dans différents thèmes et écrit pour tous les âges. Avec près de 200 titres à son actif, elle est l’une des auteur.e.s jeunesses contemporains les plus prolifiques et a donc toute sa place parmi nos classiques préféré.e.s.

Susie Morgenstern. Source : Radio France.

Nous partageons aujourd’hui un panel de ces œuvres en proposant pour chacune nos raisons de les lire.

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Linda a choisi de mettre en avant La Petite Dernière. Elle vous explique pourquoi…

La Petite Dernière, Nathan éditions, 2017.
  1. Autobiographie romancée, ce titre permet de découvrir son auteure lorsqu’elle était enfant.
  2. Plongée dans son enfance américaine, Susie Morgenstern a pour la première fois du écrire en anglais, sa langue natale, pour que son écriture et ses souvenirs s’ajustent parfaitement.
  3. Et elle a aussi illustré son récit ce qui, ajouté au texte, en fait une œuvre vraiment personnelle et intime.
  4. Parce qu’entre souvenirs, anecdotes et secrets inavoués, elle arrive toujours à nous faire rire.
  5. Pour la découverte de la communauté juive à laquelle l’auteure appartient : les temps de prières, les fêtes et autres cérémonies ponctuent son quotidien,
  6. et nous plongent dans les souvenirs liés à la Soah que l’enfant qu’elle était a vécu par l’intermédiaire de sa famille et qui ont tout leur sens dans son ressenti, son vécu.
  7. Pour la force des liens familiaux qui unissent Susie à ses sœurs, à ses parents.
  8. Parce que, même si la place de cadette ne lui convenait pas, on sent aussi combien ça a été une chance de recevoir une éducation différente qui l’a amené à faire des études.
  9. Pour le sentiment de nostalgie et la tendresse qui émanent de cette lecture.

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Pour Lucie, Joker est LE classique de Susie Morgenstern. Utilisé en classe pour mettre en place des jokers (certes un peu différents), il fait l’unanimité chez les petits comme chez les grands !

Joker, Mouche, l’Ecole des loisirs, 2021 pour l’édition illustrée par Serge Bloch.
  1. Pour monsieur Noël, maître en fin de carrière qui a su conserver intactes son envie et sa créativité.
  2. Pour le lien qu’il crée avec ses élèves,
  3. Car c’est bien connu, les élèves heureux apprennent mieux !
  4. Pour les jokers, rêve de tout élève.
  5. Et parce que monsieur Noël, qui porte bien son nom, se fait un plaisir d’offrir à ses élèves : le programme scolaire, les techniques, les conjugaisons, les mathématiques, la science, David Copperfield, le dictionnaire, et une brosse à dents.
  6. Pour la variété des gestions de jokers, entre l’élève qui les dépensent tous la première semaine et celle qui les stocke précieusement.
  7. Et pour la philosophie de vie : « N’oubliez pas qu’on a des jokers dans la vie. Tout joker que vous n’aurez pas utilisé mourra avec vous. »
  8. Pour l’utilisation collective des jokers, moment magique.
  9. Parce que le trait vif de Serge Bloch convient parfaitement à cette histoire pleine de vie.
  10. Et évidemment pour les jokers inventés par les élèves, qui font rêver petits et grands.

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Pour Liraloin, Soutif est un des titres dans lequel toutes les jeunes filles peuvent se retrouver !

Soutif, illustré par Catel Muller, Gallimard jeunesse, 2021

1-Pour le titre qui caractérise bien l’humour pétillant de Susie Morgenstern
2-Pour cette couverture acidulée et cette illustration de Catel
3-Pour les préoccupations d’une jeune ado de 13 ans et pas des moindres : « … je porte carrément deux bébés montagnes, menaçantes et hors de contrôle ».
4-Pour en savoir plus sur la création du « soutif », je demande l’exposé que Pauline, notre héroïne, est en train de rédiger.
5-Pour cette acte commis dans un moment de pur détresse féminin.
6-Pour cette rencontre entre Pauline et Pénélope : deux filles si différentes et pourtant …
7-….et pourtant l’une et l’autre vont s’aider, se soutenir à leur façon et tout en bienveillance.
8-Pour simplement cette histoire qui ne manque pas de fraîcheur (ce qui justifie amplement pourquoi il n’y a pas de neuvième et dixième raisons).

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Isabelle a eu envie de parler de Si on chantait ! Un titre un peu spécial pour les raisons suivantes…

  1. Pour la forme de cadavre exquis. Et oui, ce roman n’est pas signé exclusivement par Susie Morgenstern, il est écrit à plusieurs mains par 13 de nos stars préférées de la littérature jeunesse française !
  2. Pour le rôle de premier plan néamoins joué par Susie Morgenstern puisque c’est à elle qu’il revient de nouer cette intrigue – elle a envoyé son premier chapitre à Timothée de Fombelle qui a passé le relai à Clémentine Beauvais, et ainsi de suite jusqu’au treizième et dernier chapitre, signé Jean-Philippe Arrou-Vignod.
  3. Pour l’amitié qui se trouve au fondement de cette histoire : celle d’Ambre qui cohabite avec une ribambelle de frères et de sœurs dans un petit appartement de la tour F, et Louis-Edmond qui se sent bien seul dans l’immense villa de ses richissimes parents.
  4. Pour les savoureux détails semés par Susie Morgenstern dans son chapitre introductif : quel bonheur de voir comment les autres auteurs rebondissent dessus, s’en inspirent pour imaginer péripéties, clins d’œil et running gags !
  5. Pour les événements complètement rocambolesques qui en découlent, lorsque la mère d’Ambre disparaît avec un individu peu recommandable…
  6. Parce qu’on recroise Susie Morgenstern au moment où on ne l’attend pas lors d’une séance de voyance irrésistible avec Madame Irma.
  7. Parce qu’on croise aussi, entre autres, un digne majordome anglais, une armure, des palmiers, une bétaillère et une flopée de fruits et légumes !
  8. Pour le suspense qui nous tient en haleine de bout en bout et la solide dose de bonne humeur renfermée par ces pages.
  9. Parce que ce roman joyeusement loufoque n’en pointe pas moins le gouffre abyssal qui sépare riches et pauvres.
  10. Et parce, puisqu’on en parle, les bénéfices tirés des ventes de ce livre sont intégralement reversés au Secours populaire pour favoriser l’accès à la culture pour toutes et tous. Vos 7,90€ seront utilisés par l’association pour offrir des sorties culturelles à de très nombreuses familles. Faites-vous plaisir, c’est pour la bonne cause !

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Blandine a particulièrement aimé le court roman Même les princesses doivent aller à l’école. Voici pourquoi…

Même les princesses doivent aller à l’école. Illustré par Serge BLOCH. Ecole des Loisirs, 1991
  1. Pour son autrice, dont j’ai lu et aimé plusieurs albums et romans
  2. Parce que j’aime le trait faussement simple de Serge Bloch
  3. Pour le détournement de conte et l’humour induits par le titre
  4. Pour se questionner sur la représentation de la Princesse
  5. Pour les jeux de mots, expressions et polysémies qui parsèment le récit
  6. Pour le décalage imagination / réalité
  7. Parce que l’école y est décrite comme un lieu d’égalité, d’apprentissages et de socialisation
  8. Pour la réflexion politique et sociale
  9. Pour les sous-thèmes abordés : parentalité, amitié, patrimoine, Histoire
  10. Parce que ce roman permet d’engager des discussions et des comparaisons sur l’évolution de l’école.

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Et vous ? Avez-vous lu et aimé Susie Morgenstern ? Quel livre auriez-vous choisi ?

Nos classiques préféré.e.s : les peintures exceptionnelles de François Roca

« Je pars d’une feuille blanche, je dessine, je crayonne et ensuite je peins. Parfois je rate et je recommence. Cette première image va donner le ton, déterminer le personnage principal… » Extrait Fred Bernard & François Roca : créateurs d’aventures publié chez Albin Michel jeunesse en 2016.

Souvent, on associe François Roca à Fred Bernard. C’est tout à fait normal car ce duo est quasi inséparable depuis plus de 20 ans. Les deux hommes se sont connus à l’Ecole Emile-Cohl et s’exerçaient ensemble : l’un au dessin et l’autre à l’écriture. Jamais l’un sans l’autre. C’est ainsi que, quelques années plus tard, ils se sont retrouvés pour publier leur premier album La Reine des fourmis a disparu. L’aventure ne faisait que commencer… François Roca travaille également avec Charlotte Moundlic et illustre des couvertures de romans. Ses jeux de lumière et son trait sont uniques : il a forcément une place de choix parmi nos classiques préféré.e.s !

Tour d’horizon des titres de François Roca qui nous ont particulièrement marquées, avec au moins dix raisons d’avoir envie de découvrir chacun.

François Roca (auteur de Le pompier de Lilliputia) - Babelio
François Roca. Source: Babelio

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Pour Lucie, bien que pas particulièrement passionnée par les dinosaures, ce sera 10 bonnes raisons de découvrir Rex et moi.

Rex et moi, Fred Bernard, illustrations de François Roca, Albin Michel Jeunesse, 2007.
  1. Le narrateur est un délicat compsognathus, dinosaure ni cruel, ni pataud contrairement à la plupart des albums qui leur sont habituellement dédiés.
  2. Pour les illustrations hyperréalistes de François Roca et ses arrières plans soignés…
  3. … Et le jeu sur les échelles, les personnages ayant des différences de taille vertigineuses.
  4. Parce qu’Iggy est malin, courageux et audacieux
  5. Pour l’entraide et la solidarité, valeurs phares de cet album.
  6. Car, pour paraphraser La Fontaine, « On a souvent besoin d’un plus petit que soit. De cette vérité Rex et moi fera foi, Tant la chose en preuves abonde. »
  7. Et que l’idée d’un « petit » peut être adoptée par les « grands » si elle est bonne…
  8.  … Et que c’est définitivement une réflexion à mener avec les enfants.
  9. Parce que tous les personnages sont des dinosaures, et que les enfants adorent. Oui, même les filles.
  10. D’ailleurs cela fait déjà deux fois que ses élèves l’empruntent à la bibliothèque, et qu’ils se l’arrachent (au sens figuré). Un signe qui ne trompe pas !

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Pour Liraloin il y a 10 raisons d’aimer d’un amour véritable l’Indien de la tour Eiffel.

L’Indien de la tour Eiffel de Fred Bernard, illustrations de François Roca, Seuil jeunesse, 2004

1. Pour cette première de couverture qui nous chuchote un amour impossible.
2. Pour cet extrait de coupure de presse annonçant une histoire très très sombre.
3. Pour le rapport du commissaire dépêché sur place constatant le double meurtre et un coupable clairement identifié : Billy Powona.
4. Pour ce couple qui s’aime, si avant-gardiste dans un Paris de 1888 : un indien travaillant sur la tour Eiffel et une chanteuse de cabaret.
5. Pour cet amour inconditionnel peu importe la fatigue et les dangers d’aimer Alice La Garenne, une femme tant désirée par la gente masculine.
6. Pour cet homme revenu du passé qui entrainera surement la mort dans son sillage.
7. Pour cette chevauchée fantastique vers les hauteurs de la tour Eiffel : ultime refuge de deux êtres s’aimant plus que tout.
8. Pour le réalisme des peintures de François Roca : son jeu de la lumière apportant cette profondeur à ce récit.
9. Pour les trois dernières pages de l’album où le texte et l’image font retenir le souffle du lecteur.
10. Pour que l’amour soit plus forte que la vengeance.

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Isabelle et ses moussaillons ont été très émus par le King Kong de Fred Bernard et de François Roca. Voici pourquoi !

King Kong de Fred Bernard et François Roca, Albin Michel Jeunesse, 2020.

1. Pour l’objet livre de toute beauté, tout en dorures, enluminures et hommage aux années folles.
2. Pour la prise de risque : il fallait oser s’emparer de cette bête mythique qui suscite la fascination depuis son apparition initiale, dans le film éponyme de 1933 : les adaptations sont déjà innombrables. 
3. Pour le pari réussi : le duo se démarque et en livre une interprétation singulière, aux accents écologiques.
4. Pour la démarche de faire connaître cette icône aux jeunes lecteurs et lectrices.
5. Pour la plume vive de Fred Bernard, comme toujours.
6. Pour les illustrations sensibles et frémissantes. Regardez par exemple ces pages sépia qui sont autant de clins d’œil aux films de l’époque du premier King Kong.
7. Et les autres tableaux qui subliment la beauté imposante et fragile de la bête sauvage.
8. Parce que cela souligne la frénésie et l’aliénation des humains, dominés par le mépris des autres espèces, la soif de conquêtes et la course au profit.
9. Parce que King Kong semble à la lisière entre ces deux mondes que tout oppose, incarnation puissante de la bestialité, mais au regard grave où perce une triste sagacité.
10. Pour la lueur d’espoir qui jaillit de la rencontre avec Ann qui la change à jamais.

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Pour Colette, c’est Jésus Betz qui remporte tous les suffrages ! Voilà pourquoi !

Jesus Betz, Fred Bernard, François Roca, Seuil jeunesse, 2001.
  1. Parce que cette couverture est fascinante : sur qui, sur quoi vont s’ouvrir ces deux énormes rideaux rayés rouge et or ? Mystère !
  2. Parce que cet album, c’est la parole d’un personnage vraiment pas comme les autres en littérature jeunesse : Jésus a le nom d’un sauveur et il est né sans jambes et sans bras. Jésus est un homme tronc.
  3. Parce que cet album est celui de toute une vie, une vie d’aventures, enfin surtout de mésaventures. Une vie de rencontres improbables, de hasards fâcheux et d’amours incroyables.
  4. Parce que cet album est peuplé de monstres. De ces monstres que Tod Browning ose faire jouer pour la première fois en 1932 dans un film culte intitulé Freaks. Aujourd’hui ce serait carrément politiquement incorrect d’utiliser ce terme, et c’est ce qui est formidable avec cet album : il envoie valser le politiquement correct.
  5. Parce que non seulement cet album est celui de l’audace en terme narratif mais aussi en terme esthétique : les illustrations de François Roca ne sont pas étiquetées « jeunesse ». Il y a de la violence, de la sévérité mais aussi beaucoup de sensualité dans les images de François Roca. Les jeunes lectrices et les jeunes lecteurs ne s’y trompent pas, ici on leur fait sacrément confiance et l’illustrateur ne cherche pas à les « amadouer ». François Roca peint. Point. Ce sont des œuvres qu’il nous donne à voir, des œuvres dans toute leur complexité.
  6. Parce que cet album met à l’honneur les corps difformes, les trop, les pas assez, les corps qu’on regarde avec insistance, les corps qu’on évite de regarder.
  7. Parce que cet album, derrière son personnage masculin à toute épreuve, est une ode à la féminité plurielle.
  8. Parce que cet album nous donne à penser, à philosopher, à analyser : qu’est-ce qu’un héros ? qu’est-ce que la beauté ? qu’est-ce qu’une vie réussie ? Les portes d’entrée y sont multiples.
  9. Parce que nous avons eu la chance, avec mes élèves de 6e, de rencontrer François Roca cette année à l’Escale du livre de Bordeaux et que nous avons appris à connaître les coulisses de cet album. Et c’était passionnant !
  10. Parce que Jésus Betz est un amoureux inconditionnel de la vie et ça franchement, c’est inspirant !

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Pour Blandine, ce sont les parcours de vie qui l’émeuvent particulièrement! La littérature jeunesse permet de découvrir des destins, de créer des modèles, d’inspirer des passions, de transmettre des émotions grâce à des illustrations aux styles variés. Les fabuleuses et immersives peintures de François Roca attirent irrémédiablement, prolongent les mots et transportent auprès des personnages et donnent envie d’en savoir toujours plus.

L’incroyable exploit d’Elinor. Tami LEWIS BROWN et François ROCA. Albin Michel Jeunesse, 2011
  1. Parce que François Roca est aux pinceaux !
  2. Parce que François Roca n’est pas en binôme avec Fred Bernard
  3. Parce que le titre promet une rencontre marquante
  4. Parce que l’on a envie de découvrir « cet incroyable exploit »
  5. Parce qu’on veut savoir qui était Elinor
  6. Parce qu’il est question des débuts de l’aviation
  7. Parce qu’il est question de passion qui permet tout
  8. Parce qu’il est question d’émancipation féminine
  9. Parce qu’il nous transporte à une époque où « tout » était à faire et tenter
  10. Parce que l’on a forcément envie d’en connaître davantage après cette rencontre

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François Roca au Festival du Livre Paris, avril 2022 (Photo personnelle publiée avec son accord )

Quel album de François Roca a votre préférence? Quelles émotions son travail suscite-t-il en vous? Nous avons hâte de vous lire!