L’anniversaire

Il est des arbres un peu magiques qui poussent en un an. Il faut être plusieurs à en prendre soin et surtout avoir une idée de leur mission. Certains arbres donnent des fruits, d’autres veillent sur nous, celui qui nous occupe fait de l’ombre. Mais pas n’importe quelle ombre : de l’ombre pour lire et discuter. Hiver comme été.

Photo par Nathan

Il était une fois, dans la mare aux mots, un petit homme érudit qui aimait énormément les enfants et passait ses jours et ses nuits plongé dans les bouquins pour petits et grands. Un beau jour de printemps, il eut cette idée un peu folle de faire pousser des livres… Encore lui fallait-il trouver LA graine de grand arbre, à l’ombre duquel il ferait bon écouter des histoires. Aussi, fit-il appel à de nombreux jardiniers-blogueurs des quatre coins de France et d’ailleurs. À force de palabres et de croisements, celle-ci finit par germer. Plantée, elle crût à une vitesse phénoménale. Très vite, l’arbre devint grand. Sous sa ramure, tous aimaient se rencontrer, discuter, partager leurs lectures… Bien sûr, à l’automne, quand la bise fut venue, l’arbre perdit quelques feuilles et, en plein hiver, il faillit même être foudroyé. Mais ne dit-on pas : après la pluie le beau temps ?! Aujourd’hui, avec les premiers jours d’un nouveau printemps, il bourgeonne à nouveau de mille idées…
À l’ombre du grand arbre,
on peut être un adolescent comme on peut être une maman
À l’ombre du grand arbre, on est libre
À l’ombre du grand arbre, il y a une communauté soudée …
À l’ombre du grand arbre, ça grouille de vie
Nous allons donc passer cette semaine sous notre cher arbre qui fête son premier anniversaire !
mardi 7 mai
une sélection de livres sur les arbres
mercredi 8 mai
nous vous parlerons de nos arbres
jeudi 9 mai
ce sera l’heure du concours avec des livres à gagner !

en avril, on a préféré…

Que peut-on faire en avril, sous un arbre, à part s’y protéger des averses ?  Mais y lire, bien sûr !

Alice a aimé…

Holden, mon frère de Fanny Chiarello, l’École des Loisirs, 2012

Kevin ne s’attendait vraiment pas à de telles vacances de Toussaint. Mais la vie est parfois faite d’heureux hasards et de belles rencontres.

 

Kik a dévoré…

Histoire de la révolution numérique de Clive Gifford & Mike Goldsmith,              Gallimard Jeunesse

Si vous lisez ces mots, c’est que vous utilisez internet. Mais savez-vous vraiment comment tout cela fonctionne ? Et les ados, se rendent-ils compte des avancées technologiques nécessaires à ce qu’ils ont aujourd’hui ?

 

Pépita s’est régalée…

Brindille de Rémi Courgeon, Milan

Un album où il est question d’une frêle brindille qui ne fait pas le poids dans une fratrie dominée par les garçons…C’est oublier la force du mental et de la pudeur des sentiments plus puissants que tous les coups. Rémi Courgeon offre là un album grand format à la mise en page magistrale et à une fin toute en délicatesse. Superbe !

Sophie LJ vous recommande…

La mouche qui pète, écrit par Michaël Escoffier et illustré par Kris Di Giacomo,    éditions Kaléïdoscope

Parce que c’est une histoire totalement invraisemblable, parce que les illustrations me font rire, parce qu’on sous-estime toujours les mouches et encore plus leurs pets…

Céline s’est enthousiasmée…

CHAtastrophe, Maureen Dor & CHArlotte Meert, éditions Clochette

Mon coup de coeur d’avril est, une fois n’est pas coutume, un album :  un album rigolo qui prend l’expression « avoir un chat dans la gorge » au pied de la lettre. Un texte et des illustrations qui devraient CHArmer petits et grands.

Carole a été charmée…

Là où je vais, Fred Paronuzzi, Thierry Magnier.

Un roman choral, 4 voix, 4 vies, 4 sensibilités dans un même espace-temps, tout en finesse et glissement subtil.

Drawoua est peut-être accro…

Nox, Ici-bas (1), Yves Grenet, Syros

Ce n’est pas que je sois accro. Non, non, du tout. Mais je vais finir par le devenir, à Grevet. Nox, le premier tome est une grande réussite et comme en ce mois d’avril est sorti le second, il vous faut commencer par le commencement. D’urgence !

 

Bouma a tremblé…

Rêves en noir, Jo Witek, Actes Sud Junior – Thriller, 2013

Témoin inopiné d’un passage à tabac, Jill ne peut être d’aucun secours. Pourtant, ses rêves suivants semblent vouloir lui transmettre un message. Au delà du handicap, Jo Witek nous entraîne dans une angoissante course contre le temps où nous avançons à l’aveugle tout comme son héroïne. Si vous ne connaissiez pas encore cette auteure. Foncez.

Za a trépigné…

Plume et La toile, Isabelle Simler, éditions Courtes et longues

Deux albums délicats et poétiques, deux histoires en forme d’imagiers. Les éditions Courtes et longues font encore des merveilles !

Nathan est envoûté …

  Le prince d’été, Alaya Dawn Johnson, éditions Robert Laffont Collection R

 Un roman unique, enchantant le lecteur par son univers, son ambiance, ses thèmes, son émotion. Un ovni littéraire tout simplement sublime.

Belles lectures à tous !

vintage (seconde partie)

Les lecteurs du Grand Arbre dépoussièrent leurs livres d’enfance. Voici le deuxième volet de nos lectures vintage…

Gabriel – La mare aux mots

Il ne me reste plus grand-chose de mes livres de « quand j’étais petit »… Un incendie dans la maison familiale quand j’étais ado, des parents pas conservateurs… Je n’ai pu sauver qu’une poignée de livres… Mais le livre qui reste le plus ancré est un livre qui n’a pas « survécu », ce livre je l’ai recherché plus tard et finalement trouvé d’occasion. Un livre qui m’a marqué énormément et compte encore pour moi, j’ai l’impression que ma façon de vivre est là… c’est Le conte chaud et doux des chaudoudoux de Claude Steiner illustré par Pef. Il est question d’un temps ancien où les enfants recevaient à la naissance un sac de chaudoudoux, un sac inépuisable. Les gens s’offraient ces petites boules de poil et chaque fois que vous en receviez un, vous vous sentiez heureux, et plus vous en donniez, plus vous en aviez. Pourtant un jour une sorcière qui n’arrivait plus à vendre ses potions décida de faire croire aux gens que certains en avaient plus que d’autres, que les chaudoudoux allaient finir par d’épuiser si on en donnait trop… Les gens commencèrent donc à devenir méfiants, à devenir égoïste, à devenir malheureux… La sorcière décida de commercialiser un remplaçant aux chaudoudox : les froids-piquants. Il y a tellement de choses dans ce texte… On peut le lire à plusieurs degrés, mettre le mot qu’on veut sur ces chaudoudoux… Je trouve toujours, à 35 ans, ce texte magnifique et riche. On parle de la générosité, de l’amour, du partage mais aussi de la commercialisation des choses simples, de la méfiance, de la peur de l’autre. Tout simplement un des plus beaux textes que j’ai lu toutes formes de littératures comprises.

Nathan – Le cahier de lecture de Nathan

Regardez la couverture, regardez les pages : cornées, froissées, légèrement abîmées. Oui ce livre a vécu et ça se voit au premier coup d’œil !
Regardez mon nom marqué sur la couverture. J’ai un grand frère et un frère jumeau (Tom) et sur presque tous nos albums, il y a un nom de marqué pour indiquer à qui il appartient.
Léo et Popi l’aspirateur (ou même d’autres albums de la collection) sont en double … et tous marqués Tom ou Nathan. Eh bien oui, on les adorait tellement qu’il nous les FALLAIT en double. Sinon jalousie, jalousie …
Quant à L’aspirateur… Ah là là c’est L’album qui a marqué mon enfance. Selon notre maman, nous le demandions chaque soir. Et puis le premier « mot » que j’ai dit (syllabe très dure et pourtant), avec mon frère jumeau, alors que ma meilleur amie nous criait « Mais paaaaaarle, paaaaarle ! », ce premier mot c’est : Ra. « Raaaaa, Raaaaaa. » Pourquoi Ra ? Eh bien non nous ne connaissions pas déjà les noms du dieu égyptien du soleil, ce Ra était pour aspirateur bien sûr ! Nous l’adorions cet objet … et c’est sans aucun doute dû à Léo et son adorable peluche (que j’ai bien sûr !) Popi.
Des livres simples, tout comme ses dessins qui sont justes et agréables, et des histoires comme les enfants les aiment … et j’en suis la preuve, moi, grand fan des aventures que vivent les deux héros dans leur quotidien !

Drawoua – Maman Baobab

C’était un Noël, j’avais 8 ans, pas plus. C’était Noël et il y avait mon nom sur un gros paquet rectangulaire. Je l’ai ouvert. Et il y avait, pour moi, rien que pour moi, un tas de livres. De livres de poche, très exactement. Tous neufs (pas recyclés, pas glanés de ci de là, pas déjà lus), ils sentaient bon, ils brillaient, n’étaient pas écornés. Il y en avait huit, je dirai. C’est cette image qui revient, Za. Pas un livre, mais plusieurs. Un paquet de livres. Je ressors pour vous, tout vieilli, tout jauni, écorné aussi, Zozo La Tornade d’Astrid Lindgren, l’auteure suédoise de Fifi Brindacier. Zozo, c’est un petit garçon espiègle qui ne fait paraît-il que des bêtises. Il a toujours une idée en tête et loin d’être bête, il a aussi tendance à n’en faire qu’à sa tête… Une tête coquette à boucles blondes, tantôt fichue d’une cache-tête, tantôt d’une soupière, tantôt pointée vers le ciel, là où il a hissé sa petite sœur Ida, mais pour la bonne cause, ne vous fâchez pas. Riez plutôt. Et souvenez-vous de vous aussi, entre ces lignes jaunies. Sur la première page décollée, il y a mon prénom écrit avec cette écriture d’enfant. L’enfant grand lecteur que j’étais, il y a longtemps, il y a 30 ans.

SophieLJ – la littérature jeunesse de Sophie et Judith

Rares sont les livres qui ont marqué mon enfance. Peut-être que déjà je n’aimais pas trop les relire à cause du grand nombre de découvertes qu’il restait à faire… Malgré tout, si je devais en citer un, je dirais La vache orange, écrit par Nathan Hale et illustré par Lucile Butel, aux éditions du Père Castor. Pourquoi, je ne saurais dire. Peut-être pour cette étrange amitié entre une vache et un renard. Ou bien parce qu’enfant on est souvent malade et que cette histoire aide à se soigner. En tout cas, quand j’ai retrouvé cet album à la bibliothèque l’année dernière, j’ai été ravie de pouvoir le relire.

Za – le Cabas de Za

De mes (nombreux) livres d’enfance émerge une bouille. Des taches de rousseur, un bonnet rouge, deux grand yeux : le petit Poucet, illustré par Paul Durand. C’est une véritable machine à remonter le temps, vers une petite fille dévoreuse de livres, comme beaucoup d’enfants uniques. Sur l’étagère réservée à mes vieux albums, j’ai retrouvé d’autres contes mis en images par Durand, les Habits neufs de l’empereur, le Malin petit tailleur… Paul Durand a illustré des dizaines et des dizaines d’albums, de romans, c’est vertigineux… Son style m’est resté dans l’œil.

Une dernière chose… Lorsque j’ai ouvert réouvert ce petit Poucet, je n’ai pu m’empêcher de le respirer. L’odeur est revenue, intacte. Pas un souvenir de lecture qui ne passe par l’odeur du papier, de l’encre… Je l’avoue, je suis une renifleuse de livres.

 

vintage (première partie)

Les lecteurs du Grand arbre ont été enfants – si, je vous assure ! Certains sont encore jeunes, d’ailleurs. Et tous ont gardé au fond de leur bibliothèque, un album, un roman, un trésor, une lecture qui a accompagné leur enfance…

 Carole – 3 étoiles

En grande section de maternelle, j’ai eu le bonheur d’avoir une institutrice comme on devrait en rencontrer au moins une dans sa scolarité : celle qui vous fait aimer l’école, aimer apprendre et qui vous transmet sa passion. C’est elle qui m’a fait fait découvrir Max et les Maximonstres. Elle nous l’a lu des dizaines de fois, et moi je rêvais d’aller sur cette île avec ses fabuleux habitants. J’avais peur et en même temps ça m’attirait. Cette institutrice m’a donné le goût de la lecture, j’ai d’ailleurs appris à lire cette année-là. Et cerise sur le gâteau : c’est ma grand-mère adorée qui m’a offert le livre cette même année, c’est avec elle que je suis définitivement tombée dans les livres. Je l’ai toujours dans ma bibliothèque, je l’ai lu à d’autres enfants, je l’ai offert à certains. Feuilleter aujourd’hui cet album mythique, c’est retomber en enfance, c’est re-sentir cette chaleur à l’intérieur transmise par les passions, et c’est pour moi rendre hommage avec beaucoup de tendresse à ces 2 femmes qui ont tellement compté dans ma vie…

Dorota – Les livres de Dorot’

L’histoire est celle de deux jeunes filles, qui viennent des milieux très différents.   Wanda vit dans une grande maison avec ses parents et une femme de ménage, mais elle se sent seule. Les parents, occupés toute la journée n’ont pas le temps de s’occuper d’elle. Un jour, dans la vie bien réglée de Wanda, entre Bronia, une orpheline joyeuse, directe et un peu enrobée (d’ou son surnom, Muffin – c’est également la traduction du titre en polonais). Muffin est sa cousine, et désormais elle va habiter avec eux. La vie de Wanda est bousculée de fond en comble, mais cet air frais venu tout droit de la campagne va lui faire le plus grand bien ! Bronia sera rejetée au début, mais ensuite, c’est elle qui assumera toutes les bêtises et se fera  gronder par la femme de ménage-nounou. Une histoire touchante, naïve, qui finit bien (on est dans la lignée de la Petite maison dans la prairie) et qui me fait pleurer à chaque fois (comme La petite maison dans la prairie… Eh oui, je suis irrécupérable)…

Pépita – Méli-mélo de livres

Lorsque je l’ai retrouvé, il y a quelque temps, au fin fond d’un carton chez mes parents, je l’ai tout de suite reconnu… Je l’ai ouvert… J’ai commencé à le relire et je suis redevenue la petit fille de CE2 que j’étais alors (c’est écrit dedans sur une étiquette d’écolier bien jaunie)… À l’époque, on recevait à chaque fin d’année un livre et celui-là a longtemps été mon préféré. Fanette est une ânesse maltraitée mais un jour, elle est recueillie dans une famille où plein d’animaux vivent heureux et bien soignés. Une véritable arche de Noé ! Il se dégage de cette histoire une telle gaieté ! J’ai réparé ce livre, couvert et je l’ai donné à mes filles qui elles aussi le lisent et le relisent avec plaisir. J’espère que sa transmission continuera.

Histoires de Fanette : la petite ânesse grise

Texte de F. Huc et Illustrations de M. Paulin, éditions BIAS, 1970

Céline B – Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait LIVREsse

Lorsque Za a lancé cette idée « album vintage », j’ai directement pensé aux Martine mais, en fouillant dans mes trésors d’enfance, je suis retombée sur les quelques albums encore en ma possession de la série Petite abeille, livres que ma maman me lisait le soir avant de dormir… Je devais avoir 3-4 ans. Il s’agit d’une série publiée par Dupuis avec la collaboration de l’unique chaine de télévision belge de l’époque, la RTB. Le titre Petite abeille est maman est sorti en 1972, c’est le 12e numéro. C’est celui qui m’a le plus marquée car lié à l’arrivée de mon petit frère… Le texte est de Tamara Danblon et les dessins de Pili Mandelbaum. En fait de dessins, ce sont plutôt des collages avec des petits bouts de tissu, de laine, etc… Je me souviens de mes efforts plus ou moins fructueux pour reproduire les personnages avec tout ce qui me tombait sous la main… Chaque titre était l’occasion aussi d’aborder un thème de psychologie. Ici, les problèmes entre frère et sœur ! Les parents retrouvaient à la fin de l’album un texte d’une psychologue sur le sujet. Cette série a vieilli, c’est certain, mais évoque de merveilleux souvenirs d’enfance!

Bouma – Un petit bout de Bib(liothèque)

Voici LE livre de mon enfance par excellence. Il ne m’appartenait pas à la base mais mon cousin de dix ans mon aîné me l’a gentiment offert quand il a vu que je ne pouvais m’en séparer. Il s’agit de l’histoire d’une famille ours : le papa, la maman, onze filles aux prénoms en -ine (Marine, Sabine, Céline…) et du dernier petit ourson Benjamin. Celui-ci ne veut pas dormir. Pourquoi hiberner quand on peut faire encore tant de choses ? Sa famille va donc remettre le nez dehors le temps d’une journée qui s’avère être la veille de Noël.
Ce que j’ai toujours aimé dans ce livre c’est la personnalité différente créée pour chaque ourson, et il y en a tellement. Je m’amusais donc à suivre l’un ou l’autre en fonction de mes lectures, voire à relire le livre plusieurs fois de suite (je n’exagérerais même pas en disant 14). Et puis vous avez vu ces trombines… Impossible de ne pas craquer. Maintenant j’y fais très attention et ne laisse sûrement pas mes petits bouts y toucher. C’est une relique sacrée !

Quatorze ours en hiver
une histoire d’Evelyn Scott illustré par Virginia Parsons
éditions des deux coqs d’or, 1974

 (à suivre)