LC Eleanor & Park

eleanor & park

Deux personnages dessinés de dos, reliés par le fil d’un casque de walkman, et sur le dessin de cette couverture on pressent déjà toute la grâce et la singularité de leur histoire. Eleanor & Park a été un des romans de l’été. Grand succès à l’ombre de notre grand arbre, il a été un incontournable du swap ALODGA … Et comme c’est bien en ce moment qu’on a encore envie d’un peu d’été, on va en reparler !

*C du Tiroir : Nous étions plusieurs à l’ombre du grand arbre à avoir très envie de lire Eleanor & Park avant que l’un(e) de nous ne le fasse. L’auteure, Rainbow Rowell n’était pas encore connue en France. Qu’est ce qui vous attirait dans ce roman ?

Kik : La couverture !

Carole : Clairement la couverture m’a plu tout de suite, et le titre aussi !

Pépita : Moi, pas du tout, c’est l’histoire qui m’a attirée…Vous en aviez parlé, je ne l’aurais pas repéré de suite j’avoue…et puis, j’ai craqué et j’ai drôlement bien fait !

Céline du flacon : J’ai d’abord été attirée par sa couverture. Je l’ai pris en main, me suis questionnée sur cette auteure au prénom poétique et puis l’ai redéposé, un peu freinée par le prix…Puis, les premiers avis enthousiastes lus à gauche et à droite m’ont décidée ! Une semaine après, je l’achetais, entamais les premières lignes en soirée pour ne plus le lâcher avant la fin, au petit matin !

Solectrice : Moi aussi, j’ai d’abord été contaminée par votre enthousiasme pour ce roman. J’étais également intriguée par le dessin de la couverture, qui promettait une certaine harmonie et me donnait l’impression d’entrer dans une bulle pour rejoindre ces personnages de dos…

*C du Tiroir : L’alternance de points de vue est un procédé de plus en plus souvent utilisé dans les romans jeunesse. Les personnages y gagnent en épaisseur, en sensibilité, et le récit en est enrichi et rythmé. On vit l’histoire à travers deux regards, et on se rend compte que souvent, certains événements ne sont pas du tout perçus de la même façon par les différents protagonistes (comme dans la vie !). Un exemple qui vous revient ?

Pépita : Il y en a pas mal dans le livre en effet : Park fait souvent les réponses à la place d’Eléanor, mais il faut dire qu’il lui manque beaucoup d’éléments de sa vie compliquée. Il est si peu sûr de lui et et tellement ébloui par elle ! Il ne sait pas trop comment s’y prendre avec elle, elle est comme un mystère. Ils s’imaginent chacun des choses sur leur famille respective d’où les quiproquos.

Carole : Une scène me revient : ils se retrouvent à l’arrêt du bus le lundi matin. Eleanor se met à rire quand elle aperçoit Park et  » glousse comme les personnages de dessins animés, les joues écarlates et des petits cœurs leur sortent des oreilles. C’était ridicule !  » Quant à Park, il a envie de courir à sa rencontre, de la prendre dans ses bras et de la soulever dans les airs. « Comme les types dans les séries à l’eau de rose que sa mère regarde. C’était merveilleux ! »… Voilà qui illustre bien les différences du point de vue du vécu et du ressenti des 2 amoureux.

Céline : Pour moi, c’est leur première rencontre dans le bus. Chacun voit l’autre avec les œillères de monsieur tout le monde, un regard qui juge sur l’apparence sans chercher à voir plus loin… Pour Park, Eleanor n’était pas seulement nouvelle, elle était grosse et gauche ». Pour Eleanor, elle hésite : Park fait-il partie des « suppôts de Satan » du fond du bus ou n’est-il qu’un Asiatique débile ? Heureusement, ils vont l’un et l’autre dépasser peu à peu cette première impression.

Solectrice : Cette alternance m’a beaucoup plu. Pour explorer le sentiment amoureux, les doutes naissant de ces nouvelles sensations (Park ne cesse de s’interroger sur ce qu’éprouve Eleanor pour lui), la façon d’imaginer l’autre pendant son absence (chaque détail est revisité sur ce qui attire Eleanor chez Park par exemple), le manque dévorant et qui semble unique à chacun… j’ai aimé découvrir ce que chacun pensait. Et j’ai trouvé qu’il y avait pourtant de la pudeur dans l’utilisation de la 3e personne (ce qui n’est pas habituel dans un roman à plusieurs voix).

*C du Tiroir : Dans Eleanor & Park, les parents sont des personnages intéressants et assez uniques qui occupent une place plus importante que dans beaucoup d’autres romans ados où ils sont soit inexistants, soit beaucoup plus secondaires. Parlez-moi d’eux.

Pépita : Le moins qu’on puisse dire, c’est que leurs parents respectifs sont à l’opposé ! Pour Eléanor, c’est très compliqué…une mère très soumise à son beau-père violent et alcoolique, un père dont elle a honte. C’est très dur ces pages-là, car rien n’est vraiment dit clairement, on est dans les ressentis, dans un flou malsain et ça met mal à l’aise. Pour Park, je les ai trouvés particulièrement géniaux : très à l’écoute, dans le dialogue mais aussi avec des repères. Ils le laissent aussi faire ses propres expériences, en tirer des conclusions, le laisser venir à eux quand il en a besoin. Ils sont très vigilants, mais de loin. Du coup, cela impressionne Eléanor, ça ne lui semble pas crédible ce modèle parental là. D’un côté, des parents qui empoisonnent et de l’autre, des parents qui épanouissent.

Carole : C’est vrai qu’ils sont dans deux modèles opposés : une famille soudée pour Park et une recomposée pour Eleanor. Mais justement, c’est toujours intéressant d’observer comment 2 ados n’ayant pas le même schéma familial se construisent et à quel point ces schémas sont révélateurs de leur personnalité ! Ils sont faits de ça aussi, et ça se ressent dans leur façon d’appréhender l’autre. Confiance et sérénité pour Park, angoisse et confusion pour Eleanor.

Solectrice : On découvre en effet des univers contradictoires, complexes et énigmatiques que les adolescents percent par moment mais qui gardent un voile de mystère. Je voulais aussi en apprendre plus sur la mère de Park (mère aimante, déterminée, mais qui semble aussi si fragile).

*C du Tiroir : Tout à fait d’accord avec le « flou malsain » dont tu parles, Pépita.
Je me suis beaucoup interrogée sur le personnage de la mère d’Eleanor. C’est un personnage complexe, défaillant quoique bienveillant. Elle est assez peu décrite et sa relation avec Eleanor, qui est à la fois aimante et lointaine est dépeinte tout en implicite. A la lecture, j’ai oscillé entre l’empathie et la colère/incompréhension à son égard. C’est l’adulte le plus effacé, et aussi celui que j’aurais voulu voir plus approfondi. Et vous ? D’autres ressentis ?

Pépita : Je te rejoins totalement. En fait, la mère d’Eléanor est prise entre deux feux : elle est dépendante de cet homme financièrement, elle est sous sa coupe et c’est terrible. Elle sait que c’est insupportable pour Eléanor mais elle tente de la faire entrer dans un moule acceptable pour une sérénité apparente pour la famille. Maladroitement, elle essaie de garder le contact avec sa fille et c’est déjà bien. Mais c’est terrible aussi car cela annihile toute confiance en soi et toute relation sincère entre enfants et parents. Elle sacrifie ses enfants au nom de cette paix relative par peur. J’ai trouvé Elénanor exemplaire dans ce no man’s land affectif : elle fait très bien la part des choses, mais en même temps l’amour que lui porte Park est trop pour elle, ça la paralyse, elle n’a pas les clés. Park lui ouvre peu à peu ce chemin-là mais sera-t-elle jamais prête à aimer entièrement ?

Carole : Exactement Pépita ! C’est pour ça que je parlais d’angoisse et de confusion au sujet d’Eleanor. Et effectivement, elle s’en sort plutôt bien vu le poids des bagages familiaux. Comment se représenter l’amour comme une chose épanouissante, où chacun a sa place et peut s’exprimer en liberté, quand ton quotidien est pétrifié de silences, de petitesses en tout genre et sous conditions permanentes ?

*C du Tiroir : Pas forcément adepte des histoires d’amour pour ados, la lecture d’Eleanor & Park m’a complètement charmée, sans que j’arrive à tout expliquer de la magie qui s’est opéré. Il y a la grâce et la pureté de cet amour naissant, la justesse de ces premiers moments, je crois que tout ça m’a rendu très nostalgique… Le background aidant : les année 80, les walkmans et les Cure…
Et vous ? Vous êtes vous « envolé(e)s » ? Qu’est ce qui vous a plu ? touché(e)s ? séduit(e)s ?

Pépita : Ce qui m’a particulièrement touchée, c’est la délicatesse qui émane de ces deux êtres, l’attente qu’ils ont inassouvie l’un de l’autre, leur absolu aussi. Malgré les difficultés de la vie, malgré les autres, ils construisent envers et contre tout leur bulle de bonheur et s’en nourrissent comme s’ils s’agissait de leur survie. Ils ont remué en moi une tendresse infinie qui reste intacte après quelques mois de la lecture de ce roman.

Céline du flacon : Dans l’histoire, le professeur de littérature pose la question du succès de Roméo et Juliette. Park répond que c’est parce que les gens aiment se rappeler ce que c’est que d’être jeunes, et amoureux. C’est exactement ça avec ce titre. Aux côtés de ces deux personnages plus vrais que nature, on replonge avec délice dans ce flot d’émotions lié à un premier amour, pur et sincère. On vibre, on vit, on re-vit ! Bien sûr, il y a aussi un côté plus noir à ce récit mais celui-ci ne fait que renforcer ce petit miracle : la rencontre de deux êtres que tout oppose ! Les références culturelles aidant, tout ça m’a rendue très nostalgique aussi Céline…

Carole : oui la nostalgie des premiers émois amoureux, notamment la scène du premier baiser : grandiose d’authenticité ( j’en ai encore les mains moites et des frissons), les gestes maladroits et touchants, les silences qui en disent long. Et puis comme toi Céline, l’ambiance des 80’s, la musique des Cure, le trajet pour le collège. Simplicité et universalité sont les vecteurs de ce roman.

Nathalie : J’ai été extrêmement touchée par la scène du premier coup de téléphone. Cela a remué en moi une nostalgie sans borne, sans doute, effectivement, liée au fait qu’il s’agit d’un premier amour et que l’histoire se passe à l’époque de ma propre adolescence (walkman, téléphone avec rallonge de 50 mètres, relations au collège et au lycée, etc.). Ces deux voix comme un souffle, qui se parlent juste et vrai, avec tant de tension et de délicatesse, cette obstination à faire attention à l’autre, à tendre, à attendre, dans la bulle créée par le téléphone et ses fils, dans le noir… Comment ne pas vibrer ? PS. Lu en numérique, bien sûr

Pépita : C’est marrant, quand je vous lis : je ne suis pas du tout nostalgique des années 80…Nos propres souvenirs sont bien souvent fantasmés. Ce n’est pas du tout cet aspect-là du roman qui m’a accrochée… Dans ce roman, il y a la fulgurance de ce premier amour mais aussi et surtout un fond de relations familiales très dur. J’ai ressenti aussi une sourde angoisse tout du long qui m’a en quelque sorte mise en garde en permanence. Pas une lecture si sereine que ça en fait.

Carole : La tension que tu évoques Pépita, je l’ai aussi ressentie…mais davantage concernant la fin potentielle de leur relation…. parce que si on aime à se rappeler ce qu’est l’état amoureux, on aime aussi à croire que ça durera toujours, non ?

Céline du flacon : Même ressenti que vous deux, Carole et Pépita. Cette double inquiétude quant au devenir de leur relation d’un côté et le harcèlement malsain vécu par Eleanor d’autre part m’a tenue également en haleine jusqu’à la toute dernière page… Je ne pouvais croire que la noirceur l’emporterait !

Solectrice : Le cadre des chansons, des comics, et des séries télé des années 80 ne m’enchantait pas particulièrement (car je ne partageais pas beaucoup de ces références) mais j’ai apprécié l’idée de camper ainsi le décor pour ajouter à l’intimité de ces deux personnages étonnants.
J’ai été touchée par la découverte de l’amour chez ces deux adolescents si différents, par le changement de regard de Park vis à vis d’Eleanor. J’ai apprécié la force que déploie la jeune fille pour s’extirper des noirceurs de sa vie. J’ai été séduite aussi par la tendresse de Park, par le cocon qu’il tisse autour d’Eleanor.

Je me suis laissée emporter, tout comme Céline, par le flot d’émotions de ces premiers instants. J’ai entendu battre le cœur de ces jeunes amoureux, j’ai retrouvé aussi ces impressions, ces maladresses, ces emportements des premières amours. Quelle écriture !

Kik : Je vous lis et … je n’ai plus envie de vous lire, j’ai plutôt envie de relire le roman. Je l’ai avalé pour savoir la suite, la fin, l’issue. Mais il y a cette sensibilité qui s’est évaporée […]. Je vous laisse papoter et je change le roman de pile de « A chroniquer » il retourne dans « À lire ». J’ai envie de m’imprégner un peu plus. Là j’ai du mal à mettre des mots sur mon ressenti. A part dire « oui, il était bien. Il faut le lire. » Pourquoi ? Quel point m’a le plus plu?

*C du Tiroir : Une dernière question sur la fin, qui reste un peu ouverte. Il ne serait de bon ton d’éviter de gâcher ici le plaisir à ceux qui ne l’ont pas encore lu, alors allons y avec précaution… Disons que la fin reste (entr)ouverte. J’ai pu lire sur le blog de Noukette qu ‘ « il ne pouvait pas y en avoir de meilleure ». C’est peut être vrai, et pourtant je l’ai quand même trouvée un peu frustrante… Et vous ?

Pépita : Oui et non en fait. Oui parce qu’on tombe sous le charme de cette belle histoire d’amour et non parce que justement, c’est un amour adolescent. Mais quand même, j’ai eu envie d’y voir du positif ! Et il me plait à penser que cette histoire n’est pas terminée…car en fait, j’ai eu besoin de la lire deux fois cette fin : il était très tard dans la nuit quand je l’ai fini (comme pour beaucoup, un livre qu’on ne lâche plus !) et le lendemain matin, j’ai eu besoin de relire cette fin : et effectivement, je pense qu’il ne pouvait y en avoir de meilleure.

Carole : Du point de vue narratif et de l’intrigue, c’est effectivement la meilleure fin possible….mais pour l’amoureuse que je suis, c’est très frustrant, voire triste. Encore une fois on n’aime pas les histoires d’amour qui se finissent. Alors, la littérature prend toute sa dimension : celle de nous faire imaginer la suite, non ?

Solectrice : Une fin frustrante ? Je ne croyais pas quand j’ai lu la dernière ligne. J’étais convaincue par l’idée qu’Eleanor ne pourrait échapper à ce bonheur perdu. Mais en vous lisant, je me rends compte que c’est ambivalent…. Je me refuse aussi à imaginer que ce soit « la fin ». Cette carte ne peut être qu’un espoir. Alors, je l’aime cette fin qu’on s’approprie, comme un dernier clin d’œil.

Céline du flacon : Je la trouve pertinente moi aussi. Ce qui m’a particulièrement plu dans ce titre c’est le réalisme des situations vécues et des réactions des personnages. Une fin trop édulcorée n’aurait pas collé avec le reste. J’y lis aussi un espoir, en la vie, en l’amour…

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Sur cette jolie conclusion, je vous invite à lire Eleanor & Park, (ou le relire, comme Kik !), et vous êtes évidemment les bienvenu(e)s sur nos blogs respectifs pour en savoir plus !

– Chez PépitaMéli-Mélo de livres :

« Lisez ce roman : il va vous emporter dans sa bulle et vous ne pourrez plus le lâcher de peur de briser ces instants de grâce. »

– Chez Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse :

«  Détrompez-vous, il ne s’agit pas ici d’une mièvre histoire à l’eau de rose. L’auteure aborde des thèmes qui en font une histoire bien actuelle, même si l’intrigue se déroule en 1986 !  Harcèlement scolaire, familles désunies, parents démissionnaires, précarité sociale, violence conjugale,…  Autant de situations qui font malheureusement le quotidien de bon nombre d’ados. »

Chez Céline – Le Tiroir à Histoires :

« Non seulement Eleanor & Park saura vous rappeler ce que ça fait d’être jeune et amoureux (et davantage encore pour ceux qui ont grandi en écoutant les Smiths !), mais ce roman a un pouvoir magique : le temps d’une lecture, vous aurez 16 ans et le coeur qui bat la chamade. C’est sûr ! »

– Chez Sophie – La littérature jeunesse de Judith et Sophie :

« Je vous laisse en découvrir plus sur ce roman par vous-même. Moi j’ai adhéré, j’ai aimé, c’est un coup de cœur et même plus encore. Mon ventre papillonnait avec eux, mon cœur battait à leur rythme, bref c’était parfait ! »

Eleanor & Park, Rainbow Rowell

Pocket Jeunesse, 2014

Nos coups de coeur du mois de Septembre

Les cartables ont repris du service, et les feuilles du grand arbre jaunissent sous le soleil insolent de l’été terminé. Septembre, c’est la rentrée des classes et la rentrée littéraire est classe ! Voici nos coups de coeur du mois :

Colette a craqué pour  :

Encore un frère ! de Matthew Cordell
Didier Jeunesse

Devenir grand-frère quand on a été plusieurs années le soleil, le trésor, l’unique pays des merveilles de ses parents ce n’est pas facile. Et pourtant c’est ce qui arrive à Daniel qui se retrouve avec … 12 petits frères et un nouveau rôle à jouer dans sa famille ! Voilà un album lu, relu, rerelu qui nous a permis de rire et de dédramatiser les petites tensions d’une fratrie naissante

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                                      Le coeur de Solectrice s’est emballé pour :
le-carnet-rouge.gifLe Carnet rouge, Annelise Heurtier
Casterman
Un roman sensible sur la découverte pour une adolescente fragile de ses origines indiennes. Passé caché, coutumes dévoilées, échanges troublés. Une lecture intense qui nous emporte et invite au dialogue.
l’article de Sophie LJ
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                                   Le coeur de Pépita a battu la chamade avec :
Tant que nous sommes vivants d’Anne-Laure Bondouxhttps://scontent-b-cdg.xx.fbcdn.net/hphotos-xpf1/v/t1.0-9/1908427_644071552377960_1982169591064724675_n.jpg?oh=7072e91ff02ddf796d83f11df74d6c5d&oe=5460BBDB
Gallimard jeunesse 
Un roman-conte initiatique profond, touchant, flamboyant qui nous dit que la vie n’est qu’un éternel recommencement. Il va attiser en vous un feu ardent pour longtemps. Le retour de cette grande auteure de la littérature jeunesse.
                                          
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                                                       Alice est tombée raide de :
20 pieds sous terre de Charlotte Erlih.
Actes Sud, 2014.
Un thriller bien ficelé ; véritable roman de société qui nous touche par l’humanité de ses personnages.
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                                                                Kik a vibré pour :
Souvenirs de ma nouvelle vie
de Marie Colot
Alice JeunesseJe ne me lasserai pas de vous le conseiller. Ce roman est à découvrir à cause des amitiés improbables, des activités loufoques pour rompre l’ennui et couper en deux la tristesse… Marie Colot aborde des sujets sérieux d’une manière qui l’est moins et on aime ça.
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Le coeur de Sophie LJ s’est envolé avec :
http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/8/4/2/3/9782842381509FS.gifLes oiseaux blancs de Manhattan
Xavier Armange
D’Orbestier – Rêves bleus, 2013
C’était un jour comme les autres et pourtant tout à changer ce jour-là. Un magnifique album sur un événement qui a bouleversé le monde…
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Céline du Flacon s’est enivrée de :
Le pianiste, la sirène et le chevalier
Jean-Luc Cornette
Double jeu,
Ker éditions, 17 septembre 2014
La rencontre impromptue et le périple de trois personnalités hors du commun, Lulu et Elsje, deux enfants à l’aube de leur existence et pourtant déjà malmenés par la vie, et Rod, un vieux soldat rongé par son passé militaire. Un « voyage au bout de la nuit » qui éclaire de manière originale le destin d’un illustre pianiste du XVIIIe siècle. Un exercice réussi pour l’auteur belge mieux connu comme bédéiste !
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Nathan a eu le souffle coupé par :

http://3.bp.blogspot.com/-MfmHMIMw6lc/U_EbGPO9A1I/AAAAAAAASsA/oBJiGVGX7Y4/s1600/La%2Bderni%C3%A8re%2B%C3%A9preuve%2Bde%2BMathieu%2BHidalf.pngLa dernière épreuve de Mathieu Hidalf

de Christophe Mauri,
Gallimard jeunesse, 2014
Le final époustouflant d’une saga fantasy pour la jeunesse passionnante. Le Harry Potter de la nouvelle génération c’est lui ! On ne lâche le roman qu’une fois terminé, et si ce dernier tome compte près de 200 pages de plus par rapport aux autres, c’est tant mieux: sans celles-ci, ça aurait été trop peu ! Un coup de coeur pour cette fin. Et une larme quand l’épilogue s’achève …
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Bouma a été chavirée par :
Kiki et Rosalie de Ronan Badelkiki et rosalie
Sarbacane, 2013

Sélectionné pour le Prix des Incorruptibles dans la catégorie CE2/CM1, cet album grand format raconte avec simplicité et humour la rencontre et la séparation de Rosalie et de son chien Kiki. Ronan Badel est bourré de talent. Lisez ce livre si vous en doutez.

 

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Céline du Tiroir a été subjuguée par :

ocean de larmes coverUn Océan de larmes de Seo Hyeon

La Pastèque, 2014

Les petits bobos de la vie de tous les jours et le moment où ça déborde. Les larmes libératrices qui emportent tout, pour tout recommencer à zéro, le coeur moins gros.

Un album étonnant au graphisme détonant !

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Bonne(s) lecture(s) !

Le livre d’où je viens – Céline du Tiroir

A l’Ombre du grand arbre cet été, on va vous révéler un petit bout de nous, un petit peu de cette sève qui chacun(e) nous anime, un petit de peu de ce feuillage qui nous réunit.

Un brin nostalgique mais tout à fait réjouissant, chacun notre tour, nous allons vous dévoiler le livre qui a changé notre vie ou qui du moins, nous a beaucoup marqué, voire qui nous a donné envie de créer un blog.

Alors, revenez par ici chaque semaine de cet été, et laissez vous nous raconter  :

« Le livre d’où je viens »

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Choisir LE livre qui nous a marqué, c’est un peu comme gommer tous les aïeux de son arbre généalogique pour n’en garder plus qu’un. Difficile exercice, et ô combien injuste.

Je voudrais parler de l’Arche de Noé, de Peter Spier, voyage mythique et merveilleux, et ses illustrations détaillées que j’ai passé des heures à regarder.

Je voudrais parler du Petit Prince, rangé dans le haut de la bibliothèque de mes parents, comme un trésor difficilement accessible, que ma maman m’a pourtant lu et relu à l’envi, avant que je le lise et relise à mon tour tant de fois.

Je voudrais parler de Max et les Maximonstres, de Matilda, de Crictor, de cette famille merveilleuse et hétéroclite qui peuple mon imaginaire depuis l’enfance.

Je voudrais parler de Lécume des jours, qui a bouleversé mon monde, m’a émerveillé et fait pleurer tant de fois, douce drogue partagée avec ma meilleure amie. Ou bien de Camus, dont la rencontre en Terminale m’a marquée à jamais.

Mais je ne saurais pas tricher aussi joliment que Sophie qui nous a égrené un abécédaire des livres qui ont jalonné son chemin. Alors je vais m’en tenir à une lecture particulière.

Il faut que je retourne au noël de mes 4 ans, les cadeaux déballés et l’émerveillement digéré, j’ai vu mon oncle sur le canapé, absorbé et l’air hilare, devant un grand livre qui m’avait tout l’air par ses belles illustrations d’être destiné à des enfants. Sur la couverture blanche, il y avait même un gros bébé joufflu, qui buvait à la gourde d’un minuscule petit bonhomme avec des ailes sur son casque !

Il ne devait pas y avoir trop de BD à la maison à cette époque, car je me souviens ma surprise et ma fascination devant ce grand album qui débordait de petites vignettes illustrées au trait si attirant et au couleurs si vives. J’ai du insister lourdement pour qu’on me lise Le fils d’Astérix, puisque tel était l’objet de ma curiosité soudaine. On m’a dit que c’était pour les plus grands, que je ne pouvais pas encore vraiment comprendre, et je ne concevais pas cette réticence à me le lire, alors que toutes ces images me parlaient, les expressions des personnages, le mouvement… Pire encore, tout le monde semblait connaître cet Astérix, mes parents les premiers !!! Je crois que je me suis sentie presque trahie qu’on ait pu me cacher ça jusqu’alors !

Alors voilà, l’énorme Obélix, les gros nez ronds des personnages, le texte qui était écrit gros dans les bulles quand ils étaient en colère, les romains qui décollaient sous les baffes avec leurs sandales qui restaient à terre, les points d’interrogations pour la surprise, les vignettes qui se suivaient pour raconter une grande histoire pleine de rebondissements, ça a été un choc. Une espèce de révélation, et vraiment, une invitation à entrer dans la lecture par moi même. Quelques années plus tard, dés que j’ai su lire, j’ai lu tous les Astérix, que mon oncle et mon grand-père m’offraient un par un. Puis, au fil des ans, pratiquement tout ce que Goscinny a pu faire, de Lucky Luke aux Rubriques à Brac et aux Dingodossiers.

Je ne sais pas s’il y a une leçon à tirer de cette expérience, mais ça m’a au moins révélé la dimension intergénérationnelle de la lecture. Il n’y a pas de limite d’âge ou de catégorie, chacun son regard, chacun son histoire. Et je peux le dédicacer peut être à certains parents qui voient parfois d’un mauvais oeil leurs enfants « ne lire que » des BD, puisque la BD est une lecture (et pas une sous-catégorie !), et que chaque lecture ouvre un nouvel univers et en appelle de nouvelles…

 

Une histoire un jour

Lundi : on lit !

Mardi aussi, mercredi de plus belle, jeudi à la folie…

et nous vous invitons aujourd’hui à découvrir des histoires pour tous les jours de la semaine. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les âges, et pour tous les jours. Petit semainier des titres que nous avons sélectionnés :

LUNDI :

On commence la semaine en musique avec :

Lundi matin, de Uri Shulevitz
Autrement, 2007

Une déclinaison musicale et pleine de fantaisie de la célèbre chanson du même nom. Comment au lundi matin tout gris vont succéder des journées ensoleillées et peuplées d’un défilé de personnages surprenants. Un bijou d’illustration et un régal pour les oreilles !

C’est dans le Tiroir à histoires.

 

MARDI :

Mardi maudit,de Jérôme Lambert,http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782211208550.jpg
Ecole des loisirs, coll. Neuf

Après « J’aime pas le lundi », on retrouve Lucien en proie cette fois aux affres de l’amour. Ton décalé et humour garanti. A quand le mercredi ?

 

Chez Pépita

 

 

MERCREDI :

C’est le jour des enfants, et il y en a pour tous les goûts !

Dans le Tiroir, ça cuisine :

Mercredi, c’est raviolis,  Setsuko Hasegawa et Makoto Tashibana
L’école des loisirs, 2008.

La recette des gyozas, ces délicieux raviolis japonais racontée comme une histoire et illustrée avec tendresse et drôlerie. Miam, on s’en lèche les babines !!!

Chez Alice, ça bouquine :

Une collection de mercredis de Rémi Courgeon

Les éditions Duculot, 2001

Le jour préféré de Noémie, c’est le mercredi, quand elle est chez papi ! Youpi !

Mercredi à la librairie de Sylvie Neeman

 

JEUDI :

http://a137.idata.over-blog.com/300x267/2/46/88/85/Livres-audio/thomas-drimm-1.gifThomas Drimm 1 : la fin du monde tombe un jeudi
Didier Van Cauwelaert
Livre audio – Thélème

Dans le monde futuriste de Thomas, c’est le hasard qui dirige tout. Dans quelques jours, il sera pucé et perdra son autonomie. Mais un jour, tout va basculer… Ce roman de science-fiction pose des questions intéressantes sur la société et l’intrigue est très prenante. Il existe aussi en version papier chez Albin Michel jeunesse.

C’est chez Sophie LJ !

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Vivement jeudi ! de Mikaël Ollivier.

Thierry Magnier, 2002

Sous l’œil critique et poétique de notre jeune héroïne nous pouvons vraiment nous demander si le mercredi est le jour de repos hebdomadaire des enfants.

C’est chez Alice !

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VENDREDI :

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/7/8/0/9782278064861FS.gifTous les vendredis, Dan Yaccarino

Didier jeunesse, 2010

Tous les vendredis, ce papa et ce petit garçon se retrouvent pour une complicité faite de petits rituels. Ils partent prendre leur petit déjeuner dans leur café entre hommes. Un album qui souligne l’importance des liens privilégiés entre un père et son fils.

recommandé par Pépita

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SAMEDI :

http://librairiebabayaga.com/wp-content/uploads/2012/04/Cest-Samedi-Nadine-Brun-Cosme-et-S%C3%A9verine-Cordier.jpeg

C’est samedi de Nadine Brun-Cosme, Escabelle, coll. Transmettre :

Une collection malheureusement plus éditée et c’est bien dommage ! Un album sur la relation entre une petite fille et son papi, qui va faire un malaise sous ses yeux. Elle comprend alors qu’elle ne le reverra plus. Reste son souvenir si vivace qu’il lui faut cultiver en évoquant sa mémoire avec un autre camarade de classe, qui vient lui aussi de perdre un être cher. Un album très délicat et subtil.

Chez Pépita et chez Bouma

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DIMANCHE :

Les dimanches du papa qui avait 10 enfants, Bénédicte Guettier
Casterman, 2014

Vous pensiez vous reposer ? Non mais vous rigolez ! Pour les papas (surtout quand ils sont solos jamais à court d’idées), c’est une journée animée… Pour ceux qui sont flanqués de 10 marmots surexcités, c’est une journée plus que mouvementée !

dans le Tiroir à histoires

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La boulangerie de la rue des dimanches d’ Alexis Galmot, Illustré par Till Charlier

chez Grasset jeunesse, Collection Lecteurs en herbe

Un petit bijou de poésie et de tendresse. Vous ne verrez plus vos croissants du Dimanche matin de la même façon…

Chez Pépita

Excellente semaine de lecture à tous !

Drôle de genre…

On ne sait pas vous, mais les polémiques du mois dernier autour de la « théorie du genre » –traduction volontairement fausse des gender studies, soit dit-en-passant– ont un peu fait frissonner les feuilles de notre grand arbre. Ici ou là, de féroces défenseurs des valeurs traditionnelles (entendez patriarcales, chrétiennes, hétérosexuelles) se sont déchainés, ont voué des auteurs aux gémonies, les ont menacé(e)s (lire le billet « intolérance » sur le blog d’Anne Percin), ont bombardé des sites ou blogs à vocation culturelle de commentaires haineux à la pertinence discutable. On a même pu lire dans la presse que certains voulaient retirer des livres des bibliothèques. Si de nombreux auteurs, éditeurs, et blogueurs ont fait front pour défendre la littérature jeunesse contre ces attaques aussi infondées que nauséabondes, les détracteurs poursuivent leur travail de sape.

L’objet de leur hargne : qu’un livre puisse caractériser un personnage sans le réduire à son sexe biologique. Qu’il puisse donner vie à un personnage qui pense, ressente, agisse autrement qu’un stéréotype de « fille » : (douce, docile, frivole, timorée, coquette) ou de « garçon » (courageux, bagarreur, intrépide, capricieux). Parce qu’ A l’ombre du grand arbre, nous pensons que les livres ne servent pas à enfermer mais à libérer, parce que nous défendons la littérature dans ce qu’elle a de riche, d’inventif, d’original et de varié, parce que nous aimons les livres qui enchantent l’imaginaire, ouvrent l’esprit, chatouillent et gratouillent les certitudes, éveillent la pensée, nous vous proposons aujourd’hui — et continuerons à vous proposer– une sélection de livres qui bousculent un peu les stéréotypes de genre.

Et ne ratez pas, pour finir en beauté l’interview croisée de Delphine Beauvois, auteure de On n’est pas des Poupées et Mélanie Delcourt, cofondatrice des éditions Talents Hauts.

Pour commencer, et parce que les héros jeunesse ont cela de commun avec les chefs d’entreprise d’être en majorité masculine écrasante, une petite sélection d’ouvrages dont les héros sont des héroïnes, et pas moins valeureuses :

Bacha Posch de Charlotte Erlih. Actes Sud, 2013

Un roman qui interroge sur l’émancipation des femmes et leur place dans certaines sociétés. Tel un témoignage : bouleversant.

 

 

Lire le billet chez Alice

 

Marre du rose de Nathalie Hense et l’histoire de Julie qui avait une ombre de garçon de Christian Bruel et Anne Galland :

Chez Carole

Alors que certaines maisons d’édition, croyant chevaucher un filon, multiplient encore des collections vulgaires, sexuées de façon désuète voire idiote, Marre du rose est un livre salutaire, destiné aux tout-petits des deux sexes.

L’Histoire de Julie est une démonstration magnifique et poétique des ravages de l’assignation de genre imposée aux enfants dès la naissance, une illustration de la souffrance provoquée par l’obligation de rentrer dans l’une des deux seules cases que nous propose la société patriarcale régie par des normes hétérosexuelles. Mais c’est aussi une lumineuse fenêtre ouverte sur la possibilité de se libérer de ces carcans, et tout commence par l’éducation ! Un collector des 70’s, malheureusement plus disponible.

julie

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Poursuivons avec quelques albums qui tordent le cou aux stéréotypes :

Drôle de planète !, CE1 de l’école Jateau et Gwen Keraval

Talents Hauts, 2013.

drole-de-planete

Mais qu’est ce qui différencie les terriennes des terriens ? C’est la question que se posent les Glatifusiens, qui nous observent de loin. Ils ont bien quelques idées, mais à bien observer la Terre et celles et ceux qui la peuplent, ni les vêtements, ni les cheveux, ni les comportements ne semblent obéir aux mêmes lois partout… L’occasion d’un petit tour du monde pour apprendre à se poser les bonnes questions. Drôle, pertinent et bouillonnant d’intelligence.

Retrouvez la chronique de Céline dans le tiroir et de Pépita

On n’est pas des poupées, mon premier manifeste féministe, Delphine Beauvois et Claire Cantaispas des poupées cover

La ville brûle, 2013.

Comme son nom l’indique, cet ouvrage est un album « coup de poing » dans lequel une voix de fille démonte un à un les présupposés dans lesquels on voudrait l’enfermer. Le message est clair, plein d’énergie et illustré des collages  vitaminés et colorés de Claire Cantais. Un livre à lire et à relire, à discuter et à mettre entre toutes les mains!

Le billet du Tiroir à histoires :

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Boucle d’Ours, Stéphane Servant et Laetitia Le Saux. Didier Jeunesse, 2013.

Quand petit Ours décide de se déguiser en Boucle d’ours avec des couettes et une jupette pour carnaval, cela met papa Ours dans une colère monstrueuse !

Mais tel est pris qui croyait prendre, à ce jeu sexiste, c’est papa ours qui en paye  les conséquences ! Drôlissime à souhait !

Le billet d’Alice

 

Je porte la culotte/Le jour du slip, Thomas Gornet/ Anne Percin

Le Rouergue

Ce livre à quatre mains a beaucoup fait parler de lui – plutôt malgré lui- le mois dernier après avoir subitement été pris pour cible par des opposants au concept du genre visiblement mal renseignés. Une fille se réveille un matin dans la peau d’un garçon… et inversement. La collection boomerang du Rouergue propose judicieusement un « double-roman » avec deux histoires en miroir.

Alice, Kik et Céline l’ont lu pour vous.

 

vanilles-204x300Vanilles et chocolats de Florence Hinckel

Un roman court et juste pour aborder les inégalités et le respect de l’autre. Une mise au point intelligente et pleine d’humour sur les stéréotypes, parfois inconscients (l’effet Pygmalion bien connu du milieu enseignant notamment). Une lecture nécessaire qui rappelle que rien n’est acquis et que l’éducation à l’égalité et au libre-arbitre est essentielle.

Chez Carole 3 étoiles

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Des albums qui mettent le doigt là où ça fait un peu mal : inégalités, oppression, parce que les droits des femmes sont le fruit d’une lutte pas tout à fait achevée (comme en témoigne la récente actualité)

A Calicochon, Anthony Browne
Kaleidoscope, 2010 (réédition)

Chez la famille Porchon, c’est maman qui fait tout. (Attention toute ressemblance avec des situations vécues serait purement fortuite!) Un album qui parle avec intelligence et beaucoup d’inventivité graphique des inégalités quotidiennes. Le tout avec l’humour subtil et le talent scénographique d’Anthony Browne.

dans Le Tiroir à Histoires

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Egaux sans egohttp://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/3/6/8/3/9782368340158FS.gif
Collectif
Locus Solus

Plusieurs auteurs et illustrateurs pour cinq histoires sur cinq situations de sexisme au quotidien. L’apparence, les réseaux sociaux, l’orientation scolaire, les relations amoureuses, voilà autant de sujets qui peuvent être au cœur du sexisme. Cette BD les évoque simplement pour inviter à la discussion et surtout à la réflexion sur nos comportements.

Chez Sophie

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Pour finir, n’oublions pas les garçons, car c’est à leurs côtés qu’on avance vers plus d’égalité, et parce qu’autant que les filles, ils se retrouvent enfermés dans des présupposés  sclérosants. Une sélection de livres ayant pour héros des garçons pas machos, ou sensibilité  peut se conjuguer aussi au masculin :

La poupée d’Auguste de Charlotte Zolotow et Clothilde Delacroix.

Charlotte Zolotow - La poupée d'Auguste.

Talents hauts, 2012

Quand un petit garçon rêve de jouer à la poupée et quand son rêve devient réalité, c’est le bonheur absolu !

Lire le billet chez Pépita

 

 

Cerise sur le gâteau : Delphine Beauvois, auteure de On n’est pas des Poupées et Mélanie Delcourt de Talents Hauts ont répondu à nos questions. Elles évoquent leur travail, les rapports garçons-filles, les représentations et les inégalités, et leur attachement à la littérature jeunesse « engagée » :

Un mot d’abord sur le féminisme : comment y êtes-vous venues ? (Culture familiale, nécessité qui s’est imposée plus tard …)?

Delphine Beauvois : Plus tard ! J’ai été élevée dans une famille de modèle plutôt à l’ancienne en terme de représentations. J’ai une soeur, et si nos parents visaient bien sûr notre réussite, on a toujours été élevées dans cette idée qu’étant des filles nous étions confrontées à plus de dangers, qu’il fallait nous protéger, etc. Mais nous avions toutes les deux des caractères assez fort, tendance « grande gueule »…  Puis j’ai fait mes études à Jussieu, où j’ai été sensibilisée à la question du genre par des professeurs comme Michelle Perrot. J’ai abordé la question homme-femme d’abord par le biais historique dans mes études. En fait, le féminisme n’est pas «inné», c’est un parcours qui se construit, un cheminement plus ou moins facile selon son origine et son éducation, puisqu’il demande de déconstruire des choses intimes. C’est pas évident d’accepter l’idée qu’on est dominé, et encore moins de reconnaître qu’on participe parfois à ce système. Typiquement en tant qu’enseignant, c’est toujours difficile de remettre en question ses pratiques, de regarder la façon dont on distribue la parole, etc, qui peut parfois ne pas être égalitaire. Tout cela est un cheminement qui demande de la remise en question.

Mélanie Delcourt : Le militantisme n’est pas du tout dans ma culture familiale, mais ma mère avait une conscience assez aigue des inégalités femmes-hommes, filles-garçons et nous avons été élevée de façon très égalitaire avec mon frère et ma sœur. J’ai beaucoup entendu petite que mon frère n’était pas dispensé, notamment des tâches ménagères, parce qu’il était un garçon. Ensuite des amies très proches ont créé l’association Mix-Cité (mouvement mixte pour l’égalité des sexes). Je suis allée à une réunion par curiosité et par amitié, mais aussi parce que le sujet m’intéressait, même si je pensais, comme beaucoup de filles de cet âge (j’avais 22 ans), qu’il n’y avait plus besoin de militer. Je suis allé à une réunion, j’ai adoré les échanges, l’intelligence, l’engagement, la rigolade, cette sensation de pouvoir faire bouger les lignes, changer les choses, et je suis restée plusieurs années.
Ensuite quand Laurence Faron (mon associée) et moi avons eue envie de créer une maison d’édition jeunesse, il a été naturel d’envisager de faire des livres en phase avec nos convictions. Non pas de militer au travers des livres ou de mettre des banderoles dans les mains des enfants, mais de proposer des livres plus ouverts, aux choix plus larges, notamment en termes de supports d’identification pour les petites filles et les petits garçons. Nous nous sommes penchées sur la littérature de jeunesse et avons pu vérifier notre impression de départ : les livres de jeunesse, comme le reste de la société et des supports culturels, sont remplis de stéréotypes sexistes, y compris dans les très bons livres publiés chez des éditeurs bien intentionnés. À côté de ce sexisme « par inadvertance », il existe des livres, de collections, des maisons d’édition assumant une vision du monde clairement sexiste à laquelle ils veulent préparer les enfants. Ces livres sont de plus en plus nombreux et se vendent en quantités industrielles.
Sachant qu’il n’existe pas de littérature neutre et que tout livre contient un message, nous avons décidé de nous positionner en éditeur engagé, conscient et responsable du message véhiculé dans ces livres.

Le pourquoi (on devine), mais surtout le comment de ce livre (On n’est pas des poupées/Drôle de planète) : d’où est partie l’idée, comment s’est monté le projet?

M.D : Drôle de planète fait partie d’un projet particulier puisqu’il a été écrit dans le cadre du Concours Lire égaux. C’est un concours que nous organisons depuis cinq ans dans l’académie de Créteil pour les classes de CP-CE1. Les classes candidates rédigent le manuscrit d’un album pour notre collection « pour les filles ET pour les garçons », la classe gagnante voit son texte illustré par un-e professionnel-le et publié sous forme de livre par Talents Hauts.
Cette histoire a été écrite au cours de l’année scolaire 2011-2012 par la classe de CE1 de Sandrine Oui, à l’école Jatteau de Moissy-Cramayel (77). Nous avons ensuite choisi Gwen Keraval dont nous apprécions énormément le talent et l’humour pour illustrer le texte. Il a rencontré les jeunes auteurs, puis a réalisé les illustrations.

D.B : L’idée est celle de Marianne, l’éditrice de La ville brûle, qui est militante à Montreuil. Nous nous sommes connues parce que j’intervenais à La maison des femmes de Montreuil. C’est elle qui nous a mis en lien avec Claire, la mayonnaise a pris. C’est grâce aux éditeurs militants qui publient des livres qui leur tiennent à coeur et qui leur semblaient manquer (même s’ils ne correspondent pas à des attentes commerciales) que On n’est pas des Poupées a pu voir le jour.

Quelles questions se sont posées dans le travail, ont -t-elles fait évoluer l’idée de départ ?

D.B : On a su assez vite comment construire On n’est pas des Poupées, nous avions cette idée de lecture partagée. Ce temps de débat manque souvent, et nous voulions lui faire une place au moment de la lecture du soir, ce temps où les parents et enfants peuvent discuter. Nous avions envie d’en faire un outil à l’usage des adultes et des enfants dans le cadre d’un échange, pour interroger aussi les parents. Un stéréotype par double page, qu’on voulait déconstruire le plus simplement possible. Puis, en cours de route on a ajouté le petit topo historique, avec les portraits des femmes qui ont marqué l’histoire, pour montrer que cette bataille pour l’égalité a eu lieu à plusieurs moments dans le passé. La technique d’illustration de Claire – le collage– s’y prêtait parfaitement. La seule difficulté, c’est d’arriver à pointer du doigt les stéréotypes sans en oublier, et sans culpabiliser, ni d’un côté, ni de l’autre. L’idée est de déconstruire un système de pensée sans chercher le coupable.

M.D : Pour Drôle de Planète, c’est un cas très particulier de travail éditorial car nous ne pouvons pas changer le texte puisque c’est le texte tel qu’il a gagné le concours qui doit être publié. Nous le modifions à la marge, pour le style et la fluidité, mais c’est tout. En revanche, nous nous sommes posés plein de questions avec Gwen, en particulier sur la dernière image : comment faire comprendre immédiatement au lecteur qu’il s’agit d’une fille et d’un garçon (sinon la chute n’est pas efficace) sans tomber dans les stéréotypes dénoncés avec humour tout le long du livre ?

 Puis, en cours de route on a ajouté le petit topo historique, avec les portraits des femmes qui ont marqué l’histoire, pour montrer que cette bataille pour l’égalité a eu lieu à plusieurs moments dans le passé. La technique d’illustration de Claire – le collage– s’y prêtait parfaitement.

La seule difficulté, c’est d’arriver à pointer du doigt les stéréotypes sans en oublier, et sans culpabiliser, ni d’un côté, ni de l’autre. L’idée est de déconstruire un système de pensée sans chercher le coupable.

Quelles ont été en général les réactions des enfants (et des parents) puisque vous avez toutes les deux participé à plusieurs lectures publiques/goûter-philo ?

D.B : Globalement enfants sont hyper réceptifs : Ces stéréotypes, ils les voient bien, en ont bien conscience, et ils trouve ça amusant de voir qu’on peut les inverser. L’idée était de redonner le pouvoir aux filles, avec ces douze personnages filles qui savent ce qu’elles veulent. Les filles, ça leur fait du bien. Les garçons, (qui ont souvent montré à leurs parents à quel point ils peuvent concentrer la parole !), avaient eux aussi des choses à dire. Notamment qu’eux aussi aiment faire des trucs « de filles ». Ce sont donc eux qui nous ont montré l’utilité de faire un 2è volet au livre [qui déconstruit les stéréotypes dans lesquels on enferme les garçons –à paraître en octobre]. De la part des parents, de la bienveillance, et des attentes.

M.D : Des éclats de rire !

La littérature jeunesse a récemment été la cible de la droite réactionnaire française (auteurs spammés et harcelés (Anne Percin et Thomas Gornet Le jour du slip/je porte la culotte), le dérapage de Copé sur A poil pas plus tard qu’hier [ndrl: interview réalisée en février], le livre à paraître de Farida Belghoul : un signe des temps pour le moins inquiétant. Un commentaire, un conseil à tous les lecteurs ?

D.B : C’est une honte, à quand les autodafés !? 1er conseil : publier et diffuser le plus largement possible la liste de ces livres, les acheter, les lire, c’est le premier soutien qu’on peut apporter. Les chroniquer partout, continuer à en parler le plus possible. La censure a toujours eu lieu, et la droite s’est toujours attaquée à l’école laïque, républicaine émancipatrice, du fait de son intérêt à maintenir les dominations de classe comme de sexe : on préfère des moutons qui se cantonnent à leurs rôles… Là, elle relance une vague de pensée d’extrême droite, de façon artificielle et délirante ! C’est aussi mépriser le travail des enseignants qui font un travail de réflexion avec leurs élèves autour des livres… Je continuerai dans ma classe a passer Tom boy, à lutter contre les stéréotypes de genre, a promouvoir l’égalité homme femmes. Si on abandonne sur ce terrain là on est foutus. Les racines du racisme su sexisme, se construisent dans la petite enfance. C’est à ce moment là qu’il faut éduquer, faire réfléchir, pour que plus tard il y ait moins de violence, plus de mixité dans le travail, c’est le rôle de l’école. L’enfant fera ses choix plus tard, mais l’école doit l’ouvrir sur tout. En l’ouvrant aux différences, elle ne rendra pas un enfant homosexuel, ne le perturbera pas ses repères. Elle ouvre des portes. Elle montre différents points de vue.

M.D : Chez Talents Hauts, du fait de notre ligne éditoriale, nous avons subi pressions et menaces. Mais nous avons aussi reçu plusieurs messages de soutien qui nous ont aidé à ne pas céder au désenchantement en cette période nauséabonde… Je retiens la phrase d’une enseignante de maternelle : « accrochons nous, serrons nous les coudes, parlons simple, parlons haut, et surtout, ensemble. »