Coups de coeur de Novembre 2017

Quoi de neuf en novembre au pied de notre grand arbre  ? Le froid n’est pas tout à fait arrivé mais l’automne s’est bien installé. On a toutes eu de quoi s’occuper et surtout on a commencé à réfléchir à Noël qui arrivait. Surveillez bien décembre sur notre blog ! Comme chaque année, nous nous sommes données virtuellement rendez-vous avec notre « swap de noël« , autant de colis et de surprises qui traverseront la France  pour étirer le fil qui nous unit.

En ce mois de novembre, nous avons aussi toutes eu la joie de voir notre arbre s’agrandir d’une jolie jeune pousse. Nous souhaitons la bienvenue à la petite Arwen et nous lui dédicaçons ces jolies lectures coups de cœur !

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Une plongée délicieuse dans les bras de Morphée et l’assurance de doux rêves… pour Alice.

Des mots pour la nuit d’Annie Agopian et Albertine. La joie de Lire, 2017.

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Une promenade silencieuse sur un lac gelé pour Littérature enfantine

Lignes, De Suzy Lee, éditions les grandes personnes

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Un voyage initiatique tourbillonnant et passionnant pour MéLI-MéLO de livres

Miss Pook et les enfants de la lune de Bertrand Santini, Grasset jeunesse

 

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Le double coup de cœur du Tiroir à histoires : Non pas un manuel de savoir-vivre mais deux, pour que les règles de bienséance n’aient plus aucun secret pour vous ! Malice, fantaisie, imagination débordante… et génie éternel de Maurice Sendak.

Qu’est ce qu’on dit ? Sesyle Joslin et Maurice Sendak. Editions MeMo

Qu’est ce qu’on fait ? Sesyle Joslin et Maurice Sendak. Editions MeMo

 

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Un album de circonstance pour Sophie qui accueille la petite Arwen avec ce beau livre sur la maternité.

Dans le ventre de la Terre de Cécile Roumiguière et Fanny Ducassé au Seuil jeunesse

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Un album émouvant pour Aurélie pour montrer à Arwen que la littérature jeunesse permet d’évoquer tous les sujets même les plus douloureux.

Le livre d’Hannah d’Yves Pinguilly et Marc Majewski chez Le buveur d’encre.

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Jouons ensemble !

L’utilité du livre pour le développement de l’enfant, A l’Ombre Du Grand Arbre, nous en sommes entièrement convaincues !

Mais la lecture n’est pas la seule a participer aux premiers apprentissages : le jeu a aussi toute son importance ! Alors quand on a entre les mains de formidables livres-jeux, il ne vous reste plus qu’à vous proposer une sélection qui ravira vos tout-petits et leur permettra  de s’émerveiller de nouvelles expériences.

Jouons ensemble !

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Enquêtes et bric à brac pour Solectrice et ses lutines :

Les enquêtes de Mirettes : embrouilles en Bretagne de Fanny Joly Laurent Audoin . Sarbacane, 2014

Quand partir à la découverte d’un lieu devient un jeu ! C’est l’enjeu de ces enquêtes comiques et colorées.

Retrouvez leur avis complet

 

Dans les poches d’Alice, de Pinocchio, Cendrillon et les autres… d’Isabelle Simler. Editions Courte et Longues, 2015

On a tous en tête des objets magiques qui peuplent les contes de notre enfance, mais comme c’est amusant de les découvrir sans leur propriétaire, en quête d’une piste pour les reconnaître. Avec un graphisme si minutieux on se régale de mille détails dans cet inventaire merveilleux !

Retrouvez leur avis complet et celui de Sophie

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Des livres pour s’inventer des histoires pour Colette

Les Cocottes à histoires d’Agnès de Lestrade et Christine Roussey. Milan, 2012

Pour jouer ensemble à écrire des histoires, voilà un livre tout plein de malice qui ravira petits et grands !

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Retrouvez son avis complet

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Le livre du printemps de Susanne Rotraut Berner. La joie de lire, 2009

Susanne Rotraut Berner avec ses fabuleux livres des saisons qui ont émerveillé pendant des heures chacun de mes petits pilotes.

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Retrouvez son avis complet

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Jeu de paires et interactivité pour Aurélie : 

Lapin cherche lapin de Maranke Rink et Martijn Van der Linden. La Martinière, 2016

Un livre où jeu des paires est prétexte à inventer une histoire.

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Retrouvez son avis complet

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Prendre et donner de Lucie Félix. Les grandes Personnes, 2014

Un livre qui permet d’apprendre les contraires tout en découvrant les joies de l’assemblage.

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Retrouvez son avis complet, celui de Sophie

et de Pépita

 

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Ruban et accordéon pour Pépita :

Le ruban d’Adrien Parlange. Albin Michel jeunesse, 2016

Un imagier bluffant qui ouvre les portes de l’imaginaire et qui permet de jouer avec le livre dans et hors champ, avec juste un ruban…

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Retrouvez son avis complet

et celui  de Chloé et de Sophie

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Ribambelle d’Annette Tamarkin. Les grandes Personnes, 2014

Parce qu’on est jamais trop petit pour lire et jouer, voici un livre leporello qui permet au tout-petit d’aiguiser son observation sur des objets de son quotidien. C’est beau, coloré et intelligent !

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Retrouvez son avis complet

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Devinettes et méli-melo pour Bouma :

Il était une fois… Contes en haïku d’Agnès Domergue et Cécile Hudrisier. Thierry Magnier 2013

Jouer à reconnaître les contes classiques ou les mythes de l’Antiquité grâce à la collaboration d’Agnès Domergue et Cécile Hudrisier

Retrouvez son avis complet

Dans la même collection Auprès de la fontaine … fables en haîkus et Autrefois l’Olympe.. mythes en haïkus

Retrouvez aussi l’avis de Sophie sur la trilogie

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Mélange-moi de Michio Watanabe. Hélium,2016

Livre-jeu par excellence, les méli-mélos permettent aux tout-petits de jouer avec l’objet livre tant sur la forme que sur le fond ; et ça Michio Watanabe l’a bien compris  !

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Retrouvez son avis complet

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Observation et  rébus pour Céline du Tiroir à histoires : 

Un intrus s’est perdu ! de Britta Teckentrup. autrement, 2014

Superbe album toilé dont le graphisme vitaminé est un régal pour les yeux. A chaque page, il s’agit de démasquer l’intrus parmi des animaux sympathiques et rigolos. Très réussi !

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Retrouvez son avis complet

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Méli-Mélo de mots de Valérie Yagoubi et Agnès Adras. Seuil Jeunesse, 2015

Méli mélo de mots part de l’observation pour jouer avec la langue et les syllabes des mots. Sur le principe du rébus, deux mots dessinés en deviennent un troisième, dévoilé sur la page suivante. Un album astucieux mis en valeur par une pureté visuelle bienvenue.

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Retrouvez son avis complet

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Jeu d’optique et cherche-trouve pour Chlop :

Le cirque des illusions de Papadon et Etsuko Watanabé. Albin Michel, 2011

Une immersion dans le monde étonnant des illusions d’optiques. Ici les chiens marchent à coté de leurs pattes, on ne sait plus où est le haut et où est le bas et les images nous jouent des tours.

Retrouvez son avis complet

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La journée/ le week-end de Miglou Wiliam Bee. Ecole des loisirs, 2017

Suivez Miglou, l’adorable petit chien, à travers les rues de Tocville, avec lui vous ferez la connaissance de tous les habitants. Attention, il y a milles détails à trouver à chaque pages. Mais pas d’inquiétude, on peut aussi se contenter de lire l’histoire.

Retrouvez son avis complet

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Cache-cache et devinettes pour Sophie :

Cachés dans la jungle : cherche et trouve de Peggy Nille. Actes sud junior, 2017

Un très bel album coloré avec des illustrations dans lesquelles on aime fouiller pour retrouver les animaux.

 

Retrouvez son avis complet

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Le zoom des z’animo de Gonzague Lacombe et Laure du Faÿ. Sarbacane, 2016.

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Mais à qui est ce pied ou cette oreille ? Sur de grandes pages, on pourra s’amuser à deviner les animaux à qui appartiennent toutes ces parties du corps.

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Retrouvez son avis complet

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Constructions et  petit camion pour Alice

En route ! de Maria Jalibert. Didier jeunesse, 2017.

Compilation de jouets et de petits objets,  à observer sans se lasser .. pour se créer histoire détaillée et un superbe voyage.

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Retrouvez son avis complet

Rapido dans la ville de Joëlle Jolivet. Hélium, 2011.

Un album malicieux pour aider Rapido  le petit camion, a déposer ses colis au bon endroit !

Suivons le rythme !

 

Retrouvez son avis complet et celui de Chloé

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Vous en voulez encore ? 

Vous trouverez d’autres idées chez Meli-Melo de livres et chez Un petit Bout de Bib’ par ici et par .

Amusez-vous bien !

Lecture commune : Je suis ton soleil de Marie Pavlenko

Quand on lit la 4ème de couverture de Je suis ton soleil de Marie Pavlenko, on ne comprend pas immédiatement le rapport avec le titre, ni son succès. Et pourtant, les premières pages tournées, on est complétement séduit par cette fiction divertissante qui nous émeut du rire aux larmes.

De quoi nous questionner et organiser une Lecture commune entre copinautes

A l’ombre du grand arbre.

Alice : Je suis ton soleil ….. un titre plein de promesses pour une lecture estivale, non ? 

Pépita : Oui complètement ! Pas de meilleur moment pour le lire il semblerait mais en plein hiver, ça doit être pas mal non plus ! Je me suis dit d’emblée : le soleil de qui ?

Colette : Alors moi qui aime tant la poésie, ce titre m’a tout de suite évoqué le vers d’Eluard, poète de l’amour par excellence : « Tu es le grand soleil qui me monte à la tête quand je suis sûr de moi »… 

Bouma  : Un titre mystérieux et lumineux à mon sens, je m’attendais à une lecture rafraîchissante et légère.

Solectrice : Oh, oui, quel titre ! Il me fait penser au chant des oiseaux, aux murmures amoureux. Il réveille aussi en moi l’écho d’une voix chère. Alors, bien sûr, j’étais déjà tentée d’ouvrir le livre pour découvrir qui prononçait ces mots.

Alice : Oui, un titre qui demande a être élucidé, d’autant que la couverture est quand même parsemée de plein de coquillettes !!! De quoi se poser des questions … On se lance dans un petit résumé pour essayer d’en savoir plus ? 

Pépita : Déborah entre en terminale cette année. Elle n’a pas si hâte d’ailleurs mais bon, quand faut y aller, faut y aller ! Elle retrouve sa meilleure amie, un drôle de garçon qui donne vraiment pas envie de s’y frotter, et tiens un nouveau ! Ce qui l’inquiète surtout, c’est le comportement énigmatique de sa mère depuis peu, et ce qui l’énerve le plus c’est de devoir gérer ce sac à puces de chien qu’elle ne supporte pas. Ce qu’elle ne sait pas encore, c’est que cette année va être plus que surprenante.

Solectrice : C’est un roman qui semble se résumer facilement : une lycéenne se rend compte que ses parents s’éloignent. Elle remet sa vie et ses amitiés en question. Mais grâce à de nouveaux amis, ses journées s’illuminent et elle parvient à aider ceux qu’elle aime.
Cette intrigue peut sembler un peu mièvre, si on tait l’autodérision de la narratrice, le « chien de la honte » et les moments de complicité décrits avec tant de sincérité qu’ils nous font fondre.
Quant aux coquillettes de la couverture, qui m’intriguaient bien aussi, ce n’est pourtant pas un grand mystère !

Alice : A première vue, vous en conviendrez rien de très marquant ( histoire d’amitié, familiale, ..) et pourtant….Peut-être que pour comprendre la pépite qui se cache sous cette couverture très neutre et ce résumé un peu vague, nous pouvons faire plus ample connaissance avec Déborah ?
Je ne sais pas pourquoi, j’ai envie de la qualifier d’anti-héroïne ou d’héroïne imparfaite, cela vous conviendrait-il ?

Pépita : Exactement, elle donne l’impression d’être la fille lambda mais très vite, on perçoit chez elle autre chose….sa vision du quotidien mélangé à de l’autodérision et pointes d’humour, on s’attache de suite à cette fille et on se laisse prendre par la main.

Colette : Oui Déborah c’est une adolescente « normale » à première vue mais qui porte des bottes en plastique au faciès de grenouille à sa rentrée en terminale tout de même, ce qui d’entrée de jeu nous indique qu’en Déborah couve un joli petit feu de fantaisie.

Bouma : La perfection n’est-elle pas synonyme d’ennui ? Pour moi tous les héros de roman sont imparfaits sinon il n’y aurait rien à raconter. Sinon, en ce qui concerne le personnage de Déborah, j’ai trouvé qu’elle était à la fois très ancrée dans son époque mais avec ce décalage propre à l’humour et à l’impertinence. On s’attache très vite à elle et on a envie de découvrir ce que recèle sa vie.

Solectrice : « Anti-héroïne », c’est exactement le qualificatif qui m’est venu après quelques pages, un peu agacée par cette tendance aux personnages féminins qui n’acceptent pas leur physique, se plaignent de leur problèmes de cœur et se trouvent malmenées par le destin. Puis on s’attache, on comprend la gêne de Déborah à porter des bottes vertes à 17 ans, à traîner ce misérable chien, qu’elle fustige tant. On comprend son malaise à accompagner une amie qui ne l’écoute pas et ne voit que son petit plaisir. On comprend sa tristesse face à des parents qui ne s’aiment plus. Et on reprend confiance quand elle forme un trio avec deux surprenants camarades, qui deviennent de précieux amis.

Alice : Oui c’est un peu ça, cette imperfection permanente, qui nous rend chaque protagoniste très proche et très réel. Hormis Déborah, qui aimeriez vous présenter comme autre personnage ? Lequel vous a marqué spécifiquement et pourquoi ? 

Colette :  J’ai été particulièrement touchée par la mère de Déborah pour de multiples et intimes raisons. L’histoire de Déborah est étroitement liée à celle de sa mère, elle est le mystère qu’il faut comprendre, elle est l’intrigue, elle est l’énigme. Elle est la clé. Que seul le soleil peut faire briller.

Pépita : Oui moi aussi la mère de Déborah m’a profondément touchée et démontre à quel point on peut se révéler à tout âge, qu’il faut oser aller au fond de soi, au prix de grandes souffrances, pour affronter et exprimer ses vrais désirs. J’ai trouvé leur relation pleine de respect. Et puis cette façon d’introduire de l’art, partant de la vie, j’ai trouvé cela particulièrement beau. Les deux garçons aussi m’ont touchées, par leur présence, leur humour, même si leur mode de vie, je l’ai trouvé pas très crédible. Mais bon la fiction sert aussi à ça ! Le père aussi, je l’ai trouvé juste : il aurait pu quitter le navire définitivement mais non, lui aussi il fait un choix douloureux mais c’est son choix et il est là quand il faut. Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est ça : on est toujours le soleil de quelqu’un.

Solectrice : Difficile de choisir un personnage en particulier tant ils semblent s’imbriquer, rayonner les uns sur les autres. C’est donc plus les échanges, les moments entre les personnages qui m’ont plu que des caractères en particulier.

Bouma : Moi j’avoue que ce sont les amis de Déborah qui me restent en mémoire. Les nouveaux bien sûr qui l’aident à rester la tête hors de l’eau mais également sa meilleure amie/ennemie si proche et en même temps avec des centres d’intérêt différents. J’ai trouvé leur relation très crédible car elle montre que la sortie de l’enfance peut parfois laisser les amitiés sur le carreau malgré toute l’envie que l’on peut avoir de s’y accrocher.

Alice : C’est exactement ça Pépita : on a tous une place dans ce monde ! Qui que l’on soit, qu’elles que soient nos faiblesses, soyons sûr d’une chose, nous avons tous à apprendre des autres et à les accepter tels qu’ils sont. Cette humilité et cette empathie nous font sûrement grandir ! Soyons sûr d’autre chose, il y a du « beau » en chacun d’entre nous !
J’ai aussi pensé que ce livre était une belle histoire de respect. Est ce un mot qui vous conviendrait à vous aussi ?

Solectrice : Une histoire de respect, mais surtout de tendresse. Entre amis, entre une fille et sa mère, entre une adolescente… et son chien.

Colette : Je ne parlerai pas de respect, parce que ce mot a été mille fois galvaudé par la sainte église laïque de l’éducation morale et civique ! A ce mot là je préfère le mot « amour ». Pour moi ce roman est un roman qui tisse les liens des amours qui nous lient à nos animaux, à nos anciens amis, à nos nouveaux amis, à notre père, à notre mère, à nos professeurs ! Quels professeurs au passage ! La prof de philo de Déborah, elle est absolument géniale tout de même ! Quelle attention portée à ses élèves, quelle ambition pour eux, quel dévouement… quel AMOUR !!!!

Alice : C’est vrai que la relation fille-mère est très importante dans ce livre. Finalement presque plus capitale que les relations entre les ados – ou bien elle nous touche à nous qui sommes des adultes ! Il y a entre elles une sorte de compréhension dans le silence. Voulez-vous creuser cet aspect du roman ?

Pépita : Respect car elles sont délicates entre elles, pas de jugement non plus, pas de rancoeur ( alors que Déborah pourrait entrer dans ce trip-là je trouve) , elles respectent chacune l’espace vital de l’autre, sans effraction et se parlent avec infiniment de tact. Sans le savoir, l’une ses découpages mystérieux l’autre ses cadavres exquis , elles se rejoignent, ce qui va devenir une forme sublimée de l’art. C’est un aspect du roman qui m’a vraiment bouleversée. Et j’ai trouvé que cette révélation de la mère à son ex-mari, à sa fille et ses amis est faite avec beaucoup de simplicité, de résonance et d’humilité.

Solectrice : La relation entre la mère et la fille est étrange : je n’ai d’abord pas compris pourquoi Déborah n’arrivait pas à entrer en contact avec sa mère, à l’interroger sur ce qui la préoccupait, à lui confier ses peines aussi. J’ai partagé la souffrance de Déborah quand sa mère, aspirée par la dépression, la trahit ou l’abandonne. Puis j’ai aimé qu’elles s’écrivent, qu’elles se rapprochent, qu’elles se soutiennent.

Colette : Je comprends parfaitement que Déborah ne puisse pas parler à sa mère, se préoccuper de sa mère à 17 ans c’est inverser les rôles, c’est prendre une responsabilité qui n’est pas la sienne, c’est accepter… de laisser irrémédiablement son enfance derrière soi et j’avoue que c’est un moment qui -quelle que soit l’époque de notre vie où cela arrive – est assez insupportable. Alors oui, c’est dur de franchir le pas, et je trouve que ce roman montre bien que c’est une étape, que cela ne peut pas se faire un jour, qu’il faut du temps et … des drames. Et puis chacun de nous se doute que lorsque l’un de nos proches ne va pas bien, c’est qu’il y a un secret qui se cache dessous la douleur, le silence, la peine. Est-on prêt à 17 ans à affronter les secrets, les douleurs,les silences, les peines de nos parents ? Il faut être sacrément courageux tout de même !

Bouma : Effectivement, cette relation mère / fille prend une part importante dans le récit et comme Colette, et pour répondre à Pépita, je pense que nous nous y retrouvons autant dans la place du parent que de celle de l’enfant à notre âge. On comprend alors plus facilement leur relation « muette » qui n’est pas exempte d’attention ou de tendresse.

Alice : Rappelons-le, le père a quitté le domicile conjugal. Il semble bien loin de ce duo mère-fille… ou pas … Sa place, son rôle, son choix … sont autant d’éléments déclencheurs, qu’en pensez-vous ?

Colette : En effet le père de Déborah a un rôle très important, il incarne un équilibre, c’est à cause de lui que tout bascule mais en même temps il sait être là, présent et solide quand les femmes de sa vie en ont besoin, pour s’effacer quand elles se reconstruisent sans lui. Et puis les coquillettes… c’est lui !

Pépita : Oui ce père il assume je trouve, il est responsable aussi. Malgré le fait qu’il provoque la situation il ne se défile pas, j’ai beaucoup aimé le passage où il découvre une autre facette de son ex.

Solectrice : C’est un personnage ambivalent, que l’on est tenté de détester au début mais que l’on découvre plutôt fiable et aimant ensuite. Je trouve intéressant de le découvrir sous un autre jour et de voir que les tensions peuvent s’apaiser quand Deborah se rend compte qu’il prend soin d’elle et de sa mère finalement.

Alice :  Et le chien, il a toute sa place le chien ! Sans lui, pas de promenades, pas de câlins réconfortants, … Il ne vous inspire pas le chien ?

Pépita : Tu as tout à fait raison de le souligner : le chien a toute son importance. Sa présence et les obligations qu’il induit obligent Déborah à rester dans le réel, à se sentir responsable d’un être vivant et elle perçoit combien ce n’est pas facile tous les jours. C’est une sorte d’effet miroir des failles de ses propres parents. Et puis ces passages sont si drôles ! Le lecteur en a besoin car mine de rien, cette histoire n’est pas si gaie.

Solectrice : Ah, le chien ! Dès les premières pages, j’ai aimé les respirations qu’il apportait dans l’histoire, toute fétide que soit son haleine. J’ai aimé le fil conducteur de ce personnage qui reprend du poil de la bête au fur et à mesure de l’histoire, tout rêche que soit son pelage. J’ai aimé aussi le réconfort qu’il apporte et le lien qu’il établit entre les personnages, tout envahissant qu’il soit.

Colette : Alors je suis désolée, je n’ai pas été particulièrement sensible au personnage canin de ce livre. Il est vrai qu’il introduit une note d’humour dans des moments de tension mais je lui ai préféré Gertrude.

Bouma : Alors ça doit être mon côté « je n’aime pas les animaux, ils me font peur » mais j’avoue ne pas avoir succombé au personnage canin. Je dirais même plus que je l’avais oublié avant que vous en parliez.

Alice : On a déjà évoqué le découpage, et maintenant Pépita parle des cadavres exquis, ne parlerait-on pas alors simplement d’art-thérapie en ce qui concerne nos personnages ? De construction ? De re-construction ? D’apaisement ? De moyens de communication ? D’aide à la transformation ?

Bouma : Le roman parle de tout ça effectivement, et je pense qu’on peut inclure l’écriture dans cette forme de reconstruction et de thérapie. Un peu comme si on bouclait la boucle.

Solectrice :  J’ai une préférence pour le mot « construction » car Déborah et ses amis n’ont pas conscience du bien qu’ils font à sa mère : c’est un jeu, une exploration et une œuvre collective au final. Comme elle est belle, en tous cas, cette construction !

Pépita : Oui un retour aux sources pour la maman et pour Déborah un jeu intellectuel entre copains. Le plus beau c’est qu’ils se rejoignent. Dans une forme d’art originale et résiliente pleine de reconnaissance naturelle.

Colette :  L’écriture, la poésie, les collages permettent de se révéler à soi, aux autres, à nos proches, il y a une sorte d’ode à la création dans ce roman, toute en simplicité, sans prétention, j’ai vraiment apprécié que cela se glisse dans la narration comme une évidence. J’espère que les jeunes qui liront ce livre-là s’essaieront aux cadavres exquis ! Moi cela m’a rappelé plein de souvenirs de lycée.

Il y a de nombreux autres sujets passionnants abordés dans le livre dont on a déjà parlé pour d’autres lectures coup de cœur, notamment le poids des secrets de famille. Ici le thème de l’avortement est vécu à travers le prisme tragique du traumatisme vécu par la mère de Déborah et en même temps complètement dédramatisé avec l’expérience d’Eloïse, si tendrement accompagnée dans cette épreuve. J’ai trouvé ces histoires qui se font écho de génération en génération, sans pour autant, se répéter vraiment bouleversantes. Et en même temps comme tu le soulignes Céline le style vivant, énergique, drôle nous entraîne au delà toujours des pires tourments. Il y a du jeu permanent dans cette écriture comme en témoignent notamment les titres des chapitres qui se jouent des citations, titres, poèmes et chansons.

Et puis quand même je suis ton soleil c’est aussi une histoire d’amour qui se construit sous nos yeux…

Alice : On a pas mal creusé le fond – à moins que vous ne souhaitiez rajouter quelque chose- mais il y a un autre élément qui m’a paru tout autant essentiel dans ce roman, c’est l’ écriture, le ton donné au texte, quelque chose qui participe au plaisir de la lecture, qui rend le contenu flamboyant alors que qu’il aurait pu être plombant.
Cela vous a-t-il autant emballé autant que moi ? Qu’en diriez-vous de plus ? 

Bouma : Moi j’ai adoré les titres de chapitres. A chaque fois je me disais « mais ça vient d’où cette référence ??? » Et en règle générale je la trouvais trois chapitres plus loin  En tous cas, j’ai apprécié que Marie Pavlenko détaille en fin de livre ces références, ça permet d’enrichir sa culture à défaut de rappeler des souvenirs de lecture et de musique.

Pépita : Oui vous avez raison : ce livre réchauffe ! Il parle de la vie, de l’amour et ce à tous les âges. Le ton est jubilatoire !

Solectrice : Oh, oui, c’est décidément le ton complice et désabusé, et plus encore, toutes ces références (listées à la fin), clins d’œil aux lectures et à l’univers de l’adolescente qui m’ont séduite dans ce lumineux roman !

Alice : Une héroïne plutôt sympathique, un roman qui sous un ton agréable et plein d’humour est parsemé de petits drames du quotidien mais aussi de beaux rendez-vous sentimentaux …. Un dernier petit qualificatif pour clôturer cette lecture commune ?

Bouma : A lire Absolument (et recommandé par Yves Grevet dans Je Bouquine  )

Pépita : Du bonheur en barres qui réchauffe le cœur !

Solectrice  : Vivifiant ! A lire par tous les temps, même si vous ne mangez pas de coquillettes…

Colette : en parlant de coquillettes, franchement, je n’ai pas compris pourquoi on insistait autant sur ce plat-là, pour moi le plat fétiche de Déborah ce sont les PIZZAS !!!!

Alors comme qualificatif, je dirai « tourbillonnant » !

Solectrice : Je suis bien d’accord Colette, mon attente (de lectrice bêtement apatée par la couverture) a été déçue sur ce point  Je m’attendais vraiment à une révélation de plus grande envergure sur les coquillettes !

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Si vous aussi, vous voulez percer le mystère des coquillettes, des pizzas, des bottes en plastiques, de Mygale-man, du chien Isidore, des post-it sur le miroir de l’entrée, d’un mystérieux numéro de téléphone … Laissez-vous illuminer par Je suis ton soleil de Marie Pavlenko !

Nos chroniques :

-Alice sur son blog Alireauxpaysdesmerveilles

-Pépita sur son blog MéLi-MéLo de livres

Nos coups de coeur de l’été 2017

Deux mois d’été…

Deux mois pour profiter …

Deux mois de lecture …

Deux fois plus de coups de cœur pour commencer la rentrée !

Pépita a lu plein de romans, son péché mignon, en vacances, plus de temps pour s’adonner à ce plaisir de lecture sans limites ! En voici deux que je vous recommande :

Calpurnia et Travis de Jacqueline Kelly.-Ecole des loisirs, collection Médium

Un deuxième tome où j’ai retrouvé Calpurnia, jeune fille en recherche d’émancipation dans une fratrie masculine et à la charnière du nouveau siècle où les sciences font un bond en avant. Une relation toute particulière avec son grand-père aussi qui fait tout le charme de cette lecture. J’espère un troisième tome bientôt !

Mon avis par ici.

Je suis ton soleil de Marie Pavlenko.-Flammarion jeunesse

Immense coup de cœur pour ce roman qui a ce quelque chose d’indéfinissable entre l’humour et la profondeur et qui nous dit qu’on est toujours le soleil de quelqu’un. Sans aucun jeu de mots de ma part, un roman lumineux sur la vie, quand on passe de l’adolescence à l’âge adulte, ce moment charnière de basculement qu’on ressent toujours avec une certaine envie d’avancer et de nostalgie mêlés. Le bouche-à-oreille a tellement bien fonctionné sous l’arbre que nous sommes plusieurs à avoir succombé à ces pages (une lecture commune en préparation du coup, à suivre !).

Mon avis par là.

Aurélie a aimé un livre numérique et une nouveauté !

Je recherchais d’autres titres de la Chouette du cinéma pour une lecture en voiture pour mon fils. Je suis tombée en extase sur leur adaptation de La Soupe au caillou aux rythmes africains. Une version papier avec une version ebook interactive offerte.

La Soupe au caillou de Clémentine Robach-La chouette du cinéma

Allez on profite toujours d’un moment de calme sans enfants pour aller en librairie voir les nouveautés jeunesse. J’ai beaucoup aimé le dernier livre illustré par Marjolaine Leray avec Charlotte Erlhi :Comme tout le monde. Un livre qui traite de la différence.

Comme tout le monde de Charlotte Erlhi et Marjolaine Leray-Talents hauts

Des extraits ici et son article.

Sophie a apprécié de frissonner avec deux romans pendant l’été.

Sarah Cohen-Scali - Phobie.

Phobie de Sarah Cohen-Scali chez Gulf stream

Anna est terrifié par le croque-mitaine depuis la disparition de son père. Quand elle disparaît et se retrouve enfermer dans une cave elle est persuadée qu’il l’a enlevée comme il le lui promet en cauchemar depuis des années…
Entre conte, horreur, thriller, enquête, anticipation et bien d’autres genres, ce roman nous tient en haleine et ne cesse de nous surprendre.

Stéphane Servant - Sirius.

Sirius de Stéphane Servant au Rouergue

C’est un autre style de frisson que l’on retrouve dans cette épopée post-apocalyptique. On y suis une jeune fille, Avril, et un petit garçon, Kid qui devront affronter le dur monde dans lequel ils vivent depuis que la guerre a fait rage et qu’un virus a rendu tous les êtres vivants stériles.

Alice a bien aimé se laisser surprendre par ces deux belles découvertes.

Y’a pas de héros dans ma famille de Jo Witek. Actes Sud, 2017.

Un travail commun amène Maurice et Hyppolite a travailler ensemble. Et là, c’est le coc des cultures ! Maurice aussi aimerait bien avoir une famille parfaite avec un mur de héros dont tout le monde pourrait être fier  !

Voilà une chronique familiale plutôt drôle et touchante entre stéréotypes sociaux et réalité de l’enfance …

Mon avis par ici

Metal Melodie de Mayvonne Rippert. Milan, 2015

Une adolescente rebelle  » abandonnée » par sa mère, comme pour mieux apprendre à ouvrir ses ailes et à prendre son propre envol.

Un livre d’amour, véritable voyage initiatique, bercé de belles melodies…

Mon avis par

Bouma s’est laissée embarquer par des aventures humaines hors norme portées par des héroïnes pas comme les autres…

Ce premier roman d’Aurélie Rodriguez vous fera découvrir le parcours d’une bande de pirates pas comme les autres et parcourir le monde à la recherche d’une carte au trésor. Dépaysement garanti !

Mon avis par ici.

Comme Pépita, ce roman a su me toucher au cœur par la finesse de son écriture et son attachement à décrire avec réalité et émotion la vie d’une adolescente dont le quotidien s’effondre malgré elle.

Mon avis par ici.

Chloé a aimé un album pour les plus petits et un abécédaire.

ABCD, apprécié pour la très grande beauté des images qui accompagnent chacune des lettres de l’alphabet.

Mon avis ici.

Les petits amis de la nuit, qui accompagne en douceur les bambins vers le sommeil.

Mon avis ici.

Et vous, quels livres auront su retenir votre attention durant cet été ? N’hésitez pas à nous faire partager vos coups de cœur en commentaire.

Le Top 5 d’Alice

Quand il a fallu faire le choix de 5 livres à mettre sur le podium de la littérature jeunesse, certains titres se sont imposés… et puis après il a fallu se creuser la tête et sélectionner devant le trop large éventail qui était à mes pieds.

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1.

Sans nul doute, celui qui obtient la palme la plus dorée, celui que j’ai plaisir à offrir, celui que je garde précieusement dans son écrin, celui qui me grossit le cœur, celui qui raconte délicatement l’histoire de la vie, celui que je trouve d’une absolue raffinité et d’une foudroyante intensité, celui dont je ne me séparerai jamais ….

Mon tout petit d’Albertine et Germano Zullo

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2.

Et puis il y a ce livre confidence. Ce cri d’amour qui m’a touché, que j’ai trouvé d’une évidence justesse et d’une extrême sensibilité. Ce monologue déterminé, d’une beauté à la fois sincère et naïve qui s’impose comme une nécessité.

Ma tempête de neige de Thomas Scotto

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3.

Je n’aurais pas oublié de mettre un roman de Pascale Maret. Cette amoureuse de la danse qui sait écrire autour de tous les secrets, ceux qui marquent l’enfance et les origines, ceux qui traversent les années, ceux qui martèlent les cœurs et les  corps, ceux qui parfois se confondent entre illusions et réalité.

Les ailes de la Sylphide de Pascale Maret

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4 .

Bien sûr, il y a aussi le chouchou maintes et maintes fois à mes enfants raconté. La voix du loup, celle de la petit grand-mère, les répétitions, les onomatopées rythmées, la ruse, le loup affamé une fois de plus dupé … comme un texte qui donne envie d’être chanté.

Roulé le loup de Praline Gay-Para et Hélène Micou

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5-

Et je n’aurais oublié, les valeurs essentielles de ses vies cabossées :  la fraternité, la sagesse, la sensibilité, la bienveillance, l’humanité… tout ce qui ne peut que faire du bien à la quête d’identité de deux gamins fragilisés.

Les belles vies de Benoit Minville.

 

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Laissez-vous inspirer …..

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